Chère Lisa,
Je pense fort à toi... J'ai moi aussi perdu mon compagnon d'une crise cardiaque, à l'âge de 33 ans, en avril dernier... La souffrance, la sensation d'être dans un enfer terrestre... je connais. Malheureusement. Comme beaucoup ici...
La sensation d'être incomprise, seule au monde, également... En ce moment, c'est l'une des sensations qui me pèse le plus... Cette impression d'être dans un ailleurs, coupée des autres et de cette vie qui continue, sans nous avoir véritablement repris dans son cours...
Ici, tu peux parler de ce que tu vis, de ce que tu ressens... le dire, le redire, y revenir... Tu seras comprise. J'espère que de parler et d'être lue t'apporte et t'apportera un petit peu de baume au cœur.
Lorsque tu dis à quel point tu aimerais rêver de ton chéri, ressentir sa présence... et que tu ne ressens que cet immense vide: ça me touche, me parle tellement... Ces moments où on ne trouve plus rien à quoi se raccrocher, pas même un filet de foi ou d'espérance... Je connais cette sensation... Que dire alors? Courage? Ce petit mot, cette recommandation semble vaine, creuse... presque déplacée... Et pourtant, oui, il nous en faut du courage. Et sans te connaitre, je devine que tu en as... Pour avoir organisé ce moment de partage avec d'autres proches le jour de l'anniversaire de ton chéri, pour continuer à travailler, pour poser un pied devant l'autre malgré tout... Tiens bon...
Pour ma part, j'ai cette conviction (personnelle bien sûr), que même si parfois ils nous semblent si loin, inaccessibles, nos amours sont toujours là quelque part. Et que le lien qui nous lie existe toujours. N'est pas rompu. D'ailleurs, s'il était rompu, comment pourrions nous autant souffrir de leur absence?
Je ne sais pas si ça trouvera écho en toi, mais pour ma part, dans les moments où j'ai la sensation de ne plus du tout ressentir la présence de mon chéri, j'essaye de prendre du temps pour m'apaiser, calmer mon angoisse comme je peux... Puis je me mets face à un portrait de lui (parfois je n'en ai pas besoin, mais ça peut aider) et je lui parle à haute voix. De tout. De ma souffrance, de mes questions, du manque, de la peur... Des petits mieux quand il y en a... Hier par exemple, j'étais seule et j'ai installé un "petit hôtel" avec son portrait à table avec moi. J'ai allumé des bougies et je nous ai servi un verre de vin à tous les deux. Et je lui ai parlé, de tout de rien... L'idée peut sembler étrange, au prime abord, mais je ne crois pas qu'elle le soit. Personnellement, ça me fait du bien...
Chère Lisa. J'espère que tu trouveras toi aussi, des petites choses... petites béquilles, petites lueurs sur ce sombre chemin. Et quoi qu'il en soit, accroche toi... L'hiver vient, s'en va, revient... mais même si c'est dur à croire, il ne dure jamais pour toujours.
Je t'embrasse.