Auteur Sujet: Crier sa peine…  (Lu 8976 fois)

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Hors ligne Norbert

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Crier sa peine…
« le: 03 janvier 2019 à 00:29:16 »
Bonjour,
Je vous ai lu, je me suis reconnu, et j’ai voulu moi aussi crier ma peine. Sandrine est partie un matin de décembre, et depuis le temps est long, le silence pesant, et la suite des années à venir si incertaine. Que faire de tout ce temps qui me reste sans elle ?
J’avais besoin de me confier, mais qui peut mieux me comprendre que des personnes sur le même chemin, même si chacun vit son deuil à sa façon.
Alors voilà, j’ai voulu m’exprimer et me voilà devant vous. Je ne sais si cela va me réconforter, peut-être, mais j’ai besoin de rendre hommage à cette belle personne, Sandrine, vaincue après de nombreux combats, le 19 décembre 2018, à 45 ans. Elle était mon premier et seul amour, j’étais son premier et seul amour…

Sandrine avait affronté 2 cancers : un cancer du sein en 2011, avec mammectomie, chimiothérapie avec son cortège dégradant mais elle s’est bien battue et la rémission a été la récompense. Mais en 2012, un mélanome au milieu du dos, pourtant, elle n’était pas adepte du bronzage. Fatalité, quand tu nous tiens. Donc à nouveau une opération pour enlever ce nouveau cancer avec une très longue balafre dans le dos. Avec la cicatrice devant à la place d’un sein, le qualificatif de « ma petite guerrière » était approprié… Et puis vient le temps de la reconstruction, mentale pour oublier qu’on est peut-être en sursis, reconstruction physique avec pas mal d’opérations du sein pour avoir un résultat qui lui redonnait son statut de femme, même si ce n’était plus comme avant et qu’elle n’osait plus mettre de décolleté. Mais bon ce n’est pas grave, la vie reprend, avec pendant 5 ans un suivi, arrêté l’année dernière, en 2017, car la médecine considère que 5 ans sans récidive, cela est suffisant pour être sortie d’affaire. Reconstruction professionnel aussi car plus possible de porter du poids du côté atteint, donc la voilà partie en formation, puis des remplacements et enfin cette année, en août, après des vacances au bord de l’océan, un CDI. Mais aussi un mal de ventre. Peut-être des fruits de mers qui sont mal passés. On reste naïf…

Et donc c’est reparti, échographie qui montre une masse abdominale qui fait penser à un nouveau cancer, puis TEP Scann en septembre, un truc qui vous montre l’état des métastases. Le toubib nous reçoit, mais à son attitude, je vois qu’il y a un truc, et qu’il ne dit pas tout. J’arrive à la voir seul à seul et il se dit très étonné qu’avec l’étendu des lésions, on n’ait rien vu avant. La semaine d’après, j’ai le résultat en main. Sandrine ne veut pas savoir pour mieux combattre, il est plus facile de se battre quand on pense gagner. Mais moi, je regarde, je n’aurais pas dû… la partie abdominale n’est plus qu’une masse métastasée, également dans les os, les ganglions, les muscles… Je garde cela pour moi, je ne veux pas que les enfants, les parents baissent les bras. Je veux du soutien positif, pas de la pitié pour Sandrine.
Et puis, c’est le début du chaos. Un craquement au cou un soir de septembre, conséquence d’une métastase cervicale qui lui a donné jusqu’à la fin des céphalées permanentes avec irradiation sur le bras droit. Une biopsie est réalisée pour connaître l’origine du cancer, reportée 2 fois à cause de cette douleur cervicale, on perd du temps car en attendant, on ne traite pas le cancer, mais cela n’aurait rien changé.

