Auteur Sujet: COLÈRE  (Lu 4509 fois)

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Odai

  • Invité
COLÈRE
« le: 25 février 2013 à 22:29:46 »
Bonsoir,

ça fait trois mois maintenant que j'ai perdu mon compagnon qui allait avoir 33 ans (j'en ai 29).
J'ai perdu tout ce que nous avions réussi à construire tous les deux dans notre vie de jeunes adultes.
Je n'ai plus mon compagnon alors que ça faisait 7 ans qu'il faisait partie de ma vie, je ne vis plus dans le logement où nous étions si heureux ensemble, je ne travaille plus pour le moment...
Me voilà à traverser cette grande inconnue et à revenir à une situation de dépendance vis à vis de mon entourage.
Je vis actuellement chez ma tante et mon oncle. Une de mes amies vit également en ce moment avec nous puisque le hasard veut qu'elle ait décroché un remplacement dans la ville où ma famille habite. Nous sommes donc toutes les deux hébergées sous le même toit, ce qui est une chance puisque qu'elle m'apporte un soutien d'une grande valeur pour moi.

J'en viens au sujet qui me préoccupe. J'ai lu ici et ailleurs que la colère est une émotion bien normale dans l'épreuve que nous traversons.
Personnellement, ça fait deux jours que je suis TRÈS en colère, c'est un ouragan en moi.
Autant, la tristesse qui étreint si vivement à pleins de moments de la journée (et de la nuit), je parviens souvent, quand elle surgit, à identifier l'élément qui l'a déclenché. Autant là, pour la colère, je ne sais pas. C'est une lame de fond qui m'entraîne.
C'est parti d'un détail je crois, d'une phrase qu'un de mes proches a dite et allez c'était parti !...
Après je voyais tout sous le prisme de la colère et elle grandissait, grandissait jusqu'à m'embrouiller l'esprit tout entier.
Seule dans mon coin, je ressassais idées noires et ressentiments...

Aujourd'hui, mon amie est venue me trouver pour essayer de décanter la situation. Déjà face à moi et à cette colère qui devait être bien perceptible, je l'ai senti d'emblée froide et sur la défensive. Je lui ai dit qu'il ne valait mieux pas parler maintenant parce que je n'avais pas les idées assez claires pour m'expliquer... Mais malheureusement, la situation a dégénéré. Ma colère a explosé.
J'ai dit: "Tout le monde s'en fout de toute façon !"
Alors que je sais pertinemment que ce n'est pas vrai !...
Mais c'est sorti comme ça !... Je sais que quand on est très malheureux, on peut devenir agressif et dire des choses injustes, mais comment être dans une telle détresse sans être à un moment ou à un autre injuste et irrationnel ?!....

Mon amie n'a pas supporté que je prononce cette phrase injustifiée. En réalité quand je dis "Tout le monde s'en fout" c'est vraiment mal formulé mais ça exprime un constat auquel je suis arrivée: je me rends bien compte que pour les autres la vie continue, je réalise la chance que j'ai d'être entourée mais je sais que le cœur, le gros de l'épreuve c'est à moi de l'affronter toute seule.
Personne ne peut m'accompagner dans les limbes. C'est à moi de trouver mes propres solutions, c'est la réalité.
Et être face à cette solitude béante ravive le manque de mon amour. Être face à tous ces projets démolis, à tous ces rêves avortés, devoir faire les choses pour moi toute seule (quel intérêt) ça génère en moi une grande détresse mais aussi ces derniers jours, beaucoup de colère !!!

J'ai essayé d'expliquer le fond de ma pensée à mon amie mais elle était déjà braquée, elle a même pleuré. J'ai eu l'impression qu'elle cherchait à me culpabiliser, alors je lui ai dit "Non, mais tu vas pas pleurer maintenant ?!... C'est pas à toi de pleurer !"
Elle m'a jeté: "Qui a été là pour toi hein, quand t'appelais en pleurant ?!..."
"Ah et je savais pas que je te devais quelque chose, lui ai-je répondu, moi quand je viens consoler c'est gratuit."
Enfin bref, j'en passe mais ça a malheureusement dégénéré !

Je comprends bien qu'il est injuste de déverser sa rage sur ses proches... Il n'y sont pour rien. Ce n'est pas de leur faute...
Alors voilà une question: Lorsque vous êtes traversés par la colère, qu'est ce que vous en faites ??... Comment l'exprimer sans faire trop de dégâts ?

