Auteur Sujet: à ma poussière d'étoile  (Lu 5215 fois)

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heloise

  • Invité
à ma poussière d'étoile
« le: 09 juin 2012 à 11:37:20 »
Bonjour,

mon compagnon de route s'en est allé le 26 aôut 2011, à l'âge de 59 ans, après 6 mois de maladie (cancer du poumon).

Pris dans l'étau de la souffrance morale, il s'est renfermé pour ne s'exprimer que très peu. Le manque d'échange entre nous deux, la transformation physique, l'isolement (il n'acceptait que les visites de sa fille), tous ces faits cumulés ont crée, en moi, un traumatisme. Que faire, sinon respecter la volonté du malade. J'ai accepté et supporté son désarroi et ma peur de la mort.

Son départ vers l'au-delà m'est source de grande douleur, je suis dans le vécu dépressif et quotidiennement les larmes coulent, cultiver son jardin ou la peine domine demande des efforts psychiques et physiques. Je redoute le premier anniversaire de son départ. Il est devenu ma poussière d'étoile que j'imagine très apaisée.

de RONSARD :

Le temps d'une très courte vie terrestre,
une enveloppe m'a été prêtée.
Elle m'a permis de te connaître
et t'aimer à ma façon, ne sois
pas triste, sois heureuse pour moi,
j'ai emporté avec moi l'amour
que tu m'as si gentiment offert.

Marie-France

alsy

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #1 le: 09 juin 2012 à 12:07:47 »
Bonjour
très joli poème de Ronsard....

j'ai connu la même chose.. manque d'échange entre nous deux la dernière semaine à cause de cette maladie.... cancer colon puis métastases au foie...à cause de la chimio... qui ne faisait aucun effet.... puis coma hépatique... décès le 19 novembre 2011 ...54 ans !
on n'a pas pu communiquer la dernière semaine... cela m'a manqué terriblement  il avait des choses à me dire.... il n'était plus en état de communiquer  :'(
je suis également dans le vécu dépressif.... les larmes tombent toutes seules chaque matin... et à chaque effort  de continuer son jardin... son gîte... mais j'essaie....je m'accroche....
bon courage héloise ...  :-*

cello59

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #2 le: 09 juin 2012 à 14:51:06 »
Bonjour Marie-France,

Merci de nous faire découvrir ce joli poème de Ronsard, qui dit si joliment le sens de la vie, et me renvoie à ce que je lisais il y a quelques mois dans un livre d'Elisabeth Kübler-Ross, souhaitant nous convaincre que la vie se poursuit au-delà de la mort, mais sous une autre forme : l'âme se libère alors du corps, comme le papillon quitte son cocon.

Je suis l'un des premiers à t'accueillir sur ce site d'entraide, et je veux d'abord te souhaiter d'y trouver le réconfort qui t'est nécessaire, tel qu'il m'a été apporté par de nombreux ami(e)s.
Ma situation est proche de la tienne : mon épouse est en effet décédée il y a 9 mois, après un douloureux et courageux combat contre la maladie, pendant lequel je suis demeuré auprès d'elle, mais n'ai pas trouvé le courage de lui dire ce que je savais de l'oncologue. Nous nous sommes ainsi quittés sans avoir pu (ou su) nous dire "au-revoir".

Si tu découvres ce forum, je t'invite :
- à découvrir dans le fil "lectures" les livres recommandés par les uns et les autres, parce qu'ils constituent des guides précieux pour nous aider à "tenir bon", à avancer au jour le jour http://forum.traverserledeuil.com/index.php/topic,864.0.html
- à visionner les différentes vidéos proposées sur la page d'accueil du site http://www.traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement
ou encore cette récente vidéo qui nous a été proposée sur le forum http://forum.traverserledeuil.com/index.php/topic,1027.0.html

Comme nous l'avons tous fait, peu à peu, je te propose de nous raconter un peu de ton histoire, ce que tu souhaites nous en dire. Dis nous en particulier si tu as pu trouver un soutien auprès de tes proches, d'amis, ou encore au sein d'une association.
Plusieurs d'entre nous sauront alors t'apporter le soutien qui t'est nécessaire.

A bientôt donc, Marie-France, mais aussi bon courage.
Cordialement.   Daniel

heloise

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #3 le: 09 juin 2012 à 20:55:55 »
Bonjour Daniel,

Il se prénommait également Daniel. Je suis très touchée de me savoir lue et conseillée.
Pour une plus ample connaissance, je précise que mon amour était un sportif accompli, un amoureux du vélo, ayant participé à maintes courses cyclosportives. Nous voilà, lui happé par cette maudite maladie, moi déstabilisée et malheureuse.
Notre rencontre remonte à bien des années lors d'un séjour en montagne. Nous avions en commun l'amour de la nature et bien d'autres ...
Daniel était très proche de sa fille.
Le livre de C. Fauré fait partie des lectures à ma disposition. La période du vécu dépressif exige un gros investissement de sa personne. Tant bien que mal j'arrive à me maintenir dans mes activités et mon travail. A chaque jour suffit sa peine.
Je bénéficie de l'accompagnement d'une association spécialisée dans le deuil. Sur son conseil, pour remédier au manque d'échange durant la maladie, j'ai couché sur papier ce qui aurait dû être confié ou tout simplement dit entre nous.
Afin de soulager ma peine et d'épancher mes sentiments, adressés à Daniel, j'ai lu à voix haute tous mes mots.
Ce rituel d'une grande intensité, accompagné de grosses larmes, m'a permis d'évacuer le blocage qui découlait de cette situtation. C'est une vérité, mais il faut une bonne dose de courage pour la lecture.
Depuis son départ, quotidiennement j'écris en quelques phrases mon ressenti.
Famille et ami OK. Seulement je reste persuadée que le travail de deuil est trop personnel pour être compris par autre que soi. Je les remercie pour leur présence.


