Auteur Sujet: DECES DE MON CONJOINT  (Lu 8595 fois)

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lilli33

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DECES DE MON CONJOINT
« le: 27 mai 2012 à 00:51:03 »
bonsoir à tous, je viens de m'inscrire. Mon mari est décédé le 11 octobre 2011, il était gravement malade et l'on savait qu'il n'y avait pas d'issue, malgré son envie de vivre, il nous a quitté le lendemain de son anniversaire. Nous étions une famille recomposée avec 2 grands enfants de son côté, une grande fille du mien, et une fille de 20 ans que nous avons eu ensemble. Son absence est insurpportable à vivre, même si la maldie faisait partie de notre quotidien depuis quleques années, nous nous aimions tellement. Un grand vide aujourd'hui, une injustice, un abandon. Je suis bien entourée par ma famille, belle famille, mes enfants, petits enfants mes amis, mais bien seule au quotidien; je suis suivie par un psy que j'ai vu au début du décès et puis j'ai arrêté et là je vais retourner le voir. De plus mon père est décédé en Février 2012, à nouveau une souffrance qui s'ajoute, vraiment c'est très dure. je travaille, j'essaye de m'occuper l'esprit, de ne pas être trop souvent seule. J 'ai écouté les vidéos, qui aident à comprendre nos émotions. Comment fait on pour acceder aux autres vidéos ?

Caroline3

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Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #1 le: 27 mai 2012 à 05:00:00 »
Bonsoir Lili,

Difficile de dire bienvenue sur ce site, mais ça vient du fond du coeur. Bienvenue pour recevoir du soutien, si tu le désires. Ici, plusieurs d'entre nous comprenons ta souffrance parce que nous la vivons. Moi aussi, je voyais un psy avant le décès de mon mari et j'ai repris un an plus tard.

Mon mari est décédé ça fait 2 ans et je viens de prendre un arrêt de travail pour quelques mois. Au début, j'avais décidé de travailler fort, mais deux ans plus tard, ça m'est "rentré dedans". Je pleurais trop souvent pour continuer. Et je n'étais plus du tout efficace au bureau. Alors, j'ai décidé de prendre ce temps pour moi et ma fille, pour m'occuper de ma vie, reprendre à zéro mon désir de vivre, connaître un réel sens de ma nouvelle vie.

Vivre le fait que j'ai vécu proche du mort, que je suis encore avec les morts et qu'il faut que je reprenne la vie avec les vivants.

Notre petite fille a 9 ans.

C'est vrai que c'est injuste, très même.

Quels vidéos a tu vu? Je ne sais pas si tu as vu celui-ci, mais en voici un qui décrit très bien, et le présentateur est compatissant. Tu me diras ce que tu en penses. Moi, il m'a fait du bien, même beaucoup. C'est Christophe Fauré, un psychiatre qui je crois, a créé ce site.

 http://www.inrees.com/videos/190/

En ce moment, ce qui me fait du bien, c'est d'entendre que le deuil, c'est plus long qu'on ne le croit. Que j'ai raison d'arrêter (je me sentais coupable -- et que c,est souhaitable -- que ça doit prendre du temps. Une sorte de cicatrisation de la plaie (intérieure), et que cette cicatrice (blessure psychique) restera. Mais le corps doit être préservé. Et c'est par les étapes du deuil (étapes assez précises) qu'on y arrive.

"Le processus du deuil est indispensable, sinon, on meurt". Une des clés est d'être bien accompagné, et il semble que tu as cette chance (je ne l'ai pas ;) )

---

Si tu veux, tu peux nous écrire au sujet de ton mari? Des fois, ça fait du bien. Ici, on va te lire avec attention.

Bonne nuit!

