19 ans d'amour, nous sommes nos premiers amours, il est mon tout et je l'aime comme une folle... Mais il n'est plus enfin je ne l'ai pas vu, j'imagine toujours qu'il va rentrer par cette fichue porte qui reste close.  Il s'est suicidé par noyade, je me bouffe de l'intérieur tellement je m'en veux d'être partie ce soir là... Je lui avais dit de prendre du temps pour lui, du calme et lui a cru me perdre à jamais.  Après mon départ, il m'a laissé des messages vocaux où il était vraiment plus bas que terre, et quand un quart d'heure après, je lui ai sonnė pour le rassurer, il était déjà aux abonnés absents.  Sa fin est horrible, et j'aurais pu empêcher ça, j'ai déjà pensé à sauter du pont moi aussi pour le rejoindre dans les mêmes circonstances mais il m'a laissé 4 petites filles qui n'ont rien demandé.  Je me suis construite dans ma tête ses derniers instants, son désespoir, ses angoisses, l'abandon, la peur et puis le froid, le noir, l'eau glaciale et seul, définitivement seul... Je m'en remettrai pas je crois, lui que j'aime tant.  Alors, je m'imagine que la police qui a retrouvé son corps dans l'eau après 3 semaines, et bien qu'ils se sont trompés, que c'était peut-être une autre personne.  Je ne peux y croire.  Je vais pourtant très souvent au cimetière, je m'asseois sur le bout de sa tombe et puis je parle seule et je dis bonjour à mes futurs voisins au passage...  Je me trouve pitoyable.  Quand des gens me croise et me demande comment je vais, je fais bonne figure, un air détaché que c'est la vie, c'est son choix, je respecte et patati et patati mais en fait ça me gave, j'ai pas envie de parler de lui avec eux.  Lui c'est juste avec moi, que nous, et notre amour nous suffit.  Et pourquoi je viens ici, simplement peut-être pour pouvoir me situer, si ce que je ressens est normal... En bref, je sais pas, je suis une girouette qui ne cesse de tourner en rond.  C'est pénible, je passe mes journées à manger des confiseries.  Tout me manque, son odeur, ses caresses, notre complicité, mon Dieu c'est horrible.  Sa veste toujours accrochée au porte manteau, ses vêtements sales toujours au même endroit, sa tasse de café usagée toujours sur mon plan de travail, j'y pose mes lèvres de temps en temps mais pas trop je veux pas enlever sa trace... Et je dors avec sa taie d'oreiller comme doudou... Je me reconnais pas, tellement je me sens seule.  Et puis, il y a les enfants, les devoirs, les papiers, les problèmes financiers... Et là vraiment je me dis ce serait si simple, si je pouvais aller le rejoindre là tout de suite, le bonheur total oui mais les enfants... Y a vraiment que ça qui me retient.  Il est mon âme sœur à tout jamais