Auteur Sujet: double peine  (Lu 8598 fois)

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ROUBOU35

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double peine
« le: 17 septembre 2012 à 21:11:30 »
Mon mari m'a dit:"tu vas te reconstruire". 4 mois bientôt et c'est plutôt la descente en pente douce, je prends peu à peu conscience de son départ définitif et les amis et la famille reprennent leur vie. Les enfants ont leur vie aussi, alors il ne faut pas trop les freiner dans leur élan parce qu'il souffrent aussi du départ de leur père et c'est lourd pour eux d'avoir à soutenir leur mère. On a été habitué à les soutenir et cette fois les rôles sont inversés. A la douleur s'ajoute donc quand même la solitude. Dur apprentissage quand on a été aussi bien à deux et de si longues et douces années. On me dit de voir et parler avec au moins une personne amie chaque jour. Peut-être mais je me demande bien à quoi cela sert, pour tenir, pour quoi faire? On me dit aussi que j'ai eu de la chance d'avoir eu 40 ans de bonheur, que c'est précieux, c'est peut-être vrai mais donc je devrais être heureuse? Est-ce que j'ai eu mon quota ? Dans ce cas je peux arrêter là! Je sais que d'autres ont eu bien moins de chance et je lis des témoignages terribles ici de vos souffrances, je vous plains, mais cela n'allège pas ma peine. Comme beaucoup je crois que je vais essayer de tenir pour mes enfants qui seraient si malheureux. C'est tout. Je souhaite beaucoup de courage à celles et ceux qui ressentent en ce moment la même chose que moi.
 

tiobob

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Re : double peine
« Réponse #1 le: 17 septembre 2012 à 21:23:49 »
tenir pour nos enfants...

 c est là le minimum syndical, ce que les autres attendent de nous.Rester envers et contre tout un bon parent, ou tout du moins un parent acceptable aux yeux de la société
S en tenir à ça, c est juste de la survie.Quelque soit notre age ou notre parcours, nous sommes encore ici alors que ceux qui nous étaient le plus chers sont partis, et avec eux un bon morceaux de ce qu on était.

Ce qu il reste? c est à nous de le decouvrir au fil du temps, de nous réaproprier ce corps qui nous devient étranger, cette vie qui nous devient iréelle...

J ai moi aussi passé 10 très belles années au côté de mon époux, et j ai trop souvent encore la mélancolie et la nostalgie de ces moments que je ne vivrai plus jamais auprès de lui.

J ai eu du mal à m accrocher, à ne pas devenir  seulement la maman de mon fils.J ai essayé de repenser malgré moi à ce qui aurai pu me manquer dans cette vie pour ne plus vivre avec le regret de n avoir pas vécu la vie que j aurai rêvé.

Mon mari détestai voyager, moi j adore ça...

Alors je voyage pour voler encore quelques instants à cette vie et me sentir encore un peu moi dans cet univers fantomatique.

Je te souhaite de te trouver un peu aussi , et de ne surtout pas vivre uniquement pour tes enfants.

Tendres pensées

tiobob

Angela

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Re : double peine
« Réponse #2 le: 17 septembre 2012 à 21:36:50 »
Ce petit mot pour te dire que nous sommes nombreux à être "en mode survie".
Nous traversons une épreuve terrible. Et la traversée est longue, si longue, sans lumière à l'horizon.
Il y a des petites lumières qui scintillent parfois, au travers du regard de tes enfants, je suppose (n'en ayant pas moi-même, je ne prétends pas savoir), ou de quelques proches ... Et pour ce qui me concerne, essentiellement au travers de tous nos messages sur ce forum.
Mon mari avait un grand sens de l'humour ! Il m'a même dit : "tu en trouveras un autre, plus beau et plus jeune !".
Nous n'avons pas d'autre choix que de poursuivre ce chemin bien qu'il soit des plus chaotiques et que, pour ma part, il me fait souvent sombrer (je préfère m'exprimer avec sincérité même si c'est difficile).
Voilà, n'hésite pas à échanger avec nous
Nous sommes avec toi. Pas seulement "à tes côtés".

Bien tendrement

Angela

Elegia

  • Invité
Re : double peine
« Réponse #3 le: 18 septembre 2012 à 02:59:44 »
Bonsoir Roubou, Tiobob et Angela,

Bien sûr que les semaines, mois ou années passées auprès de notre moitié sont précieuses et que dans notre malheur nous avons eu le bonheur de les rencontrer et de les aimer, mais aucun nombre ne nous soulagera de cette perte atroce.. Celui ou celle qu'on aime part toujours trop tôt, il y a toujours tellement de choses à faire, de mots à dire, de moments à partager..

Je lies beaucoup de messages depuis que je suis inscrite sur le forum et je me retrouve dans beaucoup de vos mots, je réalise que je ne suis pas la seule à penser et ressentir certaines choses, je me sens moins seule face à cette situation.. Jeudi, ce sera les un an du départ de mon homme, je ne voulais pas compter et malgré moi je pense aux 5 ans, 10 ans, 20 ans.. On dit que le temps apaise les souffrances, mais il ne referme pas les plaies pour autant.. Ces jours, semaines, mois et années qui défilent sans lui me donnent le vertige..

