Auteur Sujet: DECES DE MON MARI  (Lu 39897 fois)

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QUENOUILLE87

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DECES DE MON MARI
« le: 17 avril 2012 à 11:47:58 »
Jamais je n'aurais pensé pouvoir me connecter un jour à un tel forum. Mon est mari est mort dans son sommeil il y a aujourd'hui 3 semaines, je l'ai retrouvé sans vie le matin dans le lit. Il avait 57 ans, était en pleine santé, sportif, insouciant. Nous nous aimions depuis 32 ans et avions tellement de projets ensemble. J'ai 49 ans, et aujourd'hui, je me retrouve dévastée, ne tenant que pour nos deux filles. Tout le monde me dit qu'elles ont besoin de moi, et c'est vrai, mais moi j'ai tellement besoin de lui. je ne peux imaginer ma vie sans lui, je ne peux pour l'instant accepter sa disparition. Il me hante 24 h sur 24, je ne pense qu'à lui. Nous étions un couple soudé, nous nous entendions tellement bien. Bien sûr il y avait des engueulades, mais nous étions si bien ensemble, à tous les points de vue.
Nous avions déjà perdu notre fils il y a 22 ans. Pourquoi la vie s'acharne t-elle toujours sur les mêmes ?
On me dit qu'avec le temps tout s'apaisera, j'ai du mal à le croire. La boule dans ma gorge est permanente, et je fais des efforts surhumains pour ne pas pleurer toute la journée. J'ai réussi à reprendre le travail (bien obligée car nos revenus sont maintenant divisés par deux, avec les mêmes charges) mais n'arrive absolument pas à me concentrer sur ce que je fait.
Peut-être trouverais-je un peu d'apaisement en vous lisant, vous qui avez vécu la même chose que moi.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #1 le: 17 avril 2012 à 12:11:05 »
Jamais aucun de nous, Quenouille, n’aurait imaginé chercher un peu de réconfort sur un forum parlant du deuil.
Et nous sommes tous là, les uns pour pleurer, écrire, s’accrocher à une main tendue, les autres pour aider, secourir, tendre cette main. Chacun à un stade différent sur le chemin du deuil.
Tous avec un énorme manque.

Mais nous sommes là.

La disparition de notre compagnon, ou notre compagne est un véritable cataclysme dans nos vies. Plus de repères, plus rien ne tourne comme il faut. Le choc d’abord, l’affolement, la peur, la solitude… Tout est insupportable.

Sur ce forum, nous avons tous les âges, toutes les situations, avec ou sans enfants, petits-enfants, retraités ou actifs, mariés de longue date ou au bord d’une vie ensemble pleine de projets. Un point commun, l’Amour immense, intense que nous portons à notre double qui est passé de l’autre coté.

Je ne sais pas comment tu es arrivée sur ce forum, personnellement j’ai commencé par lire le livre de Ch.Fauré.

Tout ce que tu décris, Quenouille, nous le vivons, l’avons vécu et le vivrons toujours, cette terrible injustice, nous savons, comprenons et pourrons en parler avec toi et peut-être t’aider.

Oui, cette phrase : Le temps apaisera la douleur, on l’entend beaucoup et on ne peut pas y croire. Pas pour moi, pas moi, je ne pourrais pas survivre…

J’ai perdu mon mari il y aura bientôt 22 mois. L’apocalypse. 30 ans de vie commune. Un cancer fulgurant.
Doucement, tout doucement, avec la lecture, l’écoute, ma famille, et le forum, avec le temps (et oui !), je réapprends à vivre. Différemment, mais je vis. Après le désespoir, les flots de larmes, les envies de mourir, de tout laisser tomber, avec des moments calmes et des tempêtes, doucement, tout doucement, un pas après l’autre…

Alors Quenouille, sur le forum tu auras toujours quelqu’un pour te parler, te consoler, et te donner quelques réponses, et un peu d’espoir.

Je t’embrasse.
A te lire.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

sofyoan

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #2 le: 17 avril 2012 à 12:27:28 »
oh, comme je me retrouve dans ce que je lis! j'ai vecu la meme situation il y a 4 mois. Me reveiller a coté du corps sans vie de l'homme de ma vie.

ces questions auxquelles nous n'aurons jamais de reponses, ce sentiment d'injustice totale....oui les enfants qui nous font tenir mais qui n'enlevent rien au manque absolu.

