Je comprends Pucinette, l'espoir ne fait pas vraiment partie de notre vocabulaire durant les premiers mois de deuil, et parfois même au-delà. Dans ces moments-là (cette terrible première période de deuil) , le seul espoir que nous ayons est de traverser la journée, puis la nuit, au jour le jour, de continuer à tenir le coup. C'est déjà assez dur de se battre au quotidien, dans l'instant, pour en plus se projeter dans l'avenir. Il faut davantage de temps pour en venir à "espèrer", parce-que notre douleur, bien qu'encore contenue, commence à devenir plus supportable, que quelques embellies commencent à apparaître. On commence alors à espèrer que ce léger mieux-être continue, s'amèliore, que les beaux souvenirs qui nous font sourire par intermittence prennent de plus en plus le pas sur les autres, ceux de la mort de l'être aimé et de tout ce qui l'a précédée et suivie.
Je pense que plusieurs d'entre nous ont été tenté d'èchapper à cette souffrance implacable, omniprésente en allant rejoindre l'autre...j'avoue que durant ces premiers mois j'y ai plusieurs fois pensé, mais j'ai toujours réussi à juguler ces pensées en me disant que Pierre, mon compagnon, n'aurait pas voulu ça, bien au contraire; j'en ai d'ailleurs la preuve puisqu'il m'avait dit plusieurs fois, durant les derniers mois de sa vie: "Si un jour on n'est plus ensemble, d'une façon ou d'une autre, je veux que tu continue à vivre, et que tu vive bien. Je veux que tu vive pour toi, que tu ai une belle vie." C'aurait été aller contre sa volonté que de mettre fin moi-même à ma vie. Je lui ai juré intérieurement de garder la tête hors de l'eau, de continuer à vivre, pour lui, pour moi, pour nous, et de vivre le mieux possible quand j'irais un peu mieux. Je voulais-je veux toujours-qu'il puisse être fier de moi, m'approuver de là où il est. Respecter sa volonté était le meilleur-même si c'était peut-être le plus difficile-moyen d'honorer sa mémoire.
Je pense aussi que si je suis toujours en vie, c'est que j'ai encore quelque chose à faire ici-bas, et qu'il aurait voulu que je le vive-le connaissant. Je me suis dis aussi que si la situation avait été inversée, j'aurais voulu moi aussi qu'il continue à vivre la vie à laquelle il aurait eu droit. Ca ne signifie pas oublier, loin de là, je sais que son souvenir sera toujours en moi, mais d'accepter de vivre, même c'est ce peut être très douloureux, et d'accepter, d'acceuillir les embellies, puis le mieux-être lorsqu'ils surviennent.