Bon matin Maxime,
Vu l'heure où tu as posté et certaines expressions typiquement de chez nous, j'avais compris que tu étais Nord Américaine

En effet, ce n'est pas facile. Mais pas du tout. Un immense vide, même si on est bien accompagné... alors, si on ne l'est pas, on se retrouve dans une bizarre de situation: notre corps, notre esprit sait que ça va mal, mais tout autour, la société (amis, collègues, famille) nous pousse à "oublier". Comme si on pouvait oublier ce bonhomme avec qui on couchait tous les jours de notre vie, durant tant d'années! C'est eux qui sont dans l'ignorance!
Moi, je me disais "Hé que ça ferait leur affaire si mon cerveau oubliait toutes ces années passées avec Lowell, ça leur ferait du bien". Mais moi, j'existe aussi, et j'ai besoin de vivre cette période de souffrance, il faut passer par là, désolée, c'est ainsi. Ça va mal (et je n'arrive pas encore à le dire à mes proches), mais ça va aller mieux, j'en suis persuadée!
Ce que tu vis est réel et oui, ça prend du temps, beaucoup plus qu'on ne le pensais, même nous. Moi, je croyais qu'après 3 semaines, j'irais mieux. La joke... Ça fait deux ans et perso, je n'en suis qu'à la troisième étape. Et encore... des fois je régresse. Mais j'ai maintenant la certitude (depuis peu) que j'ai raison de prendre le temps de "faire correctement mon deuil", sinon ça va me poursuivre toute ma vie. Je veux dire cet état dépressif (et non pas une dépression, c'est différent) qui nous submerge. Perso, ça m'empêche de faire mes activités dans "la joie de vivre".
Ce qui aide le plus, justement (et ce qui manque horriblement), c'est d'entendre par des bonnes personnes que ça ne dure pas toute la vie. Même que ça avance chaque jour que tu travailles sur ton deuil, même si tu dors, même si tu arrêtes de travailler, même si tu continues.
Et oui, cet entourage qui ne comprend rien... un autre deuil hein? Sauf ceux qui ont vécu la même chose (et encore, ça dépend comment ils ont bien oui mal vécu le deuil). Ils sont ailleurs, dans leur vie de l'ordinaire, de la performance, du rapido-presto, alors que ceux qui ont perdu un conjoint doivent en parler, doivent aller dormir durant la journée, si on en sent le besoin, doivent pleurer, doivent comprendre que non, cet homme ne reviendra pus jamais (et ça prend du temps)...
Tu n'as personne à qui parler en toute liberté? Qui ne t'explique pas, mais qui écoute remplie de compassion? Moi je n'ai pas vraiment trouvé autour de moi, sauf un psy. Qui est par ailleurs très efficace. Mais pour être efficace, j'ai entendu dans le vidéo de 70 minutes qu'il fallait un réseau... et un réseau, c'est au moins 3 personnes (qu'il dit!).
Comment conjuguer nos besoins et leurs habitudes? Je ne sais pas... ce que je sais, c'est qu'il faut absolument en parler: raconter notre homme, notre relation, nos fous rires, nos chicanes. Pour ta part, le choc traumatique est encore plus fort - c'est comme si on t'avait volé ce moment où tu aurais pu lui toucher une dernière fois, lui dire un vrai au revoir et tu sembles avoir cette douleur impossible, ce chagrin sans fond de ne pas avoir vu ton conjoint de tous les jours avant qu'il ne soit incinéré. Le dernier au revoir est tellement important!
Tiens, raconte-nous cette étape: où étais-tu, comment as-tu appris la nouvelle, qui parlait, qui t'a soutenu, y a-t-il eu une urne? Il avait de l'humour ton homme? Il te préparait à manger ou c'était toi?
---
J'ai réécouté souvent ce vidéo, même si long:
http://www.inrees.com/videos/190/ Tu l'as visionné? J'ai eu l'impression que l'animateur me parlait, ce qui fait qu'il m'a fait du bien.
Il y a le livre de Christophe Fauré: "Vivre le deuil au jour le jour : la perte d'une personne proche". Tu peux le trouver dans les bibliothèques municipales, sinon, il faut se le procurer sur Internet. J'ai dû attendre 3 semaines avant de l'avoir à Québec, il était toujours réservé.
Il y a aussi des lignes d'écoute. L'autre fois, j'étais en détresse (je pleurais beaucoup, toute seule) et j'ai appelé, mais je suis tombée sur un répondeur, ça m'a refroidis

Mais je vais tenter de nouveau:
Pour le Canada francophone :
« La Maison Monbourquette » : 1-888-533-3845 (1-888-le deuil) ou, dans la grande région de Montréal au 514-523-3596.
Le site
www.maisonmonbourquette.com comporte un très grand nombre de ressources (rubrique « Bottin des ressources »)
« Centre de prévention du suicide » : 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) partout au Québec ou au 683-4588 pour la région de Québec.
Bon courage, Maxime et viens jaser avec nous, ici, il y a plusieurs personnes qui te soutiendront.
Et passe une belle journée, même si elle est nuageuse et orageuse

Caroline xx