Amicalement,

Caroline


Caroline3

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #2 le: 27 mai 2012 à 05:00:53 »

cello59

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #3 le: 27 mai 2012 à 08:24:45 »
Bonjour "Lilli33"

Je complète un peu ce que vient de te dire Caroline.
Si tu lis les différents messages déposés sur ce site, tu verras rapidement que nous sommes nombreux à connaître une situation telle que la tienne, à comprendre pleinement les sentiments profonds et souvent douloureux qui "traversent" chacun d'entre nous.
Ici, nous essayons de nous entraider, de "tendre la main" à celles ou ceux qui ne parviennent pas à entrevoir la possibilité de "renaître" progressivement à la vie, tant le chemin est long et douloureux.
Mais tu verras, un jour, c'est toi aussi qui tendra la main à d'autres.

A te lire, je suis cependant "heureux" (est-ce le bon mot?) de constater que tu es bien entourée, par tes enfants, ta famille, ta belle-famille et des amis. Ils te permettent de "tenir bon", mais cela n'enlève rien à la douleur de l'absence qui s'est installée en toi, qu'il te faut apprivoiser peu à peu.

Tu indiques que tu as pu visionner des vidéos "qui aident à comprendre nos émotions". S'agit-il de l'ensemble des vidéos disponibles sur la page d'accueil de ce site, à l'adresse suivante : http://www.traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement

Caroline évoque également une autre vidéo qui nous a été récemment proposée sur ce forum (voir le fil "Conférence de Christophe Fauré), mais que tu pourras directement consulter à l'adresse donnée par Caroline.

Je t'invite aussi à consulter le fil "lectures", où tu trouveras une liste d'ouvrages conseillés par les un(e)s et les autres.

Tu pourras éventuellement ressentir le besoin de rencontrer d'autres personnes bienveillantes dans ton environnement proches, notamment au sein d'associations venant en aide aux personnes endeuillées : tu trouveras une liste de ces associations dans le fil "Répertoire associations" (dans la rubrique "Discussions générales".

Dans l'instant, je te souhaite beaucoup de courage pour "tenir bon". Et reviens vers nous dès que tu le souhaites.

Très cordialement.   Daniel

maxime

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #4 le: 27 mai 2012 à 12:02:33 »
bonjour à tous et à toutes

J'ai aussi perdu mon conjoint le 5 janvier de l'an passé. Subitement. Il ne s'est pas réveillé un matin. J'étais à l'extérieur du pays pour le travail. On m'a téléphoné pour m'annoncer qu'il était décédé.  Je ne l'ai jamais revu physiquement car à mon arrivée mon fils avait disposé de son corps et comme il a été incinéré, la cérémonie s'est faite avec une photo. J'ai eu longtemps l'impression qu'il reviendrait, qu'il était parti en voyage.  J'ai mis beaucoup de temps à constater. Pour m'y aider j'ai donné ses vêtements, je me suis départie de bien de ses choses.  Ca n'a rien changé. Ce n'est pas la vie de couple qui me manque, c'est lui. sa présence, son humour, sa générosité.  Il était un très bon mari. On était marié depuis 40 ans.  J'ai eu pendant des mois l'impression d'être séparée en deux, de vivre à moitié.  Aujourd'hui ca va un peu mieux. Mais il me manque souvent. J'imagine que ce sera toujours ainsi.  Il y eut des jours où la souffrance émotive était tellement difficile, que j'aurais préféré mourir. Je me cognais la tête sur les mûrs en me disant il faut que cesse. J'ai pensé évidemment au suicide. Mais j'ai deux enfants plus âgés à qui je ne voulais pas faire de peine.  Et puis je sais qu'il n'aurait jamais voulu une telle chose et qu'il en aurait été décu et faché.  Je ne suis pas croyante et je le regrette beaucoup. J'aimerais croire que son âme survit quelque part et qu'il n'est pas loin, qu'il me regarde.  Mais je n'en suis pas capable.  après 16 mois, je pleure moins souvent mais il m'arrive fréquemment d'être triste. J'ai de la difficulté à me recomposer. Je prends une journée à la fois. je la remplis et je me couche.  C'est ainsi que j'ai pu passer les mois. 
Le pire ca été les gens qui m'ont oubliée et qui après quelques mois me regardaient comme si ca devait se terminer, que j'exagérais dans ma peine alors que je n'en parlais pas. Mais bien sûr ca se voyait. Alors je me suis beaucoup isolée pour cuver ma peine. Lentement j'ai appris à vivre seule. Non seulement sans conjoint mais aussi sans beaucoup de support.  Si j'écris aujourd'hui c'est que souvent je me demande si la nouvelle personne que je suis devenue va demeurer ainsi.  Ou si je suis en processus de changement vers quelque chose que j'ignore pour l'instant encore.
je vous remercie de votre attention. 