14 octobre : on revient d’une courte balade et là, elle fait un AVC partiel. Mais c’est quoi ce cancer ! Après analyse, elle a aussi une métastase dans le cœur qui projette des particules dont une vient de provoquer cet AVC. Mais bon, elle récupère tant bien que mal, avec des petites séquelles tout de même. C’est là que tu t’aperçois qu’une situation de non-retour s’installe doucement.
Le résultat de la biopsie revient, enfin. C’est un mélanome, donc protocole d’immunothérapie, c’est très efficace parait-il pour ce type de cancer. Je vois le docteur en particulier, j’ai besoin de savoir si on ne nous cache rien. En fait, ils ne savent pas ce c’est, sinon que c’est très agressif et que ça se rapproche le plus d’un mélanome, donc on traite comme si… je garde encore cela pour moi…
Entre temps, une métastase au niveau lombaire lui provoque une grosse sciatique. Une boule apparait sur son bras droit, d’autres trucs bizarres aussi. Les médicaments contre la douleur la rendent nauséeuse, incohérente. Elle ne mange plus, uniquement par perfusion. Et depuis quelques temps déjà, elle a un je ne sais quoi de neurologique, histoire qu’elle ne puisse plus contrôler ces mouvements, au point de ne plus pouvoir se gratter ou attraper un médicament : peut-être des effets secondaires de médicaments, on ne saura pas.
A partir de cette date du 14 octobre, elle est revenue 2 fois à la maison, tout y était organisé, lit médicalisé, infirmière… mais toujours très peu longtemps car trop faible pour rester sans observation permanente. Pourtant, oh combien elle voulait rester chez elle et dormir près de moi, même si dans 2 lits distincts.

Et puis, le 5 décembre, à la maison, un autre AVC, total cette fois. Le chirurgien, vu son âge est d’accord pour l’opérer : Thrombectomie qui marche bien, ouf..
A partir de ce jour, je ne la quitte plus, je dors dans les hôpitaux, clinique, on partage les gardes avec sa maman pour qu’elle ne soit jamais seule.
Mais 3 ou 4 jours d’espoir suffisent, alors nouvel AVC, total et non opérable cette fois ci. Cela aurait pu être un AVC du côté douloureux histoire d’enlever la douleur mais non, de l’autre côté. Donc, la voilà paralysée à gauche, douloureuse à droite. Encore 3 ou 4 jours et cette fois-ci elle est paralysée aussi à droite. Plus moyen de parler non plus. Fichu cancer qui ne nous permet même plus de partager avec Sandrine ses derniers instants et de la rassurer. Et pour continuer, elle respire difficilement, s’étouffant dans ses sécrétions tous les 15 minutes. Tout cela en lui laissant la conscience de tout ce merdier.

18 décembre : le soir
Je suis à ses côtés, la température est constamment au-dessus de 39,5°C depuis 2 jours, des escarres viennent de faire leur apparition au niveau de l’oreille droite, et également sur le côté droit du crâne, à l’arrière. Le talon droit n’est pas épargné. La dénutrition, la chaleur, l’immobilité… un cocktail explosif pour les escarres.
Difficile de voir celle que l’on aime se dégrader à ce point. Et difficile à dire, mais on en vient en penser : pourvu qu’elle ne souffre plus trop longtemps…
Elle respire difficilement. Les apnées sont de plus en plus longue, jusqu’à 40 secondes.
Le pouls est irrégulier entre 140 à 75 battements par minute, irrégulier et peu perceptible à gauche, la main que je lui tiens. Difficile à interpréter.
J’ose à peine dormir sur le fauteuil à côté, je n’ose imaginer me réveiller sans plus entendre de respiration. Il va falloir pourtant que je dorme, la fatigue me rattrape peu à peu…

19 décembre :
Je suis en panique depuis 4h30 ce matin. Son avant-bras gauche est mort, il devient noir, plus de circulation, une autre artère bouchée… Je suis obligé de masser tous les quarts d’heure pour qu’il retrouve une couleur plus normale mais très pâle. L’avant-bras est froid et sans pouls… elle meurt par petit bout, les escarres progressent à vue d’œil, c’est horrible.
11h10 : Sandrine est parti, elle ne souffre plus.


Voilà, c’est fini. Je reste anéanti par sa disparition et traumatisé par ces dernières semaines, toute cette souffrance pour rien. Quand je regarde une photo, il me reste toujours cette image, ce visage de souffrance qu’elle avait les derniers jours. Je rêvais souvent d’elle mais pas une fois depuis qu’elle est partie, je n’ai même pas droit à ça…
Je ne sais pas si c’est un sentiment partagé par certains mais je me sens coupable alors que je ne pense rien avoir à me reprocher. Coupable de tous ces instants où j’aurai plus faire plus pour elle, où l’on s’est fait la tête, où je suis rentré plus tard du travail alors que j’aurai pu être avec elle… Difficile de se débarrasser de cette culpabilité...
Et on se dit, un peu égoïstement il est vrai, que va-t-on faire du temps qu’il nous reste, j’ai 50 ans, j’aurai pu passer de merveilleux instants avec Sandrine. Pourquoi faire des choses nouvelles que je n’ai pas faîte avec elle. Que reste-t-il à faire, seul ?
Des questions qui mettront certainement du temps à trouver réponse.

