Cela fait 5 mois qu'il est parti si subitement, il ne sait pas qu'il est mort, il ne s'est rendu compte de rien. Moi par contre, je revois sans cesse son corps étendu sur notre trottoir, ses yeux dans le vide déjà. Cette vision ne me quitte pas. Il me manque, et je me bats. Je m'occupe sans cesse, quitte à m'épuiser, je bricole, je me suis mise au crochet pour compter des points, pour juste m'empêcher de penser tout le temps à lui. Dès que mon regard tombe sur sa photo, je pleure. J'ai un cadre photo numérique où ses photos défilent, un diaporama de lui sur mon écran, je suis sans cesse confrontée à son image mais je ne peux me résoudre de les enlever, ce serait comme l'effacer. Je suis inquiète, car je souffre d'une polyarthrite rhumatoïde sévère, et je constate que je peux de moins en moins me bouger. J'ai mal aux mains, mal aux jambes et aux pieds. J'ai développé ma PR suite à un choc émotionnel, et j'ai vécu un choc encore bien plus important en le trouvant sans vie aux pieds de mon immeuble. Combien de temps vais-je souffrir aussi intensément de son départ ? Le temps ne m'apaise pas, son absence est dure à supporter. Pourquoi se battre ainsi pour au final souffrir aussi fort... Merci de m'avoir écoutée. Ally

Bonsoir Ally,
Je ne veux  pas  revenir en   arrière. Mais si je reviens en arrière de  10 mois, je me retrouve à 5 mois de deuil, comme toi et je suis mal, très mal, qu'une seule idée en tête, aller le rejoindre, je suis dans un  tel état que je  ne  suis même pas sûre d' être toujours en vie le lendemain. Je fais peur et je  me fais peur.
Aujourd'hui, à plus de  15  mois,   je   n'ai  toujours pas retrouvé goût à la vie, mais je  suis là, mieux.
Mon homme me  manque  toujours autant, mais je sais désormais que je  devrai  vivre toute ma vie  avec cette  absence,  avec cette peine, je  n'y peux rien. Alors j'avance, avec des  hauts et des bas, il y'a 10 mois, je  n'aurai pas pu parler  de  "hauts", ou alors je me  mentais à moi même et  à  tout mon entourage, aujourd'hui  je peux le dire, je  suis désormais une femme triste, avec des périodes de crises mais aussi quelques périodes d'accalmie.
Alors, oui, je dois  le  reconnaître, le temps nous aide à avancer et nous rend plus serein.
Amitiés

Merci Zabou, Coccinelle et Naya pour votre réponse. C'est si dur vraiment et je n'arrive pas encore à me dire qu'il ne reviendra plus. Cet homme dont je partageais la vie depuis 43 ans, on a eu des galères, mais beaucoup d'amour, on ne pouvait pas respirer l'un sans l'autre, et cela me semble si bête d'avoir à respirer sans lui. Je fais tout pour ne pas penser trop fort, pour "m'échapper" de ce chagrin qui m'anéantit, mais il finit toujours par me rattraper à un moment où à un autre de la journée. Je lis que vous êtes plus loin que moi, et cela me parait invraisemblable aujourd'hui que cela devienne moins pénible un jour. Cette douleur m'épuise, je suis sans cesse sur le genoux, ma polyarthrite a gagné du terrain, je me sens si seule parmi les autres. Merci pour votre amitié. Ally

Merci Lili de ta réponse qui me parle. Moi aussi je m'occupe convulsivement, pour m'empêcher de pleurer tout le temps, de souffrir trop tout le temps, même si je n'y échappe pas très longtemps, cela me fait un peu de répits. J'ai la chance d'être très entourée, d'avoir une personnalité combative, d'avoir des fils merveilleux et des amies précieuses. Néanmoins je me révolte sur le fait qu'il n'a pas eu le droit de vieillir, il le méritait, lui qui a toujours aidé sa famille. Il méritait aussi une belle mort, il ne s'est rendu compte de rien, il marchait dans la rue quand il s'est écroulé. Il parait que tout le monde signerait des deux mains pour une mort comme ça. Sans doute, mais c'est trop tôt, c'est toujours trop tôt de toute façon. Nous ne sommes jamais préparés à perdre ceux qu'on aime.
C'est sans doute pire de voir souffrir la personne aimée, des deux, que choisir s'il faut vraiment choisir. Moi je n'ai pas pu lui dire au revoir, la mort me l'a enlevé en une seconde, comme une bulle de savon qui éclate. Je n'ai pas pu lui dire à quel point il allait me manquer, à quel point quatre décennies plus tard, j'étais encore amoureuse de lui. Pour qu'il soit parti ainsi sans souffrir, il faut que j'assume ce choc toute seule, et il m'arrive encore de me dire, cinq mois plus tard : "mais non, ce n'est pas possible" !... Je ne sais pas si "je fais bien" mon deuil. Je ne sais pas comment faire, je n'ai jamais perdu personne que j'aimais aussi frontalement. Je passe d'un état à l'autre, je cherche des réponses sur le Net, des témoignages de vie après la mort. Il est impossible que je ne puisse le retrouver un jour. Moi qui ne croyais en rien, me voilà prête à croire à tout. Sauf aux charlatans qui seraient tentés de me vendre du rêve. Tantôt j'appréhende avec courage, tantôt je m'effondre. En tous cas ma santé s'en ressent fortement. Amitiés. Ally