Auteur Sujet: Continuer sans Toi !  (Lu 7301 fois)

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chantal67

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Continuer sans Toi !
« le: 22 mai 2012 à 22:08:10 »
Voilà 19 mois et 4 jours que mon Mari, l'Amour de ma vie, le père de nos enfants est partit à l'age de 59 ans emporté par cette implacable maladie en 3 mois ! Il m'avait demandé d'etre forte pour nos enfants et nos petits enfants ! J'ai souffert, mon dieu que j'avais mal les premiers mois ! envie de le rejoindre, le retrouver ! Il me semblait impossible de pouvoir continuer de vivre sans Lui ! je cherchais son odeur, le son de sa voix, le bruit de ses pas ! Je voulais qu'Il me prenne dans ses bras, qu'il me rassure en me disant "tu as encore fait un cauchemar". Le matin, quand je me reveillais, ma première pensée était "non, pas déjà, pas encore une journée sans Lui !" Je croyais devenir folle, je le cherchais dans la maison, je demandais à Dieu de me le rendre !!!J'avais perdu la notion des couleurs, tout me semblait gris ! Je voyais une psy qui savait écouter ma douleur, ma famille, NOTRE famille était là mais Il me manquait tant ! Je venais très souvent sur ce site où j'ai trouvé écoute, partage et soutien.Je sais que mon mari est toujours avec nous, qu'Il nous aide et nous soutient. Je ne parle pas de conviction religieuse mais de vécu et ressenti. Nous avons eu tellement de messages et de signes mais chacun est libre de croire ce qu'il veut, je ne parle que de MON vécu. Depuis 1 mois maintenant, je commence à ressentir une sorte de paix au fond de moi, bien sur François me manque et me manquera toujours, mais j'accepte de Vivre avec cette douleur, je la domestique et je ne lui permet plus de me ronger de l'intérieur ! Je regarde cette foret qu'Il aimait tant et je dis "Tu vois comme elle est belle", je ferme les yeux, je respire un grand coup et la douleur qui voulait monter se transforme en partage avec François ! C'est difficile à expliquer et je ne sais pas si j'arrive à bien me faire comprendre mais je ne veux pas, je ne veux plus que "l'absence" de François détruise ce que nous avions vécu et construit ensemble. Nous nous retrouverons un jour, je sais qu'Il n'est pas loin et ça me rassure. Quand je regarde le chemin parcouru depuis cette horrible date, je pense à tous ces messages que je lisais sur ce site, ces messages qui parlaient d'espoir, de patience, de vie qui reprend et je me dis qu'ils avaient raison. Le chemin est long, très long, fait de désespoir, de larmes, de cris, de douleur mais aussi d'espoir, de patience, de sourires et meme de rires qui reviennent tout doucement, comme le petit rayon de soleil qui traverse les nuages après un gros orage. Je pleure encore souvent seule dans mon lit et alors je dis" allez, tiens moi fort, on va dormir maintenant !" et je m'endors. Le réveil redevient un nouveau jour et non pas "encore un jour".Je voudrais, avec ce message, redonner un peu d'espoir à ceux qui sont au début de ce douloureux chemin et remercier tous ceux et celles qui m'ont aidée. Mon Amour me manquera toujours et je l'aimerais toujours mais Il vit EN moi, rien ni personne ne peut nous prendre ce que nous avons partagé et vécu ensemble. Je veux qu'IL soit fier de moi, Il m'a confié NOTRE famille.

cello59

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Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #1 le: 23 mai 2012 à 07:18:51 »
Bonjour Chantal,

Un merveilleux message d'espérance, de vérité et de vie, que tu nous proposes, Chantal.
Il saura réconforter beaucoup d'entre nous, même si tu ne nous caches pas que le chemin est long et douloureux, avant d'entrevoir la possibilité d'un nouvel état de paix intérieure.

