je remercie à nouveau ici les bienveillantes personnes du forum qui m'ont témoigné leur amitié en Mp dans ce moment
Depuis hier j'entame les 7 ième fois
et cela me parait toujours surréaliste
Le chemin est long et difficile
la phrase de Boris Cyrulnick : "
la résilience c'est l'art de naviguer dans les torrents" me parait juste adaptée !
Mais si j'ai au fil des années récupéré des forces, tant au physique après tant d'années d'accompagnement et des dernières semaines si intenses ! ces forces, venant de ressources cachées à ma conscience, arrivant sans le vouloir, ne diminuent pas la fragilité intérieure ...
parfois je me demande si je ne suis pas une huître, un coquillage : avec une coque "forte" mais friable et un intérieur si fragile ...
que je sois dans le rire, la satisfaction affective familiale avec nos petites filles, notre fille, culturelle, intellectuelle, la contemplation le manque m'est constant mais j'ai appris à pouvoir vivre avec
Cet apprentissage reste constant , irrégulier et fatiguant.
Grâce à ma thérapie, je pense, j'ai intellectuellement compris comment je fonctionne dans ce deuil.
Avec le besoin de fusion ! Rien n'existe sans ce lien intérieur fusionnel avec l'être perdu, que ce soit dans la joie de conscientiser qu'il aurait adoré, de le savourer pour deux ou dans la désespérance de ne pas avoir une communication "normale", ne plus avoir le plaisir d'échanger, de croiser des idées, des réflexions et d'être quelques fois agréablement surprise par les siennes !
Je reste constamment, en tout liée à mon défunt mais je vis "normalement" donc cela est normal pour les psys. Et au final rassurant émotionnellement.
Je ne me suis pas "habituée" à l'absence de corps de la survivance de sa présence, quand c'est trop douloureux je pioche dans les souvenirs heureux, ça fait mal au départ mais très vite ça m'apaise aussi sans faire disparaitre totalement la douleur !
J'ai beaucoup appris sur moi, les autres dans ce parcours.
Là avec les désastres débutants reliés à la pandémie et sa suite économique, je vois que les pertes d'habitudes, de projets etc déboussolent bien du monde et pourtant je ne parle que de personnes n'ayant pas perdu d'être cher !
Serons nous mieux compris je ne sais pas !
Construire avec ce puzzle éclaté où il manquera toujours des pièces (en ref à mon amie de deuil qui n'est plus) est possible mais difficile, il n'y a pas de recette et beaucoup d'essais à faire.
D'ailleurs pour moi, se donner le droit à soi même de changer complètement par moment de système de cheminement me parait le plus important !
J'ai constaté qu'on n'y perd rien, ni le lien avec le défunt aimé, ni de la force, juste on trouve de nouvelles opportunités à faire le contraire de d'autres moments précédents et le faire plusieurs fois m'a aidé.
Les premières tempêtes des débuts de deuil étaient paniquantes, la peur de sombrer définitivement dans la folie ...
puis cela a évolué
Maintenant même quand les tempêtes sont là je me sens sereine pour les affronter même si je me sais fragile, c'est ce que le temps m'a permis d'acquérir ! Je n'en ai pas peur, je suis calme quand les sanglots du manque me tordent, me vrillent encore émotionnellement quelques heures. Je sais que j'en ressortirai, sans savoir ni quand, ni comment, j'accueille, je me laisse vivre la douleur en confiance et en quelque sorte ça me fait du bien.
Tout cela représente du positif mais je ne sais pas toujours l'apprécier au niveau souhaitable.
Ma force est dans mon regard sur le cadeau inestimable de notre amour, il a emporté une partie de moi, mais il m'a laissé une partie de lui et cette partie s'est greffée sur les restes de mon amputation, cela fait une nouvelle composition certes mais cela me rassure !
J'ai lutté pour ne pas faire de mal à notre fille mais j'ai trouvé des ressources me semble t'il dans le trésor de notre amour vécu.
J'ai vu les aides et les handicaps, aussi, sur le processus de deuil de mes croyances en une forme de survie dans un ailleurs hors du temps et de l'espace. Je conscientise que la vivance d'une croyance de survivance handicape le processus car croire qu'il vit autrement, ailleurs, sous une autre forme, m'aide mais empêche d'intégrer en quelque sorte la perte mais cela m'apporte beaucoup de soutien, réconfortant surtout via les signes que je reçois. J'apprends à accepter ces choses, à faire avec. Je comprends qu'une partie du processus de deuil ne peut pas se faire et provoque des tempêtes à cause de ces croyances de survivance mais je l'accepte.
ma thérapie m'a permis de voir que cette notion de survivance me sert pour faire vivre en moi la part, l’héritage qu'il m'a laissé et d'être réconfortée, soutenue par cette sensation d'être accompagnée.
Je voudrai noter que même si (cf ce que je lui avais promis) je suis restée ouverte à une reconstruction amoureuse aucune ne s'est jusque là présentée, ça me rassure, je n'ai pas rejeté, je n'ai pas cherché, je suis juste restée ouverte en moi et cela n'a rien provoqué et ma reconstruction se poursuit.
j'ai en plus du trésor de notre amour et de ma fille et de mes petites filles, le trésor qui s'est fait ici avec les ami(e)s de deuil avec qui on s'accompagne toujours, depuis presque 6 ans donc et pour d'autres plus récemment et pas moins précieusement.
J'ai rencontré par mes sorties culturelles beaucoup de personnes seules par divorce et je vois les ressemblances et différences, mais j'ai pu là aussi créer des amitiés sur le socle de la solitude.
Le confinement m'a empêchée d'aller sur le caveau, j'y vais habituellement bien peu (à plusieurs km) pourtant cela a fait une tempête elle s'apaise ...
Jean étant décédé le mardi après Pâques cette année je me suis sentie passer 3 fois sur la date ... à la période de Pâques, ce mardi et le 23 ... temps émotionnel ...
voilà en vrac une sorte de débriefing témoignage.
d'autres ont laissé leur témoignage à 6 ans cf archives table des matières
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/le mien s'ajoute ...
prenez soin de vous comme vos aimé(e)s auraient pris soin de vous !