Et puis voilà un autre point qui m'interroge. Je pars de mon expérience personnelle pour dégager ce constat.
Pourquoi ai-je l'impression qu'autours de moi, les manifestations de tristesse sont mieux tolérées que les manifestations de colère ?....
Ces derniers mois, j'ai pleuré plus que dans toute ma petite vie entière, j'ai eu la chance de pouvoir trouver des épaules compatissantes pour m'appuyer. Mais les quelques fois où la tempête s'est levée, les gens autours semblent se sentir agressés, désemparés... C'est comme si pour la plupart des gens, l'expression de la colère les agressait, les menaçait. Alors que quand je crie, je pleure aussi à l'intérieur...
C'est pas sorcier de comprendre que c'est là, le désespoir qui se déploie.
Voilà des semaines que je suis chez ma famille. Et depuis des semaines, seule dans les ténèbres, je développe une masse insensée d’énergie pour essayer d'être forte, pour laisser venir mais ne pas se laisser envahir, pour m’écouter et en même temps me forcer, pour affronter sans oublier de me protéger, etc... Et ça y est la première phrase qui dérape et c'est le conflit !
Alors quoi pour la colère, il y a pas de tolérance ?



« Modifié: 26 février 2013 à 01:04:55 par Odai »

clara

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #1 le: 25 février 2013 à 23:21:17 »
bonsoir
c'est compliqué de te répondre ... tant de sentiments différents nous traverse pendant la première année ... tout se bouscule,s'enchaine, tourbillonne ...
la colère (pour moi) a été l'alternative au désarroi ... j'ai "tenu" la tête haute "grâce" à la colère ...
je pensais devoir me montrer forte alors quelques larmes, beaucoup de colère intérieur et puis de temps en temps,ça explosait ... pour rien ... un objet mal rangé, une bouteille cassée et là c'était le drame...
tu es dans un état de grande fragilité et personne ne peut comprendre ce que tu vis ... tu as raison, personne ne comprends,mais ces personnes chez qui tu es et ton amie essaient ce qu'elles peuvent pour t'épauler ...
ma devise un moment était "aidez moi mais foutez moi la paix" !
c'est complexe n'est ce pas ?
oui tu ressens que tout le monde s'en fous ! mais pas tout à fait ... c'est juste que toi tu souffres (avec 2f parce que ça fait très mal) et que cette douleur à 3 mois est insupportable ...
c'est tout ce que je peux te dire ce soir ... j'espère t'avoir apporté un tout petit peu ...
Claire

mirele

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #2 le: 25 février 2013 à 23:35:15 »
Bonsoir Odai,

j'ai lu ton message, dont l'intitulé m'a frappée. laisse moi d'abord te dire combien je suis triste de la perte qui te frappe et vient bouleverser ta vie. Je ne suis pas la conseillère la plus avisée, loin de là, d'autres ici sont plus à l'écoute et trouvent mieux les mots. Mais je ne peux te laisser seule avec tes interrogations sans fond.
oui toute ta vie est changée, jusqu'aux émotions que tu ressens, qui sont plus fortes, exacerbées.

tu as le droit d'être en colère, c'est normal. Un tsunami vient de tout détruire autour de toi. Alors la colère contre ton entourage est justifiée, tu l'exprimes très bien. Et même la colère contre celui qui est parti. si tu ne l'aimais pas, tu ne serais pas encolère, vos projets avortés, vos rêves détruits...

La colère, tu peux l'exprimer ici, personne ne te jugera. On est tous passés par là. Ne garde pas cette colère, sinon elle va te dévorer. ici tu peux crier, hurler, rager.
j'ai aussi essayé d'hurler dans un champ, à la campagne, mais j'avais peur qu'on m'entende. chez le psy j'arrive à dire ma colère d'avoir été abandonnée.
Pourquoi pour la colère il y a moins de tolérance ? Je ne sais pas. Peut être parce qu'on nous a appris le "respect des pauvres morts". La colère choque, elle fait du bruit et dit des vilains mots. Elle est déplacée. Je n'ai pas trop rencontré ce problème car mon homme à moi s'est suicidé et la colère était partagée par tout l'entourage, c'est peut être moi qui ai eu le plus de mal à admettre que j'étais en colère !
Je trouve que nous, qui restons, dévastés dans les ruines de nos vies, somme bien plus à plaindre que les morts. Tu as le droit d'être en colère, qui ne le serait pas ? 29 ans c'est bien jeune pour connaître la mort, et puis ce retour à une certaine forme de dépendance... c'est dur, humiliant peut être, injuste aussi.
Je ne sais pas si je t'aide beaucoup mais en tout cas j'espère que tu auras ce message avant d'aller te coucher. Ici les "anciens" (j'ai 5 petits mois de deuil) essaient de réconforter les "nouveaux", mais je suis tellement empêtrée moi -même dans mes propres sentiments.
en tout cas, dis toi que tout ce que tu ressens est normal, c'est le processus normal du deuil. Ce processus nous projettent dans un maelstrom de sentiments inconnus et contradictoires que les "autres" ne peuvent comprendre à moins de l'avoir vécu, ce qui fait que en plus, nous nous sentons en décalage constant avec le reste du monde. D'où les malentendus.
Parfois, j'ai honte de le dire, je suis jalouse et envieuse des petites vies tranquilles de mes collègues. Ils étalent chaque jour leur normalité sous mes yeux et je les déteste pour cela. Je n'en suis pas fière mais c'est ainsi. (Mais je n'ai pas osé leur exprimer ma colère !!!)

