Auteur Sujet: DECES DE MON MARI  (Lu 46494 fois)

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Caroline3

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #45 le: 23 avril 2012 à 17:39:59 »
Bonjour Nathalie!

Moi aussi, c'est cette phrase qui me touche:

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Je suis de retour au bureau ce matin, avec toujours cet abattement qui m'empêche de faire quoi que ce soit. J'ai l'impression que la moindre tâche me demande des effort surhumains, plus d'énergie, plus de pêche, je suis vidée. Comment remonter physiquement ?

C'est le temps qui fera l'affaire. Et la façon dont tu utiliseras ce temps. Vivre le deuil, c'est bien sûr pleurer, mais je crois, aussi se reconstruire. Parler, écrire... faire sortir notre histoire, la raconter à des "oreilles musclées"! Souvent aidé d'un tiers. Un psy, une personne proche vraiment soutenante.

Mais des fois, c'est trop, trop gros. Les proches ne peuvent pas vivre notre peine.

J'ai un psy qui sait écouter (heureusement!!!), mais aujourd'hui j'ai vu un doc de famille, pour avoir un arrêt de travail et si elle a posé les bonnes questions, fait le bon diagnostic... elle n'était pas capable d'écouter vraiment. Elle m'accueille mal (me dit bonjour à 30 m de distance), me dit au revoir sans me regarder, vite-vite. J'ai pris une demi-heure de son temps... c'était trop.

Mais bon... faudra faire avec.

Donc, trouver les bonnes personnes qui sauront nous soutenir, sans nous faire de mal, c'est difficile, mais il faut persévérer.

Viens jaser avec nous, ça nous fera plaisir de te lire, de te répondre. Je crois, très sincèrement, que plusieurs des personnes qui habitent ce forum savent parler de la mort et de la suite, pour ceux qui restent.

À plus, Caroline xx

QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #46 le: 25 avril 2012 à 21:26:14 »
J'ai amené ma fille ainée chez le cardiologue aujourd'hui. Comme on ne connait pas la cause du décès de leur père, j'ai préféré faire faire a mes enfants des examens complets. Mon médecin traitant refusait de lui prescrire ces examens "votre mari n'avait rien de particulier, c'est un hasard, vos filles n'ont rien". Incroyable d'entendre un médecin parler de la sorte.

Le cardiologue m'a bien expliqué qu'il y avait des maladies cardiaques génétiques, et qu'il fallait absolument faire ces examens, du fait du décès de mort subite de notre fils, et ensuite de mon mari. L'hôpital qui a été contacté tout de suite après le décès a également refusé de faire des examens (trop cher !!!) ce qui fait que nous ne saurons jamais ce qui a pu se passer.

Ma première fille n'a rien, ce qui ne m'empêche pas d'être angoissée. Je vois la mort partout, et j'ai beaucoup de mal à quitter mes filles. La deuxième est repartie sur Bordeaux, et je ne peux m'empêcher de lui envoyer des textos plusieurs fois par jour. Que me réserve encore la vie, elle a déjà été si dure pour nous. Comment retrouver confiance en cette vie après tant d'épreuves ? Comment ne pas trembler chaque jour en me demandant ce qui va encore me tomber dessus, s'il ne vas pas arriver quelque chose à l'une ou l'autre de mes filles ?
Je n'ai toujours pas été chercher les anti-depresseurs qui m'ont été prescrits, ça me fait peur. Peut-être y arriverais-je sans ?
Bonne soirée à vous
Nathalie


Chris-ka

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #47 le: 25 avril 2012 à 21:38:57 »
Bonsoir Nathalie,

Ton message m'a interpellé car j'ai rendez-vous demain a l'hôpital de cardiologie pour mes filles suite au décès brutal de leur papa. Pour ma part, une autopsie a été faite et c'est le médecin légiste qui m'a indiqué de faire suivre les enfants au niveau cardiaque. Je ne suis pas sûre de ressortir rassurée de cette visite car mon mari, lui même, avait vu un cardiologue la veille de son décès qui lui avait dit qu'il n'y avait aucun problème.