Nous savons que nous devons avancer malgré tout, pour vos enfants Roubou et Tiobob, pour notre famille, pour nos ami(e)s, pour les moments de bonheur que la vie a à nous apporter, pour nous et pour notre moitié qui voudrait sûrement nous voir retrouver le chemin de la sérénité.. Le chemin est long, pleins de hauts et de bats mais le combat en vaut la peine..

Courage à vous !
Lydia.

Hors ligne Marina Saboya

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  • Messages: 657
Re : double peine
« Réponse #4 le: 18 septembre 2012 à 06:41:41 »
Bonjour,

Je lis vos messages de « jeunes » endeuillé(e)s,  je veux dire de quelques mois, de cette atroce solitude morale et parfois physique (famille et amis de plus en plus "aux abonnés absents", malheureusement).
Dans ces lignes, il y a du désespoir, de la peur et tant d’autres choses encore, mais il y a aussi une petite mais réelle envie d’avancer et de continuer, autrement.
Ce sont, ces petites lumières qui scintillent si discrètement, mais indiquent le chemin dans la nuit.

Il y a 24 mois que mon Pierre est parti.

Je me retourne et regarde le chemin parcouru. Oui, des écueils, des pièges, des torrents de larmes, des nuits blanches et des jours sombres. Il faut une force inhumaine pour affronter cela et ne pas se laisser aller vers le plus facile, l’abandon. Ce que nous subissons est une épreuve qui peut paraitre insurmontable, qui m’a paru insurmontable… plus aujourd’hui.

C’est cet espoir là que je souhaiterai vous communiquer.
Comme toi, Tiobob, je fais ce que je ne pouvais pas faire avec Pierre, parce qu’il n’aimait pas.
Comme toi, Angela, je n’ai pas d’enfant pour me forcer à tenir en « mode survie » (belle expression de notre temps !).
J’ai changée, énormément, autour de moi, tout a changé, … à moins que ce soit moi qui vois les choses différemment. Mais avec le temps, un temps qu’il faut apprivoiser, parfois regarder filer, parfois occuper à tous prix, avec le temps, le caillou acéré qui nous a déchiré le cœur s’adoucit et devient peu à peu rond et poli comme un galet.
La blessure est là. La cicatrice douloureuse encore et peut-être toujours, mais au fond de nous il y a des ressources insoupçonnées qui nous poussent à … vivre, tout simplement et non pas à survivre comme je le croyais aussi.

Pour ma part, après avoir rencontré des hommes de foi (peu convaincants), des psy (peu bavards), après avoir lu moult témoignages (terriblement douloureux mais si emplis d’espoir), après avoir dévoré tout ce qui peut être écrit sur le sujet, après avoir écrit moi même des centaines de pages pour Pierre, pour moi, pour mettre noir sur blanc les questions, les angoisses, le chagrin, la peur, les vilaines envies, et  ce que je vois comme des signes, des messages, et enfin, des belles envies, … j’ai trouvé une forme de sérénité.
Cet Amour immense, incommensurable est à la hauteur de mes souffrances, mais c’est aussi ce qui me porte aujourd’hui. Il est là, cet Amour, mon Amour, toujours avec moi, il me nourrit, me guide, m’accompagne, me soutient et c’est vers lui que je me tourne si la peur du vide me reprend. Tant d’Amour n’est jamais perdu, il finit par rayonner de nouveau, et illuminer l’abîme au fond duquel nous nous trouvons.

Croyez-moi, même si cela vous parait inimaginable, nous parvenons à surmonter l’insurmontable et à retrouver… les couleurs de l’arc en ciel. ( ;) à Karine)

 :-*
Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

tiobob

  • Invité
Re : double peine
« Réponse #5 le: 18 septembre 2012 à 07:56:04 »
merci pour ton message marina,

comme j aimerai arriver chaque jour à être aussi positive.Pour ma part, le deuil n est pas aussi récent que ça, deja 3 ans, et même si j ai développer mes propres stratégies de survie, je n arrive toujours pas vraiment à vivre pleinement.Je ne déséspère pas, mais je fatigue sérieusement.
Etre sur ce forum depuis quelques semaines  m aide beaucoup.Mais j ai peur aussi, car tout ce que vous exprimez c est un chemin que je n ai pas su parcourir jusque là, et ça fait si longtemps que je me sent fatiguée comme ça...

bonne journée

tiobob

ROUBOU35

  • Invité
Re : double peine
« Réponse #6 le: 18 septembre 2012 à 12:24:07 »
Merci Marina pour ce message d'espoir, même si on sait que ce sera long. C'est une petite lumière.
 J'ai l'impression de vivre deux vies en ce moment, celle concrète où il faut avancer, je me force à agir, des activités pour ne pas perdre pied et croiser des gens qui ne savent pas ce qu'on vit , braver et cette double vie avec vous à tout moment du jour et de la nuit, vous qui ressentez souvent les mêmes choses, dites les mots qui pourraient être les miens même si chacun réagit selon son tempérament. C'est étrange comme sensation, mais c'est un soutien très fort de se savoir comprise.

Bonne journée et courage

Dominique