Comme il est difficile de voir toutes ces fleurs renaître, comme il est difficile de voir le printemps et les beaux jours revenir ! 
Qui ne se sent pas renaître lorsque les longues, belles et douces journées nous appellent vers la nature, les loisirs extérieurs (balade, barbecue, etc...) ?
Et nous qui portons notre terrible souffrance de l'absence de l'être aimé, de notre raison de vivre, où est notre place dans cet univers qui appelle au bonheur ?  Désormais, le soleil m'est devenu insupportable, entendre parler de voyage ou de sorties sont des coups de lance dans mon coeur déchiré et dans mes rêves anéantis. Je ne peux pas m'imaginer dans un lieu de plaisir où il n'est pas.  Victor Hugo a dit que le plus lourd fardeau à porter est d'exister sans vivre. C'est ce que je fais depuis bientôt 8 mois et rien ne peut m'apporter une consolation. Je dors avec sa photo, j'avance en pensant constamment à lui, en guettant des signes (oiseau devant le pare-brise, un  papillon virevoltant autour de moi et de mon élève lors de mon cours de soutien scolaire.
Mon implication le week-end auprès de personnes handicapées m'obligent à sortir mais quand je reviens, ma souffrance est la même, de jour en jour, sans la moindre atténuation. Je ne me résous pas à ne plus le voir.

Il a neigé chez nous tout ce week end, et j'ai trouvé ça bien.  Le cerisier n'est en en fleurs que depuis la semaine dernière, et il n'est pas beau.

L'année dernière, en avril, mon mari s'était arrêté devant le cerisier en fleurs -il l'avait regardé longuement, longtemps. Et j'avais pensé : mon Dieu, il doit penser que c'est la dernière fois qu'il voit le cerisier en fleurs,. Et toutes les années, il disait : il est trop beau ce cerisier quand il est en fleurs. L'année dernière, il n'a rien dit.

Et ce cerisier qui ne ressemble à rien cette année, je me dis que c'est normal.

Et en même temps, je me dis que ce n'est pas avec des réactions aussi négatives que je vais avancer.

Toute belle chose et tout plaisir auxquels il n'est pas associé me révulse.