Alors, je suis comme toi, m'inquiete énormément pour mes filles, vais voir si elle respire quand elles dorment un peu plus tard et je crains que cette inquiètude soit désormais mon lot quotidien...

Prends soin de toi
Karine


Nouveau

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Re : Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #48 le: 26 avril 2012 à 12:31:32 »
J'ai amené ma fille ainée chez le cardiologue aujourd'hui. Comme on ne connait pas la cause du décès de leur père, j'ai préféré faire faire a mes enfants des examens complets. Mon médecin traitant refusait de lui prescrire ces examens "votre mari n'avait rien de particulier, c'est un hasard, vos filles n'ont rien". Incroyable d'entendre un médecin parler de la sorte.

Le cardiologue m'a bien expliqué qu'il y avait des maladies cardiaques génétiques, et qu'il fallait absolument faire ces examens, du fait du décès de mort subite de notre fils, et ensuite de mon mari. L'hôpital qui a été contacté tout de suite après le décès a également refusé de faire des examens (trop cher !!!) ce qui fait que nous ne saurons jamais ce qui a pu se passer.

Ma première fille n'a rien, ce qui ne m'empêche pas d'être angoissée. Je vois la mort partout, et j'ai beaucoup de mal à quitter mes filles. La deuxième est repartie sur Bordeaux, et je ne peux m'empêcher de lui envoyer des textos plusieurs fois par jour. Que me réserve encore la vie, elle a déjà été si dure pour nous. Comment retrouver confiance en cette vie après tant d'épreuves ? Comment ne pas trembler chaque jour en me demandant ce qui va encore me tomber dessus, s'il ne vas pas arriver quelque chose à l'une ou l'autre de mes filles ?
Je n'ai toujours pas été chercher les anti-depresseurs qui m'ont été prescrits, ça me fait peur. Peut-être y arriverais-je sans ?
Bonne soirée à vous
Nathalie

Bonjour Nathalie,

J'ai votre âge et j'ai moi aussi perdu mon mari subitement il y a trois ans, il a fait un infarctus. Mon médecin veut faire suivre mes fils aussi, il pense que c'est peut-être génétique, pour l'instant ils ont un traitement et font des prises de sang tous les six mois...

On vit un chauchemar, comme vous je me demande quand ça s'arrêtera puisque mon plus jeune fils est devenu schizophrène suite au décès de son père. Je me dis que si je devais subir un nouveau deuil je ne m'en remettrais sûrement pas...

Je n'ai jamais pris de médicaments, le deuil n'est pas une maladie, le chagrin doit s'exprimer, faire du sport, même à petite dose aide à décompresser, à dormir.

Et puis se dire que l'on ne maîtrise rien, que ce qui doit arriver arrive, alors s'en remettre à Dieu ? c'est ce que je fais maintenant, en savourant tous les moments tendres avec mes garçons.

Je pense très fort à vous, un jour la douleur s'efface et restent les bons souvenirs.

Je vous embrasse

QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #49 le: 27 avril 2012 à 09:21:52 »
Voilà aujourd'hui un mois qu'il est parti. ça me paraît si long, nous n'avions jamais été séparés plus d'une semaine, et si court en même temps. La douleur ne s'est pas apaisée, elle me paraît pire qu'au début. Les coups de fil des amis se font plus espacés, j'ai l'impression que pour eux la page est presque déjà tournée. C'est méchant de dire ça, car ils doivent continuer leur vie en dehors de mon chagrin. Mais je les jalouse tellement.

Moi qui suis quelqu'un de très cartésien, je suis allée voir des sites de "vie après la mort", de prise de contact avec l'au-delà. Je ne me reconnais plus, je me moquais de tout cela il y a encore quelques semaines. Et maintenant, j'essaye de m'accrocher à tout ce qui pourrait me rapprocher de lui. Au fonds de moi, je me dis que je suis complètement ridicule, mais on a tellement besoin de croire en une présence.