Merci à ceux qui ont pu aller jusqu’au bout de mon récit. 

Hors ligne pscar13

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #1 le: 03 janvier 2019 à 02:58:35 »
Norbert,

Je te lis dans cette nuit, tu crie ta douleur et je pleure,
Pour toutes ces souffrances que ta guerrière Sandrine à enduré pendant  toutes ces années pour continuer à vivre, en vain.
Pour toi, qui l'as accompagné et enduré tout ça sans rien pouvoir faire d'autre que la voir souffrir et lui tenir la main, et la regarder mourir.
Je sais ta souffrance, je la comprends, je la connais, j'ai juste quelques jours d'avance dans ce tunnel si sombre qu'on ne voit rien au bout.
J'ai déjà crié ce que je penses du cancer
http://forumdeuil.comemo.org/traverser-le-deuil/le-cancer-ce-sale-crabe/msg105054/#msg105054
Tu as eu raison d'écrire, ça ne peut que te soulager, pour le moment, il faut juste continuer à respirer, tu ne peux pas plus, je le sais.
Continuer à écrire, faire revenir dans ta tête les bons souvenirs, toutes ces années de bonheur que vous avez vécu.
Tu verras, ça va venir, doucement, pas à pas, respire, vis, survit ...
Pensées pour toi et ta guerrière Sandrine.
« Modifié: 03 janvier 2019 à 03:17:05 par pscar13 »
Le futur devient présent, et, dans l'instant qui suit, passé.
Mon rêve est devenu réalité, mon amoureuse, mon éternel présent.

Hors ligne Loreylei

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #2 le: 03 janvier 2019 à 08:15:47 »
Bonjour Norbert, les mots que je peine à trouver sont peu de chose au regard de ce que vous avez vécu tout les deux mais sache que je t'ai lu.
Je peux si peu, alors je vais faire ce qu'à fait l'infirmière coordinatrice des dons d'organe pour mon époux..je te prends dans mes bras signe que j'entends ta douleur et la partage.
Le souvenir c'est la présence invisble.
Victor Hugo.

Hors ligne 3 pommes

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #3 le: 03 janvier 2019 à 10:11:19 »
Oui Norbert, tu peux venir crier ta peine sur ce forum autant qu'il le faudra.
Ce parcours que Sandrine a subi a été pour vous traumatisant avec pourtant des espoirs pour s'en sortir quelquefois.
Tu vas le garder longtemps dans ta tete et dans ton cœur. Dans quelques mois, quand tu reliras ce que tu viens d'écrire, tu verras comment tu auras avancé. Mais pour l'instant, sache que chacun de ce forum te soutient, certes, virtuellement mais quand on ne sait plus vers qui se tourner, c'est beaucoup.

Hors ligne nathT

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #4 le: 03 janvier 2019 à 12:08:49 »
Norbert,

Je viens de lire ton message . Je comprends tellement ce que tu vis en ce moment .
Tous ceux qui ont accompagné un proche dans sa souffrance sont des 'survivants ' .Tu es un survivant :Dis toi que c'est comme si Sandrine et toi avaient été pris dans les vagues d'un énorme tsunami ou sous les roues d'un 15 tonnes et .... tu te relève.... seul, tu ne sais pas où tu es .*Entre le monde des vivants et celui des disparus ....une sorte de No man's land ...
Il va te falloir de la patience pour en sortir .Et ici, sur ce forum tu peux tout écrire,tout dire , nous comprenons ce que tu ressens ,nous te lirons.

Cela fait 16 mois que mon compagnon est parti d'un cancer du pancréas foudroyant . Je l'ai accompagné avec de l'optimisme et de la bonne humeur ,je suis épuisée mais il méritait que je le fasse .
Mon voisin de 90 ans m'a dit au lendemain de ses funérailles :

'Accompagner quelqu'un apporte beaucoup, vous en aurez les bénéfices dans quelque temps et surtout dites vous bien qu'à la fin de sa vie tout le monde ne peux avoir eu la chance d'avoir aimé et d'avoir été aimé '

Je ne sais pas ce qui peut t'aider, alors fouilles sur ce forum, et retiens tous ce qui peut te faire du bien , écrits, beaux textes, chansons.....musiques....

