Bonjour,
Je lis vos messages de « jeunes » endeuillé(e)s, je veux dire de quelques mois, de cette atroce solitude morale et parfois physique (famille et amis de plus en plus "aux abonnés absents", malheureusement).
Dans ces lignes, il y a du désespoir, de la peur et tant d’autres choses encore, mais il y a aussi une petite mais réelle envie d’avancer et de continuer, autrement.
Ce sont, ces petites lumières qui scintillent si discrètement, mais indiquent le chemin dans la nuit.
Il y a 24 mois que mon Pierre est parti.
Je me retourne et regarde le chemin parcouru. Oui, des écueils, des pièges, des torrents de larmes, des nuits blanches et des jours sombres. Il faut une force inhumaine pour affronter cela et ne pas se laisser aller vers le plus facile, l’abandon. Ce que nous subissons est une épreuve qui peut paraitre insurmontable, qui m’a paru insurmontable… plus aujourd’hui.
C’est cet espoir là que je souhaiterai vous communiquer.
Comme toi, Tiobob, je fais ce que je ne pouvais pas faire avec Pierre, parce qu’il n’aimait pas.
Comme toi, Angela, je n’ai pas d’enfant pour me forcer à tenir en « mode survie » (belle expression de notre temps !).
J’ai changée, énormément, autour de moi, tout a changé, … à moins que ce soit moi qui vois les choses différemment. Mais avec le temps, un temps qu’il faut apprivoiser, parfois regarder filer, parfois occuper à tous prix, avec le temps, le caillou acéré qui nous a déchiré le cœur s’adoucit et devient peu à peu rond et poli comme un galet.
La blessure est là. La cicatrice douloureuse encore et peut-être toujours, mais au fond de nous il y a des ressources insoupçonnées qui nous poussent à … vivre, tout simplement et non pas à survivre comme je le croyais aussi.
Pour ma part, après avoir rencontré des hommes de foi (peu convaincants), des psy (peu bavards), après avoir lu moult témoignages (terriblement douloureux mais si emplis d’espoir), après avoir dévoré tout ce qui peut être écrit sur le sujet, après avoir écrit moi même des centaines de pages pour Pierre, pour moi, pour mettre noir sur blanc les questions, les angoisses, le chagrin, la peur, les vilaines envies, et ce que je vois comme des signes, des messages, et enfin, des belles envies, … j’ai trouvé une forme de sérénité.
Cet Amour immense, incommensurable est à la hauteur de mes souffrances, mais c’est aussi ce qui me porte aujourd’hui. Il est là, cet Amour, mon Amour, toujours avec moi, il me nourrit, me guide, m’accompagne, me soutient et c’est vers lui que je me tourne si la peur du vide me reprend. Tant d’Amour n’est jamais perdu, il finit par rayonner de nouveau, et illuminer l’abîme au fond duquel nous nous trouvons.
Croyez-moi, même si cela vous parait inimaginable, nous parvenons à surmonter l’insurmontable et à retrouver… les couleurs de l’arc en ciel. (

à Karine)

Marina