Je vous lie, presque chaque jour et, ce soir, j'ai envie de crier, c'est auprès de vous que je viens pleurer et me vider....

19 décembre 2012, mon Nange est mort, le jour de mes 35 ans !!!

Je suis en colère, je dors dans des draps sales, je suis incapable de mettre nos draps dans la machine à laver. Je lui en veux, il n'avait pas le droit de me laisser !

La vie est dégueulasse, Le beau-frère de mon mari, atteint d'un cancer au cerveau est en train de s'éteindre et, je n'ai qu'une envie, lui demander de dire à mon bel Ange que je l'aime alors que je devrais les soutenir, sa femme et lui... Je me sens méchante et égoïste...

Je ne me reconnais pas, je suis jalouse de mes copines qui me racontent qu'elles se disputent avec leurs hommes. Moi aussi je veux m'engueuler avec mon amoureux au lieu de l’engueuler dans le vide !

J'ai du fiel plein le cœur et, c'est à vous que je l'adresse. Pardon mais, je crois que vous êtes les seuls à pouvoir entendre tout ça sans me juger...

Oui, mon Gros chat prenait une place folle, physiquement déjà, un homme d'un 1,90m et 150 kg forcément ce n'est pas discret mais surtout, il remplissait mes jours et mes nuits ! Il était capable de me faire rire, me faire pleurer parfois. L'amour avec lui, c'était de la douceur et du plaisir ! Mes journées étaient ponctuées par nos échanges de sms et d'appels et malgré ça, quand nous nous retrouvions le soir, nous avions encore des choses à nous dire...

Je me sens mauvaise mère, mauvaise fille, mauvaise amie, je manque de patience avec mes trois petits, j’abrège les conversations téléphonique avec ma mère et l’appelle quand j'ai besoin d'elle, je ne suis plus capable d'écouter les copines bref, je n'ai plus rien à voir avec la femme que j'ai été.

Depuis 2 mois et demi, je tourne en boucle, je ne pense qu'à lui, 150kg de vide !!

Je lis et j'entends qu'avec le temps, j'irais mieux, que je n’oublierai pas mais que je souffrirais moins j'ai du mal à le concevoir.
 
Pardon pour ce fouillis mais, c'est un peu l'état de mes pensées...

Je vous embrasse

29 mois le 19 ! Comme beaucoup d'autres je suis passée par les différents "stades, étapes" de cet horrible chemin.

Mon François est partit en 3 mois après 36 ans de mariage à 59 ans.

Son départ avait ravagé notre famille, finies les fêtes de famille avec papy assis à SA place, avec son rire,
son appétit ! Partie, la force du mari, du papy bucheron ! Terminées les discussions "politique" qu'il essayait
désèspérement de m'expliquer (je suis nulle en politique!).

Restait le SILENCE, mon dieu ce silence !!!!! un trou noir, le vide, plus rien, malgré nos enfants et petits enfants.

Envie de rien, de plus rien, juste envie de ..................MAIS NON !

J'ai pleuré, hurlé, crié, supplié et même engueulé mon mari ! il fallait que cette rage sorte, j'en voulais au monde
entier ! pourquoi nous et pas eux ?

Pourquoi je ne peux plus lui dire"hé, tu es obligé de faire autant de bruit en mangeant la soupe? et sa réponse
c'est meilleur comme ça!" que ça pouvait m'énerver ! que j'aimerais qu'il m'énerve encore !!!!!!

Au bout de tous ces mois je sais que nous avons le droit d'être comme nous sommes au moment où nous le sommes !

Je ne croyais pas pouvoir aller mieux un jour et pourtant, j'apprécie à nouveau la vie avec tous les cadeaux qu'elle
nous donne alors qu'elle m'a pris l'homme de ma vie !

J'ai une certitude (je ne parle pas de croyance religieuse), le départ de François n'a pas coupé le lien d'Amour qui nous
uni, François est avec nous, en nous !

Le chemin est long, horrible. Pour moi, l'enfer c'est ça ! Mais après revient le calme, "l'acceptation" et le premier
rayon de soleil !

Nos coups de gueule me manquent comme nos moments de tendresse, c'était NOTRE VIE !

Surtout ne pas culpabiliser, pour quoi que ce soit, la douleur de l'absence suffit !!!!!

J'étais au fond du gouffre (mon mari était et est mon amoureux depuis mes 14 ans, j'en ai 58 cette année).
J'apprécie à nouveau le soleil, le chant des oiseaux, la VIE !

Prenez de mon soleil autant qu'il vous en faut, j'ai de la place dans ma clairière de calme et de paix retrouvée.

Bien sur, le fait d'aller bien n'empêche pas les larmes par moments, mais ce sont des larmes d'amour, pas de
souffrance intense.

Chantal

Merci pour ce message plein d'émotions, de vécu, dé vérités, de cris du coeur (suggestion pourquoi ne pas l'écrire dans la rubrique "Après la grande souffrance, la reconstruction", moyen de donner de l'espoir aux autres.

La vérité est là : nous n'oublierons jamais, dans 1 an, dans 5 ans, dans 10 ans, dans ... jamais

Mais le plus difficile, sera d'apprivoiser cette tristesse, qui restera en nous avec des hauts et des bas
Avec le temps, va, tout s'apaise ... avec le temps, oui, mais avant de s'apaiser, il faudra souffrir

Amitiés
Christian

Oh oui merci Chantal.

Ton témoignage me touche d'autant plus que depuis quelques jours seulement, je resens ce que tu traduis et que je ne sais comment l'exprimer... une transformation de l'amour pour Alexandre. Le mois de janvier et février ont été terribles. Ce n'était que colère... si forte parfois que j'hurlais comme toi après lui. j'allais m'enfermer dans ma voiture pour crier, la musique à fond...Je revivais sa mort avec plus de violence encore. et cela était vrai encore il ya 2 jours à peine...

