Bonjour à tous,
Je suis revenue quelques fois, vous lire, et encore une fois nos histoires bien que différentes résonnent en moi. Mon rapport au temps est devenu bizarre à la fois je le trouve lent mais aussi rapide par moment, cela fait plus d'une moitié d'année que je l'ai perdu pour toujours, et l'on oublie pas, je sais aussi que je ne l'oublierai jamais.
Du point de vue de ma vie professionnelle, tout va plutôt bien, de l'extérieur on pourrait même penser que tout est parfait, mais chaque succès me ramène à sa perte: il n'aura jamais connu ce projet, on en aura jamais discuté, et on ne le célèbrera pas ensemble, comme l'on faisait avant. D'un autre côté si ce pan de ma vie s'écroulait il ne me resterait plus grand chose, néanmoins ce sentiment doux-amère persiste.
J'ai pu lire le livre : "Vivre le deuil au jour le jour" que l'on m'avait conseillé ici, je suis sûre que cette bonne âme se reconnaitra, il est frappant de vérité, mais au bout de quelques lectures je réalise que tout cela je le vis et je le sais. Il faut peut être laisser les choses suivre leur cours.
Aussi je peux à nouveau me réjouir de certaines choses, j'ai réussi à faire des projets à moyen terme (1-2 ans) ce qui signifie déjà que je me vois vivre un peu plus loin qu'avant. Je sais que cette épreuve me change, j'ai l'impression malgré tout que c'est dans le bon sens, même si la leçon est dure.
Bien sûr il y a aussi des soirs où je m'allonge dans mon salon au sol épuisée pendant 15 minutes et où je n'ai envie de rien, mais je me l'autorise, car personne n'est parfait. Ca peut être une belle journée sans problème et malgré tout je peux avoir besoin de ces 15 minutes de non existence où je ne fais rien, où je ne suis rien.
Petit progrès aussi j'ai commencé à lire le forum du "après la souffrance la reconstruction", je souffre toujours mais différemment, j'arrive parfois même à penser à lui en souriant, j'arrive aussi à parler de lui normalement, je ne suis pas au bout de mon parcours, mais je ressens mon avancée.
Je ne culpabilise plus aussi de ne pas m'être effondrée pendant des mois, ou de ne pas avoir fait de dépression, ce n'est pas parce que je ne l'aime pas, au contraire notre amour m'a donné la force de surnager les premiers temps. Je ne dirai pas non plus que j'étais prête à sa mort, je ne crois pas non plus au "c'est plus dur qd c'est un décès comme ci ou comme ça" la finalité reste la même, nous avons perdu notre être cher, les circonstances peuvent être variées, la souffrance reste terrible.
Dans le cas d'une longue maladie comme le nôtre, j'ai du le voir diminué avant qu'il ne s'en aille, j'ai eu plus de temps pour appréhender les choses mais j'ai eu aussi le "loisir" d'observer cette marche vers la mort impuissante. Ca a son lot de difficultés aussi.
Aujourd'hui j'aimerai donner un petit message d'espoir, on peut au cours de notre chemin avoir des accalmies, trouver parfois un peu de sérénité et être fiers de nous, de ce que nous avons accompli depuis son départ, d'avoir survécu à l'horrible. Je sais qu'un jour ma souffrance aura encore changé de dimension, je sais aussi que je ne suis plus la même personne, celle que j'étais est morte en partie avec lui, aujourd'hui la partie vivante reconstruit la partie lésée, autrement, je ne peux qu'espérer que ce soit en mieux.
Prenez soins de vous, même si ça peut paraître égocentré on n'est jamais mieux servi que par soi même.
Charlotte.