Ton témoignage me renvoie à celui de l'écrivain et psychanalyste Philippe Grimbert qui, dans le livre "La consolation" (de J. Attali et S. Bonvicini), tient en particulier ces propos :
"Lorsque je suis en deuil, je ne veux pas être consolé, je ne veux pas oublier que je suis "en deuil de", je veux simplement que le deuil soit supportable, pouvoir vivre en paix avec, sans ressentir une douleur trop aiguë, afin de continuer à faire vivre à l'intérieur de moi ceux que j'ai perdus"
"Au moment où j'ai vécu des deuils extrêmement douloureux, ma douleur était encore plus grande à l'idée qu'un an ou deux ans plus tard, je pourrais oublier d'aller fleurir la tombe de ceux qui venaient de partir. Il m'était curieusement très douloureux d'imaginer que je n'allais plus souffrir, autrement dit que j'aillais les" faire mourir" à nouveau. Et si quelqu'un m'avait dit que je les oublierais certainement un peu, un jour, j'en aurais été malade car je n'ai absolument pas le désir d'oublier les morts. Je veux que cela reste vif!"


Encore merci, Chantal.
Très cordialement.   Daniel

sofyoan

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #2 le: 23 mai 2012 à 07:23:41 »
bonjour chantal,

je lis et relis ton message. il me semble avoir ecrit un peu la meme chose dans le fil " apaisement, renoncement ou lacher-prise" il y a quelques jours. seulement j'ai flechi dans cet etat d'esprit, il n'a pas duré. Comme si je m'etais dit 5-6 mois c'est trop tot...c'est pas bien, ça arrive trop vite. Encore ce foutu ressenti comme si s'en remettre trop vite , c'etait minimiser mon amour. ..
alors ton message me rassure, je me dis que je suis sur la voie. je n'ai eu qu'un avant gout d'un etat futur qui finira par arriver le moment venu.

j'ai longuement discutée avec ma psy hier. elle m'a fait prendre conscience que ce lacher-prise ne concernait pour l'instant que le "materiel", que je me libère de l'etape de la recherche. D'ou ma decision de quitter la suisse, de me sentir prete a quitter notre maison sans la crainte de le perdre une seconde fois. Par contre pour ce qui est des "sentiments", je n'en suis pas cette etape. Là je n'ai pas encore repris le controle, je ne m'autorise pas encore a vivre pour moi. un nouveau moi, car cette epreuve nous change irremediablement bien sur. Yoann a fait de moi, la personne que je suis aujourd'hui...je me le repète tous les jours comme un leitmotiv. le manque lorsqu'il me prend me semble encore plus aigu qu'avant. mais comme tu l'ecris , il me faudra vivre avec...et le mieux possible car il n'y a pas d'autre option, Yoann ne reviendra pas...jamais dans cette vie.

desolée mes propos sont décousus


mais merci pour ce message d'espoir, il me reconforte ce matin

je t'embrasse
sofi

Marieroger

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #3 le: 23 mai 2012 à 08:45:27 »
18 mois pour moi que l'Amour de ma vie nous a quittés et comme toi Chantal je ressens tout ce que tu décris et suis fière du chemin que j'ai, que nous avons parcouru avec mes enfants, nos enfants. Mon mari doit être fier de nous, j'en suis sûre! Et je vais tout faire pour continuer à avancer pour lui, pour nous.
Alors merci Chantal pour ce message d'espoir.....
Prenez soin de vous amis du forum

Marie

HIRONDELLE

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #4 le: 23 mai 2012 à 09:02:55 »
Bonjour Chantal

Comme c'est rassurant de savoir que la douleur sera remplacée par l'apaisement et cela fait du bien à mon stade

J'ai perdu mon François le 3 avril 2012 et je mesure ce qu'il me reste à parcourir mais j'avance doucement pour mes grandes filles et mes petits-enfants à qui il manque tellement

Le forum et les correspondances que j'entretiens m'ont apporté beaucoup et mes lectures également

merci encore Chantal pour ton témoignage
Amicalement

Hirondelle

Chris-ka

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #5 le: 23 mai 2012 à 09:27:34 »
Chantal,

Merci pour ce beau message d'espoir. Tout ce que tu as vécu depuis 19 mois décrit tellement bien les douloureuses étapes du deuil, ce long cheminement ....

