Auteur Sujet: Deux ans sans lui  (Lu 14636 fois)

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claudel

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Deux ans sans lui
« le: 22 janvier 2010 à 04:28:43 »
Deux ans qu'il n'est plus là, après 37 ans de mariage, d'amour, de complicité.  Mon amour, mon ami, mon confident, mon amant, le père de mes enfants.  Au début d'une retraite bien planifiée.  Nous avions pleins de projets.  Voilà, tout s'est écroulé, il n'est plus là. Pourtant, je vis, je fonctionne et aux yeux des autres, je vais bien, je m'en sors bien.  Mais non, je ne vais pas bien, mon coeur a mal tout le temps.  Seul lui,  pourrait comprendre mon chagrin et me réconforter vraiment!!!Je crois que j'ai mal pour le reste de mes jours.

adèle

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Re : Deux ans sans lui
« Réponse #1 le: 22 janvier 2010 à 20:07:38 »
Bonjour Claudel,

je n'ai pas de mots pour te réconforter comme il l'aurait fait, mais je comprends ton chagrin, et je le partage. C'est parfois effrayant ce temps qui passe, tous ces jours qui s'additionnent les uns aux autres, qui s'empilent les uns sur les autres, tous ces jours, ces mois, et maintenant ces années sans lui. Comme si  on s'éloignait.

L'autre jour, dans livre, une femme parlait de cela, du temps qui passe, de la sensation d'éloignement. Et puis elle a changé de posture, elle s'est dit que peut être aussi elle se rapprochait, de par le chemin qu'elle faisait. ça m 'a fait du bien de lire cela.

merci d'être là.

mado

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Re : Deux ans sans lui
« Réponse #2 le: 23 janvier 2010 à 02:47:56 »
Claudel,  pour les autres on donne l'impression d'aller plutot bien,on fait ce qu'il faut ,mais à l'intérieur il n'y a que chaos et chagrin...
je ne connais pas les mots qui pourraient vous réconforter, alors je vous envoie une brassée de tendresse.

claudel

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #3 le: 23 janvier 2010 à 04:25:55 »
Adele et Mado, vous m'avez fait grand bien en m'écrivant.  Merci.  Je sens que nous parlons de la même chose, de la même tristesse pour ne pas dire détresse, en tout cas par moment.  L'absence est terrible à supporter, il me manque tellement... mais pour beaucoup de personnes, je devrais avoir tourné la page, alors je me tais. C'est pour cela que je suis heureuse d'avoir découvert ce forum.  J'ai besoin de dire ma peine et de savoir que je ne suis pas la seule à vivre cela. Vos histoires me touchent et me rejoignent. Je vous suis reconnaissante de partager votre vécu.  Claudel

mado

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Re : Deux ans sans lui
« Réponse #4 le: 23 janvier 2010 à 20:05:36 »
Oui nous sommes anéanties et pourtant la vie continue... Pour moi c'est comme un tourbillon que j'aimerais pouvoir fuir mais qui me rattrape sans cesse.
Alors, cet espace représente un entre 2, un endroit où l'on peut s'arrêter et parler le même langage , celui du chagrin,de la détresse, de la mort ...
Peut être pourrons nous trouver refuge ici...
Ce soir, je me sens plus légère; j'aime à penser que mon homme me porte , nous porte moi, et notre petite famille (il faut dire que mes jeunes sont venus passer le WE avec moi). Notre maison revit, pleine d'amour...Alors, je le partage aussi avec vous, et vous envoie à toutes 2 Claudel et Adèle de tendres pensées.

adèle

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #5 le: 23 janvier 2010 à 23:25:24 »
J'ai plaisir à vous lire Mado, à vous sentir joyeuse et confiante ce soir. J'ai aussi passé la journée avec les enfants, une journée très douce.

Douces pensées à vous deux Mado et Claudel, et à ceux qui passent par ici...

mado

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #6 le: 25 janvier 2010 à 22:36:54 »
Claudel, j'espère que ça va .Mado

claudel

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #7 le: 26 janvier 2010 à 03:14:26 »
Oui, Mado, ça va, avec des hauts et des bas.  Et toi?

J'ai une étrange sensation que ne sais trop comment dire.  C'est comme si je me sentais vivre à côté de ma vie, que ce n'était pas ma vie que je vivais.  Je me sens comme dans un espèce de flou.  Est-ce que quelqu'un d'autre vit cela?