prends bien soin de toi. je me souviens de mon immense chagrin et de mon désarroi à 3 mois de deuil. A 5, la douleur est moins vive, elle me permet parfois de respirer. Tu y arriveras, je te le promets.

je t'embrasse

muriel

tititou

  • Invité
QU'ON ME FICHE LA PAIX, ET SURTOUT QU'ON NE ME JUGE PAS !!!
« Réponse #3 le: 26 février 2013 à 00:02:25 »
La colère...

A différents degres ... au début  face à l'incompréhension des gens qui nous entourent... ne savent  comment faire pour nous parler... nous donnent des conseils ..pensant nous aider ... comme toi disant... ne reste pas seule...après il sera trop tard... il faut vendre la voiture,... jeter ses affaires.... Après on se rend compte que  c'est en plus  par souci de nous...
Puis il ya eu la révolte... la révolte face au deuil... faire ce travail de deuil....passage obligatoire !!
pour moi... le faire mourir une seconde fois..
Puis  la colère de ne plus avoir le choix... que de le faire ce fichu travail ...
Maintenant une colère plus forte encore envers celui que j'aime qui m'a abandonnée et là je crie je hurle dans la maison, dans la voiture... la musique à fond... Pourquoi m'as tu laissée... envie de tout casser...
Colère ce soir car aujourd'hui soudain comme s" il n'avait jamais existé... plus rien ...plus aucun sentiment ....le vide ...
M'a-til vraiment abandonnée...
Depuis janvier... la colère ne m"a pas quittée...je sens parfois une telle violence monter en moi...
J"en veux au monde entier, aux menteurs, aux tièdes... à ceux qui ne disent plus jamais son nom... à ceux qui se servent de nos sentiments, de notre faiblesse... à ceux qui pense que le temps efface tout... à ceux qui ne comprennent pas notre colère ...
aux faux amis... à ceux qui détournent le regard devant notre détresse... à la famille qui nous éloigne pour ne pas gâcher leur fête... je m'en veux aussi d'être aussi virulente... Je ne veux plus me laisser marcher sur les pieds ...
je ne veux blesser personne sur ce forum...trop douloureux... trop de souffrance... trop de douleur en moi ...  pour en plus blesser le coeur de ceux qui ont aussi perdu quelqu'un...
Alors pardon si j'ai pu le faire... bien malgré moi... dans la colère... l'incompréhension... je ne veux de mal à personne.

"Mais qu'on me fiche la paix, et surtout qu'on ne me juge pas.
J'ai été trop trahie, je ne suis plus d'humeur...."

Depuis les un an de sa mort j'écoute  souvent cette chanson... en boucle... Elle me correspond

Corrigan Fest

je Marche....

http://youtu.be/8grFwF9Zlmk

Je marche dans la rue, je marche dans le froid
Y a-t-il une place pour les gens comme toi et moi ?
On voudrait bien de moi partout où je ne veux pas aller
En prison, à l'usine ou encore à l'armée

Je marche dans la nuit, je marche dans le vent
Les lumières de la ville brillent tel un firmament
Le temps n'existe plus, plus qu'un compte à rebours
Qui prendra tous les miens et puis me prendra à mon tour
Je ne peux pas prétendre avoir été parfait
Mais je ne regrette rien de tout ce que j'ai fait
Et quel est donc celui qui là devant mes yeux
Osera prétendre qu'à ma place il aurait pu faire mieux

Je marche dans la tempête, l'orage qui bat en moi
Le tonnerre, les éclairs guident chacun de mes pas
Je marche droit devant et je regarde au loin
Je presse la cadence et je serre les poings
J'ignore ce qui m'attend, ce qu'il en sera de moi
Un avenir incertain qui glisse entre mes doigts
Et pourtant je ne crains ni maintenant, ni plus tard
Et tout au fond de moi je conserve l'espoir

Sans être vraiment un ange je ne suis pas si mauvais
Je n'irai pas à Valcartier et encore moins à Parthenais
J'irai là où ma route voudra bien me mener
Je marcherai encore sans jamais m'arrêter
Chacun trace sa route, chacun fait son chemin
Je n'ai besoin de personne pour me montrer le mien
Je suis un homme libre, je refuse les chaînes
Je suis mon propre maître, mon propre capitaine