Un peu plus de 5 mois que mon Amour est parti, alors je suis encore loin de ressentir un certain apaisement, mais comme le disent Daniel, Sofi, Marie-Roger et Hirondelle, nous y parviendrons !

Merci encore de nous faire partager ces moments en ce nouveau début de journée.
Karine

QUENOUILLE87

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #6 le: 23 mai 2012 à 11:20:27 »
Bonjour à vous,

Ce matin, je suis allée au crématorium chercher les cendres. Ma fille voulait y aller seule, faisait semblant d’être indifférente à cette épreuve, donc je ne lui ai rien dit et y suis allée. Ça a été difficile, mais voilà, il est là, dans le bureau, à l’endroit où il s’est éteint il y a presque deux mois. Et je vais devoir l’amener durant 3 h de route avec nous ce WE.

J’ai du mal à réaliser que je serais apaisée un jour. Je pense tracer le même chemin que la plupart des gens, mais ne l’imagine pas encore. Le sentiment de culpabilité qui me tient dès que mon esprit s’évade un peu en présence d’amis ou de mes filles. Je me refuse de rire, je me dis : qu’est-ce qu’il penserait de me voir rire si peu de temps après son départ ? C’est peut-être ridicule, mais il était assez jaloux de me voir partir à des activités qu’ils ne partageaient pas. Alors, si jamais il peut me percevoir, me voir, que doit-il penser ? Nous n’avons pas pu anticiper ce départ si brusque, nous n’avons jamais parlé de la mort, du départ de l’un ou de l’autre, nous n’y avions même jamais pensé. Nous sommes trop « jeunes » pour y penser. Est-ce qu’il serait vraiment heureux de me voir me relever, me voir aller mieux alors qu’il n’est plus ? Tant de questions qui sont sans réponse. Pour l’instant le manque est si important, il m’emplit si complètement, que chaque jour est une épreuve supplémentaire.

Nathalie

elo73

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #7 le: 23 mai 2012 à 13:55:36 »
Oui merci pour ce message d espoir, lorsque nous sommes dans la tourmente nous avons tendance a oublie et surtout a ne pas concevoir que la vie continue sans lui il est vrai mais pour lui, nos proches et puis pour nous la vie est la, présente, différente mais elle se conjugue pour nous toujours au présent. Bises Elodie

mc59

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #8 le: 24 mai 2012 à 22:48:38 »
bonsoir Chantal ;
contente d'avoir de tes nouvelles et de voir que tu avances .
tu écris : "Mon Amour me manquera toujours et je l'aimerais toujours mais Il vit EN moi, rien ni personne ne peut nous prendre ce que nous avons partagé et vécu ensemble"j'aquiesce complétement à cela ;
moi aussi je vis des moments plus sereins; et j'accepte les jours sombres, les jours de solitude et de larmes , en sachant que le ciel s'éclaicira à nouveau et que le lendemain sera un autre jour ..
marie-claire

cha7829

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #9 le: 25 mai 2012 à 09:07:40 »
Merci Chantal, tu me donnes un peu d'espoir.
ça fera 7 mois le 1er juin que mon mari est parti et c'est pire qu'au début.
Je vais devoir accueillir mes 1er petits enfants (des jumeaux) d'ici 3 semaines, sans lui, et j'ai peur. Il attendait avec beaucoup d'impatience d'être grand père, il n'aura jamais cette joie.
 Il a su que notre fils serait papa, il était tellement content, qu'il en a parlé au médecin et aux personnels soignants. Il disait : " il faut que je tienne pour voir le bébé" Il n'a pas su qu'il y en avait deux.
Je n'ai pas la même croyance que toi, je ne le sens pas présent.
Quand puis je espérer un peu de mieux ?
Par chance, 2 de mes 3 enfants vivent toujours avec moi, je ne suis pas seule. Mais que c'est dur !!!