3 semaines, c'etait hier...le debut d'un tres, tres long chemin, penible, douloureux, eprouvant...j'en sais quelquechose!
Viens ici raconter , te liberer de ce trop plein de souffrance. si tu n'es pas encore prete , tu peux m'envoyer un message perso, mon histoire est exactement la meme, Yoann est foudroyé dans son sommeil a 36 ans! me laissant avec notre enfant de 2 ans. du bonheur le plus absolu au cauchemar en moins de 10 secondes..et le monde qui continue de tourner...sans moi , sans nous.

aujourd'hui je commence a me dire qu'il y aura un apres, il faudra bien qu'il y est un apres sinon a quoi ça sert de rester...oh bien sur je continue a penser parfois que j'aimerai le rejoindre, que c'est tout ce dont j'ai envie ...parfois...mais il y a un petit bonhomme.. le plus beau des petits bonhommes.
On s'en sortira, pas tout de suite , mais un jour....par amour pour eux!

courage, et donne moi (nous) de tes nouvelles
sofi

Caroline3

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #3 le: 17 avril 2012 à 12:36:49 »
Bonjour Quenouille.

Ouf... que de difficultés tu as vécu! Et en même temps, toutes ces années de bonheur... tes filles qui sont là, qui vivent aussi un gros choc, tout comme la famille, autour de toi.

Tu vois quelqu'un? Dans ton emploi, tu as des assurances qui pourraient te permettre d'arrêter quelque temps?

Ce temps d'arrêt est nécessaire. Je m'en aperçois... deux ans après le décès de mon mari. Je suis venu ici voilà 10 jours, parce que ma peine grossissait, alors que normalement, elle aurait dû se résorber. J'avais arrêté 3 mois (4 mois après son décès), mais ce n'était pas assez.

Je dois maintenant prendre un 6 mois.

Donne-nous des nouvelles.

À +

Caroline

cello59

  • Invité
Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #4 le: 17 avril 2012 à 12:41:34 »
Bonjour" Quenouille87",

Après Marina, Sofi, Caroline, …. je viens t'accueillir sur ce forum. Difficile de te dire "bienvenue" sur un site où chacun d'entre nous est arrivé après un drame qui remet en cause toute notre vie.
J'y suis venu, et y ai trouvé de l'apaisement et du réconfort (on se sent ainsi moins seul) après le décès de ma Chérie il y a un peu plus de 7 mois, après un douloureux combat contre un cancer.

D'autres, dont le conjoint est également décédé brutalement, sauront mieux que moi t'apporter les mots qui apaisent, et aident à continuer à vivre dans l'épreuve douloureuse, et encore très récente, que tu traverses.
Comme Marina, et beaucoup d'entre nous,  j'ai aussi trouvé beaucoup d'apaisement dans la lecture du livre du Dr Christophe Fauré "Vivre son deuil au jour le jour". Je l'ai lu, et relu : il m'a permis de mieux comprendre les bouleversements intérieurs qui m'affectaient, de mettre des mots sur des sentiments que je ne savais exprimer. Dans le fil "lectures", tu trouveras également les titres d'autres ouvrages qui, à un moment ou un autre, pourront t'aider.

A toi, ainsi qu'à tes deux filles qui ont besoin de toi, je te souhaite dans l'instant beaucoup de courage.
Très cordialement.   Daniel
« Modifié: 17 avril 2012 à 13:03:07 par cello59 »

Chris-ka

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #5 le: 17 avril 2012 à 12:57:30 »
Quenouille87,
Quand j'ai lu ton histoire, j'ai immédiatement pensé à Sofi ... et elle me ressemble aussi, mon mari foudroyé en 1 minute à l'âge de 39 ans, 2 petites filles qui sont là et qui ont besoin de moi ...
Je n'ai pas aujourd'hui assez de recul pour trouver les mots qui pourront t'apaiser car moi même, je ne sais pas encore quelle sera ma vie désormais mais en tout cas, tu as bien fait de venir nous rejoindre car tu trouveras ici beaucoup de douceur et toujours quelqu'un à ton écoute. Et surtout, tu ne te sentiras jamais aussi bien comprise !
Amicalement,
Karine

QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #6 le: 17 avril 2012 à 13:35:38 »
Comme vos messages sont réconfortants.

