paru dans Le Figaro :
"Pour les collégiens et lycéens, tout semble donc bon à prendre.
Lucie*, ancienne élève dans un établissement catholique, en témoigne d’ailleurs d’une voix tremblante. À l’époque, la jeune fille a une professeur de mathématiques que personne n’aime vraiment car «elle est loin d’être sympa», précise-t-elle en préambule. Sur les discussions de groupe, les camarades de la collégienne s’en donnent ainsi à cœur joie : «Elle était tout le temps insultée, critiquée». Mais la situation prend une tournure nouvelle lorsque certains garçons de la classe découvrent que la femme d’une cinquantaine d’années est veuve et que son mari s’est suicidé quelques années auparavant. «Ils ont remonté sur son profil et ont vu une publication où elle semblait dire au revoir à son mari», raconte Lucie honteusement. «À partir de là, c’est devenu horrible».
Pendant les cours, ces quelques élèves multiplient les allusions pour blesser l’enseignante : «Madame, ce contrôle de maths me donne envie de me suicider», «Madame, cet exercice me donne envie de mourir». La professeur tient le choc, botte en touche et leur demande d’arrêter. «Ne dites pas ça, ce ne sont que des mathématiques». Les élèves poursuivent, insatiables, jusqu’à ce qu’elle fonde en larmes en classe, essorée par les commentaires, et se mette en arrêt maladie pour dépression. Pour le représentant syndical Maxime Reppert, toutes ces histoires sont les signes que «tous les personnels de l’Éducation nationale, des chefs d’établissement aux enseignants, en passant par la vie scolaire, peuvent devenir des cibles». «C’est le mot qui résume extrêmement bien la situation», insiste-t-il."
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/ils-ont-retrouve-ma-video-et-l-ont-passee-sur-une-enceinte-le-calvaire-des-enseignants-traques-par-leurs-eleves-sur-les-reseaux-sociaux-20240330