J'essaye d'avancer, d'être au bureau, de faire semblant tout le temps, devant mes enfants que je dois rassurer (oui, oui, je vais bien, ne vous inquiétez pas), devant mes amis, devant mes collègues. Je crois que c'est confortable pour l'entourage que l'on fasse semblant, qu'on arrive à empêcher ses crises de larmes. Mais la boule dans le creux de l'estomac est là constamment, qui m'empêche de manger, qui m'empêche de respirer.

Je vous lis régulièrement, dans le journée, le soir. ça fait du bien de voir que l'on est entouré de personnes qui ont vécu la même chose, même si l'on ne se connaît pas, et en même temps ça me fait mal de voir que tant de gens souffrent du même mal : l'absence de l'autre et que certains n'ont toujours pas réussi à en "guérir", même des mois après.

Cette nuit, il est venu hanter mes rêves. C'est la première fois depuis qu'il est parti que je le ressens aussi fortement et que je l'entends parler. Il était revenu, sachant ce qui lui était arrivé, et me disait que tout pouvait recommencer de nouveau, qu'il fallait que je m'habitue à son absence. Il refusait d'aller voir le médecin pour se faire faire des examens. Je me suis réveillée en sursaut, et n'ai pas refermé l'oeil de la nuit. J'ai peur au fil du temps d'oublier sa voix, ses mimiques, ses intonations....

A qui puis-je raconter tout ça à part à vous. Quel ami, même le meilleur, acceptera de m'écouter évoquer mes rêves  et mes soucis ?

Merci de  m'écouter, et merci pour vos écrits

Nathalie

Thierry91

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #50 le: 27 avril 2012 à 09:34:49 »
Nathalie,

Comme je comprends tes propos, je vis exactement les mêmes émotions. Par contre je ne recherche pas pour l'instant des ouvrages sur l'après, je reste complètement plongé dans mes souvenirs, peut être qu'un peu plus tard j'en ressentirai le besoin.
J'attends des signes d'elle et j'en ai reçu un Lundi soir, un soir où j'étais très mal
Allongé sur le canapé, j'ai sorti mon portable de ma poche qui s'est ouvert sur un message. Je me suis dit: Tiens un nouveau texto que je n'ai pas lu. C'était un texto de ma puce qui remontait au temps de son début d'hospitalisation de Janvier et qui disait:
Ce soir, j'ai le moral, bonne nuit mon amour.
Comment s'est il trouvé ouvert comme ça parmi tant d'autres ? Comme j'aurai aimé lui répondre à nouveau.
Sinon, je suis comme toi, je me traine , ne mange plus , j'ai perdu 11 kilos en 5 semaines , je n'ai gout à rien sauf au sport, ça me sort de cette maison que je ne supporte plus et m'empêche pendant quelques heures de faire un peu le vide.

Je t'embrasse et te souhaite de passer une journée convenable.

Thierry

poupou

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #51 le: 27 avril 2012 à 09:42:48 »
bjr,

J'aurais aimé que mon Amour s'éteigne auprès de moi et peut être le spectateur de sa nouvelle vie... Il en a été autrement et cela me ronge. Je t'envoie tout l'amour qui puisse adoucir tes peines.
@ bientôt

Hors ligne Marina Saboya

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #52 le: 27 avril 2012 à 10:48:46 »
Bonjour Nathalie,

Chacun de tes paraphes m’interpelle.

