FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: FeeViviane le 01 août 2014 à 00:47:51

Titre: Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 août 2014 à 00:47:51
Bonjour à tous et toutes,

Philippe est décédé le 30 janvier 2014 dans une unité de soins palliatifs, il avait 52 ans et moi 49. Après avoir eu, chacun de notre côté, une vie maritale longue qui, à défaut de nous avoir apporté le bonheur, nous avait permis d'avoir des enfants dont nous étions fiers, la vie nous avait fait le merveilleux cadeau de nous mettre tous deux sur le même chemin.

Nous avons connu, ensemble, ce que nous n'avions pas connu séparément : amour, complicité, tendresse, écoute.... ce sentiment unique d'être les deux moitiés d'un tout, dans un merveilleux espace de compréhension, de liberté d'être soi, de rire, de création d'avenir.
Et puis, soudainement, la maladie s'est déclarée l'été dernier : pas de toux, pas de bronchite, une douleur lancinante dans un poumon et dans le dos. Le verdict est tombé rapidement : cancer du poumon avec métastases dans les omoplates.
Philippe est entré à l'hôpital pour ne plus en ressortir. Cinq mois de douleurs, de souffrance, de dégradations pour lui et autant d'impuissance pour moi. Deux années de bonheur et mille projets balayés par le tsunami cancéreux.
Cinq mois qui ont transformé cet homme plein de vie  que j'aimais en une ombre de lui même, comme un vieillard décharné, hagard, terrorisé par ce mauvais sort de la vie, que j'ai continué à aimé, jusqu'à son dernier souffle. Parce qu'au delà de la maladie, au delà de l'apparence, l'Amour était, pour nous deux, le plus fort. Je n'ai compté ni mon amour, ni mon temps, ni ma peine durant ces cinq mois, j'ai fait face à l’innommable, sans déni, fais face également à son départ, certaine comme je l'ai murmuré à son oreille, avant qu'il ne s'éteigne, qu'une part de moi partirait avec lui et qu'une part de lui resterait, à tout jamais, avec moi.

Certains ont dit que j'étais courageuse mais vous, comme moi, parce que vous avez vécu ces moments, vous savez qu'il n'en est rien. J'étais juste anesthésiée. Je me suis, comme vous sans doute, noyée dans la suractivité. J'ai pleuré l'absence de mon Amour, pleuré ma peine, pleuré ce vide si profond en moi et évité de déranger en en parlant trop souvent.

J'ai pensé que, doucement, la peine s'atténuerait, qu'elle deviendrait supportable, saurait se faire oublier. J'ai continué à porter un de ses gilets pour lire le soir, continué à pulvériser son parfum régulièrement, mis dans mon sac à main quelques menus objets, sans valeur, mais qui font partie de bons moments...
Oui, je l'avoue, j'ai cru que le travail de deuil pouvait se faire ainsi. Et je me trompais.
J'ai commencé à aller de plus en plus mal à partir de la fin mai. Extérieurement, la vie avait bien repris son cours : travail intense, famille, relations amicales, sorties, vacances... mais, intérieurement, j'étais de plus en plus dévastée, me sentant plonger, chaque jour un peu plus, dans une sorte de puits sans fond.

Il y a trois jours, les yeux à nouveau plein d'eau, j'ai navigué sur internet à la recherche d'informations sur le deuil. Je commençais à me demander si j'étais normale, si mon comportement de ces dernières semaines ne relevaient pas de la dépression... Ce que j'ai découvert m'a permis d'aller me coucher, vers 3 h du matin, un peu moins tourmentée. J'avais découvert que le deuil est fait d'étapes (ce dont je me doutais) dont certaines très douloureuses, même à distance éloignée, du décès de l'être aimé (ce que j'ignorais). J'ai visionné la conférence d'octobre 2011 d'un psychiatre (C. Faure) qui décrit très bien ces étapes.
 
Me voilà donc engluée dans cette première phase de crise aiguë et incontrôlable de douleur et de manque . Comme c'est dur ! Comme ce trop plein de larmes, cette fatigue qui s'abat, ce goût de rien, cette plaie à nouveau béante sont difficiles à gérer et à vivre.
Je sais que le travail va être long J'ai le souhait d'intégrer un groupe de parole (mais n'en ai pas encore trouvé dans ma ville) car je crois que des échanges avec des endeuillés me feraient du bien, tout comme j'espère que ce forum, que je viens de découvrir, pourra m'apporter un peu de sérénité.

Mes pensées de solidarité à ceux et celles qui traversent cette grande épreuve de la vie.

