Non Heart il n'est pas décousu mais témoigne de la tempête qui te submerge. C'est naturel tu sais. Au début, nous sommes anesthésiés par l'endorphine et nous réagissons plutôt bien, d'où ces images d'êtres "forts". On s'écroule plus tard, curieusement au moment où tout le monde pense que ça va aller, qu'ils ne doivent plus êtres aussi présents. Mais c'est faux ! Les larmes usent le chagrin d'après CF, je sais juste qu'elles usent mon cœur. Après 20 mois je ne peux toujours pas faire de sieste l'après-midi sans sentir tout à coup sentir un poids écraser mon thorax. Il y a bien sur des gens qui se relèvent plus tôt. J'en connais qui vont mieux après seulement 5 ans. Chacun émerge de cette terrible expérience comme il peut, à son rythme. Après quelques mois, je ne supportais même pas que l'on me dise que j'irais mieux un jour, JE NE VOULAIS PAS aller mieux !!! C'était comme si je renonçais, comme si je lui lâchais la main ! Le fait que l'on veuille ou non aller mieux, nous appartient. C'est même tout ce qui nous reste. Par chance, personne ne m'a contrariée quand j'ai dis parfois que je préférais mourir. Sur un autre forum il y a une jeune femme comme toi qui a perdu son mari de 38 ans dans les mêmes circonstances. Elle a 2 enfants autistes et un nourrisson. Elle doit subir aussi les procès (un jeune alcoolisé a tué son mari au petit matin quand il allait travailler). Je n'ai plus trop de ses nouvelles en ce moment, car la pauvre devenait quasi folle. De plus, dans sa situation et vu qu'elle allait si mal, la DDAS voulait lui enlever ses enfants du moins provisoirement. On lis de ces choses, c'est horrible. Mais quel que soit l'âge ou les circonstances, tu pourras lire que le chagrin est pareillement fort dans tous les cas. Mon mari avait 74 ans, moi 8 de moins, 43 ans d'amour. On se préparait pour aller au cinéma, il sort faire une petite course pendant que je me prépare, et hop, fini ! Il s'écroule aux pieds de notre immeuble et voilà comment d'un revers notre vie est balayée. J'ai beaucoup de mal à m'en remettre à tel point que j'ai souffert d'amnésie plusieurs mois. J'ai écarté plusieurs personnes parce que j'avais besoin de réfléchir, de tout replacer dans un ordre hiérarchique. Aujourd'hui, après un peu plus de 20 mois, je lis son courrier, celui qu'il m'envoyait, qu'il envoyait quotidiennement à sa fille, j'écoute ses conversations téléphoniques avec notre fils, je regarde les vidéos... Je vais mieux, depuis à peu près 2 mois. Il y a des larmes tous les jours mais plus toute la journée, souvent le soir au moment d'éteindre, ou alors que je regarde un film. On dit que l'entourage a un rôle essentiel, je suis très entourée puisque je vis avec mon fils et sa famille depuis 1 an (provisoirement). Mais j'ai tendance à penser que le fait d'être seul ne change pas grand chose. Seule, je le suis, je le sens, même dans la foule. Il manque un élément important à ma vie : LUI, et ça, personne ne pourra me le rendre. J'imagine qu'il est horrible de voir mourir la personne qu'on aime dans la maladie et la souffrance, et il est tout aussi horrible de le voir disparaitre en un instant, comme si la vie n'avait aucune sécurité, aucune importance. Depuis, je vis dans l'appréhension de voir disparaitre un de mes enfants, ou même un petit enfant. Je suis dans l'insécurité la plus complète et espère juste à ne pas avoir à vieillir trop longtemps.