Titenam, je vous ai envoyé un message privé, n'hésitez pas à me répondre. Courage !

Je sais Qiguan...Mais je ne sais plus quoi écrire, ni quoi dire...tout a été dit...je lis les messages et dans chacun je me vois...a des degrés différents...Je suis fatiguée d'être forte, fatiguée de Devoir faire, fatiguée d'être là... J'aurais voulue mourir ce soir là , avec lui... Et puis je sais que je suis incapable de me sauver moi.. je fumes, je bois, je ne mange pas, je ne dors plus...ou peu malgré tous les médocs que je prends... je vis dans la terreur tous les jours... une angoisse permanente qui ne se calme qu'avec un verre... avant dormir me reparait un peu, mais ce n'est plus le cas... Je me sens comme quelqu'un qui n'a plus de place... et surtout qui n'a plus aucune utilité... je le redis je fais mal a mes enfants...et même si ils acceptent je les fais descendre avec moi... Hier soir j'ai tellement pleuré que ma fille de 4 ans m'a consolé... CE N'EST PAS SON RÔLE !!! Elle a besoin d'être rassurée, ils ont besoin... et je ne fais rien... j'en suis incapable... j'ai honte de moi, de cette loque que je deviens...
je ne veux pas de cette vie...j'en veux plus...

Je ne fume pas, je ne bois qu'en bonne compagnie, et je ne prends pas de médicaments.
A défaut d'accompagnement familial, j'ai vécu toutes ces dernières années bien plus souvent sur mes nerfs que sur ceux des autres … Souci a évoqué l'image d'une corde tendue à se rompre …
Mes enfants sont les principaux spectateurs de mon chagrin et je le suis du leur.
J'ai beaucoup culpabilisé de me sentir trop souvent  « ramassée » par eux (et ce n'est pas une figure de style !), et comme toi, je me disais que ce n'était pas leur rôle.
Mais aucun d'entre nous n'a un rôle défini, ce sont les événements et ce que nous en faisons qui nous définissent. Rien n'est immuable, ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera pas demain.
Je ne concevais pas que mes enfants puissent souffrir, la seule idée que la vie pouvait les blesser me révulsait. Evidemment ce n'est pas très raisonnable de penser cela …
Longtemps je me suis dit que ce chagrin les abîmerait. Ils se construisent, avec toutes ces blessures, autrement que ce que j'aurai voulu, mais ils se construisent.

Ta fille t'apporte du réconfort, c'est comme cela en ce moment …ne doute pas qu'à ton tour, tu puisses faire de même. Pas avant quelques temps ou aujourd'hui peut-être ...

Ma vie depuis quelques années ne me donne guère d'espoir non plus. Les difficultés croissantes ne m'engagent pas beaucoup à l'optimisme.
L'angoisse, l'anxiété perpétuelle, l'avenir qui n'en est pas un, la maladie qui frappe toujours, les difficultés matérielles de toutes sortes qui s'accumulent ne donnent guère l'envie de continuer et l'on doit trouver de plus en plus profondément en soi pour continuer. A force de vivre à flux tendu, toutes nos réserves s'épuisent. Émotionnelles et physiques.
Il n'y a pas de honte, il n'y a pas de loque … il y a juste une personne en souffrance qui ploie sous les oripeaux de la perte …
A nous les contorsionnistes de la douleur, faisons le gros dos en attendant, et demain viendra peut-être enfin la douceur ... ou après-demain ...

Faïk

"Je n'y arriverais pas... tous les matins sont  de plus en plus dur.... et le soir je dois me motiver pour ne pas me foutre en l'air... "

Chaque matin soulever une montagne juste pour commencer la journée nouvelle, chaque soir trouver une micro raison de  survivre...
Tu le fais , tu assures l'essentiel... et c'est déjà un exploit...L'envie de baisser les bras, de dire POUCE! est naturelle...normale...tu as raison de la regarder bien en face, cette envie qui te traverse chaque jour... de la partager avec nous...d'y résister ...
mais tu as une force de Vie insoupçonnée qui sommeille en toi,une lueur qui te tient debout, je la sens dans tes mots...malgré le désespoir...(j'ai relu tes messages...et je sens une force sous la désespérance...les deux sont vraies...)

 Tu vas y arriver...je ne sais pas comment, toi non plus...mais tu vas y arriver...
je t'embrasse...

bonsoir Titenam,
je passe sur la pointe des pieds te faire un petit coucou
je t'envoie un peu de chaleur à travers ces quelques mots

bien tendrement

Bonjour Titenam,
Je ne sais trop quoi dire... Je n'ai je crois jamais pensé plus que quelques secondes vouloir le rejoindre - et pourtant je vous assure que je l'aimais et je l'aime encore 18 mois après. Mais cette idée que c'est trop dur et qu'on y arrivera pas m'est tout de même familière. Et votre envie partagée de beaucoup, j'ai même vu un reportage sur le veuvage qui disait que l'idée d'en finir est parfois celle qui fait tenir, parce qu' "On pense : je mets fin à mes jours cette nuit et, du coup, on tient jusqu'au lendemain" Peut-être dire aussi que malgré tout j'aime la vie et que j'aime mieux avoir mal d'avoir perdu un essentiel que de ne pas l'avoir connu.
Et témoigner que moi non plus je ne sais pas comment mais qu'un jour après l'autre, petit pas par petit pas, on s'accroche et des sourires traversent les ténèbres.
Tendrement