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #10 le: 25 mai 2012 à 11:37:00 »
Merci Chantal, à te lire, j’éprouve le besoin de raconter…

22 mois et 3 jours. 25 mai 2012
Aujourd’hui je reprends le récit de mon chemin, (dont j’ai relaté le début dans le fil « Racontons notre histoire ») car ces dernières étapes (j’entends par là, la plus récente, car je sais bien qu’il y en aura bien d’autres), ces dernières étapes donc m’ont parues très importantes. Je n’en sors pas vraiment rassérénée, mais disons, avec un plus, peut-être une richesse douloureuse, mais une richesse.
Je ne saurais vraiment dire quand je m’en suis rendue compte, mais un matin, je me suis éveillée sereine. Il me semblait là, très proche, plus que proche. En réalité, je m’étonnais de me sentir plutôt bien. Et très vite, j’ai ressentie cette douceur de l’avoir avec moi, 100% du temps.

Extrait de mon « Journal » :
Je suis toujours en haut de la vague, ou plutôt, dans une eau calme et tiède, un peu comme un fœtus dans le ventre de sa mère. Pas de larmes, pas trop de manque et pourtant, vous, sans cesse, là.

Oserais-je avouer que j’ai l’impression de m’habituer, que le manque se transforme en souvenirs. Enfin, je ne sais pas vraiment comment l’exprimer mais, en ce moment, je ressens un changement intérieur, comme si … j’acceptais, enfin.
Est-ce possible d’accepter ? Est-ce encore un leurre ? Vais-je tomber de plus haut encore, si possible ?
Est-ce acceptable d’accepter ?

En revanche l’avenir me fait toujours très peur sans vous. Je n’ai pas la sensation de reprendre ma route sans vous, je ressens plutôt, comment dire, une certaine paix à l’instant immédiat, mais une grande incapacité à voir au-delà de l’immédiat.


Tout au long de ces 3 mois – de janvier à mars – j’ai eu quelques angoisses de le perdre, mais non. Comment expliquer cette sensation ? Un seul corps, le mien, une seule décisionnaire, moi, mais deux à penser, réfléchir, choisir, admirer, sourire, retrouver les couleurs du monde, apprécier la musique et la douceur du pelage de nos chats. Des questions dans ma tête ? Il va m’aider à y répondre ou à trouver seule la réponse. Il jouit de la vie avec moi, dans mon corps en vie, s’inquiète de ma fatigue et de ma santé. J’ai des flashs comme s’il me parlait, sans raison soudaine, je réponds à haute voix : Oui, je sais, vous avez raison.
Il est là.

La nature humaine étant exigeante, j’en voudrais plus encore, le voir, le toucher, le sentir, me glisser dans ses bras. Je tends la main espérant qu’il va la prendre, je tourne la tête espérant l’apercevoir, mais non, il est EN MOI.

J’ai raconté cette sensation sur le forum, plusieurs fois.
Oui, on peut envisager que je me rapproche de la camisole de force. Mais moi, ce que j’y vois, c’est une grande douceur, une plénitude comme l’exprime Bénédicte et une reprise de confiance.

Pendant cette période j’ai entrepris plein de choses, attaqué des travaux, et … fait des projets.
J’ai commencé la rédaction de notre histoire. Mon esprit s’est senti allégé, clair. J’ai retrouvé un sommeil réparateur. Les larmes n’étaient plus de chagrin, mais de tendresse. C’est sans doute pour cela que j’ai beaucoup écrit sur le forum, pour tenter de communiquer espoir et courage à ceux qui étaient si démunis et si profondément meurtris.
Bien sûr, on reste fragile, rien n’est vraiment résolu, tout est toujours inquiétant et parfois, l’absence physique est si douloureuse que le chagrin prend le dessus, mais la « consolation » de l’avoir là, au fond de soi apaise.

