Bonsoir Pucinette,
Un mois. C'est tout, et ce n'est rien, dans cette temporalité démente qui nous met la tête à l'envers.
C'est une éternité et un battement de cils.
Combien de nuits, de jours, de secondes, de mois, d'années, pour que s'achève cette dérive des continents qui nous entraîne de notre vie d'avant le malheur, à notre nouveau cheminement ?
Du temps, il en faut pour parvenir à se relever, Pucinette.
Celle qui te répond ce soir n'est assurément pas l'hébétée branchée sur pilote automatique qui comptait trente jours après l'incroyable matin du départ de son tant aimé.
Trente jours, bien trop tôt pour seulement parvenir à imaginer un lendemain.
Trente jours, pas assez, pour reconstruire tout un monde.
Trente jours...le temps de plonger dans l'impensable, de perdre le sommeil, de chercher à comprendre, de se perdre dans ces démarches qui déchirent le cœur...
Un mois, donc. Une période de cet après qui n'est pas la plus simple, me semble-t-il.
Je voudrais te consoler, Pucinette, mais suis bien impuissante.
Un mois... c'est aussi le début du cheminement qui va nous éloigner de la trop grande douleur.
Il faut que tu parviennes à croire que la souffrance va doucement perdre de sa violence.
Te l'écrire, ce n'est pas mentir ; la route, je l'ai faite, et je suis debout.
Je vais mieux.
Bien sûr, le soleil oublie certains matins.
Et les sourires revenus n'empêchent pas la gravité.
Mais j'ai traversé le maelstrom que tu affrontes en ce moment, Pucinette et j'avance, debout.
Toi aussi, tu y parviendras. Tu verras.
Prends soin de toi.
Je te souhaite une nuit sans larmes, et le repos tranquille dont tu as tellement besoin.