J'entends ce que vous me dites, mais je ne sais pas...je ne suis pas croyante et pourtant j'aie l'impression de payer le prix de mes choix... Avoir aimé la mauvaise personne... avoir quitté il y a 8 ans le père de mes enfants pour construire ma vie de ma femme...avoir trouvé celui qui m'a donné tous ce que j'attendais... du plaisir charnel à celui de se reconstruire un avenir ensemble...(entreprise, notre fille, nos enfants...) on a traversé des moments difficiles lui et moi...on commençait a pouvoir enfin profiter de nous pleinement... on touchait du doigt ce putain de bonheur....les nuages partaient progressivement...on avait travaillé dur pour ça....oh bien sur, on avait des hauts et des bas... des prises de bec au sujet de nos enfants respectifs..(recomposer ce n'est pas facile...) mais on se battait pour y arriver...
La veille de son accident nous avons eu une altercation au sujet de mon fils ainé... et comme d'habitude je l'ai mal pris... j'aie été odieuse comme je peux l'être dans ces moments là.. il est partit se coucher en me disant que j'étais vraiment conne...
Le lendemain, j'ai tiré la gueule toute la journée... le soir venu comme mon frère était là avec son fils , il me dit on va faire un pic-nic sur les bords de Garonne... toujours de mauvais poil je lui ai dit que non il était trop tard et que préparer un Pic-nic a 19h30 c'était pas la peine.. autant manger à la maison et qu'ensuite on irait tous manger une glace... Il m'a répondu que si c'était pour tirer la gueule ce n'était pas la peine que je viennes....(j'aurais du!!!) nous étions 8...7 rentraient dans la voiture le 8ème devait prendre la moto... Mon frère ou lui...ils sont motards tous les deux... Nous sommes partis et bien sur j'ai fais la gueule toute la soirée... au moment de rentrer il est partit chercher sa moto et nous la voiture...je ne l'ai même pas regardé partir....pas un mot, pas un regard....rien et puis......nous étions derrière lui juste une voiture nous séparait...dans la grande ligne droite juste après le feu rouge il a accéléré les enfants m'ont demandé de monter le son parce qu'une musique qu'ils aimaient passait a la radio...nous roulions tous assez vite...et la voiture de vant a soudain mis les warnings et c'est mis sur la bas côté une jeune fille est sortie en courant ...nous avons fais de même ...et il était là .. allongé au sol...ne bougeant plus.... au début j'ai pensé qu'il avait glisser...ne voyant pas de voiture accidentée autour de nous...  mon frère m'a demandé d'appeler les secours je suis repartie chercher mon téléphone...les enfants étaient tous dans la voiture , mes garçons, mon neveu, sa fille et notre fille...mon frère était avec lui et il cherchait son pouls... je n'osais pas le toucher de peur de lui faire mal...les pompiers ont mis une éternité a arriver...les gens parlaient autour de moi ne sachant pas qui j'étais... "il est mort" "j'ai vu le choc" "c'était violent" "la voiture a pris la fuite" ... et moi j'hurlais a l'intérieur "vos gueules!!!!"... mon frère m'a dit de ramener les enfants a la maison (nous habitons a 500 m du lieu de l'accident)... alors je suis allé vers lui , je lui est pris la main et je l'ai supplié de se battre... de pas me laisser, que je l'aimais... et puis  je suis retournée à la voiture dans un état second...le SAMU arrivait là ils allaient forcément le sauver. Les enfants étaient sorti de la voiture... sauf ma fille de 3 ans et demi qui était attaché...mais qui voyait de la ou elle se trouvait... j'ai demandé aux enfants de s'occuper de la petite ...mon fils ainé m'a demandé si il était mort....je lui ai dis "non, mais prie mon chat, prie" je suis retourné la-bas.... Le SAMU s'acharnait a faire des massages cardiaques... mon frère a rejoint les enfants...et j'aie attendu...attendu..attendu... et puis  quand ils se sont dirigé vers moi... j'ai compris...J'ai demandé si je pouvais le voir (on m'avait mis dans un camion de pompier) on m'a dit oui...j'ai demandé si je pouvais le toucher...on m'a dit non...alors j'ai dis non....  Voila, je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça...ce matin. Ce soir là j'ai perdu toute ma vie...tout ce qu'on avait construit ensemble...Nous, Notre famille, Notre entreprise...tout a volé en éclat... Je me bats depuis plus de 9 mois pour maintenir a flot le peu qu'il me reste... le boulot, les enfants... mais je ne suis plus là... au début je le faisais pensant que si j'agissais bien on me rendrait ce qu'on m'avait pris... je ne sais pas si j'attends encore, je ne pense pas...je crois que je sais que tout est terminé... mais je ne veux pas l'accepter! je me bats contre une évidence que je ne veux pas admettre...vivre sans lui... reconstruire...avancer...  un peu comme une enfant capricieuse (que je suis sans doute)..."ah, tu m'as laissé, bon bin je vais tout faire pour te rejoindre...."  alors je me détruis progressivement...je fumes beaucoup, je bois plus que je ne devrais, je mange peu et mal, (j'aie perdu 20 kilos) je laisse mon corps que je maltraite prendre le contrôle...j'attends qu'il lâche...  Je n'arrive pas a vivre en me raccrochant a mes enfants... Ils ne sont pas là pour ça et je me sens comme un poids mort dans leurs existences... la charge est trop lourde...et puis je suis fatiguée...me battre pendant 7 ans pour au final revenir au point zéro.... non...je suis au bout... 

Je ne me relis pas... désolée pour toutes les fautes et les mots manquant...