Extrait de mon « Journal » : 20 mars 2012
Je pense à vous encore et encore, mais en souriant. Tout ce qui est beau me fait penser à vous. Mais à présent, je ressens du bonheur en pensant à vous. Exit cet uppercut en plein estomac, cette montée de sanglots qui me broie la gorge, cet afflux de larmes qui trouble jusqu’à mon cerveau, noyée dans le chagrin. Non, je ne sais pas depuis quand, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas jusqu’à quand, mais je suis bien. Je pense à vous en souriant.
S’il me faut analyser, je dirais que le manque reste intact : comment m’habituer à ne pas vous toucher, vous caresser, vous étreindre, vous embrasser ? Comment ne pas ressentir un vide dans notre grand lit quand je cherche vos pieds avec le mien, votre main pour y glisser la mienne ? Non, l’absence physique reste insupportable. Mais dans ma tête… Comme me l’a rappelé Karine, sur le forum, je crois que j’ai atteint un cap, un cap essentiel. J’ai admis que je ne vous reverrais pas ici, sur cette terre, et j’ai établis une nouvelle relation avec vous. Cela a muri, lentement et difficilement, mais cela en valait la peine. Et ce qui me fait du bien, c’est que dans ce nouvel état, vous êtes omniprésent, là à chaque instant, à chaque seconde, dans ma vie, dans mes pensées. Je ne serais plus jamais seule.

Peut-être est-ce ce moment de forte température qui m’a ouvert les yeux ; enfin, non, pas ouvert les yeux, car en réalité, j’ai si peur de replonger dans la douleur et le chagrin que je ne veux pas ouvrir les yeux, je veux rester ainsi : vous et moi, vous si proche, presque en moi, une osmose parfaite et pourtant, chacun de nous garde son libre arbitre, comme lorsque nous discutions sans fin sur tous les sujets de la vie. Je suis sure que je suis capable de me mettre sur la terrasse, au soleil, avec un café et une cigarette et de nouveau refaire le monde avec vous ! Il y aurait maints échanges que je peux deviner tant nous nous connaissons, mais ce qui est étrange et délicieux, c’est que me viendrait en tête des propos nouveaux de votre part, comme si vous étiez là pour me répondre.
Quelque part, je culpabiliserais presque d’avoir acquis de la sérénité au bout de si peu de temps. 20 mois dans 2 jours. Mais je dois avouer que je savoure ce calme pleinement. La tempête a été si dure, si éprouvante, si douloureuse. Et je redoute tellement qu’elle ne revienne tout balayer d’une vague de fond inattendue.
Je sais que vous êtes aussi heureux que je sois enfin apaisée, vous me soutenez à bouts de bras et la tâche n’est pas facile pour vous. Là encore, c’est notre Amour qui aura vaincu ces épreuves. Vous et moi.

Pour demain, on verra.
Je vis aujourd’hui, uniquement aujourd’hui, mais demain ne me fait plus peur, s’il est comme aujourd’hui.


Aujourd’hui, j’accepte l’idée d’avoir franchi une nouvelle étape.
Cela n’a pas été facile. Car après cette douce euphorie de trois mois, presque de nouveau en couple, vous vous êtes soudain, doucement évaporé, comme ces brouillards de fin d’été posés sur une terre chaude par une température soudain plus fraiche et qui s’effilochent au fil de la matinée.
Et les questions sont revenues : Pourquoi ? Pour où ? Pour combien de temps ? L’angoisse est revenue, le chagrin est revenu, la peur, la solitude, le sentiment d’abandon et avec tout cela la susceptibilité, l’agressivité.

Extrait de mon « Journal » : 7 avril 2012
Je me sens très proche de vous et spleeneuse. Le gris reprend le dessus sur les couleurs de mon monde. Peu à peu, insidieusement, je sens que ma presque sérénité qui me semblait étrangement précoce s’effiloche. Je lutte, repousse dans ma tête tout ce qui peut de nouveau m’entrainer vers le fond, je ravale mes larmes dès la première montée.
C’était clair que cette période de calme et de semi-acceptation ne serait pas définitive. Cependant, elle m’a permis de connaitre une pause, l’importance étant aussi de savoir qu’elles peuvent exister ces pauses, et que ces moments sont doux et indispensable pour reprendre son souffle.


Avec le fol espoir de retrouver cette plénitude de ces derniers mois, je me suis jetée à corps perdu dans nos souvenirs, notre vie, photos, voyages… Mais non. Rien. Plus là. Plus de son, plus d’image. Plus  de « signes » même. Le silence et la solitude.
De nouveau des mauvaises nuits, de nouveau la fatigue, le manque d’entrain.
Je me plonge dans les lectures ésotériques, ai-je vécu une expérience ? Me suis-je fourvoyée, inventée un « moyen terme » à ma convenance ?