Caroline3

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #5 le: 27 mai 2012 à 16:11:58 »
Bonjour Maxime,

Oui, oui, tu es en processus, il faut garder cet espoir ultime: tu avances.

On a l'impression (mais dur comme fer) que nous resterons toujours dans la douleur pure, ou dans le masque, ou dans cet espace qui divise deux mondes: celui des vivants (ceux qui ne comprennent pas) et celui des morts (le nôtre).

En fait, c'est un processus. Tiens, ça me fait penser à nos petits, la première fois qu'ils se blessent ou qu'ils vomissent: dans leur petite tête, ils ont l'impression que c'est la fin, que la douleur, trop nouvelle, inconnue, ne s'arrêtera jamais. En veillissant, ces mêmes petits savent que la douleur part, lorsqu'ils se blessent. C'est le temps, l'expérience qui fait ça.

À la différence des enfants et l'expérience de la douleur, nous, les adultes, nous pouvons garder espoir de manière un peu artificielle, mais qui un jour deviendra réel. Chaque jour est un pas en avant, vers notre capacité à mieux vivre. À retrouver la joie de vivre, à apprécier un bout de soleil, de verdure, un sourire, des gens heureux autour de nous...

Pour l'instant, il faut pleurer, regarder les photos et se souvenir de l'être aimé, encore désiré -- même si on te dit le contraire! Il faut le faire, c'est nécessaire, pour le processus de deuil. Difficile d'y croire, c'est vrai, ça m'a prit tant de temps à y arriver! Tout mon entourage me poussait vers l'action, vers le monde de l'ordinaire, de ceux qui ne savent pas.

Désolée, c'est eux qui sont dans le tort. Il faut le vivre, ce moment de deuil, de peine. Heureusement, on n'est pas toujours dans la souffrance suprême, on a des moments de répits. Mais l'étape de la souffrance est réelle.

Si tu veux, regarde les vidéos qui sont juste au dessus de ce message, ça fait vraiment, mais vraiment du bien. On dirait qu'enfin quelqu'un nous comprend et nous écoute.

Bon courage, et si tu as besoin d'en discuter, viens ici, il y aura toujours une réponse qui te soutiendra.

Amicalement,

Caroline au Québec.
« Modifié: 28 mai 2012 à 03:50:25 par Caroline3 »

HIRONDELLE

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #6 le: 28 mai 2012 à 09:00:16 »
Bonjour Lilli33

Tu rejoins ce forum et nous partagerons ta peine et t'écouterons. je suis depuis peu sur ce site mais j'y ai trouvé réconfort, vidéos et lectures qui m'apportent ènormément
alors "parle" lorsque tu en ressens le besoin et il y  aura toujours quelqu'un

Lilli33 je te souhaite une bonne journée
amicalement
Hirondelle

maxime

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #7 le: 29 mai 2012 à 01:54:10 »
Merci Caroline,

