Ma douce amie,
L’écho de ton cri déchirant déposé ici au petit matin résonne encore bien fort en moi en ce début d’ après-midi …
Et me reviennent à l’esprit les images de mon papa me rapportant les propos de sa sœur qui est aussi ma marraine, bénévole chez Jalmalv, qui l’avait averti peu après le décès de mon amoureux que j’en avais pour au moins 5 ans avant de pouvoir espérer trouver ‘’peut-être’’ un peu d’apaisement, et aussi d’une amie veuve qui le jour des obsèques m’a dit qu’elle en avait eu pour 7 ans.
Je pense aussi à Christine de ce forum (MissSuzanne) qui est venue récemment nous donner de ses nouvelles et qui parle de 6 ans.
Je crois que c’est vers le18ème mois que j’ai commencé à comprendre que le manque non seulement devenait de plus en plus fort mais que surtout il ne me quitterait jamais. Je l’ai écrit plusieurs fois sur le forum, j’ai de loin « préféré » la première année de deuil car je pensais alors que la sensation du manque disparaitrait un jour.
La violence de la deuxième année fût pour moi cette prise de conscience que la sensation du manque ne partirait jamais…
Et puis en ce début de troisième année il y a eu ce répit incroyable qui a duré environ un mois de mi-janvier à mi-février où il m’a été offert de connaitre des sensations extraordinaires de quasi plénitude par moment… de me sentir submergée par d’immenses vagues d’amour… de me sentir en totale connexion avec tout ce qui m’entourait, comme si l’univers me parlait et je suis alors montée très très haut, aussi haut que j’avais pu descendre bas en décembre… c’est un peu comme si ces vagues, ces montagnes russes étaient devenues géantes… la première année je passais d’en haut à en bas puis d’en bas à en haut très vite et plusieurs fois dans la même journée alors que maintenant c’est comme si ces vagues et ces montagnes russes étaient devenues moins nombreuses mais beaucoup plus grandes et que de passer d’en bas à en haut et inversement prenait beaucoup plus de temps et que je restais aussi dans chacun de ces états beaucoup plus longtemps.
Tout ça pour dire que je me sens encore bien loin de l’état d’apaisement… je ne parle même pas de « goût de vivre », faut pas rêver non plus… mais que j’espère au moins parvenir un jour à moins souffrir… juste moins souffrir et pouvoir me blottir au cœur de nos souvenirs sans me sentir broyée par la douleur…. et que d’observer les changements qui s’opèrent d’une année sur l’autre me permet de nourrir cet espoir… la cicatrisation s’opère micromillimètres après micromillimètres… on ne le voit pas au jour le jour et on en arrive même à douter qu’elle s’opère tant c’est long et douloureux à se faire mais à n’en pas douter cela se fait… et cet incroyable répit dont j’ai profité en ce début de troisième année m’a laissé entrevoir ce que je pouvais espérer trouver au bout, tout au bout de ce trop long et interminable tunnel… Il y a 8 mois en arrière, je n’y croyais plus…
En ce 25 du mois je pense bien fort à toi, à Georges et à ce mois de plus où tu as réussi encore une fois cet extraordinaire exploit de vivre malgré tout, pour lui, pour les filles et votre petite-fille… il doit être très très fier de toi.
Je t’embrasse fort
BEBE