Bonsoir Francis,
Tu ne me connais pas, très longtemps que je n'ai pas poste, que je ne pouvais plus poster, plus de force, plus rien au fond de moi que du négatif, rien a donner, dans la survie au quotidien...La guerre en moi, de moi contre moi
28 ans de vie avec Pierre, mon amour-ami, mon air, mon eau, mon alter ego. Pendant 25 ans, son amour m'irradiait, m'envellopait. Il aurait embrasser l'empreinte de mes pas et j'aurais fait de même. Une connaissance disait "couple improbable, anachronique et pourtant il émanait de vous quelque chose d'incroyable"
Et puis la maladie...la maladie qui dégrade, qui détruit psychiquement, physiquement, la déchéance, l'humiliation, l'exclusion, l'abandon avec la mort en ligne de mire
La maladie qui annihile l'entendement..Et puis la haine dans son regard..Mon pauvre amour déperrissait et nous ne savions pas...son cerveau se détruisait, zone affective, zone des relations aux autres...et nous ne savions pas.
J'ai voulu me séparer de lui et devant sa réaction j'ai compris que vraiement c'était autre chose qu'une dépression profonde.
Alors la course aux médecins, aux hopitaux et nous avons découvert le pot aux roses.. L'horreur absolue
Un conseil ne jamais tomber malade d'une maladie rare et etre jeune. Pas d'aide, rien. Pas de cases pour ça au niveau administratif. Il faut mourir dans les clous
Le déni pour moi pendant des mois, pour lui jusque presque vers la fin...un an. Que c'est long, se lever avec la mort, se coucher avec la mort, rever de mort, se réveiller pendant des mois toutes les 1h1/2 pour vérifier la respiration.... la mort, la folie.
Que c'est court 8 mois après la mort...j'aurais tant voulu que ça dure plus longtemps et en même temps je n'aurai jamais pu tenir plus longtemps. J'ai prié Dieu, le diable, tout pour que nous soyons tout deux libérer de cet enfer. J'ai négogier ma vie contre la sienne...et je n'ai obtenue que le silence des cieux, de la médecine, de la famille, des amis
Je suis toujours épuisée au bout de 8 mois, très fatiguable et pourtant j'essaie mordicus de m'en sortir. Si tout ce que j'ai vécu ne m'a pas tuer ou rendu folle, je ne baisserai pas les armes maintenant..Je ne suis plus chargee d'ame comme je l'ai été, bien que j'ai un fils très fragilisé. Bien sur "les a quoi bon " de bon matin me terrasse...parfois 3 réveils par matinée..j'ouvre un oeil, non ça n'ira pas, alors j'essaie de me rendormir, peut être que le 2ème reveil sera le bon et finalement non. Alors tout recommencer pour un 3è reveil. Parfois ça marche, parfois ça marche pas. Se nourrir, marcher, sieste l'après midi et peut etre que ça ira mieux
Et des fois une éclaircie de quelques heures, quelques jours...et 8 mois après je suis ENCORE là. La douleur est moins vive, le manque plus fort un sentiment de vacuité de dégout et je me dis il faudra passer par là après la haine, la colère, la douleur incommensurable.... le néant, le vide...j'ai dépassé les premières phases alors pourquoi pas les autres. Nous, les humains, avons la détestable habitude ou qualité, comme tu veux, de nous adapter a tout. J'ai appris énormément de choses sur moi, et ma foi pas si négatives. Beaucoup de choses sur les autres, beaucoup de négatif mais de très rares et très agréables surprises et qui équilibrent finalement bien la balance
Pendant sa maladie, Pierre n'était plus accessible a grand chose...pourvu que je le nourrisse, lui donne tous les soins d'hygiène, le caresse, l'embrasse, le submerge de mon amour, le fasse rire, il riait avec les yeux, Dieu qu'il était drole, qu'il aimait rire...et il était heureux. Il était mon homme, il est devenu mon tout petit bébé
Alors, toute seule, j'ai décidé de sauver notre amour. Jamais je n'aurai laisser glisser tout ce que nous avions vécu dans le caniveau. Il ne pouvait plus m'aimer, il ne pouvait plus donner alors je serais la dépositaire de notre amour. Je me suis battu comme une folle mais jamais ce trésor, ce don de l'un a l'autre n'a été perdu et le jour ou il est mort, il a attendu que je rentre de la pharmacie pour mourir.
Je n'ai pas eu le temps de rentrer dans la chambre, j'ai juste vu sa poitrine s'affaisser et j'ai été transporté ailleurs, j'ai entendu dans ma tête un grand cri "adieu, je t'aime". Comme un grand papillon bleu qui s'envolait
Nos amours façe a l'angoisse de la mort qui s'approchait d'eux, la peur de ce qui pouvait arriver ne pouvait pas s'occuper de nous, ne pouvait pas nous aimer..ou alors pire n'étaient ils pas rongés de nous laisser seuls en ce monde. Comment allons nous réagir quand nous verrons notre fin approcher de nous.
Je te concède qu'en ce moment nous serons certainement soulager mais lorsque nous aurons "traverser le deuil" seront nous sereins ? Je l'espère mais rien n'est moins sur. Il n'y a qu'a voir tous ces personnes en maisons de retraites seules, abandonnés, grabataires, souffrantes mais toujours pas prêest a abandonner leur chienne de vie
Alors, je crois que nous ne pouvons leur en vouloir, quoique nous ayons subi avant leur mort. Ils étaient soit envahis par la peur, soit ils ont voulu nous préserver en nous mettant a distance.
Nous ne saurons jamais, en tout cas pas avant qu'ils ne viennent nous acceuillir lorsque notre tour viendra
Gardons en tête que nous les avons aimer plus que nous même, qu'ils nous ont donne énormément quand bien même nous sommes dans la détresse la plus profonde. Que nous continuons à les aimer par delà la mort même si ce n'est pas évident a trouver le mode d'emploi.
Comment aimer entre deux dimensions ?
Gardons le meilleur d'eux, le meilleur de nous et essayons de ne pas mettre en exergue les derniers moments de leurs vies...ils n'étaient plus tout a fait eux, en prise avec leur fin inéluctable. Nous qui ne sommes pas morts, mais subissons le deuil de plein fouet,ne sommes vraiement pas du tout "clean" alors que devaient ils ressentir, eux, qui voyaient leur fin arriver ?
Nous avons reçu un trésor que peu de gens ont, un amour immense, incommensurable. Merci mille fois la vie pour ça. Par contre la vie je te crache dix mille fois dessus pour me l'avoir enlever. Mais bon, j'ai quand même eu de la chance en dépit de tout, tant de gens autour de moi qui n'ont pas connu cela alors c'est déjà pas mal finalement, je n'ai pas vécu pour rien. Nous sommes incontestablement vivants, nous souffrons d'une souffrance on ne peut plus réelle...oui nous sommes vivants, dans la douleur, dans la peur, dans l'angoisse mais VIVANTS
On finira bien par le traverser ce Pu...n de deuil, on finira bien par trouver un peu de paix, de sérénité et qui sait un peu de joie quand même....On nous le dis, le répète alors bien que ce soit très, très sombre, dur j'essaie d'espérer encore et toujours. Si aujourd'hui ça ne fonctionne pas, peut être demain ou alors la semaine prochaine...un jour. Un jour ça arrivera
Si ça n'arrivait pas dis toi qu'il y a belle lurette que l'humanité aurait été décimée et nous ne serions pas là sur ce forum... alors c'est extrèmement douloureux mais possible
Passe une bonne nuit et peut être que demain sera un peu mieux, je te le souhaite
Malika