J'ai regardé les videos  et je m'y suis retrouvée.   Je comprends que je suis encore en transition.  Que cela n'est et ne sera pas facile.
Mais que je vais finir par trouver ma voie la-dedans quoique certains jours j'en doute énormément.  Il est vrai aussi que l'entourage semble ne rien y comprendre.  Sans doute parce qu'on est ailleurs dans notre tête. Pas tout à fait dans le monde ordinaire.
Chose certaine, je suis et serai à jamais une personne changée.  Cela m'a appris notamment que les relations sont fragiles et qu'il faut profiter des moments avec les gens qu'on aime. Parce qui sait ce qui peut arriver.    C'est dommage qu'il faille de telle catastrophe pour l'apprendre.  Le chemin de toute facon est solitaire. Il n'y a que moi qui puisse me faire quelque chose.  Je ne dois pas attendre de d'autres ce que seulement moi je peux faire.  Il est difficile de trouver un sens à tout cela quand on est pas croyant comme je le suis.
Mais le sens est peut être juste qu'on a à partager un bout de notre brève existence avec quelqu'un.
Je te remercie du fonds du coeur d'avoir pris la peine de me répondre


maxime

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #8 le: 29 mai 2012 à 01:55:34 »
Pour information Caroline je suis Maxime du Québec

Caroline3

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #9 le: 29 mai 2012 à 15:57:20 »
Bon matin Maxime,

Vu l'heure où tu as posté et certaines expressions typiquement de chez nous, j'avais compris que tu étais Nord Américaine :)

En effet, ce n'est pas facile. Mais pas du tout. Un immense vide, même si on est bien accompagné... alors, si on ne l'est pas, on se retrouve dans une bizarre de situation: notre corps, notre esprit sait que ça va mal, mais tout autour, la société (amis, collègues, famille) nous pousse à "oublier". Comme si on pouvait oublier ce bonhomme avec qui on couchait tous les jours de notre vie, durant tant d'années! C'est eux qui sont dans l'ignorance!

Moi, je me disais "Hé que ça ferait leur affaire si mon cerveau oubliait toutes ces années passées avec Lowell, ça leur ferait du bien". Mais moi, j'existe aussi, et j'ai besoin de vivre cette période de souffrance, il faut passer par là, désolée, c'est ainsi. Ça va mal (et je n'arrive pas encore à le dire à mes proches), mais ça va aller mieux, j'en suis persuadée!

Ce que tu vis est réel et oui, ça prend du temps, beaucoup plus qu'on ne le pensais, même nous. Moi, je croyais qu'après 3 semaines, j'irais mieux. La joke... Ça fait deux ans et perso, je n'en suis qu'à la troisième étape. Et encore... des fois je régresse. Mais j'ai maintenant la certitude (depuis peu) que j'ai raison de prendre le temps de "faire correctement mon deuil", sinon ça va me poursuivre toute ma vie. Je veux dire cet état dépressif (et non pas une dépression, c'est différent) qui nous submerge. Perso, ça m'empêche de faire mes activités dans "la joie de vivre".

Ce qui aide le plus, justement (et ce qui manque horriblement), c'est d'entendre par des bonnes personnes que ça ne dure pas toute la vie. Même que ça avance chaque jour que tu travailles sur ton deuil, même si tu dors, même si tu arrêtes de travailler, même si tu continues.

Et oui, cet entourage qui ne comprend rien... un autre deuil hein? Sauf ceux qui ont vécu la même chose (et encore, ça dépend comment ils ont bien oui mal vécu le deuil). Ils sont ailleurs, dans leur vie de l'ordinaire, de la performance, du rapido-presto, alors que ceux qui ont perdu un conjoint doivent en parler, doivent aller dormir durant la journée, si on en sent le besoin, doivent pleurer, doivent comprendre que non, cet homme ne reviendra pus jamais (et ça prend du temps)...

Tu n'as personne à qui parler en toute liberté? Qui ne t'explique pas, mais qui écoute remplie de compassion? Moi je n'ai pas vraiment trouvé autour de moi, sauf un psy. Qui est par ailleurs très efficace. Mais pour être efficace, j'ai entendu dans le vidéo de 70 minutes qu'il fallait un réseau... et un réseau, c'est au moins 3 personnes (qu'il dit!).

