23 Avril comme dans le titre de mon fil ...
Et me voilà depuis ce 23 à 0 h 30 dans le début de toutes les 10èmes fois puisque 9 ans sont passés !
Pour moi comme d'habitude plus de crainte avant que pendant.
Mais un vécu où toutes les étapes du deuil :
Déni
Colère
marchandage
Dépression
"Acceptation" de la réalité pour la reconstruction
se sont succédées et mêlées.
Je persiste donc à dire que le deuil est en fractales (structure invariante quel que soit le changement d'échelle).
Mais l'intensité est TRÈS différente du début et la conscience, est là, d'évoluer dorénavant comme une survivante à une brûlure m'ayant touchée à 100 % (chose impossible pour une vraie brûlure, on n'y survit pas !) avec ses cicatrices et la transformation qui en découle.
Je suis allée au cimetière mais contrairement à d'autres fois pas d'exacerbation particulière.
Comme j'ai toujours fait, j'ai bien garnie la journée, avec là, l'écoute de 4 h d'émission sur France Inter de
Harry Potter, tout un monde de questions philosophiques
Parce que la grande de nos petites filles en a lu les 3/4 de la série, parce que je savais que ces analyses me mèneraient dans une introspection salutaire et ce fut bien réel.
Oui la lutte contre ces "détraqueurs" horribles arrivés par le deuil m'a bien mise sur un chemin des plus difficile et comme Harry j'ai lutté en choisissant, quitte à pleurer, je choisissais d'évoquer les choses les plus heureuses quand la douleur me torturait comme avec le "sortilège des patronus" dans Harry Potter.
Idem en luttant toujours dès le début pour donner le meilleur à ma fille et mes petites filles en mémoire de Jean et je le ferai jusqu'à mon départ.
En leur parlant de lui, la cadette me disait récemment, "je sais plein de choses de Papy Jean mais je ne l'ai pas connu en vrai j'aurai aimé ..."
En respectant mes rythmes mais en cherchant toujours à avancer et encore merci les rencontres multiples avec les endeuillé.e.s connu.e.s sur ce forum !
Pour l'extérieur je suis considérée "normalement" dans la vie, souvent, à présent, on ose m'interpeller sur la reconstruction de couple à quoi je réponds comme toujours "je suis ouverte, d'autant que je l'ai promis à Jean à sa demande expresse mais aucune occasion jusque là n'est venue" !
Jean me manque toujours pour TOUT : les joies, les peines (comme quand maman est décédée et notre compagnon à 4 pattes aussi), les difficultés comme lors de la perte du travail et tout à reconstruire à 61 ans, comme avec les problèmes de santé multiples graves ou plus légers. Même dans les petites joies qui viennent, regarder les fleurs du jardin ou être satisfaite d'un réagencement dans la maison !
Mais ce manque n'est plus une torture déchirante, il est devenu un plein de gratitude d'avoir pu vivre 40 ans avec celui pour qui j'avais eu le coup de foudre ado ! Et je ne perçois plus Jean comme extérieur mais comme une douce présence dans mon coeur comme il m'avait dit : "je resterai là dans ton coeur toujours"
Donc ce manque est différent quand le "détraqueur" de la douleur s'invite dans mon émotionnel j'active de suite le "patronus" tiré de milliers d'exemples tirés du coffre à souvenir et vivant sa présence invisible je m'apaise dans et par ce réconfort chaque fois.
Bien sûr il y a des fois où cela prend plus de temps où il faut laisser la douleur du manque se purger.
Je sais que cela durera.
J'ai compris que je devais faire avec ces cicatrices même si les autres ne les voient pas ! Je sais que ce deuil est venu sur tant d'autres dans ma vie éprouvée depuis mes 19 ans et que cela impacte celui ci !
Je garde une sensation d'irréalité de la situation, sans doute renforcée par mes croyances en une survie d'une partie autrement dans un autre espace-temps et de nombreux signes dont encore un ce WE encore lié à la voie électronique.
Mon sentiment de sa présence m'est réconfortante, aidante.
Honorer sa mémoire passe par faire tout pour aller toujours mieux ! en mémoire de lui.
Aimer encore Jean c'est tout faire pour aller mieux, lui qui le voulait et me l'avait demandé. Je lui offre mes petites joies, ou des grandes (celles avec fille et petites filles) comme des baisers et câlins impalpables.
J'ai découvert le rôle de la souffrance dans le processus de deuil, la présence d'émotions dites opposées joies-tristesse surtout. Je vois les émotions se transformer sans cesse, elles ne sont plus bloquées sur tristesse ! elles alternent.
Mon acceptation passe par : c'était dans notre temps l'heure de la fin ici mais mon émotionnel souvent a des soubresauts de refus ! Je ne les rejette pas, je me laisse les vivre et continue ensuite.
Et il y a eu l'aide des ancien.ne.s ami.e.s du forum, sur qui je peux compter, comme ce petit mot
« Les gens entrent dans votre vie pour une raison, pour une saison, des années ou tout une vie. Cette personne est la réponse à une prière ou une aspiration de votre cœur. Elle est là pour une raison. Puis, un jour, cette personne quitte votre vie, elle s’en va, elle meurt, et c’est vous qui la quittez. C’est parce que son travail est terminé ! Cette personne vous a aidé à devenir ce que vous ne seriez jamais devenu sans elle. Elle était là pour une raison que vous seul connaissez ! »
J'ai lu aujourd'hui-même cet extrait de Teddy Tanier, cité dans le journal du dimanche local, et il m'a fait penser à toi ... à nous
Je travaille sur le fait que les autres ont le "droit" d'oublier
Il y a un livre très connu qui titre : aimer, perdre et grandir ai je grandit ? oui sans doute
Dans ce livre page 107 "guérir
c'est se souvenir d'avoir aimé
sans en recevoir un grand coup au ventre
c'est respirer sans les sanglots étouffés
c'est avoir la gorge libérée
d'une grosse boule de tristesse
c'est sortir de la longue incubation
de la souffrance ..."
j'ajoute c'est être ainsi en se souvenant de la douleur ET du souvenir de ce que fut cet amour.
Car oui je suis transformée mais pétrie de la souffrance du deuil et du souvenir de ce que fut le vécu de cet amour, comme si la mémoire de la formation d'un marbre blanc et rouge était là pour réaliser celle que je suis !
Avec des fissures
et des rehaussement Kintsugi qui permet de restaurer des objets cassés, abîmés, non pas en dissimulant les fêlures, mais en les sublimant avec de l'or.
Voilà comment je me sens
voire ainsi
voilà
par le coeur avec chacun.e qui me lit