Je reviens de voir une psy, qui m'a proposé des anti-dépresseurs pour essayer d'atténuer cette douleur lancinante. Elle hésitait car elle a peur que les médicaments anesthésient trop la douleur, et que psychologiquement, ce ne soit pas vraiment bon pour "faire mon deuil". J'ai l'ordonnance, je ne sais pas encore si j'irais à la pharmacie.

J'ai tellement besoin de parler de mon mari, et j'ai peur d'agacer mes amis, pourtant très proches et très présents, à ressasser sans arrêt notre vie, notre bonheur. J'aurais presque préféré qu'il tombe malade, au moins nous aurions pu nous dire au revoir. Nous devions partir aux Antilles la semaine prochaine, pour fêter mes 50 ans...

Merci de votre soutien, même si je ne vous connais pas. Il est peut-être plus facile de s'épancher avec des inconnus, mais qui ont vécu la même situation, qu'avec des amis, adorables, mais qui continuent (et heureusement !!!) à vivre leur vie de famille.

Chris-ka

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #7 le: 17 avril 2012 à 13:54:30 »
Oui, bien sûr, Yohann, il est préférable de s'éteindre chez soi avec la personne qu'on aime et c'est ce que tu aurais souhaiter pour ton épouse. Mon mari est mort aussi dans son lit, au petit matin, à mes côtés. Je préférais aussi qu'il en soit ainsi plutôt que sur son lieu de travail par exemple. Mais que c'est traumatisant aussi, ces images gravées à jamais, la peur de la chambre, la peur du lit ..
Amicalement,
Karine

Hors ligne Marina Saboya

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #8 le: 17 avril 2012 à 14:13:11 »

Je reviens de voir une psy, qui m'a proposé des anti-dépresseurs pour essayer d'atténuer cette douleur lancinante. Elle hésitait car elle a peur que les médicaments anesthésient trop la douleur, et que psychologiquement, ce ne soit pas vraiment bon pour "faire mon deuil". J'ai l'ordonnance, je ne sais pas encore si j'irais à la pharmacie.



Je trouve que ta psy a une bonne réaction, même si c'est dur à entendre.
Il est vrai qu'il n'y a rien de pire que de mettre en sommeil son chagrin, sa douleur, son deuil. Un jour il finit par se réveiller, souvent à l'occasion d'un stress violent et vient alors se cumuler. Malheureusement il faut boire sa peine jusqu'à la lie pour en prendre conscience et s'apercevoir que l'on peut l'apprivoiser.
Cependant, certains moments peuvent être si durs que l'aide de médicaments doit pouvoir se faire. Pour passer un cap, ou un creux de vague trop long, qui entraine vers le fond. Et puis, il y a aussi des médicaments qui ne sont pas des anti dépresseurs, mais des régulateurs d'humeur, qui permettent d'atténuer la violence du chagrin sas le masquer.
Là encore, un fil est ouvert sur le sujet. Chacun y donne son avis.


J'ai tellement besoin de parler de mon mari, et j'ai peur d'agacer mes amis, pourtant très proches et très présents, à ressasser sans arrêt notre vie, notre bonheur. J'aurais presque préféré qu'il tombe malade, au moins nous aurions pu nous dire au revoir.


Oui, parler de nos vies, nos projets, nos joies, nos tristesses, nos épreuves est non seulement important, mais indispensable.
Pour cela aussi, nous sommes là. Si tu as besoin de partager, ne retiens pas cette envie par pudeur, ou peur d'un quelconque jugement. Nous sommes tous "logés" à la même enseigne et personne ne juge personne.
J'ai raconté mon histoire dans un fil : Racontons notre histoire. Certains ont suivi, d'autre gardent leur vie pour eux et souvent tiennent un journal du deuil, écrire et aussi important que parler et pleurer. Il faut évacuer la douleur d'une manière ou d'une autre.