Extrait de mon « Journal » : 17 avril 2012
La mort, la souffrance, la douleur deviennent mon quotidien. Je ne sais pas, ou plutôt, je me doute que cela n’est pas très bon. Je lis essentiellement des livres sur le même sujet et recherche tout ce qui s’en approche sur internet.
La mort.
Nous étions si « vivants ».

Je suis bien morte avec vous ce 22 juillet 2010, comme je l’ai tant souhaité. Sauf que j’ai continué de respirer.
La Marina d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle qui a vécu avec vous.
C’est vrai que tout cela me torture, que je ne peux me sortir de l’esprit votre image, que je ne peux pas penser à autre chose. Tout au long des heures qui s’écoulent, je me suis habituée à vivre ainsi, avec vous en double, vous en calque. Et puis, à un moment, l’absence se fait intolérable, le besoin de vous, brutal, exigeant, un besoin quasi vital. Alors, la plus part du temps, je fuis, je cours, je m’échappe pour prendre la douleur de vitesse, la semer, la planter là et reprendre le cours de ma survie. Parfois, je m’y plonge, tête la première, je me blesse, je me meurtrie, je gratte, arrache, triture jusqu’à me faire saigner le cœur à blanc.


Extrait de mon « Journal » : 27 avril 2012
Avez-vous l’impression, après 21 mois d’avoir rempli votre mission ? Celle de me rendre « indépendante », responsable, capable d’avancer sans vous ? Voulez vous de votre coté reprendre votre liberté ?
Je ne crois pas être prête, sans vous, je fais chaque jour des bêtises, gâche mon temps et notre argent, me pose mille questions sur comment, quand et avec qui. Oui, je cherche dans ma mémoire, qu’aurait fait Pierre ? Et je tente de faire ce que je crois bien. Mais ce n’est pas facile et un mot m’aiderait bien, encore…

Mais si cela doit être comme cela, maintenant, j’en accepte les nouvelles règles.
Curieusement cette idée ne m’affole pas. Enfin, pas trop. Du moment que vous êtes là et que moi, je peux vous parler. Non, je crois que même si vous ne communiquez plus avec moi, vous avez toujours un œil sur moi et que si je vous appelle au secours, vous serez là, aussitôt, toute ma vie, jusqu’à ce que nous nous retrouvions.


En réalité, c’est un peu du bourrage de crâne car c’est un nouveau cap difficile à passer.
Sur le forum, encore, j’ai lu plusieurs témoignages de personnes qui se disaient avoir senti l’obligation soudaine de « rendre sa liberté » à leur Amour disparu, un peu comme si la demande devenait pressente, « Il faut que j’y aille maintenant, tu peux continuer seul(e) ».

Extrait de mon « Journal » : 2 mai 2012
Le deuil est un animal sauvage.
Peu à peu, avec mille précautions, avec une infinie patience, avec de la volonté, de la pugnacité, on finit par l’apprivoiser. On accepte sa violence, sa domination, sa brutalité, sa cruauté et peu à peu, il s’adoucit, se calme, se fait presque oublier et on l’entendrait même ronronner…
Il vit avec nous, en nous.
Mais il reste un animal sauvage.
Soudain, à la moindre faiblesse, il attaque et vous mord cruellement.
Retour au point zéro.
Connaitre son ennemi, pour mieux le dominer.
Et ne pas baisser les bras.

Longtemps que je n’avais pas tant pleuré.
Longtemps que je n’avais pas tant souffert de votre absence, de votre silence, de votre abandon.
Je vous en voudrais presque, me disant que là où vous êtes, vous baignez dans l’Amour absolu et vous me laisser dans la détresse et le désespoir.
Pourquoi ?


Extrait de mon « Journal » : 10 mai 2012
Parti. Disparu. Ailleurs.