Hauts les coeurs!
Nath


Hors ligne Bessie

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #5 le: 03 janvier 2019 à 20:05:40 »
Bonsoir Norbert,
Pscar 13 t'écrit qu'il a pleuré en te lisant. J'ai fait pareil. J'ai revécu ces derniers moments de vie de notre moitié. les voir partir dans la souffrance est terrible. Et on se veut de tellement de choses qu'on n'a pas faites, pas dites, des paroles qu'on n'a pas assez dites. On se reproche tellement de choses qui nous font mal encore et toujours. Mon mari est parti il y a bientôt 20 mois, et je n'arrive toujours pas à m'y faire.
Je suis restée longtemps avec ma peine toute seule. les personnes autour de moi ne pouvaient pas comprendre ce que je ressentais. Je n'avais pas envie d'aller voir un psy, même si on me l'a conseillé.
Mon truc à moi, c'est d'écrire. Alors j'ai trouvé ce forum avec toute l'empathie des uns et des autres, des histoires qui se ressemblent, des deuils qui se vivent différemment mais des personnes qui ont besoin de dire leur peine. Ca me fait du bien d'écrire. Personne ne me jugera. Alors si ça peut t'aider, écris ta peine, crie ta douleur, ça ne peut que te faire du bien.
Bon courage à toi
Béatrice
Tu es mon âme soeur et quoiqu'il arrive, nous nous retrouverons

Hors ligne mike67

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #6 le: 03 janvier 2019 à 20:21:47 »
Bonsoir Norbert,

Humblement, je t'envoie un simple petit message de soutien des plus sincères.
Ton message est très touchant.

Un grand courage à toi dans cette épreuve.
There is a light that never goes out

Je t'emmène ce soir

Hors ligne Norbert

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #7 le: 04 janvier 2019 à 00:31:51 »
Bonsoir,
Merci à vous pour avoir consacré un peu de temps à lire et parfois à répondre à mon message : qiguan, Pscar13, Loreylei, 3 pommes, NathT, Bessie, Mike67.
Pscar13,
Ton récit, très détaillé aussi, m’a bouleversé. Tous ces combats que vous avez également menés qui laissent tant de meurtrissures mais cet espoir, toujours présent, guettant la moindre amélioration pour enfin penser que l’on va s’en sortir. J’ai vécu ton récit, il a été difficile à lire jusqu’au bout, tant ma gorge, mon estomac étaient serrés et mes larmes incessantes. Moi qui ne pleurait jamais, avant… Une guerre perdue d’avance comme tu le dis mais ça, on ne le sait qu’à la fin…
Loreylei,
Je me reconnais également en toi. Je reprends le travail lundi prochain et j’ai hâte, pour cesser de penser. Mais je redoute le retour à la maison, le soir, seul... Pour l’instant, mes enfants sont avec moi, en vacances mais repartent sous peu vers leur lieu d’étude.
Je n’ai plus de croyance également, comment croire en un Dieu miséricordieux qui peut laisser des êtres innocents souffrir autant. Pourtant, j’aimerai tant croire que Sandrine est là, pas loin, pour ne pas parler qu’aux murs…
3 pommes,
Est-ce que ne plus rêver de notre conjoint est une conséquence du traumatisme que l’on a vécu durant ces mois de souffrance. Je ne sais pas mais moi aussi j’aimerai tant rêver de Sandrine et revoir son sourire qui est parti bien avant elle. As-tu enfin pu rêver à présent ?
NathT,
Je vais m’inspirer de tes tentatives de survie, je ne sais pas si tu les suis toujours ? Essayer d’aller vers les autres, même s’il est difficile de soutenir des conversations que je trouve toutes sans intérêts en ce moment. Se forcer, faire semblant…
Bessie,
Quelle longue période à gérer cette maladie... Avoir des enfants, des petits enfants, effectivement ça aide. Je vois que les tiens réagissent différemment. Pour les miens, je les trouve très fort d’ailleurs, c’est impressionnant, et déroutant… Les rôles de protecteurs assurés généralement par les parents semblent inversés. Mais c’est vrai que c’est une des grandes raisons qui nous poussent à avancer, même si ça ne comble pas ce grand vide. Et je vois qu’après 19 mois, la douleur parait toujours aussi vive… pour te citer « la vie continue… mais quand ? ». Rassure-moi, elle devient plus gérable cette douleur au bout de presque 20 mois ?
Mike67,
Ton histoire ne parle pas de cancer ou d’accident, mais est tout aussi tragique. Je parlais de culpabilité, j’ose à peine imaginer ce que tu ressens. Mais, on ne peut pas tout endosser, dans toutes ces histoires que je lis, il y a un moment où il faut savoir lâcher du lest pour ne pas aller trop loin. Je ne sais pas encore la recette à appliquer, mais il doit y avoir un moyen d’avancer à nouveau, sans cette sensation qui par moment semble vous comprimer le cœur. J’ai ma boîte de médicament, je sais que ce n’est pas la solution, mais je n’y ai pas encore touché, je voudrais éviter, je ne sais pas jusqu’à quand ?

