...On la supporte, sans vraiment comprendre pourquoi les portes se ferment, pourquoi les copains nous évitent et n'appellent plus.
Mais il est vrai aussi qu'on traverse un tel cataclysme que les autres sont accessoires dans notre douleur et sur notre chemin. On est tellement tourné sur nous-même, à souffrir, à refuser la réalité, à vouloir parler de l'absent comme s'il était toujours vivant... que sans doute ça fait leur peur. Notre chagrin les met mal à l'aise. Ils n'osent pas aborder le sujet de la mort avec nous, parce qu'ils ne se sentent pas vraiment concernés et qu'ils ne veulent surtout pas l'être !!!...
Je trouve ça stupide bien sûr, alors qu'on essaie justement de ne pas imposer aux autres nos larmes, notre désespoir, mais peut-être est-ce trop visible quand même, parce qu'en effet, non seulement on se retrouve veuf/veuve mais en plus bien seul/seule...
Il y a quelques jours, une personne qu'à l'époque je considérais comme une amie a repris contact avec moi... au bout de 5 ans de silence absolu sitôt les obsèques terminés. Pas un coup de fil, pas un courrier, pas un mot, rien... et elle est psychologue en plus !... Sincèrement, je l'avais relancée plusieurs fois à l'époque, en vain.... Jamais une réponse, nada... Et soudain, la revoilà, tout guillerette, se trouvant des excuses pour m'avoir laissée tomber et ne pas s'être inquiétée de moi et de mes enfants pendant toutes ces années.... Incroyable ! Ah... Il est temps de s'interroger sur la façon dont j'ai continué ma route, sans mon mari !...
Malheureusement, je ne suis plus la même. On apprend beaucoup des coups qu'on reçoit !... Je n'en veux pas à ceux qui m'ont laissée me débrouiller seule après la mort de mon mari, mais je n'ai plus besoin d'eux. Ils en m'intéressent plus et je m'étonne de ce soudain revirement d'intérêt pour moi et mes enfants !...
Peut-être étions-nous comme ça, envers ceux et celles qui se retrouvaient veufs et veuves, avant que la mort ne nous touche personnellement... C'est même probable. Ca fait mal, mais ça permet aussi de faire un vrai tri parmi ceux qui en valent la peine, qui étaient les vrais amis et qui le resteront, et les autres qui ont croisé notre route à un moment, mais dont il est inutile de s'encombrer dans la nouvelle vie qu'on va devoir vivre seuls/seules désormais...
J'espère pour toi qu'il te reste quelques rares mais vrais amis.
Courage. Je t'embrasse.
M.