Comment conjuguer nos besoins et leurs habitudes? Je ne sais pas... ce que je sais, c'est qu'il faut absolument en parler: raconter notre homme, notre relation, nos fous rires, nos chicanes. Pour ta part, le choc traumatique est encore plus fort - c'est comme si on t'avait volé ce moment où tu aurais pu lui toucher une dernière fois, lui dire un vrai au revoir et tu sembles avoir cette douleur impossible, ce chagrin sans fond de ne pas avoir vu ton conjoint de tous les jours avant qu'il ne soit incinéré. Le dernier au revoir est tellement important!

Tiens, raconte-nous cette étape: où étais-tu, comment as-tu appris la nouvelle, qui parlait, qui t'a soutenu, y a-t-il eu une urne? Il avait de l'humour ton homme? Il te préparait à manger ou c'était toi?

---

J'ai réécouté souvent ce vidéo, même si long: http://www.inrees.com/videos/190/ Tu l'as visionné? J'ai eu l'impression que l'animateur me parlait, ce qui fait qu'il m'a fait du bien.

Il y a le livre de Christophe Fauré: "Vivre le deuil au jour le jour : la perte d'une personne proche". Tu peux le trouver dans les bibliothèques municipales, sinon, il faut se le procurer sur Internet. J'ai dû attendre 3 semaines avant de l'avoir à Québec, il était toujours réservé.

Il y a aussi des lignes d'écoute. L'autre fois, j'étais en détresse (je pleurais beaucoup, toute seule) et j'ai appelé, mais je suis tombée sur un répondeur, ça m'a refroidis :) Mais je vais tenter de nouveau:

Pour le Canada francophone :

« La Maison Monbourquette » : 1-888-533-3845 (1-888-le deuil) ou, dans la grande région de Montréal au 514-523-3596.
Le site www.maisonmonbourquette.com comporte un très grand nombre de ressources (rubrique « Bottin des ressources »)
« Centre de prévention du suicide » : 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) partout au Québec ou au 683-4588 pour la région de Québec.

Bon courage, Maxime et viens jaser avec nous, ici, il y a plusieurs personnes qui te soutiendront.

Et passe une belle journée, même si elle est nuageuse et orageuse :)

Caroline xx


maxime

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #10 le: 29 mai 2012 à 23:02:32 »
Bonjour Caroline,

te lire m'a fait monter les larmes aux yeux parce que tout cela est tellement pareil.
Mon histoire, ou notre histoire est longue et courte en même temps.  Je l'ai connu j'avais l8 ans et j'ai passé toute ma vie adulte avec lui.
Les quatre dernières années ont été en dessous de tout pour lui et pour moi bien sûr.  Ca a commencé par un cancer du sein chez moi.
Un divorce difficile de mon ainé d'une fille qui était comme la nôtre puisqu'elle avait vécu pendant plusieurs années avec nous comme famille d'accueil . Ensuite ce fut problèmes financiers par dessus problèmes.  Je crois qu'il n'a pu supporter toute cette soufrance. Mon ainé pour oublier la situation est parti travailler ailleurs voulant s'éloigner de cet enfer. Il avait bien raison. C'est avec lui que j'étais au moment du décès. C'est mon autre fils qui l'a trouvé.  Je suis revenue en trombe à la maison: le corps était déjà parti.  C'est mon fils qui a organisé les funérailles et tout avec le meilleur ami de mon mari. Moi j'étais aterrée.  Je suivais sans suivre.  Ca m'a pris plusieurs mois avant de sortir de ma torpeur. J'étais retournée travailler depuis 3 ans. Heureusement je travaillais encore jusqu'en janvier dernier ca m'a permis  d'oublier un peu. Mais j'étais complètement dysfonctionnelle.  Heureusement j'avais un bon boss. Je me suis départie rapidement de ses vêtements et de ses choses. En pleurant, mais en me disant qu'il me semble que ca m'aiderait à réaliser qu'il ne pouvait plus revenir. Qu'il n'était pas en voyage. Ca n'a rien changé évidemment.   Nous devions voyager ensemble à nos retraites. Nous devions vieillir ensemble. Je vieillirai seule de toute évidence.  Il était un très bon mari, mon plus grand ami aussi en qui j'avais confiance totale. Très généreux, beaucoup d'humour et très cultivé. Il me faisait rire.  Aux funérailles il y avait tellement de monde qu'on ne pouvait plus stationner dans le complexe. C'est te dire comment les gens l'aimaient.  Maintenant je me débrouille dans les probèmes de finances qui suivent.  Et je trouve cela lourd, je n'ai pas le goût mais je dois bien.  Et surtout je suis seule pour y faire face et ca c'est difficile. Il avait le don de relativiser les situations, un côté optimiste qui était réconfortant.  J'ai perdu mon meilleur et mon plus grand ami. Le seul vrai amour que j'ai connu.  Il me manque beaucoup et tout le temps.  Des bouts maintenant j'y pense moins.  Mais en fait j'y pense tout le temps.  J'imagine que ce sera toujours ainsi. Je lui parle souvent en me disant que c'est stupide puisque je ne crois pas et qu'il est bien décédé et parti.  Mais je ne peux m'en empêcher. Je voudrais tellement y croire que parfois je lui demande un signe comme moi il est bien là malgré tout.  Mais évidemment il n'en vient pas.  Alors je me sens davantage seule.  C'est la vie maintenant.  Ce sera ca ma vie maintenant. Il faudra bien que je m'y fasse.  Voilà pour ma grande et courte histoire. Une vie c'est si court dans le fonds.
J'apprécie beaucoup ton écoute tu es une personne généreuse Caroline. Et ca c'est une des plus belles qualités qu'un être humain peut avoir.  Je ne sais pas si tu as des enfants mais si c'est le cas, j'espère qu'eux,  ta famille et tes amis l'apprécient