Je ne crois pas qu'il soit plus "facile" de voir partir l'homme que l'on aime, d'une maladie. Oui,  certains ont pu se dire au revoir, et c'est probablement un moment épouvantable, et d'autres - comme Pierre et moi - ne l'ont pas fait. Peu à peu, je l'ai vu maigrir, palir, se vouter, souffrir, subir, et moi, j'ai du sourire, câliner, laver, nourrir, mentir, questionner, attendre, craindre...

Ce n'est pas la façon dont ils partent qui est difficile, c'est le fait qu'ils ne soient plus à nos cotés, brutalement, même si on s'y attend.

 :'(

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

elo73

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #9 le: 17 avril 2012 à 14:13:38 »
Bonjour à tous et à Quenouille87,

Peu de chose à rajouter par rapport aux précédents messages, si ce n'est que chaque personnes présentes sur ce site tenteras à sa manière, à son échelle de t'apporter son aide.

Du courage c'est bien plus que ca qu'il nous faut, il nous faut, il te faut puisser dans tes réserves insoupçonnées.
Bises
Elodie

sofyoan

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #10 le: 17 avril 2012 à 14:17:28 »
Yohann,

je comprends ton propos. pour moi le contexte est different il ne s'agissait pas d'une alternative.

je ne suis pas traumatisée par le fait d'avoir passer la nuit a coté de Yoann mort ( l'autopsie a determiné qu'il etait décedé rapidement apres que l'on se soit couché). je suis moi meme surprise de cet état, je suis seulement aneantie d'avoir perdu mon amour, l'homme de ma vie, le seul et unique personne qui comptera jamais. Pas non plus que je sois apaisée par ( je ne sais si c'est toi ou marina qui m'avait ecrit) "il a su que tu etais a ses cotés".
des details me sont revenus tres clairement, ces bruits que j'ignorais alors etre son dernier soupir...cette premiere image de lui inanimée ou j'ai su instantanement au fin fond de moi que...cette sensation quand ma main a touchée son corps froid et rigide...c'est gravé en moi pour l'eternité. Les larmes me viennent aux yeux en l'ecrivant , mais je n'ai pas peur.

si vous saviez le nombre de fois ou on m'a demandé "comment tu fais pour continuer a dormir dans ce lit?" J'y verse des litres de larmes dans ce lit maintenant, mais j'y ai connu le meilleur, les plus beaux instants de ma vie ...le meilleur et le pire...jusqu'a ce que la vie nous separe, (meme sans etre mariés!).
Ce lit trop grand maintenant,ou il est encore rare que je m'aventure dans son coté du lit. il me manque tellement. Tourner le dos a cette place vide, son visage qui n'est plus posé sur l'oreiller. dans ce lit ou dans un autre, le resultat est le meme...le vide.

ces lectures que je fais actuellement decrivant le passage, j'ai encore un peu de mal a accepter ces idées. M'a t il vu allongée a coté de lui lorsqu'il est parti? s'est il seulement retournè pour me contempler? a t il songé a la peine que cela aller nous causer?

comme tu dis Yohann, jusqu'au bout du bout

je cherche encore
affectueusement

sofi
« Modifié: 17 avril 2012 à 14:36:15 par sofyoan »

Chris-ka

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #11 le: 17 avril 2012 à 14:41:47 »
Sofi,
Je ne ressens pas comme toi en ce qui concerne son décès à la maison mais je suis à l'origine une "peureuse née" et ça s'est d'autant plus développé avec ce drame. Alors, oui, j'ai peur de tout et notamment de ma chambre comme j'ai peur chaque matin que mes filles ne se réveillent pas. Mais ça passera certainement ...
Je t'embrasse.
Karine

sofyoan

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #12 le: 17 avril 2012 à 14:56:51 »
Karine,

comme je l'ai ecrit , je suis moi meme surprise de ma reaction, ou plutot de mon absence de reaction pour ce point bien precis lié a NOTRE chambre.

sinon comme toi, des que mon fils dort  plus longtemps que d'habitude , c'est plus fort que moi, faut que j'aille voir si il respire encore. Je pense que maintenant on pourra plus s'empecher de penser ça. Nous, nous avons appris que ça pouvait arriver...et surtout pas qu'aux autres!
 :-*

sofi

escouba

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #13 le: 17 avril 2012 à 16:48:44 »
Nathalie,

Nous partageons toutes et tous ta douleur car nous la vivons, l'avons vécue.