Bises à tous , amis et amis de coeur
je vous embrasse

Martine-tititou
« Modifié: 01 mars 2013 à 20:03:16 par tititou »

mirele

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #4 le: 26 février 2013 à 00:12:44 »
Martine,
je vis chaque jour chaque mot de ton message sur la colère ! merci de l'avoir dit ! c'est tellement juste ce que je ressens...

et surtout la colère de ne plus rien ressentir "comme s'il n'avait jamais existé", ce vide, c'est terrible. Quelqu'un m'a écrit un jour sur ce forum que c'était mon coeur qui se mettait en mode "pause" pour souffler un peu. Depuis, je prends un peu mieux ces moments de vide, de non-ressenti, d'absence hébétée de chagrin. Je ne me reproche plus d'être devenu un monstre insensible. La colère, l'amertume remplacent souvent l'amour et le chagrin ces dernières semaines...

je t'embrasse

Muriel

Fathio

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #5 le: 26 février 2013 à 00:14:50 »
Bonsoir Odai,

Pas facile de t'aider, mais je vais essayer, humblement, avec mes 7 mois de deuil (ma femme est morte subitement à 38 ans).

J'ai dépassé le stade de la colère, mais elle est normale, je pense, c'est une phase à traverser. À une période, je partais courir dans la campagne, et je criais, je hurlais, les cordes vocales et les bronches en feu. Parfois, je croisais des gens, qui me prenait pour un fou. Et alors, de quel droit me jugeaient ils? De toute façon, je ne les connaissais pas. Et 30s après, ils m'avaient oublié, alors quelle importance!
J'ai aussi cassé pas mal de trucs, j'ai tapé du poing (ma table basse porte des stigmates), j'ai cogné les murs en m'en faire mal aux mains, j'avais besoin d'extérioriser cette colère physiquement.
Cela m'a en tout cas permis une chose : je n'ai jamais retourné ma colère vers quelqu'un, je ne pense pas avoir été agressif avec ceux qui m'ont entouré.

Avec ton amie, ne ferme pas le dialogue, explique lui, franchement, en toute honnêteté, que tu ne t'es pas mise en colère à cause d'elle, que cette colère tu ne la maîtrise pas, que tu as besoin d'elle et que tu l'apprécies pour tout ce qu'elle a fait pour toi, et que tu comptes encore sur elle.

Le plus important est d'éviter les non dits, de rester muet sur ce qui s'est passé. Elle comprendra, j'en suis sur.

Je ne sais pas si j'ai pu t'aider, mais n'oublie pas que cette colère, tu peux venir ici la cracher à chaque fois que tu la sens monter.
Ici, tout le monde comprendra,
Douce nuit,
Fathio
« Modifié: 26 février 2013 à 00:25:04 par Fathio »

Tinou

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #6 le: 26 février 2013 à 06:27:58 »
Tout a été dit Odal, et bien mieux que par moi.

J'y ajoute seulement ma tendresse,

Matine

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : COLÈRE
« Réponse #7 le: 26 février 2013 à 10:25:32 »

La colère...

Comme il est vrai qu'elle est là, tapie,  cette colère ; prête à surgir on ne sait pourquoi.
Venue du tréfonds de notre souffrance.
Laide et violente anihilant le sens et la pensée.
Mauvaise conseillère ; que dis-je ... très mauvaise conseillère.

La colère ; celle qui fait son lit sur notre malheur, qui s'impose sans être jamais invitée, et qui nous submerge au risque de détruire  nos relations les plus précieuses...

Alors que faire ?
Mettre des mots dessus, peut-être ?
Pour la combattre, et faire barrage à ses effets ravageurs ?


*
« Modifié: 10 juillet 2017 à 23:17:57 par *Ephémère* »
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

tititou

  • Invité
Re : COLÈRE
« Réponse #8 le: 26 février 2013 à 13:30:58 »
Ma petite mère,

Te lire me fait pleurer... mais pas de peine, d'émotion face à l'intensité, la vérité de tes propos...
Cela me touche... beaucoup.
Je ne te connais pas mais au fil des tes messages j'ai appris à t'apprécier... à aimer la personne que tu es..
à la fois distante et proche... mais toujours douce et aimante.

Merci pour le cadeau de cette journée... ici plutôt embrumée...
Ton rayon de soleil me réchauffe déjà le coeur !

Alors... tu as raison ... Haut les coeurs !

 (je crois entendre Alexandre.... une de ses expressions... merci pour cette petite bulle)

Et maintenant, sens-tu... ma main sur la tienne, je te la serre trois fois ...

tendre amitié
Martine