Sans vous la vie est à peine supportable. A peine. Je la vis parce qu’on me l’impose.
Je m’étais sans doute inventé une petite douceur pour me pousser à continuer : Vous dans un monde merveilleux de lumière d’Amour, avec ceux que vous avez aimés et qui vous ont accueilli, avec tout ce qui peux vous rendre heureux. Pas de mal, de douleur, de souffrance, de stress… Et vous quand même avec un regard sur moi, jamais trop loin, toujours attentif, me permettant de ressentit votre amour à travers les limbes qui nous séparent.
C’était loin d’être parfait, mais jouable.
Ce nouvel état m’a fait replonger dans le noir. Certes, il y a quand même l’habitude de ne pas vous croiser dans le jardin ou au détour d’un couloir. Il y a votre place vide dans le salon, à table ou notre lit, je le sais maintenant. Il y a ce que j’ai appris à faire, parce que vous n’êtes plus là pour le faire. Toutes ces choses qui vous appuient sur la tête lorsque la personne que vous aimez le plus au monde disparait.
Il me reste l’absence, le vide, le manque de vous, le toucher, l’odorat, la douceur de votre regard, de vos baisers, la tendresse de vos étreintes… Vous.
Vous, virtuel, c’était mieux que pas de vous du tout.
Aujourd’hui, rien, ni vous physiquement, ni vous virtuellement.


Aujourd’hui, je commence à « accepter » ce nouvel état. Je suis vraiment seule pour reprendre le chemin, mais j’ai encore acquis une richesse et quelques certitudes : Ils ne sont pas loin, mais ils doivent être libres. Libres de partir ou de rester et peut-être de revenir ? Qui sait ?

Une fois encore, je me livre très intimement à vous, en copiant notamment des extraits de mes textes écrits «  à chaud ». Ils me semblent refléter exactement mes sentiments à l’instant de leur rédaction.
Si je me livre ainsi, c’est simplement pour apporter mon témoignage, pour que ceux qui l’attendent puissent trouver un espoir, ceux qui le vivent sachent que l’on en sort, et ceux qui l’ont vécu ne pensent pas, comme je l’ai pensé, frôler l’hôpital psychiatrique.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Chris-ka

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #11 le: 25 mai 2012 à 13:52:05 »
Une Marina qui revient de plus belle ... qui sait si bien jouer avec les mots, qui sait si bien exprimer ce que nous ressentons tous ...

Je reste sans mots, moi par contre ...

Je t'embrasse Marina, c'est tout ce que je peux faire pour l'instant !
Karine

sofyoan

  • Invité
Re : Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #12 le: 25 mai 2012 à 14:09:44 »


La nature humaine étant exigeante, j’en voudrais plus encore, le voir, le toucher, le sentir, me glisser dans ses bras. Je tends la main espérant qu’il va la prendre, je tourne la tête espérant l’apercevoir, mais non, il est EN MOI.


Marina

douce Marina,

j'ai aussi ecrit que Yoann etait en moi, et depuis quelques jours je me surprends à de nouveau fixer l'embrasure de la porte et de me dire et si il arrivait....
pauvre folle que je suis  :'( ....meme pas 6 mois...mon dieu que le chemin va etre long

 :-*

sofi

alsy

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #13 le: 25 mai 2012 à 22:56:46 »
Bonsoir à tous...

Et voilà notre douce Marina revenue...
contente de te lire Marina... et de nous livrer des extraits de ton journal...   
de nous donner l'espoir.. de ne pas vivre seul... dans un monde qui n'est pas le nôtre...
le monde des vivants... le monde des morts... notre place où est elle ??
Qu'il est long ce chemin ! :-\
mais avec tes histoires vécues... tu nous aides à avancer.... et trouver l'espoir
Merci  :-*

Caroline3

  • Invité
Re : Continuer sans Toi !
« Réponse #14 le: 26 mai 2012 à 00:31:07 »
Chère Marina, en effet, tu te livres, coeur ouvert. Ton expérience est riche et tu es privilégiée de l'avoir vécu, peu de personnes peuvent avoir connu cette félicité de la pure lumière. Qui sait, tu as été protégé par cette douce et bonne présence?

Merci pour ce partage tout en bonheur, en réveil terrible. La vie est là, avec nous.

Bonne nuit, Marina

Caroline xx