Puis soudain tout s'est calmé et hier pour la première fois, j'ai eu envie de rire de situations qui habituellemnt m'auraient fait pleurer... assez inattentu.. tellement surprenant que j'ai raconté ma journée sur le fil "racontons nos beaus souvenirs" pour partager et dire aux amis qu'on pouvait aller mieux... une envie de vivre, de m'aérer, de sourire un peu plus à la vie... une petite ouverture.

Je pense à lui depuis de façon plus sereine. Avec toute la tendresse et l'amour que nous avions l'un pour l'autre

Aujourd'hui cela fait 13 mois qu'Alexandre est mort. Je me sens bien... et j'ai envie d'aller me recuieillir sur sa tombe pour lui dire qu le l'aime tout simplement. Ce matin je n'ai plus la crainte de le perdre car comme toi, je sais que son amour est là et perdure bien au delà de la mort. Hier sur le retour je l'ai vu me sourire et je l'ai senti si proche...J'avais envie de caresser sa barbe et ce geste plein de tendresse m'a fait du bien... même si je ne l'ai fait qu'en pensée... Il y a quelque temps cela m'aurait fait pleurer..

Je ne sais si cet état va durer... Mais c'est une preuve qu'après la colère extrème, la révolte que malheureusement chacun de nous semble vivre à un moment donné ... la sérénité, le calme...pointent leur nez et  arrive alors une autre relation toujours aussi forte mais plus constructive et plus vive avec notre bien aimé... j'en suis émue.

Asseline, ne désespère pas, cette colère cette souffrance... intolérable et douloureuse  montrent combien nous aimions nos amours. Nous en avons besoin pour exprimer notre désarroi et ressentir en nous le concret, la réalité de  la douleur et de la séparation... C'est la seule façon je pense pour nous de l'exprimer, de l'extirper de l'intérieur...
Ne te dévalorise pas... Au delà de tout cela tu es toujours une bonne maman... une maman qui compte pour ses enfants,
une bonne fille car pour ta maman... tu sera toujours son enfant chéri ... et tes amis (es) si ce sont des vrais amis te comprennent et ne t'en voudront pas de ce passage à vide terrible à vivre pour toi...

Laurent, Asseline, de tout coeur avec vous , la douleur intense du début... 
Elle va évoluer, se transformer... il y a quelques jours je n'y croyais pas non plus.. Gardez cette petite ouverture en vue...
pardon si de parler en mois en année vous a troublé... j'ai eu cette réaction en arrivant sur le forum... Il nous faut du temps et ce temps est propre à chacun... Ne soyez pas effrayés ... j'ai attendu 10 mois avant de commencer à accepter et de prononcer seulement le mot "mort"pour Alexandre... En plein déni... je faisais comme si nous étions tourjours 3...
En venant vous confier dès à présent, cela vous prendra certainement moins de temps...
En 3 mois... , à vos côtés, gràce à vous mes amis de coeur, en venant me confier à vous qui comprenez si bien sans me juger..
j'ai pu avancer et évoluer alors que je ne voyais plus d'issue... complètement isolée du monde, de la vie.
Aujourd'hui, je suis toujours isolée, sans entourage proche à mes côté mais je vous ai... et c'est énorme... et j'avance.. je marche !

Je vous serre 3 fois la main très fort pour vous dire combien je vous aime et combien vous comptez tous pour moi.

Martine-tititou

Merci à tous pour ces témoignages encourageants. Vous nous donnez l'espoir d'un "aller mieux" possible et ça, c'est important. En ce qui me concerne, j'oscille toujours entre abattement, pleurs et moment de "normalité". Le problème, c'est que je ne sais jamais quel état va être le suivant... Cette nuit, j'ai repris le bonnet de Judi. En le calant sous mon bras droit, il (le pompon) fait un peu comme lorsque sa tête reposait sur mon épaule avant de nous endormir (tous les soirs ainsi pendant 15 ans)... Je sais, c'est une anecdote bien triste...
Laurent   

Bonsoir vous tous,

Déjà, MERCI 

Pour répondre à Tititou, les enfants ne vont pas trop mal mais, le couché de Chloë qui a 4 ans et demi est parfois difficile. Les rituels avec son papa étaient très présents et, je dois en trouver d'autres. Simon 11 ans et demi et Nathan 8 ans s'expriment beaucoup moins. Peut-être est-ce dû au fait que Pascal était leur beau-père, bien qu'il les élevait depuis 6 ans. Je ne sais pas trop...

Ma sœur est très présente ainsi qu'une de mes amies. Toutes les deux osent venir sans être invitées alors que les autres, plein de bonnes intentions, s'annoncent et me demandent la permission de venir donc sont rarement présents.

Laurent, en effet, la perspective d'une "rémission" prenant plusieurs années est effrayante mais, à force de lire les messages ici, je me rends compte que ce temps est nécessaire... Étant plus sereine ce soir, je peux dire que nos amours nous accompagnent et que Judi restera au chaud près de toi comme mon Pascal est présent à chaque instant.

Ephémère, Chantal, Chrisam, Tinou, Marie, je prends vos conseils, vos soleils et votre soutien et m'en fais une jolie couverture. J'espère un jour être capable d'écrire de tels messages de soutien sur ce site .

Enfin, merci pour les MP que j'ai reçu, j'avais déjà constaté au travers des différentes files qu'une vrai solidarité existait ici mais, j'en prend toute la mesure aujourd'hui.

Je vous embrasse fort et vous transmets l'absence d'angoisse qui m'habite ce soir 

Asseline