Un mois aujourd’hui, oui, c’est si court et si long. La douleur ne peux pas s’apaiser en si peu de temps et elle te parait encore plus forte parce qu’autour de toi, la vie des autres a repris, presque comme s’il ne s’était rien passé, sauf pour toi.
Ils tournent la page d’un livre qui n’est pas le leur, et planquent soigneusement ce qui peut leur rappeler qu’ils sont humains et que ce qui t’arrive peut leur arriver aussi.
Cela accentue ta solitude, car tu n’as pas d’interlocuteur pour exprimer ton mal-être, ton chagrin.
Je ne sais plus qui a dit : La consolation, ce n’est pas parler, c’est écouter.

En ce qui me concerne, j’ai toujours porté un grand intérêt à ce que je ne comprenais pas et à ce qui ne s’expliquait pas, la foi, l’au-delà, les signes, les messages… mais j’y applique aussi un peu trop de « terre à terre » et donc, je doute sans cesse.
Pierre était lui, très cartésien et tant qu’il était avec moi, je profitais de mon bonheur avec discrétion. Ce n’est qu’il a peu de temps, 3 ou 4 mois, que je me suis replongée dans ce milieu de l’ésotérisme. J’y vais sur la pointe des pieds. Pas question (pour l’instant, même si je suis tentée) de rencontrer voyantes et médiums mais les expériences des autres me passionnent.
Je ne vois rien de ridicule à cette quête qui peut apporter un peu de soulagement. Pour moi, peu importe le moyen de trouver un peu de réconfort, que ce soit en apprenant à danser la salsa, en partant en Afrique s’occuper d’enfants abandonner, de chanter dans une chorale, de donner son temps aux restaurants du cœur… Egoïste ou généreux, cette recherche est légitime dans notre vie bouleversée et c’est une reconstruction qui aboutira plus tard, peut-être, à tout autre chose.
Il est donc venu cette nuit, te dire que tu devais t’habituer. Je dirais que lui-même est encore plongé dans le « médical », et qu’il doit s’habituer à ne plus en avoir besoin. Interprétation personnelle et j’en vois qui haussent les épaules !

Nous sommes tous sur ce chemin chaotique et brulant. Nous avançons, parfois nous nous écroulons, une ou plusieurs mains se tendent, nous repartons, nous réapprenons tout. Et nous découvrons quelque chose de rare dans ce monde de fou : la solidarité.

Je ne suis pas sûre que l’on « guérisse », comme tu le dis, je crois que l’on s’habitue à vivre avec une blessure douloureuse et parfois, souvent même à vif, une blessure qui reste la preuve de cet Amour que nous avons vécu et vivons encore malgré la mort.
Le fameux « jusqu’à ce que la mort nous sépare » en prend un sérieux coup ! Non, la mort nous a séparés, mais l’Amour reste. Eternellement et ce même si vous les plus jeunes, refaites  votre vie, ce que je souhaite ardemment, même si un nouveau compagnon, digne de votre amour vous guide de nouveau, vous serez toujours riches de tout l’amour que vous avez emmagasiné. Et c’est même peut-être pour cela que vous serez capable d’aimer bien, d’aimer fort et d’aimer grand, d’aimer à nouveau.

Un petit conseil, si tu me l’autorise : Cesse de faire semblant. Rassurer tes enfants, bien sur mais pleure aussi devant eux en parlant de leur père. Les plus grands en ont peut-être besoin. Répondre, non, je ne vais pas bien à tes collègues et tes amis. Comment voulez vous que j’aille bien ? Ne protège pas ton entourage, protèges toi. Ils vont te répondre : N’hésites pas, si je peux faire quelque chose ?
Et bien oui, tiens, viens m’aider à remplir les papiers de fou que je dois envoyer partout. Viens m’aider à ranger ou trier les affaires de Fabrice. Occupes toi des enfants samedi. Accompagnes moi au cimetière. Viens à la réunion des parents d’élèves avec moi.
Viens et assieds toi, en silence, laisses moi parler et pleurer et ne me dis pas que cela va aller mieux, je le sais mais ne veux pas y croire, pas maintenant, c’est trop tôt…

Je t’embrasse Nathalie.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #53 le: 27 avril 2012 à 10:57:10 »
Thierry,

Oh ! Quel beau message que ce texto.
J’en suis toute émue.

