Bon matin Annick, ici, c'est le début de l'après-midi (Québec).
Je ne te souhaite pas la bienvenue, un peu quand même, mais je sais bien qu'on ne commence pas un cheminement ici de gaieté de coeur.
C'est vrai, tu as tout dit, alors que tu en es à trois mois. On dirait qu'on ne calcule plus comme avant. Nos références vont toujours être "depuis 2 jours, depuis 1 mois, depuis 3 mois, 6 mois, 1 an... le choc, 18 mois, à chaque 21 avril, puis deux ans, le clash, qui revient à trois ans...
Je suis rendue à 2 ans (j'avais écrit 1 an!!!), et mon gros choc est présentement... je suis en arrêt de travail et ça fait du bien, et ça fait mal, et j'en suis à une autre étape que la tienne.
Toi, ta douleur est fraîche, ta proximité avec ton mari est toujours là, tu touches ses vêtements, tu t'occupes des éléments tangibles, qui te permettent de le sentir, encore et encore. Et ça fait du bien, et c'est tout à fait normal.
Même si je ne peux pas affirmer que "Waow, ça va mieux après deux ans", je peux tout de même dire: "Je comprends ce qui se passe dans mon corps et je suis saine, je suis normale, je vis la douleur, la perte d'un homme pas parfait, mais auquel j'étais profondément attachée, l'idée de projets, nos projets, dont l'éducation de notre enfant"... Elle avait 7 ans. Elle en a 9.
Je suis déçue, énormément, de plusieurs choses (dont ma famille qui a été absente presque totalement), j'ai des peurs (peur de perdre une enfant, de mourir beaucoup plus fort), peur de ne pas avoir assez d'argent et en même temps, comme je prends le temps de "travailler mon deuil", pour de vrai, accompagnée par un psy, un médecin, des amis, une soeur, des connaissances, je ne me sens pas autant "sautant dans le vide".
Je ne suis plus seule, et je ne me vois plus comme une "anormale": je vis un deuil tout ce qu'il y a de plus classique et j'avance bien.
Je suis persuadée, sûre à 100% que j'irai mieux d'ici un an, deux ans peut-être. Avec des hauts et des bas.
Aujourd,hui, c'est un bas, hier, c'était un haut.
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Oui, bien sûr, tu iras mieux. Un élément à comprendre, en ce moment et si c'est souffrant à entendre et que tu ne le croieras peut-être pas, c'est
"Ce sera long, très long, mais la lumière, tu la verras un peu plus, à chaque pas".Si tu as le temps, je te suggère de commencer à regarder le premier vidéo, qui ne dure que quelques minutes. C'est extrêmenet soutenant. Avec le temps, je t'en suggèrerais d'autres.
Et ici, tu auras le soutien intellectuel dont tu as besoin, tu "rencontreras" des humains qui vivent la même chose, des "nouveaux" comme toi, et des anciens.
Ils sont fantastiques, comme Marina qui vient de te répondre. Elle m'a pris par la main voilà deux mois, et elle m'a un peu sauvée.
Je t'embrasse et te souhaite une bonne journée
http://traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement/module-2--les-premiers-temps-du-deuilCaroline
