Non, j'ai besoin d'écrire. J'ai tant besoin de me lâcher sans effacer.
Lors du décès de mon mari Bernard, non, je n'ai pas eu le temps de pleurer.
Il est mort le 20juillet 2010, et mon fils se mariait le 18 septembre 2010.
Je ne voulais pas gâcher son mariage, donc, j'ai endossé tout. Même avec une clavicule cassée qui datait de février.
Après, le 30 septembre, on m'a opéré et le chirurgien a dû faire une greffe de tendons.
Donc, tout c'était enchaîné à une vitesse incroyable.
Donc, je n'ai pas eu le temps d'aller dans ma tristesse. D'autant plus que les ami(e)s que j'avais, ont disparu. Mais c'est souvent le cas lors d'une maladie grave.
Donc, je devais mettre un masque. Oui, tout va bien. Sauf auprès de ses parents. Mais je ne pouvais pas pleurer devant eux, ils avaient perdu leur enfant aîné! Mais depuis la mort de Bernard, (il avait 3 frères) un seul est resté.
Et reste encore.
Donc je gardes encore en moi tant de tristesse, tant de colère! Il y a quelques mois, que j'ai contacté son oncologue pour dire ma colère envers lui. J'avais demandé qu'on lui fasse un IRM du cerveau.cerveau. Car je voyais des signes anormaux.
Il m'a pas écouté. 2 mois après, j'ai pris RV avec sa radiothérapeute. Elle a fait faire toute de suite un IRM. Mais trop tard.
Sa tumeur au cerveau était déjà énorme. Le chirurgien le lui a enlevé, et après des rayons. Rayons qui ont complètement détruit son cerveau. Puis, son oncologue m'a dit de lui réapprendre à écrire et faire des calculs. Mais des exercice de 1° année primaire. Alors que Bernard était avant un directeur inter continental. Et de plus, il s'en rendait compte! Je ne pourrai jamais pardonner son oncologue.
Après, arriva la suite. D'abord, il est redevenu un enfant qu'il fallait donner à manger, puis un bébé, puis un fœtus. Il ne savait même plus déglutir.
Mais il est mort d'une mort paisible, sans aucune douleur, dans mes bras, sur sa musique préféré. Une musique bouddhiste. Ce fut un moment très beau et paisible. Je gardes cela dans mon coeur.
Il est toujours dans mon coeur.
Puis après, j'ai rencontré mon compagnon Guy.
Il était un copain de Bernard et de la famille.
Lui aussi était un homme plein de bonté. Plein de tendresse, plein de tout dont j'avais besoin.
J'ai eu le bonheur immense de pouvoir partager quelques années avec lui. Des années remplies d'amour, de confiance , de respect.
Mais lui aussi a été atteint d'un cancer. Un CAPC galopant.
Poumons et méta foie. Il avait 4 soeurs et 2 frères.
Mais c'est seulement à sa fin de vie qu'ils sont venu ici.
Et depuis sa mort, toute sa famille m'a laissé tomber. J'ai juste l'impression d'avoir été la bonne femme qui prenait soin de leurs père et de leur frère.
Mais, le plus important pour moi : lui aussi est parti dans mes bras, sans souffrances, sur son cd, et dans l'amour. Le 10 mars à 22h 55.
Mais pourquoi doit je perdre les hommes que j'ai tant aimé et m'ont aimé?
C'est mon destin? Accompagner mes amours dans la mort?
C'est très beau de pouvoir accompagner l'autre dans l'amour. Mais après,?
J'ai tant donné, j'ai tout fait, je ne regrettes rien, je referai la même chose.
Je peux me regarder dans un miroir en ayant la conscience tranquille.
Mais j'ai tellement mal!
Je ne ressent que du vide ici. Le vide de Bernard et de Guy.
Je n'arrives pas encore à pleurer. J'ai encore et toujours ce blocage. Et pourtant, je dois vider tous mes chagrins.
Mais comment faire?
Courage à tous ceux qui me lisent.
Jeannine