Auteur Sujet: Ma carapace anti-douleur  (Lu 4381 fois)

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Hors ligne Soliflore

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Ma carapace anti-douleur
« le: 03 juillet 2014 à 22:29:18 »
Bonsoir à tous
Voilà désormais 7 mois que j'ai perdu mon mari d'un infarctus à 58 ans, sans alerte préalable. Du jour au lendemain, ma vie a basculé. Comment rebondir après un choc aussi violent qu'inattendu? Mon désarroi intérieur est profond mais je constate que ma façon de réagir est de faire comme si de rien n'etait pour l'extérieur. Au travail comme dans ma vie de tous les jours, pour ceux qui ne me connaissent pas ou qu'il ne savent pas ce qui m'est arrivé, c'est insoupçonnable. De même, je pleure assez peu, sauf certains jours, seule chez moi. Je ne parviens pas non plus à confier mes états d'âme, ni à ma famille , ni à mes amis proches à qui je dis que je vais aussi bien que possible. Il n'y a qu'à ma fille de 28 ans à qui je parle certains jours de mes idées noires mais parallèlement je culpabilise car je ne veux pas l'inquiéter et rajouter de la souffrance à sa peine.
Je n'ai pas de suivi psychologique si ce n'est une personne de l'association Dialogue et Solidarité qui  m'appelle 1 fois par semaine  depuis 1 mois environ pour faire un point : une alternative à l'intégration d'un groupe de paroles qui se réunit à 1h de mon domicile., donc difficile à suivre. Cette personne me dit que je suis trop dans la retenue et que de ce fait le processus d'apaisement sera encore plus long! Et pourtant, j'ai l'impression que c'est ce qui me permet d'avancer et de continuer à vivre à peu près normalement... Je suis donc un peu perdue et à la fois stressée pour les mois à venir. Qu'en pensez vous  ? En particulier les "anciens"? Certains d'entre vous ont-ils eu des réactions similaires à la mienne? Merci d'avance pour vos témoignages. Marie

Hors ligne zabou

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  • DANS MON COEUR A JAMAIS
Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #1 le: 03 juillet 2014 à 22:56:53 »
Bonjour Soliflore,

Je n'ai pas réagi comme toi, j'ai tout de suite beaucoup pleuré des crises parfois à n'en plus finir, qui me laissaient épuisée, j'ai aussi éprouvé le besoin de voir une psy, je savais que sans ,je n'arriverais pas à m'en sortir, 20 mois après , je la vois encore....

Je connais d'autre personne du forum, dans le même cas que toi, une phase immédiate de dénie, où on continue à se comporter normalement , comme si de rien n'était, le problème est que le deuil doit se faire quoi qu'il arrive , et ce n'est que" reculer pour mieux sauter".

Avec le temps se sera encore plus difficile et tous ceux qui t'entourent ne comprendront pas , alors si aujourd'hui tu es seule cela sera encore pire dans quelques mois.

IL faut , dans la mesure du possible laisser venir la douleur, la vivre, c'est très dure, mais c'est le processus le plus libérateur.

Je ne sais pas si je t'ai aidé?

Je t'embrasse.

zabou

« Modifié: 04 juillet 2014 à 00:18:24 par zabou »
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

Hors ligne Christi13

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #2 le: 03 juillet 2014 à 23:27:59 »
Bonsoir Soliflore,

J'ai perdu mon épouse d'un cancer qui l'a détruite en 6 mois, il y a eu 10 mois hier, elle avait tout juste 59 ans.
Vois-tu, pour moi, j'ai réagi immédiatement et beaucoup pleuré, surtout quand j'étais seul car je ne voulais pas ajouter au chagrin de nos 3 enfants ! Et celà a duré plusieurs mois, puis s'est atténué. J'avais refusé toute aide dès le début, je pensais ne pas en avoir besoin, et effectivement, les premiers mois passés, je me disais que "j'allais mieux" !!!
Et puis, vers le 6ème mois, je me suis complètement effondré au point que mon médecin m'a mis sous anti-dépresseurs et m'a dirigé vers 1 "psy"...
Aujourd'hui, même si c'est avec l'aide des médicaments, je vais mieux, avec des hauts et des bas, mais j'ai une bonne activité et j'assaye d'envisager l'avenir, même si je ne sais de quoi il sera fait.

Tout celà pour te dire que je pense qu'il n'y a pas de règle, ni de timing précis dans l'ordre des choses, on a chacun sa personnalité profonde et celà dicte nos réactions, mais si je dois te donner un conseil, c'est être bien à l'écoute de ton psychisme et le jour ou tu as besoin d'aide, ne pas hésiter à le faire, sans honte ni retenue !