Nous aurions fêté notre 39ième anniversaire de mariage la fin de semaine prochaine.  Nous étions un couple sans histoire mais heureux.  Comme nous aurions voulu tous les deux que ça continue! J'ai eu de la chance de pouvoir faire route avec lui.  Ce que je souhaite du plus profond de mon coeur, c'est qu'il soit bien et heureux là où il est, ça n'est pas assez qu'il ne souffre plus.  Comme j'ai la foi, je prie pour lui, mais je crois qu'il vit sans doute dans un bonheur que, ici-bas, je ne peux, ni envisager, ni comprendre.

Il y a quelques jours, j'ai rêvé qu'il avait quitté le ciel quelques instants pour venir me manifester sa tendresse.  Comme elle me manque cette tendresse, c'est probablement pour cela que j'en ai rêvé.  J'en suis encore bouleversée.
Comment fait-on avec ce manque de tendresse?  Je n'ai le goût de personne d'autre, je voudrais juste goûter à sa chaleur à lui.   
 
Je disais au début, que j'allais bien, mais parfois la douleur redevient si intense que je n'ai plus l'impression d'aller si bien...
De pouvoir l'exprimer est un privilège.  Merci à chacune et bonne nuit,
Claudel

mado

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Re : Deux ans sans lui
« Réponse #8 le: 26 janvier 2010 à 21:12:14 »
Oui ce satané manque de tendresse,et ce sentiment permanent de solitude même quand il y a plein de monde autour. Pour moi je ne parlerai pas de flou mais j'ai la sensation d' être anesthésiée, c'est comme si tout m'arrivait à travers un filtre: le plus souvent  mes sensations sont atténuées, ce qui me rend tout cela supportable. J'aimerais bien le voir en rêve; je te souhaite pleins de doux rêves.

claudel

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #9 le: 01 février 2010 à 02:25:04 »
Je me questionne beaucoup sur mon avenir.  Je suis incapable d'imaginer que ma vie va redevenir intéressante.  Je me rends compte que ce qui rendait  agréables les activités que nous faisions, c'était notre relation, nos partages, les taquineries et parfois même nos différends. Je refais ces activités et n'y trouve pas grand intérêt.  Nous faisions souvent de petits voyages, de quelques jours à quelques semaines, et j'ai continué à en faire.  C'est toujours décevant.  Voyager sans mon compagnon de voyage, ce n'est pas très plaisant, c'est parfois même pénible. J'ai besoin de sa complicité, de son humour, de sa chaleur, de sa main qui tient la mienne.
Et les repas sans lui sont devenus des repas pour ma survie et non pour le plaisir.  Comme nos enfants ont quitté le nid, je vis seule mais de toute façon, je me demande comment font celles qui ont la responsabilité de leurs enfants en raison de l'âge de ces derniers.  Je me demande où je prendrais l'énergie.
En plus, je ne me sens pas trè bien avec nos amis communs.  Pour eux, la vie n'a pas changé et je ne m'y retrouve pas.  Je suis incapable de partager  leur joie de vivre.  Et mon Jean, on n'en parle pas, ni de ma peine.  Je n'ai pas vraiment envie de les revoir.  Heureusement que j'ai la chance d'avoir queques personnes très proches avec lesquelles je puis en parler.
Mais mon avenir me préoccupe et ça, je n'en parle pas. Même quand je vis quelque chose d'agréable, parce que malgré tout il y en a, c'est toujours sur un fond de tristesse. Cette vie-là ne m'intéresse pas et pourtant c'est maintenant la mienne...Je ne suis pas certaine que l'on se remet vraiment de la perte d'un conjoint, c'est trop gros.  Mais il faut bien continuer à vivre et je ne veux pas être un poids pour mes enfants.  Je ne veux pas non plus ennuyer mon entourage,  alors je fais des efforts constants   pour m'en sortir  en espérant qu'un jour je vais me sentir mieux.
Claudel           


Blandine

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #10 le: 01 février 2010 à 12:42:08 »
Bonjour Claudel,