Cordialement et encore merci. Marie-France

heloise

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #4 le: 11 juin 2012 à 17:16:16 »
bonjour à tous les coeurs endoloris par le deuil,

voici un poème indien :


Pour un court moment, vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelque temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.
Je ne suis pas loin et la vie continue.....
Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai.
Même su vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer, je ne suis pas là, je suis dans vos coeurs
Je suis les mille vents qui soufflent.
Je suis le scintillement des cristaux de neige.
Je suis la lumière que traverse les champs de blé.
Je suis la douce pluie d'automne.
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin.
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit.
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer, je ne suis pas là
. Je suis dans vos coeurs.


heloise

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #5 le: 01 juillet 2012 à 13:29:41 »
bonjour,

Malgré cette poésie à laquelle je m'accroche, depuis quelques jours je ne maîtrise plus cette peine qui m'habite. Mon amour est parti il y a 10 mois.

Dans ma tête le film de notre vie commune se déroule dans le détail et je ne peux stopper toutes ces images qui se superposent et s'activent sans cesse.

Bref, ce vécu qui aujourd'hui me donne le cafard, demain sera une source de réconfort. Le chemin est encore long.

Est-ce vrai ? pouvez-vous me rassurer, car je suis un peu perdue malgré les associations et psy.

Je vis dans le vécu dépressif depuis à peu près 4 mois, actuellement l'intensité diffère et me donne l'impression d'un retour en arrière. Je vis avec un coeur rempli de solitude, de manque, de désarroi. Pourtant je lui ai pardonné d'être parti, car pour moi, seule la destinée est responsable de cette déroute. je suis en colère contre cette destinée.

Cordialement[/color][/color]

delphine2

  • Invité
Re : à ma poussière d'étoile
« Réponse #6 le: 01 juillet 2012 à 23:18:56 »
Bonjour,

Je suis très émue de vous lire et de me rendre compte que nous avons vécu le même drame.
Nous n'avions pas d'enfant mais il m'a aussi laissé un grand jardin que j'ai plaisir à entretenir car mon compagnon est dans chacune de ces fleurs, plantes et arbustes à qui ils disait quand il les plantaient "longue vie à toi". 

Héloise, Alsy, mon compagnon a également souffert de cette maladie et est parti à 50 ans après 1 an et demi de souffrances.
Cela fait maintenant presque 2 ans et c'est encore très dur. J'ai repris le travail assez vite en me disant que cela ne m'aiderait pas de rester à la maison, peut-être me suis-je trompé.
J'ai beaucoup de regrets quant à la période de la maladie. Je ne l'ai pas accompagné à tous ses rendez-vous avec l'oncologue, ce qui lui a permis de me mentir quant à l'évolution de la maladie. Mais un jour alors qu'il ne trouvait plus ses mots, il a craqué et m'a avoué que les métastases étaient revenues dans son cerveau. (je dis revenues car il s'était fait enlevé une tumeur du cerveau avant que ne  tombe le diagnostic et que les traitements commencent). Les médecins disaient "cela vient d'ailleurs" pour dire "votre compagnon a un cancer des poumons".
Après l'opération, qui s'est bien passée, mon compagnon s'en est remis à la médecine mais il ne voulait pas entendre parler de statistiques ni de chance de guérison, il ne voulait pas savoir.
Après une bonne année de traitements, son état s'est empiré mais j'ai continué d'aller travailler, et je le regrette.
On a vécu le + normalement possible, reçu les enfants pour les vacances (qu'il avait eus d'un précédent union), faire des repas en famille, même s'il ne mangeait rien. On était dans le déni de la maladie. Sauf dans les moments de douleur.

Il a fallu les urgences, l'hospitalisation pour que j’arrête de travailler mais c'était trop tard. Je me dis que j'aurais dû m’arrêter avant pour rester avec lui, ne pas le laisser seul, profiter de lui...
Là, les médecins nous annoncent clairement que c'est la fin alors pour la première fois depuis un an et demi, Yves leur demande "combien de temps"...puis il a souhaité rentrer à la maison, ce qui fut possible avec l'HAD et moi-même qui restai à la maison. Mais là encore, nous n'avons pas parlé de la fin. Nous avons été ensemble, c'est déjà bien.

Enfin, voilà, je m'ouvre un peu à vous et je voulais surtout dire que je partage votre chagrin.
Héloise, je n'ai pas couché sur papier tout ce je j'aurais voulu lui dire mais je m'adresse à lui à haute voix également.
 
Courage
Delphine