Ah les regrets, les regrets, les regrets. C' est le passage obligé du deuil, qui fait partie de la culpabilité. Nous avons tous des regrets après coup, j' aurais dû faire ceci, lui dire cela, me rapprocher un peu plus, lui consacrer plus de temps, essayer de mieux le comprendre etc. Seulement voilà, si on ne l' a pas fait c' est qu' il y avait une raison: on n' a pas pu, pas su, pas eu le temps, trouvé en face un malade qui n' était pas dans un état d' aptitude, il y avait d' autres intervenants etc. Tu cites une amitié qui s' était nouée virtuellement. Nous avons tous un jardin secret qui n' a rien à voir avec nos sentiments mais nous nous protégeons en ne dévoilant pas tout et nous ne souhaitons pas tout exhiber de nous non plus. On ne peut pas tout dire, pas tout faire, ça s' appelle la retenue, la dignité, l' être parfait n' étant pas de ce monde.
Concernant mes regrets mon psychiatre m' a dit à chaque fois que cela me turlupinait de me rappeler cette phrase: vraie ou pas vraie à quoi me sert cette pensée? A rajouter de la peine à ma peine? A rien? Allé ouste, vous changez de pièce, vous faites autre chose, vous passez à une autre activité jusqu' à la prochaine fois, vous débobinez le fil des regrets à chaque fois jusqu' au jour où cela n' arrivera qu' une à deux fois dans la journée et là vous vous sentirez mieux. Le tout est de faire des choses qui t' allègent l' esprit, te rendent moins malheureuse, par exemple du sport, de la musique, des balades, bref ce qui va t' occuper l' esprit et le corps.
Sois patiente et aimante envers toi, la vie est ainsi, ce n' est pas toi qui l' a tué, tu n' as rien à te reprocher.