Comme chaque fois, ces messages semblent dire : Moi, je vais bien, toi, il faut te ressaisir. Alors Thierry, écoutes ta Puce, n’abandonnes pas, lances toi dans le sport si c’est un bon exutoire mais il te faut manger pour que ton corps tienne le coup.

Je t’embrasse Thierry, cette journée… avec une pluie battante, t’attend.
Bon, pas de vélo, mais avec un bon KWay…

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #54 le: 27 avril 2012 à 14:16:56 »
Juste un petit mot pour vous souhaiter un "bon" WE. L'approche du WE est terrible, mais je pars avec ma fille ainée, retrouver la "petite". Elle est sur Bordeaux, partie faire des études pour devenir oenologue. Elle est mal, si mal, si loin de nous. Mais je lui ai demandé de s'accrocher à ses études qu'elle aime tant. Elle m'a répondu qu'elle ferait tout pour que son père soit fier d'elle.

Nous parlons beaucoup ici de notre chagrin, mais nos enfants, même s'ils sont grands (27 et 19 ans) souffrent terriblement. Je me sens tellement impuissante pour elles. La petite qui est à Bordeaux, se retrouve seule, elle me dit que ses copines de classe lui demandent d'arrêter de faire la gueule (!!!), et tout ceci juste un mois après la mort de son papa qu'elle adorait. J'aimerais bien rester quelque temps avec elle, mais mon ainée qui est près de moi serait seule de son côté. Comment se partager en deux ?

Je vais profiter d'elles deux pendant 4 petits jours avant de reprendre le travail. Comme il n'y a aucune connexion dans notre village, vos messages vont me manquer, ils m'aident tellement.

Nathalie

Caroline3

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #55 le: 27 avril 2012 à 20:12:13 »
Ah... Quenouille, ces jeunes sont d'une inconscience. C'est si dur d'entendre ça!

Je me souviens que lorsque Lou avait dit à ses amis que son papa était décédé quelques jours auparavant (elle n'avait que 7 ans, bien sûr), les garçons avaient ri et lui avaient dit qu'elle était menteuse.

J'ai moi-même été sonnée de comprendre la réalité de "l'autre monde".

Bonne fin de semaine avec tes grands!

Caroline xx


QUENOUILLE87

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Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #56 le: 01 mai 2012 à 21:58:29 »
Me voila de retour seule dans ma maison ce soir, après 4 jours passés avec mes filles. 4 jours difficiles à nous retrouver dans notre petite maison, à essayer de retrouver un peu de sérénité, à être présente pour mes enfants (c'est plutot elles qui sont présentes pour moi) à nous consoler mutuellement, à parler tout le temps de leur papa. La pluie n'a pas arrangé notre moral.

J'ai réussi à sortir me promener toute seule, à aller dans un bois ou nous avions coupé des arbres au 11 novembre, l'avions entassé pour qu'il sèche pour nous chauffer l'hiver prochain. Je me suis assise sur une souche, et j'ai pleuré, j'ai crié, j'ai attendu un signe, mais rien, absolument rien. Je me sentais si seule, à pleurer sur ce que nous ne vivrons pas, sur nos projets abandonnés d'un coup.

Ce soit, nous aurions dû aterrir aux Antilles, petite semaine offerte pour mes 50 ans, et me voilà seule avec le chat pour seule compagnie.

Tous nos amis se sont mis d'accord pour finir les travaux de notre maison. Nous avons eu une "réunion de chantier" pour définir ce qu'il y avait à faire. Mais je me sentais tellement déplacée, ce n'est pas moi qui aurait dû être là, ce n'est pas à moi de prendre seule de telles décisions. C'était lui qui faisait tout ça, moi je m'occupais de la déco. Les travaux, c'était son domaine, et il aimait tellement ça. Mais nos amis ont tellement envie de finir ce qu'il a commencé, ils sont tellement gentils !!!