Je me rends compte que finalement, à travers ce forum, je n’ai pas pour l’instant l’impression de partager ma souffrance, quand on partage, il devrait en rester un peu moins. Et là au contraire, votre souffrance s’ajoute à la mienne. Savoir que ce que j’ai vécu, vous l’avez tous vécu à votre façon m’enrage. 
Mais chaque lecture, chaque réponse semble faire vivre un peu plus longtemps nos chers disparus, alors je vais continuer à parcourir vos messages…
Merci

Hors ligne pscar13

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #8 le: 04 janvier 2019 à 01:01:38 »
Norbert,

Lire les parcours des autres permet de savoir qu'on n'es pas seul dans sa souffrance.
Mais pas seulement.
Ecris ton histoire, écris ce que tu as vécu, tes souvenirs, écris tes peines, tes pleurs, ta colère, et nous te lirons.
C'est ce partage qui fait que nous pouvons continuer ici ce livre sans fin.
Je te souhaite une nuit apaisée, et des beaux rêves de ta Sandrine
« Modifié: 04 janvier 2019 à 01:08:39 par pscar13 »
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Hors ligne Bibou07

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #9 le: 04 janvier 2019 à 09:28:20 »
Norbert,

Ton récit est effectivement très bouleversant. On y lit toute ta détresse, toute ta peine... et tout ton amour pour Sandrine.
Toutes nos histoires sont différentes et uniques et pourtant si similaires  dans la peine.

Tu es au tout début du chemin du deuil, écris autant que tu le souhaites, ici on se soutient  tous.. c’est la période la plus difficile qui existe mais en lisant tous les posts, tu verras qu’on avance comme on peut, tous.. je sais qu’au début, aucun mot, rien ne pourra soulager ta peine mais soit en sûr, un jour Sandrine fera parti de toi et la douleur s’attenuera, crois moi. En attendant, prends soin de toi, ne te négliges pas : manger normalement, dormir suffisamment, c’est déjà énorme. Mon travail, le sport  m’a beaucoup aidé, mais il n’y a aucune règle. Chacun doit trouver sa «  recette » personnelle pour survivre, car oui au début c’est bien de cela qu’il s’agit..

Je  te prends dans mes bras, si tu le permets, pour un instant de réconfort. Affectueusement, Bibou.

Hors ligne pscar13

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #10 le: 02 mars 2019 à 18:43:16 »
Norbert,

Tu peux prendre tous les mots que tu as besoin, et tu peux même y ajouter les tiens.
L'écriture est un exutoire, même si nous n'avons pas toujours les bons mots pour nous exprimer.
Je suis dans ton chemin, un peu devant, mais certains avancent plus vite, on se rejoint, et on se retrouve devant les mêmes obstacles, ça fait du bien devoir qu'il y a quelqu'un a côté qui comprend ce que l'on vit.
Je te souhaite un dimanche apaisé, plein de douceur de ton amoureuse Sandrine.
 
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Hors ligne Boutchou

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #11 le: 03 mars 2019 à 09:57:06 »
Norbert,
J ai lu ton fil ce matin
Je me joins à ces amis du forum pour partager ton chagrin .,même si tu n en a pas moins .....je comprends ce que tu veux dire...
Mais ici partager c est  peut être comprendre , et surtout te permettre de laisser toutes tes émotions s'exprimer ...cela aide même si ce chemin est tellement insoutenable , douloureux et sans visibilité ..

