Bien sûr la fête des mères et la petite attention que toi, tu n'offriras plus..., et la fête des mères où moi, je ne serai plus fêtée... sauf par les enfants, et encore. Je préfère les emmener voir "Pirate des Caraïbes" plutôt qu'ils m'offrent un bouquet...
Bien sûr, il y a tous ces anniversaires, toutes les premières fois auxquels on n'échappe pas, parce qu'on est plongé dedans, que ça compte pour nous comme une loyauté envers le/la disparu/e. On ne veut pas oublier... Cependant, pour moi, la première année à passer a été la plus dure. Les seconds anniversaires n'avaient plus la même résonance, même si je ne les oubliais/oublie pas.
Bien sûr que ça fiche de sacrés coups de blues, et aujourd'hui alors que les mamans et les mamies sont honorées, moi je me demande comment occuper toute ma journée pour ne pas y penser ! On ira au ciné et puis à la plage... je déteste la plage mais les enfants adorent !
Nous en sommes tous là, sitôt qu'une date importante ou pas approche, inévitablement le chagrin se réactive. Avant, je me fichais un peu de la fête des mères et des pères, aujourd'hui ça n'a plus le même sens. C'est le partage que vivent les autres et que je ne vivrai plus qui me blesse.
Et il y a ce grand vide qu'on ne sait plus comment combler. Qu'on remplit par obligation, manger, dormir, vivre, travailler, s'occuper du quotidien... sans goût, ni envie particulière. Nous n'avons plus vraiment de plaisir à rien, nous avons perdu notre insouciance.
Je sais cependant, pour le vivre depuis plus longtemps que toi, que petit à petit, l'appétit de vivre revient, celui de faire des projets, de faire un voyage, de rencontrer des gens, de ne plus rester seul, d'accepter des invitations... Avec justement, la conscience que tout peut s'arrêter maintenant et qu'un petit bonheur c'est toujours ça de pris.
Tu sais, parfois je regarde les couples autour de moi, et franchement, contrairement à toi, il m'arrive de ne pas les envier !
Mon mari est parti alors que nous étions plutôt heureux, "doués pour le bonheur" comme je disais. Quelle chance de garder cette image là, ce souvenir de tous nos beaux moments, de l'adoption des enfants au Brésil, des années où nous vivions outre-mer. Oui quelle chance de ne pas avoir connu le ras-le-bol des fins de couples, comme j'en vois beaucoup autour de moi.
Oui, c'est dur qu'il ne soit plus là. C'est dur tous les jours. Mais j'ai enfin accepté d'aller de l'avant, pour mener les enfants à l'âge adulte. C'était notre contrat moral et je dois respecter ma part. Et j'essaie de remplir ma vie d'autre chose que de chagrin, même si souvent, je voudrais juste rester au lit et dormir pour ne plus penser, ni me demander "Pourquoi ?" (ce qui arrive encore très souvent !). Aussi curieux que ça puisse paraître, quand j'y réfléchis, j'aime ma vie en dépit des choix qu'elle m'a imposés, et je trouve que j'ai beaucoup de chance de la vivre comme ça. Ca fait de moi quelqu'un dont je suis plutôt fière... Et je rejoins Lauren quand elle dit que l'amour partagé donne de la force, encore plus de force, sans pour autant ôter le chagrin.
Bon courage pour cette journée qui passera... comme toutes les autres...
PS : Et puis d'abord, les hommes ça pleure aussi... franchement c'est quoi cette idée de macho (
), pourquoi pleurer ne serait-il que l'apanage des femmes, hein... ?
M.