Bonjour à tous et toutes,
Avant tout je me présente brièvement à vous, donc moi c'est malicia et j'ai 27 ans.
Voilà je viens vers vous car je vis un deuil très compliqué. Compliqué en ce sens que que l'homme que je pleure n'était pas (encore) "mon homme" aux yeux de tous. En effet, celui ci a perdu la vie le soir où nous nous sommes déclarés notre amour, un terrible accident de voiture alors qu'il venait de me quitter et n'était plus qu'à 3 km de chez lui ( nous habitions à 50km l'un de l'autre). J'ai reçu son dernier SMS 30 mn avant le drame... C'était le premier jour de cet été...
J'ai appris son décès alors que j'étais encore sur mon nuage euphorique du bonheur, le lendemain en début d'après midi, au travail. En l'espace d'une fraction de seconde j'ai basculé d'un état de plénitude total à l'anéantissement le plus indicible. Je ne pouvais le croire, pour moi c'était impossible...il ne pouvait mourir ce soir là, d'autant que j'avais eu un message de lui peu de temps avant l'heure dite de l'accident.
J'ai hurlé, supplié qu'on me dise que ce n'était qu'une blague de mauvais goût, et dans un élan de folie engendré par la douleur j'ai voulu l'appeler pour qu'il me rassure, pour qu'il me dise que tout allait bien.
Il m'a fallut un certain temps pour réaliser, pour me rendre à l'évidence que ces moments étaient les derniers, les derniers de sa vie, comment cela pouvait il se finir alors que tout ne faisait que commencer ? Non mais c'est impossible, je me disais, il n'y a que dans les films que ce genre de chose tragico-romantique arrive.
Je me rappelle encore et son dernier baiser me revient, le dernier de sa vie. Je repense aux derniers mots qu'il a prononcé, les derniers qu'il m'a écrit...et je me sens illégitime , coupable qu'il ai vécu ses derniers instants près de moi qu'il ne connaissait que depuis peu finalement.
Et là tout se bousculait dans ma tête, toute cette promesse de bonheur détruite, pourquoi la vie m'imposait elle une telle cruauté?? Bien sûr que la mort est injuste pour tous, à n'importe quel moment et dans n'importe quelle circonstance, mais je ne comprenais pas'...pourquoi CE soir là??
Puis la culpabilité apparue, tout cela ne serait jamais arrivé s'il ne m'avait pas connu, s'il était resté sur ses projets initiaux concernant cette soirée plutôt que de les reporter pour venir me voir, si j'avais accepté qu'il passe la nuit à mes côtés....je voulais prendre mon temps avec lui, nous étions jeunes et avions toute la vie devant nous. Et dans la bonheur d'un amour naissant nous avions tellement de choses à nous faire découvrir l'un et l'autre...
J'en suis même venue a regretter ce merveilleux jour où il a enfin pris son courage à deux mains et qu'il est venu me séduire, après des mois de tergiversations . Moi, la fille d'apparence froide et distante , celle en qui il avait su percevoir la fragilité et la douceur.
Des semaines durant, il s'est accroché, nous avons appris à nous connaitre et, petit à petit, il a su gagner ma confiance et mon cœur.
Il était si serein ce soir là, si sûr de lui, bien dans sa tête et ne cessait de me répéter " c'est fou la vie quand même, tu aurais imaginé tout ça il y a quelques mois en arrière ?"...ça résonne aujourd'hui tellement tristement...
Alors que la vie m'offrait enfin une promesse de ce bonheur tant espéré, elle m'arrache tout cela de la pire façon qu'il soit.Ce jour là, une partie de moi s'est envolée avec lui...le peu qu'il me restait d'innocence et de naïveté a disparu...
Mon entourage m'a très souvent dit que finalement j'ai eu de la chance que cela arrive avant que nous ayons eu le temps de construire ensemble, d'avoir des souvenirs, des projets d'avenir. Bien sûr j'entend tout cela, mais cela ne fait que renforcer ma culpabilité de ressentir une telle souffrance.
Nous nous étions rencontré dans le cadre d'une passion commune, il était très connu et respecté dans le milieu. À part nos amis, personne ne savait qu'il était avec moi ce soir là.
Avec les vacances d'été les activités ont été suspendu mais j'appréhende la rentrée car je sais que des hommages lui seront rendus.

Mais dans tout ce malheur, j'ai heureusement pu compter sur une personne extraordinaire en la personne de son meilleur ami.
Lui seul était au courant de tout depuis le début, c'est même grâce à lui que j'ai appris que mon ange avait eu un coup de cœur pour moi dès notre première rencontre 3 mois auparavant. Donc bien avant ce fameux jour où il s'est décidé à m'aborder dans un cadre extérieur à notre passion.
Il m'a été d'un soutien incroyable alors que nous ne nous connaissions que très peu avant le drame.
Lorsque je lui ai demandé pourquoi il faisait tout ça pour moi, alors que finalement je me sentais plutôt illégitime dans ma douleur, il m'a répondu que c'était parce que c'est ce que notre ange aurait voulu. Il m'a dit qu'il ne l'avait jamais vu comme ça pour une femme, il était heureux, il lui parlait très souvent de moi et lui disait que le temps n'influençait en rien ce qu'on peut ressentir pour une personne, pour lui plus il apprenait à me connaitre et plus je devenais une évidence à ses yeux même si je n'avais pas encore dévoilé mes sentiments pour lui.
Avec cet ami, nous trouvons un certain réconfort mutuel, lui en apprenant comment se sont déroulés les derniers instants de sa vie et moi en apprenant ceux que je n'ai pas eu le temps de connaître. Mon cœur s'allégeait lorsque je lui comptais une anecdote que nous avions vécu et qu'il me répondait en riant " Ça ne m'étonne pas, c'est lui tout craché!".
Heureusement qu'il est là, qu'il ne juge pas l'intensité de ma douleur, ainsi la solitude de mon chagrin est un peu moins forte.
Près de deux mois après il reste toujours très présent dans mon esprit et dans mon cœur, malgré tout, le chagrin et la douleur changent avec le temps. La tristesse laissant place à la conscience de la chance que j'ai eu de vivre ce que nous avons vécu ensemble, même si cela ne représente au final pas grand chose à l'échelle d'une vie...c'étaient ses derniers moments et, sans le savoir, nous avons ensemble fait en sorte qu'ils soient fabuleux. Je me console ainsi, en me disant qu'il a quitté notre monde avec de belles images, celles là même avec lesquelles je me suis assoupi ce soir là.
La vie continue, même si elle ne sera plus jamais pareille, je suis blessée, blessée par l'injustice de la vie. Traumatisée par la fragilité d'une vie. Bouleversée par le poids de la culpabilité. Je ne cesse de penser que sans moi il serait toujours de ce monde, près de ceux qui l'aiment et qui aujourd'hui pleurent sa perte.
Il n'a croisé que brièvement mon chemin mais plus jamais je ne pourrais l'oublier, aujourd'hui il fait partie de moi, jusqu'à la fin.
Voilà, merci de m'avoir lu, ça me fait beaucoup de bien de vous en parler. Et surtout courage et toutes mes pensées à vous toutes et tous qui traversez cette douloureuse épreuve qu'est la perte d'un être cher.