Claudahoa

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #11 le: 30 mai 2012 à 09:28:48 »
Bonjour,

Tellement vrai tout ce que tu écris!Croire,ne pas croire l'important est de s'appuyer sur ce qui nous aide à continuer ce chemin si douloureux auquel nous ne pouvons nous soustraire sans à notre tour ajouter tant de souffrance autour de nous...

Plein de tendresse à toi.
Claudia

Caroline3

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #12 le: 30 mai 2012 à 17:02:04 »
Bon matin Maxime,

Comment vas-tu aujourd'hui?

Je crois aussi qu'on y pensera très souvent. Certainement avec moins d'intensité, mais pourquoi ce serait le contraire? On ne peut pas faire disparaître de notre mental un humain, un amour, des odeurs,  des paroles, une aide de tous les jours. Une épaule sur qui se confier.

Oui, maintenant on est seule. Et on doit pleurer et en parler (à qui, la question...). Répéter la même histoire, oui, la répéter encore et encore. Il faut que ça sorte de notre cerveau!

Et pour ta part, ça va faire bientôt 1 an et demi, d'ici quelques jours. Dix-huit mois d'une vie, c'est peu, ce n'est pas tant que ça. Moi, ça fait 2 ans et je suis toujours en colère. Il y a des deuils qui se font plus difficilement, au vue des circonstances. Je crois que c'est mon cas, même s'il n'y a pas eu de traumatisme grave. Il a eu l'annonce de son cancer le 26 février 2010 et il est mort le 21 avril 2010.

Tellement de pertes hein? Plus de partenaire, plus d'amoureux, plus de projets communs, plus de papa (ma fille avait 7 ans), plus d'Afrique pour moi (on y vivait et on y travaillait). On ne perd pas tout (je suis toujours vivante ;) ) mais on perd.. une vie si précieuse. Lowell n'était pas fort-fort, pas toujours gentil, présent. Toujours respectueux et doux. Mais peut communicatif. Excessivement cultivé aussi!