Pour les médicaments, c'est à toi de voir. Laisse-toi du temps mais pas trop. Si tu sens que réellement tu ne peux pas faire sans, alors pourquoi pas ? Si tu peux avancer pas à pas et sans, c'est aussi une solution. Il n'y a que toi qui puisse réellement savoir ce qui est le meilleur pour toi. Chaque personne est différente et chacun essaie de trouver ses propres solutions.

Pour la douleur et cette phrase sur le temps qui atténue la douleur, je ne sais pas.
Car le deuil, c'est non seulement la perte irrémédiable de la personne aimée mais c'est aussi la croix que tu es obligée de mettre sur tous les projets faits à deux, sur toutes les activités pratiquées ensemble. C'est le silence permanent qui t'entoure et toutes les responsabilités qui désormais t'incombent. Marina, je trouve, parle bien de la situation avec à la fois le désespoir mais aussi des moments de calme et petit à petit, nous nous construisons une autre vie qui n'a que peu de rapport avec la précédente. Ce n'est pas un choix mais une nécessité et nous trouvons en nous des ressources insoupçonnées car inutiles jusqu'alors.

Courage. Ici, il y a toujours quelqu'un avec qui tu peux partager.

Amicalement,

Laurence

QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #14 le: 17 avril 2012 à 16:54:50 »
Je suis au bureau, incapable de me concentrer sur quoi que ce soit, et je viens de parcourir ce forum. Que de malheur, comme la vie est difficile.

Trois semaines jour pour jour après le décès de mon mari, je ne le réalise toujours pas, je ne l'accepte pas. Tous vos messages parlent d'apaisement avec le temps, je n'arrive pas à y croire.

Tant que du monde est présent tant au bureau qu'à la maison, j'arrive à m'en sortir. Mais rentrer le soir dans cette maison vide, juste avec mon chat qui n'y comprend plus rien, c'est insupportable, je craque, je hurle, je sanglote. Comment accepter de se retrouver seule devant son assiette tous les soirs ? De ne plus sentir un corps contre lequel se blottir le soir, juste un grand lit vide et froid ? De ne plus pouvoir parler et rire avec l'homme de sa vie ? Ma fille me disait l'autre jour qu'elle n'aurait plus personne pour la conduire à l'autel si elle se mariait un jour.

Elles avaient un papa formidable : humain, chaleureux, ne pensant qu'aux autres, jamais à lui, plus que bricoleur : c'est lui qui avait totalement refait nos maisons, ne gardant que les murs. Le soir précédent son décès, nous avons ri tous les deux, regardé des photos que notre fille nous avait envoyées par mail, nous nous sommes embrassés en nous souhaitant bonne nuit comme tous les soirs, calinés, et le mardi matin, plus rien, le néant. Et je n'ai rien vu, rien pressenti, rien pu faire pour le sauver, rien entendu. C'est terrible.

J'ai trouvé un peu de calme dans l'écriture. Je me suis mise à écrire une sorte de journal dans lequel je m'adresse à lui. Mais au contraire de certains d'entre vous, je ne ressens aucune présence dans la maison, je n'ai pas l'impression qu'il est à mes côtés. Il m'est pour l'instant impossible de regarder seule toutes nos photos qui sont de si bon souvenirs: le bac de notre fille l'an passé, les travaux de notre maison dans lesquels il s'est investi toute l'année dernière, notre chambre qu'il avait totalement refaite et qu'il a finie juste avant sa mort, nos photos de vacances sur lesquelles il est toujours en train de rire.

ça me soulage tellement de parler de lui, alors que vous ne le connaissiez pas. Jamais je n'aurais pensé "étaler" ma vie devant des gens que je ne connais pas. Mes amis sont pourtant tellement proches, ne me laissant jamais vraiment seule, mais j'ai peur qu'à force de pleurer, ils en aient un peu marre. Pourtant, ils l'aimaient tellement qu'ils ont aussi énormément de mal à accepter, et je pense que ça leur fait également du bien de venir me voir ou de me téléphoner.

Je pense que ce forum va devenir vite un besoin pour moi. Vous comprenez si bien ma situation l'ayant malheureusement vécue avant moi.