Je ressens tellement ce que tu évoques concernant les activités que tu as reprises mais que tu ne vis plus de la même manière.
Pour moi, ça fait moins longtemps que toi que Michel est décédé, et je sais que beaucoup de personnes autour de moi aimeraient déjà me voir reprendre mes activités mais je n'en suis pas encore là. Même celles que je faisais seule, je ne les vis pas pareil car il n'est plus là. Un exemple : quand un film ne l'intéressait pas, j'allais le voir seule : j'ai donc pensé que je pourrai m'intéresser à nouveau et faire au moins ça sans trop de difficulté. Eh bien non, j'y vais sans difficulté mais je ne prends pas le même plaisir qu'avant. Je sens que la différence, c'est mon  incapacité à vivre pleinement les choses, à prendre du plaisir... son absence dans ma vie rend ma vie plus terne même sur les aspects qui n'intéressait que moi.
Et les amis communs ! Ton message confirme ce que je ressentais : pour l'instant, je les évite et je suis sûre que c'est pour ce que tu dis ! Ils sont tellement loin de ma peine. Je pense que quand tu es avec eux, ils ne parlent pas de Jean ni de ta peine en pensant bien faire, ils souhaitent te mettre dans une ambiance positive et craignent sûrement de te faire de la peine en te rappelant ta tristesse, mais de toute façon elle est là en permanence et le fait d'en parler ne ravive rien du tout, au contraire, ça te permettrait de savoir que Jean leur manque aussi à eux, différemment bien sûr car pour toi c'est le quotidien qui a changé, ta vie quoi.
Je pense aussi que nous serons toujours marquées par cette perte terrible mais j'espère vraiment que l'intensité de la détresse s'estompe avec le temps et que les moments de tristesse sont de moins en moins nombreux et moins éprouvants. C'est terrible cette perte d'énergie que je ressens en permanence.
Comme toi je lutte constamment pour tenir et vivre le moins mal possible. Je te souhaite beaucoup de courage et de persévérance, gardons au fond de nous les quelques bons moments que nous arrivons à vivre maintenant parfois pour se dire que c'est possible, "yes we can !"
Tendrement
Blandine

adèle

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #11 le: 03 février 2010 à 02:31:42 »
Bonjour Blandine et Claudel,

L'avenir, je ne l'envisage pas du tout. ça m'est impossible; J'avance pas à pas, un jour à la fois et je trouve que c'est déjà pas mal. Tout est différent, il faut réapprendre à vivre avec l'énergie en berne. Je travaille beaucoup en ce moment et ça me fait du bien de vous retrouver en rentrant. Parce que c'est cela en ce moment le plus difficile pour moi. Ne pas partager avec lui, cette période intense de mon travail qu'il aimait particulièrement. J'essaie de me concentrer sur ce que je fais, j'y arrive plutôt bien  (rien à voir avec l'an dernier où j'étais en apnée) mais de temps en temps et c'est violent, je pense à lui, c'est fulgurant, c'est absude qu'il ne soit pas près de moi,il me manque affreusement, et j'ai un moment de flou parce qu'il n'est la. ALors je réalise pour la 1000 me fois que le miracle du retour n'est pas au rendez vous et j'ai une sorte de vertige dans l'estomac. J'essaie d'apprendre à respirer pour surmonter assauts du deuil.
je ne suis pas en détresse, en ce moment du moins, mais dans une énorme tristesse qui elle, ne diminue pas d'intensité. Et je prends comme des petits cadeaux, les moments où je réussis à faire le vide pour faire ce que je dois faire au boulot, je sais que je donne bien le change. On me fait remarquer mon sourire et ma gaité et c'est vrai dans ces instants là. Manque quand même un ressors définitivement cassé.

J'ai du mal à écrire. Trop de choses rentrent en conflit en ce mpment. En conflit dans ma tête et mon coeur. Je me dis qu'il faut que je fasse confiance en notre Amour mais j'ai des moments de doute et de colère.

Prenez soin de vous, prenons soin de nous
pensées douces
« Modifié: 03 février 2010 à 10:33:13 par adèle »