Les amis ne sont pas conscients. Parce qu'il existe vraiment deux mondes, quand on est dans le deuil: le monde des vivants et des morts. Nous, on est encore dans celui de morts. Ça ne veut pas dire qu'on ne réintègre pas de temps en temps celui des vivants, ça ne veut pas non plus dire que nous aurons cette joie de vivre caractéristique de ceux qui n'ont pas connu la mort de près (ou encore qui ne veulent pas y penser), mais ça veut dire qu'on va être beaucoup plus riche d'une expérience de vie peu commune et pour ça, il faut faire les étapes.

Je réécoute les vidéos et ça me fait du bien, vraiment.

Merci Maxime et les amis du site, pour votre écoute.

(Maxime, si tu en as le courage, tu pourrais partir un fil de discussion sur ton histoire, quelques bribes de la vie de ton homme, ça fait du bien aussi. Je l'ai fait quelques fois, ça soulage en tout cas ;) ).

Caroline



maxime

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #13 le: 31 mai 2012 à 03:22:44 »
Bonsoir Caroline,

Mon homme il était peut être un peu comme le tien: il ne parlait pas beaucoup de ses choses personnelles.  De toute autre chose facilement et avec beaucoup d'éloquence.   Il avait lu et lisait énormément.  On aurait dit qu'il savait tout sur n'importe quoi. Faut dire qu'il était très intelligent et qu'il absorbait vite.  Il ne voulait pas non plus que les autres s'inquiètent , donc il ne comptait pas ses problèmes.  Il me traitait avec gentillesse: petit déjeune, cadeaux, il faisait lavage, cuisine souvent (bien que je cuisinais aussi) il était très près des deux garcons aussi. Il  semblait me trouver  bien des qualités que je n'ai pas.  Et cela m'a beaucoup aidé à me rassurer et à devenir plus sûre de moi.  La chose qu'il trouvait  très difficile c'était mon hyperactivité.
Il n'a levé le ton que lorsqu'il a commencé à avoir des problèmes d'argent. Et pas souvent. D'aucune facon il ne sera remplacé.  Et ca ne me tente pas non plus, pas du tout.  Nous étions complètement différents quand on s'est rencontré. Il était strict et businesse. J'étais dans les arts. J'imagine que c'était le contraste qui était attirant.  Avec le temps on est devenu plus semblable, c'est comme un échange.  je revois souvent ses beaux yeux gris et son air coquin (d'avant la période difficile).  on a tendance aussi à idéaliser je le sais avec le décès.  Mais je savais très biens ses défauts aussi et je vivais bien avec. C'était une bonne personne et c'est ce que tout le monde dit. C'est pourquoi je dis que cela est irremplacable.  La seule chose qui me console c'est qu'il est décédé comme il le voulait: d'un coup, en dormant et dans la maison qu'il aimait temps.  Je ne l'aurais pas vu malade ou handicapé. Il aurait été extrêmement malheureux et moi donc.  Le problème c'est que je suis restée en arrière.  Souvent je lui disais , j'espère décéder la première ce que j'ai bien pensé avec mon cancer.   C'eût d'ailleurs été préférable. Je me demance encore aujourd'hui pourquoi j'y ai survécu: pour avoir tant de peine et de chagrin. Pour avoir des années de misère.    Le destin on peut rien y faire.
J'oubliais de dire que je venais d'une famille très pauvre et j'étais peu connaissante quand je l'ai rencontré. Il m'a tout montré incluant comment manger dans les restos.   Il a été non seulement mon mari, mon amant, mon ami, mais aussi mon mentor. Je suis une orpheline aujourd'hui et une veuve. Juste le mot veuve fait frémir non?

A ton tour Caroline ou d'autres


betty

  • Invité
Re : DECES DE MON CONJOINT
« Réponse #14 le: 04 juin 2012 à 12:34:17 »
Caroline,
un grand merci pour le lien sur la video du Dr Fauré
émotionellement c'est costaud mais que ça fait du bien d'entendre des mots sur ce que l'on ressent, d'avoir ce travail de deuil expliqué, et tout cela avec un humour, une empathie , c'est génial j'en ressors bouleversée...mais presqu'heureuse
merci encore