Besoin de parler ce matin, d’écrire pour ne pas me laisser aller au chagrin. 8 semaines qu’il est parti, et je veux toujours pas accepter. J’ai passé 4 jours agréables avec mes filles, la petite étant rentrée. 4 jours pendant lesquels il y avait une présence dans la maison, du bazar, de la musique, des dialogues, des petits-déjeuners, même des rires. On a parlé, parlé. On s’est promenées, on a même réussi à atteler la remorque pour aller à la déchetterie. Et voilà, un train qui repart hier soir, et de nouveau le silence dans la maison.
Et de nouveau toutes ces pensées qui m’envahissent, ces souvenirs tellement aigus de notre bonheur. Ce matin, impossible de me lever alors que j’avais plein de choses à faire avant de partir travailler. J’ai laissé la maison en bazar, la vaisselle dans l’évier, les poils de chat partout. Plus d’envie, plus d’énergie. Je ne me suis même pas lavé les cheveux, presque pas maquillée et j’ai filé au bureau où je n’arrive à rien faire.
Et dans ma tête, toujours ce leitmotiv : Pourquoi moi, pourquoi nous, alors que nous avons déjà été éprouvés si durement. Je m’imaginais, après la mort de notre fils, à l’abri du malheur. je me disais : il ne peut plus rien nous arriver, nous avons déjà donné. Quand mes filles étaient plus jeunes, je ne m’inquiétais pas trop quand elles partaient même à l’étranger, je pensais que rien ne pourrait me les enlever, nous avions déjà trop subi. Et voilà, nous subissons encore, si durement. Quand cela s’arrêtera t-il ? Pourquoi certains ont-ils tant de chance dans la vie, alors que d’autres accumulent les épreuves en n’ayant le droit qu’à de très courtes périodes de bonheur, suivies de malheurs dont ils mettent des années à se remettre ? Avons-nous le don d’attirer le malheur ou le bonheur ?
Ma fille aînée est depuis quelques jours pleine d’agressivité envers tout le monde, même vis-à-vis de moi. J’ai essayé de la faire parler, mais c’est une huitre, elle se ferme, ne me dis rien, m’envoie balader. Elle critique tous ses amis, leur trouve plein de défauts. Je ne sais pas quoi faire. Même sa sœur s’en est aperçue, elle le vit mal.
J’ai l’impression que ces 4 jours d’accalmie ont été effacés d’un seul coup et que je me retrouve au même point qu’il y a quelques semaines, avec cette boule dans la gorge et dans l’estomac qui m’oppresse, m’empêche de respirer, au bord des larmes à chaque parole. Il me manque tant !!!
Nathalie