Amitiés,

Christian

Hors ligne qiguan

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #3 le: 04 juillet 2014 à 09:55:59 »
Je suis nouvelle endeuillée pour donner des conseils
je me contente de te dire que pour moi l'acupuncture aide à ouvrir les "vannes" à la purge du deuil comme il est dit ...
J'intègre le groupe de parole (1 h de route aussi) fin juillet et je compte beaucoup dessus pour avancer ...
reçois toute ma compassion
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

lulu

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #4 le: 04 juillet 2014 à 13:50:09 »
Bonjour Soliflore et mes autres compagnons,

Soliflore j'ai l'impression d'être comme toi...
Arrêt cardiaque massif de mon mari sans alerte, demain cela fera 4 mois... Il était tout pour moi, mon amour, le moteur de ma vie, ma force...
Je gère au travail et pour l'expérieur...
Je pleure à peine, ou bien lorsque les sensations sont vraiment trop forte juste pour quelques minutes, je dis effectivement que je fais aller.... j'ai du mal à nomer ce qui est arrivé à haute voix, j'ai juste "perdu" mon mari...
J'essaye de ne pas inquiéter mes enfants
Je n'ai pas de suivi

J'écris tous les jours à mon mari et je lui parle, j'ai toujours une de ses polaires à côté de moi et je n'ai touché à aucune de ses affaires, c'est ma plus grande béquille, ma soupape... et pourtant la douleur en moi est immense (et immense est un mot bien faible).

Est ce que c'est bon ou non, je ne sais pas mais pour le moment je tiens comme ça. Je sais pourtant bien ce qui est arrivé, On est tous différents, on réagit tous comme on peut face à cette épreuve de la vie. Comme toi je m'interroge sur moi et je suis bien contente que tu aies fait ce message.

Je t'embrasse

Lulu

lageta

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #5 le: 04 juillet 2014 à 19:46:01 »
Bonsoir à tous,

Comme tu dis Christian, c'est vrai qu'il n'y a pas de règle et encore moins de délais pour vivre ce que nous vivons et commencer à aller mieux.
Moi depuis bientôt 10 mois, j' ai parfois l'impression d'aller mieux, et parfois j'ai l'impression de revenir en arrière toute,
comme si ça venais de se passer.
J'ai beaucoup pleuré au début, surtout que je suis seule, mon amour et moi venions de nous installer dans la région, je pleure encore, mais c'est plus espacé et moins douloureux, le plus dur c'est le soir au couché, et surtout, j'éprouve un grand besoin de parler ce qui n'est pas toujours facile, je vois une psy.
Toutes les affaires de mon mari sont restées à leurs places, quelque part ça me réconforte.
C'est vrai qu'il faut laisser sortir toutes ces émotions, vivre cette douleur pour avoir un peu d'apaisement.

Je vous embrasse



robert84

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #6 le: 05 juillet 2014 à 11:21:47 »
Bonjour à tous,

Je crois également qu'il n'y a pas de règles, les tempéraments de chacun, nos histoires personnelles nous amènent à vivre notre deuil de manière différente. Certains se révéleront forts d'autres s'écrouleront. Le deuil reste une épreuve extrêmement douloureuse à traverser et comme tous les challenges de la vie, il faut connaitre son objectif et mettre toutes les forces de son côté. Le premier objectif, c'est de continuer à vivre malgré tout en conservant de l'espérance. Espérance de jours meilleurs où la présence de l'absence sera moins douloureuse. Le deuxième objectif, c'est de vivre ses émotions pleinement sans culpabilité, cette sorte de lâcher prise est absolument nécessaire. Pour ma part, j'ai décidé de ne pas sanctuariser ma peine, par respect pour mes enfants et mes proches mais aussi parce que la douleur est un sentiment qui se partage, se concentrer sur sa peine, c'est prendre le risque de dénigrer celle des gens qui vous entourent et qui sont malheureusement aussi entrain de traverser un deuil. Le deuil reste cependant une épreuve excessivement difficile où chaque jour est différent. Sourires et larmes, joies et tristesse, espoir, désespoir bref des vagues, des creux, le sentiment de toucher le fond puis de remonter bref un ascenseur émotionnel avec dans son cœur la lumière de celui qui nous manque mais qui, miraculeusement, continue à nous guider.
Bonne journée.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #7 le: 06 juillet 2014 à 02:43:37 »
"Espérance de jours meilleurs où la présence de l'absence sera moins douloureuse"
c'est tellement vrai...
mais tellement impensable, inacceptable dans les débuts ...

robert84

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #8 le: 06 juillet 2014 à 12:23:47 »
Bonjour Eva Luna,

Je te rassure je n'y suis pas encore dans ces jours meilleurs. Il y a des jours où j'effleure cette sensation mais elle ne s'installe pas, le manque de l'autre prenant le dessus mais il ne faut pas désespérer, le temps est notre allié!

Bon dimanche.

robert84

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Re : Ma carapace anti-douleur
« Réponse #9 le: 06 juillet 2014 à 22:31:49 »