Il fallait que je parle ce soir, je me sens tellement seule. J'essaye de ne pas pleurer, mais c'est tellement dur. 5 semaines aujourd'hui qu'il est parti, je compte les jours et n'arrive toujours pas à réaliser.

Bonne nuit à vous

Nathalie

Chris-ka

  • Invité
Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #57 le: 01 mai 2012 à 22:25:19 »
Bonsoir Nathalie,

Beaucoup de tristesse ces derniers jours mais aussi des amis qui sont présents pour toi, alors c'est ce qu'il faut retenir !

D'ailleurs, si tes amis sont disponibles, moi aussi, j'ai des travaux dans mon appartement entamés par mon mari mais alors la, personne ne s'est proposé pour les terminer !!!!

Bises
Karine

suzy

  • Invité
Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #58 le: 01 mai 2012 à 22:43:49 »
Chère Nathalie,
Quand je te lis, j'ai l'impression d'être projetée un peu plus de 2 ans en arrière, juste quelques semaines après le tsunami qui avait ravagé ma vie...C'est tellement horrible quand on avait plein de projets et, qu'en une fraction de seconde, tout explose!!
Plus de soirée d'anniversaire pour lui ( il est décédé 2 jours avant ses 52 ans!) Plus de réveillon de Nouvel-An ( nous venions de réserver pour notre réveillon 2009-2010 et nous nous réjouissions comme des fous!); A annuler également: la croisière que nous venions de réserver pour l'été 2010...Qu'est-ce que j'en ai pleuré sur ces projets inachevés...! Et qu'est-ce que je souffre encore par moments lorsque je pense que tout ce que j'aimais vivre avec lui ( week-end en amoureux, marches dans la nature, balades en vélo, petits jeux le soir, au coin du feu...), je ne le vivrai PLUS JAMAIS...
Moi-aussi, je me retrouve souvent seule dans ma maison avec mon chat, et parfois le silence environnant me donne envie de hurler...
Je vois que tu es entourée par beaucoup de bons amis et je suis contente pour toi. Garde-les bien ces amis, ils sont précieux...
Moi-aussi, j'ai des amis merveilleux. Même après 2 ans et demi, je sais que si j'ai un problème, je peux les appeler quand je veux, ils sont toujours là, prêts à me rendre service. Par exemple, je vais faire une grande fête à l'occasion de mon départ en Afrique ( tu as peut-être lu mes projets sur un autre fil) dimanche prochain. Nous nous sommes réunis pour l'organisation et finalement, moi, je n'aurai rien à faire si ce n'est recevoir les invités! Mes amis vont se charger des courses, de mettre en place les tables, de gérer les grillades, le four à pizza, les boissons...Il faut dire que mon amour et moi, on en a fait tellement de ces fêtes dans notre maison...
Je sens que tous nos amis veulent vraiment lui rendre un hommage par cette dernière fête dans notre maison...Et ça me touche infiniment...
Mais revenons à toi chère Nathalie: 5 semaines que ton amour t'a quittée...c'était hier...Tu es tout au début du chemin. Tu ne dois pas te sentir déplacée lors des " réunions de chantier" avec tes amis. Bien sûr que tu ne peux t'empêcher de te dire que c'est LUI qui devrait être là, que c'est LUI qui devrait prendre les décisions, mais que veux-tu...Maintenant, les rôles seront inversés...Il faudra que tu apprennes à faire ce qu'il avait l'habitude de faire et que tu ne faisais jamais...Et tu verras, tu y arriveras très bien. Et si tu sais écouter la petite voix qui résonnera au fond de ton coeur, tu entendras sûrement la voix de ton amour qui te dictera ce que tu dois faire...
Aie confiance...Il ne sera jamais loin de toi...si tu veux bien y croire...
Je t'embrasse très fort
Suzy

Caroline3

  • Invité
Re : DECES DE MON MARI
« Réponse #59 le: 02 mai 2012 à 00:38:53 »
Bonsoir Nathalie, ici au Québec,il est 18H30.

