Ma pauvre chérie, là tu es en pleine phase deuil, en pleine sidération, comme nous sommes tous dans cet état ici, nous ne pouvons que compatir et y aller chacun de son petit conseil qui ne vaut que si tu penses que cela te correspond. Personnellement comme je le raconte souvent, j' ai vite tranché: Je suis obligée de vivre mon deuil docteur? Oui, vous n' avez pas d' autre choix. Bon alors, droguez-moi, allé hop, envoyez les éléphants roses et autres bestioles volantes et que je dorme 12 heures par nuit de façon à ce que la journée soit déjà à moitié écoulée quand je me lève et les douze heures restantes, j' ai prié les enfants de me trouver du boulot car je suis jeune retraitée. Voilà comment je viens de passer ces 4 mois d' enfer.
A la dernière séance chez le psychiatre, d' après sa cotation, ses notes et conclusion: voilà madame, vous êtes en train de réintégrer votre personnalité première, vous avez donc fait du progrès. Alors je t' explique, le deuil déstructure l' endeuillé, c' est-à-dire que tu perds ton conjoint, ton couple, ton présent et ton avenir commun, bref, tu as perdu très gros, du coup ta personnalité a implosé et le deuil consiste à recoller tous les morceaux possibles, récupérer ce qui faisait ton individualité et repartir sur le chemin de la vie. Il parait que ma personne reprend forme, je le sens bien, il a raison, je reprends du poil de la bête, bon ça ne durera pas non plus m' a-t-il prévenu, au prochain gros problème du style (santé d' un membre de la famille, divorce d' un proche...) je replongerai mais au moins la période d' accalmie m' aura permis de savoir que je peux aller mieux, j' ai donc pris conscience que je peux aller mieux a-t-il insisté. Merci docteur, ça me fait un bien fou de venir vous voir, déjà de voir la salle d' attente pleine comme un oeuf me permet de me soulager sur le fait que des éclopés de la vie comme moi, hélas, y' en a à foison, et des cas compliqués aussi.
Bref tiens bon le temps de digérer le choc, tu verras après tu pourras souffler un peu mais surtout soigne-toi, on ne reste pas dépressif sans se soigner.
Bisous du sud caniculaire, tiens, je vais faire ma sieste.