Hier soir énorme craquage
le trajet retour du séjour avec les ami(e)s du forum avait été comme la météo : bruine, éclaircies, rares rayons de soleil, averses plus ou moins intenses
malgré choix de musiques qui me faisaient du bien !
Le temps de déballage, rangement s'est bien passé
puis avec ma maman nous sommes allées chez ma fille manger la galette où nous avons retrouvé près de ma petite fille l'autre mamie (veuve depuis plus de 30 ans) avec son compagnon, ce fut simple ma petite fille reine bien sûr ... petites distractions, jeux avec elle et échanges divers mais non douloureux
au retour, après le repas, seule là ce fut craquage !
Là spontanément j'analyse que peut être ce début d'année, nouveau cycle donc aurait été très éprouvant, le séjour avec les ami(e)s a permis de tenir un peu à distance la profondeur de cette difficulté (pour moi)
mais là la décompression, le retour au quotidien et ... ce face à face avec le manque et ce nouveau cycle a ressurgit d'un coup comme un diable qui sort de sa boite après y être resté comprimé !
Laisser passer, accepter cette tempête, utiliser les béquilles connues ... fut mon programme
Je pense également que la fatigue des très longues soirées, du manque de sommeil (réveil à cause de douleurs physiques) venant pour moi sur la fatigue des 2 virus, du trajet n'y est pas pour rien
avant de conclure que je suis dans une des fameuses étapes "dépression" je vais attendre de prendre du repos, récupérer voir l'ostéopathe/douleurs (jeudi) puis je tirerai les conclusions sur mon état, entre temps je verrai la psy des soins palliatifs ça peut m'aider aussi.
Je ne regrette pas le choix de ce séjour pour cette période il fut un tourbillon où je n'avais pas à rester cantonnée dans un rôle, le vécu amical était porteur et même si à plusieurs moments j'ai dû piocher dans mes ressources pour dépasser des moments difficiles il m'a apporté du bon.
Je sais qu'un autre choix avec isolement aurait été pire.
Je me sens toujours explosée, en morceaux, certains s'animent, se réaniment grâce à bien sûr ma petite fille, ma fille, le bébé qui arrive avec la difficulté mais l'aide aussi sur sa date prévue d'arrivée (date du décès de Jean), mon gentil gendre, ma famille
d'autres grâce aux très rares ami(e)s qui ont su rester dans mon environnement
d'autres grâce aux nouveaux amis du forum
Je m'entend à nouveau rire spontanément, je me découvre l'envie de replaisanter
surtout sur nos décalages sociétaux et bêtises de veufs veuves ... l'humour sauve souvent de la dépression profonde !
L'envie de cuisiner pour les autres, de prendre plaisir à des nourritures avec d'autres ...
Même si c'est très difficile et qu'il n'y ait pas de choix que de survivre au mieux
je garde l'espoir de rester debout même meurtrie
J'ai la chance de pouvoir parler souvent avec des veuves (qui le sont depuis plus de 30/35 ans qui ont des vies différentes) qui sont de mes clientes et la maman de mon gendre, toutes me disent, je vous l'ai déjà dit, de ne pas chercher à lutter contre la douleur qu'elle reste qu'elle que soit la voie de vie qui continue (en solitaire, ou en nouveau couple) mais qu'elle vient moins souvent, n'impacte pas le quotidien ou peu même si toujours aussi violente au moment !
Toutes m'expliquent comment le nouveau lien intérieur avec le défunt se fait constant, aidant, plein de douceur, il ne comble pas le manque mais fait disparaitre cette horreur d'absence, c'est vrai que quelque chose de nouveau vient en moi doucement !
le deuil est difficile, long ...
apprendre à vivre avec cette cicatrice est une épreuve énorme qui sollicite consciemment ou inconsciemment sans cesse, cela fatigue c'est reconnu par les spécialistes du deuil, entre les stratégies pour éviter certaines choses et les luttes pour relever le défi de d'autres du matin au soir dans la maison, la vie c'est usant ! parfois c'est un craquage qu'il faut laisser passer qui se déclenche pour une bricole, un objet, une action ... et il faut accepter la douleur pour que le deuil se fasse
mais j'ai avancé les miettes se réaniment, s'animent, quant à l'assemblage, il faut attendre je crois, car des parties seront inutilisables dans la nouvelle vie et devront laisser la place à de nouvelles ... qui sont à fabriquer ...
mais je ne me sens pas entière ...
même pas comme ma statue (cassée le 13 Août et réparée)
voilà je suis peut être dans la phase décrite comme dépression (cf Dr Fauré) ...
je ne doute pas d'en sortir mais je ne sais ni quand, ni comment
je vais continuer à utiliser mes béquilles
et venir ici !