Je t adresse juste un peu de douceur

Boutchou

Hors ligne Norbert

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #12 le: 10 mars 2019 à 09:33:59 »
Bonjour,
J’admire la force de quelques-uns sur ce forum qui tentent de relever ceux qui trébuchent. J’ai essayé de le faire mais comment y arriver quand on ne croit pas à ce que l’on conseille, quand on ne les applique pas à nous même.
Je ne voulais plus venir sur ce forum car voir toute cette détresse, tous ces gens qui me semblent plus nombreux ces derniers jours, avec ces mêmes sentiments de solitude, de douleur, de manque, de détresse, est difficile à lire. Certains semblent parfois aller mieux, alors je vais mieux, mais souvent, ils expriment une telle souffrance que leur écho résonne en moi. Pourtant, je n’arrive pas à m’empêcher de venir vous lire, espérant trouver un message donnant la solution qui permettra d’avancer à nouveau. Je sais au fond de moi qu’elle n’existe pas. Mais je viens vous écouter quand même…
Je pourrai également simplement me contenter de parler de Sandrine, pour avoir le sentiment de poursuivre sa trop courte existence, que l’on entende encore son nom et que je ne sois pas un des seuls à le crier à chaque instant, mais je sais que cela ne changera rien pour elle, et pour moi, je ne sais plus trop.
Je rêve de pouvoir faire des choses qui paraissent si banale pour la plupart des gens. Si je pouvais tout donner pour simplement marcher paisiblement sur un petit chemin de campagne à côté d’elle, même sans parler, juste à lui tenir la main, sentir ce contact, cette douceur qui rayonnait d’elle. Ce n’est pas grand-chose mais c’est pourtant si inaccessible…
Que faire maintenant, quels projets quand tant sont inachevés…, inachevables.
Alors je fais comme vous tous, j’avance jour après jour, je tue le temps comme on dit en attendant que le temps me tue.
Et fichu Week-end qui dure une éternité !
Voilà, un peu soulagé d’avoir exprimé mon désarroi à des gens qui je sais me comprendront.
Je ne vous dis pas bon dimanche si comme moi, ces week-ends vous oppressent, mais sinon, qu’un peu de quiétude vous accompagne.
Merci.

Hors ligne malome

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #13 le: 10 mars 2019 à 12:19:24 »
Norbert

Comme je comprends le ravage de   cette douleur de l'absence, la non présence , tous et toutes nous avons les mêmes symptômes , le deuil est un long parcours sineux rempli d'obstacles et qu'il nous faut franchir pas à pas jour après jour et pourtant je voudrais temps te donner un espoir , un petite lueur d'espoir  et pour cela je vais te raconter une partie de mon histoire
 4 mois et demi de deuil , de larmes , de douleur ni plus ni moins que vous tous , et un déclic a eu lieu dans ma tête ,suite à une conversation avec une belle soeur veuve depuis 20 ans et 2 petit enfants de 3 et 5 ans à élever , à un moment je lui et toi , parle-moi de lui , j'ai ressenti le bien que cela lui avait procuré de parlé de lui 20 ans après, je me suis là dans ville (10 000 habitants)  je ne dois pas être là seule veuve , il n'y a pas de groupe de paroles ,et si moi je prenais l'initiative de faire des rencontres hommes-femmes pour libérer cette parole , ce projet prend forme , demain je rencontre une personne qui va m'aider à contacter des personnes , moi j'ouvre ma maison , et mon coeur aux personnes qui sont dans la même situation que nous ici , je sais être encore fragile , encore dans les montagnes russes , mais aider les autres n'est-ce pas s'aider soi-même, rompre cette solitude ne serait-ce qu'un  soir par semaine  , moi j'ai trouvé ce projet , mais chacun(e) peut trouver de l'aide , non chemins sont différents , mais un seul but avancer à notre allure pas de ligne d'arrivée , juste du un peu mieux
ça c'est une partie de mon histoire , je voudrais tant qu'elle t'apporte un soulagement , t'aider pourquoi pas,  à trouver quelque chose qui puisse t'aider , peut-être un groupe de paroles , se libérer ici aide ce forum est extraordinaire , mais la parole est un complément
douceur  toi et ta Sandrine qui veille sur toi

Hors ligne Nicole59

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Re : Crier sa peine…
« Réponse #14 le: 10 mars 2019 à 17:06:07 »
Bonsoir,

Je me répète, mais nous vivons notre souffrance à notre façon, c'est celle que nous avons trouvée, et le fait de pouvoir l'exprimer sans jugement est important. En tous cas pour moi. Parce que les sors un peu, fait une activité dehors, ne parle pas comme ça..... Ça n'aide pas. Sortir pour quoi faire, faire qu'elle activité, je ne veux voir personne alors ce n'est pas la peine, et je parle comme je le ressens, quand je dis que j'attends de pouvoir rejoindre mon amour, on me rétorque et tes enfants et les petits, tu y pense ? Et moi je dis et ma souffrance qui y pense, je partirai de toute façon, comme tout le monde, alors le plus tôt sera le mieux.

Nicole
Je suis morte avec lui.