Cher Yhoann,
Au grand jamais, je n'associe ces mots "force" ou "faiblesse" à une absence d'émotion ! Loin de moi cette idée...
Dans le contexte où j'ai employé ce mot : force, c'était pour souligner, en fait, ce que la société attend de nous, mais pas ce que nous sommes en réalité...
Personnellement, je ne me reconnais pas (ou plus) dans ce monde d'apparences où l'image que l'on renvoie est plus importante que ce que nous sommes en réalité, où l’indifférence semble être de mise, dans ces "clichés"...
Il m'a fallu vivre des épreuves et le drame de la perte pour me révéler, me réveiller autre, parce qu'avant cela j'étais aussi dans ce carcan étroit du "conformisme"...
Avec Gilles, j'étais heureuse, c'était avant... donc moins à l'écoute du monde extérieur et de sa souffrance (petite ou grande s'il en est)... Tout ce que j'avais appris, engrangé sur mon chemin, j'ai tout laissé de coté pour ne vivre que de cet amour-là en oubliant de regarder autour de moi, à 'extérieur de mon monde à moi...
Le bonheur rend aveugle (et un peu égoïste aussi) et je suis la première sur ces rangs-là... et pas très fière de cela, je l'avoue.
Si je devais me sentir coupable, je crois que ce serait à ce niveau-là...
Pour en revenir à notre "vulnérabilité", oui, nous sommes fragiles et d'autant plus avec le deuil...
Oui, notre sensibilité est à fleur de peau...
Mais est-ce vraiment une faiblesse telle que l'on peut nous le renvoyer ?
Je pense, au contraire, qu'elle est notre force parce que grâce à elle nous nous révélons et elle nous rend cette capacité à nous dépasser ou (à l'image de Suzy) nous oublier un peu pour aimer sans réserve, de ne pas juger et poser des étiquettes... et tant d'autres belles choses dont les Hommes sont capables...
Certains font le choix d'assumer entièrement cet état, d'autres préfèrent se protéger, par pudeur ou, peut-être aussi, par peur de souffrir (une façon de se mettre "hors d'atteinte")...
Chacun fait ses choix (conscients ou non, d'ailleurs !) en fonction de ce qu'il se sent capable de supporter ou non, ou bien encore de ce qu'il a reçu (ou vécu) au cours de sa vie...
Tout est une question de ressenti... Pas de jugement, ni de "règle" en la matière... juste le cœur qui parle...
Bisous
Ghislane