claudel

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #12 le: 03 février 2010 à 04:49:48 »
Bonjour à toutes, comme ça me fait du bien de vous lire.  Nous avons un même chagrin:  la perte de notre amoureux. Et plus jamais la vie ne sera pareille.  Il nous faut continuer à vivre d'une autre façon, alors qu'on n'en a pas le goût.
Aujourd'hui, j'ai fait la dernière démarche légale:  fermeture du compte bancaire. Mon conjoint n'a plus aucune existence légale. C'est la confirmation de son absence définitive et ça fait mal.  Celui que j'ai aimé et qui était tout pour moi n'existe plus pour personne.  Comme c'est cruel, lui qui a tant donné, qui a été tellement important pour tant de personnes, dans sa vie familiale et professionnelle, il n'est plus rien, n'a plus rien.  Reste le souvenir, mais c'est bien peu de choses comparé à l'existence réelle.
J'ai de la difficulté avec les souvenirs parce qu'ils me font constater l'ampleur de la perte que je subie.
Pendant cette période de deuil, il faut vraiment faire très attention à soi, se bien nourrir et tenter de se garder en forme pour ne pas perdre le peu d'énergie que l'on a, surtout avec le manque de sommeil. Présentement, de dors plutôt bien et ça fait toute la différence.
Je souhaite à chacune de trouver un peu de bon temps pour elle tous les jours, mais c'est plus facile à dire qu'à faire.  J'ai pour chacune de tendres pensées. Je constate que ce forum est un moyen de se soutenir, continuons à partager le chagrin qui est trop lourd si on le garde pour soi.  Afin que le désarroi ne nous détruise pas , n'hésitons pas à le dire puisqu'ici, on ne se sent pas jugée.  Claudel

Blandine

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #13 le: 04 février 2010 à 00:29:11 »
Bonsoir à toutes
Je suis toujours étonnée de la capacité que j'ai à passer du rire (ou de rien) aux larmes. Elles arrivent d'un coup et peuvent me submerger pendant quelques minutes, m'épuiser et puis plus rien, qu'une grande fatigue et un grand rien, pire qu'un vide.
J'ai vu ce soir un spectacle où j'ai ri de bon coeur (oui oui, j'arrive à être parfois entièrement présente à ce que je fais, je vois ou je vis ; ça fait du bien quand ça arrive, ça prouve que j'avance !), et en rentrant je me précipite sur le forum pour être avec vous car ça me fait du bien, et là, patatras, le chagrin sort de son trou.
Nous vivons tellement les mêmes émotions, les mêmes sensations. Je suis depuis un an uniquement dans l'émotion et dans le présent, au jour le jour moi aussi, voire à l'heure l'heure, la minute... Par contre je sens quelque chose qui change : mes émotions provenaient surtout du plus profond de moi, sans passer par la tête, et maintenant, j'ai l'impression que ma tête commence à refonctionner un peu mieux, donc le fait de penser à l'absence de Michel peut m'amener de la tristesse.
Sur les aspects légaux, c'est tellement vrai ce que tu dis : ça formalise la non-existence de cet homme que nous avons tant aimé. J'ai un problème qui commence à me peser fortement avec ça : j'ai prévenu tous les organismes que je devais prévenir en envoyant l'acte de décès et je continue à recevoir ses avis d'imposition que je retourne à chaque fois avec cette foutue mention "décédé" que je dois cocher à chaque fois. Nous n'avons jamais formalisé notre vie commune, donc nos 2 noms ont toujours figurés partout (sonnettes, boîte aux lettres, factures EDF, GDF...) et je ne souhaite pas enlever son nom : il fait partie de mon identité maintenant et c'est peut-être aussi pour moi une manière de refuser son absence définitive. Pourtant, ça résoudrait peut-être mon problème ?
Bonne nuit à toutes
Blandine

claudel

  • Invité
Re : Deux ans sans lui
« Réponse #14 le: 09 février 2010 à 03:26:11 »
Bonjour à vous toutes,
C'est vrai que je passe, comme toi Blandine,  d'un état émotif à l'autre rapidement et  je constate  que j'ai moins de tolérance à la frustration.  J'ai toutefois un peu plus de contrôle sur mes émotions.  Je connais maintenant les personnes qui sont capables de m'écouter et de supporter mes larmes quand il y en a. Les personnes qui nous font du bien  ne sont pas toujours celles que l'on croyait nos meilleures amies.
J'ai gardé le plus longtemps possible le nom de mon conjoint là où je pouvais le faire et je pense que nous avons besoin de cela. Je ne voulais pas le faire disparaître de ma vie, d'ailleurs il en fera toujours partie.  Nous avons construit notre vie, notre bonheur ensemble et je ne peux faire abstraction de cela, je ne peux oublier ni mettre de côté tout ce qu'il a été pour moi. Pour moi, il est encore quelqu'un même s'il n'est plus là. J'ai de lui un tout petit extrait de sa voix, trop peu mais au moins je l'ai.
Salutations amicales à chacune.   Claudel