C'est vrai, 5 semaines c'est terriblement récent. Ton amour, ton être cher, ton conjoint, ce travailleur du quotidien, cet homme qui t'accompagnait depuis toutes ces années! Il n'est plus là!

Demain sera mieux, certes, et demain sera un peu moins difficile, c'est sûr!

Je m'entends, aujourd'hui, après 2 ans. Même mots, même activités:

Citer
J'essaye d'avancer, d'être au bureau, de faire semblant tout le temps, devant mes enfants que je dois rassurer (oui, oui, je vais bien, ne vous inquiétez pas), devant mes amis, devant mes collègues. Je crois que c'est confortable pour l'entourage que l'on fasse semblant, qu'on arrive à empêcher ses crises de larmes. Mais la boule dans le creux de l'estomac est là constamment, qui m'empêche de manger, qui m'empêche de respirer.

Toi, ça te rassure aussi de retourner vers les collègues (qui ne sauront pas te soutenir, sauf exception) parce que en ce moment, tu es dans le vide, tu ne sais pas ce qu'il faut faire quand l'amoureux... ne reviendra jamais, jamais.

Ma petite fille de 9 ans m'a dit, naïvement, voilà 2 semaines:

"Maman, tu sais pourquoi je ne t'ai jamais demandé si papa allait revenir? Parce que j'ai compris qu'il ne reviendrait jamais".

Elle avait vu le corps, lui avait touché, avait dit "Maman, c'est dégueulasse!" parce que réfrigéré... C'était son choix de le voir, je l'avais préparée: "Ton papa ne bougera plus, ton papa va être froid, ton papa aura peut-être les yeux ouverts....". Elle voulait quand même, on avait apporté des pissenlits, la première fleur du printemps, en ville. Elle voulait le prendre en photo, lui couper des cheveux...

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J'ai une question: crois-tu que tu aurais besoin d'un soutien professionnel pour que cette boule dans ta gorge te fasse croire que tu ne peux plus continuer? Peux-tu recevoir du soutien, pour pleurer vraiment, pour vivre cette peine qui ne semble pas avoir de fin, mais qui sera apaisée avec le temps?

Pour que tu sois soutenue, regardée, dans ta détresse?

Ça m'a pris deux ans à comprendre que vivre mon deuil, ça voulait dire: pleurer, répéter mon histoire, penser à lui, ne pas oublier, faire des gestes juste pour moi, peut-être pour lui, recevoir un appui professionnel rempli de compassion. Et prendre le temps. Et que je l'ai entendu ça! Pourquoi, je ne comprenais pas!!! Prendre le temps de quoi?

Je n'étais pas prête, voilà tout.

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Une dernière chose: après la mort, on reste à la fois la même personne, avec notre corps, nos valeurs de base, mais on devient aussi un autre humain. On se transforme. À la différence d'autres personnes qui ne vivent pas un deuil "quand c'est pas le temps", qui eux aussi se transforment lentement, nous se voit obligé de vivre tout ça, sans notre consentement, en accéléré. On "mature" plus vite que le reste, et le "gap", soit le trou entre nous et les autres est énorme.

Voilà pourquoi on a besoin d'un soutien autre que le cercle d'amis, de collègues et de la famille qui nous entoure, à moins que ce soit des personnes qui comprennent vraiment - qui l'ont vécu.

Je t'embrasse et je sais  qu'aujourd'hui tu auras des moments de peine, mais aussi d'apaisement, même si c'est juste quelques minutes, comme chante Souchon "C"est déjà ça". Et c'est bien.

Tu as droit à un peu de soleil, de chaleur, de petites joies, même s'il est mort.

Caroline xx
« Modifié: 02 mai 2012 à 00:42:23 par Caroline3 »