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: zabou le 01 août 2014 à 10:36:56
Bonjour Viviane,


L’accueil d'un nouveau sur ce forum est toujours teinté de tristesse, nous connaissons tous ces étapes , que nous comprenons plus ou moins, la souffrance , elle enveloppe notre quotidien.

J'ai perdu mon mari, voilà maintenant 21 moins ,lui aussi emporté par le cancer, ce fléau....

Je souffre encore aujourd'hui, moins fréquente, plus douce, la douleur est néanmoins présente, et arrive parfois sans crier gare !!

La période que tu vis a été terrible pour moi, mais à l'approche du neuvième mois ce fut encore pire, quand j 'y pense maintenant, je mesure, le chemin parcourus....

Nous avons tous je crois cette réaction, " penser que l'on devient fou", que cette terrible douleur, ne nous quitteras jamais plus, et c'est surement vrai, en quelques sorte, mais elle se transforme, tout comme nous devenons une personne différente, au fur et a mesure....

En même temps que nous souffrons terriblement, on se reconnait de moins en moins, il y a l 'avant, et l'après, cela nous déconcerte, et ajoute un poids supplémentaire, à ce combat de survit que nous menons des mois durant, avant d’être capable de vivre simplement de nouveau.

Vivre, comme tu le dis si bien avec l’innommable, vivre comprenant que notre aimé, resteras à nos cotés, d'une manière si peu descriptible avec des mots, et surtout totalement incompréhensible par les autres .....

Ici tu trouveras compréhension et écoute, bien que différents, nous vivons les mêmes émotions, en fonction de notre vécut, et de notre personnalité, nous les transformons, le temps aidant.

Si malheureusement, nous ne maitrisons rien, le temps, lui nous aide à comprendre....

Je t'embrasse.

zabou
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: Coccinelle12 le 01 août 2014 à 21:15:51
Bonsoir Viviane,
Désolée de te souhaiter la bienvenue sur ce forum.
Cette épreuve de la vie comme tu le dis, personne ne devrait jamais avoir à la vivre, tellement elle est douloureuse, mais hélas !!!
Le titre de ton post m’ interpelle au plus haut point, ça me ramène à mon vécu, le cap des 6 mois a été terrible, ce fut le cap le plus difficile à passer depuis son départ.
Demain, ça fera 19 mois, 19 mois que l’homme de ma vie s’en est allé sans crier gare, me laissant dans une situation inédite.
Depuis, la vie est une succession de hauts et de bas, je prends sur moi et me force à avancer tant bien que mal.
Désormais, les jours se suivent et se ressemblent , malgré de réels progrès.
Ce qui est sur pour moi, c'est que la vie ne sera plus jamais pareille, elle a perdu toute sa saveur, il a emporté mon coeur.
Je te souhaite beaucoup de courage pour traverser ce cap ainsi que dans ton avancée.
Amicalement
 
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 août 2014 à 21:48:17
Merci 1000 fois Zabou pour ta réponse.

C'est la première fois que je me livrais autant, hier soir, sur ce vécu si douloureux. Que je parvenais à aller au delà du "C'est dur mais ça va aller".
Parce que cela m'est difficile de faire de la peine à ceux qui m'entourent, parce que les bienveillants qui me sont proches ne peuvent pas comprendre (ce qui n'a rien à voir avec "ne veulent pas comprendre"), parce que notre histoire a gardé une part de mystère jusqu'au bout pour beaucoup.

En lisant ton message, ma deuxième réaction, après la gratitude, a été de me dire  : "21 mois et toujours de la douleur... ". Nous sommes loin des "4 saisons à passer" dont j'ai souvent entendu parler ...
J'ai eu à faire mon deuil suite au décès de mon père, ma meilleure amie, une nièce, mes grands parents et je n'imaginais pas le deuil de l'être aimé si différent. Mais je trouve que cela n'a pas grand chose à voir en fait.

J'aurais envie de te questionner, mais je me dis que c'est peut-être indiscret, sur ce qui t'a permis d'avancer durant ces 21 mois (réseau familial ou/et amical très présent, psy, autre)., sur ton vécu par rapport à la maladie, ... C'est la première fois que j'écris sur un forum et je n'en connais pas les usages.

Merci en tout cas pour tes mots et pour la rapidité de ta réponse. Demain, j'ai 50 ans. Mes amis pensent que je vais fêter l'évènement avec ma famille, ma famille elle pense que je vais fêter l'évènement avec mes amis. J'ai laissé dire, n'ai ni confirmé ni infirmé, stupéfaite que l'on puisse penser que j'ai le cœur, l'envie de faire la fête pour ce jour qui est, cette année, un non évènement.
J'ai eu envie de fuir, de me mettre aux abonnés absents, et j'ai trouvé une solution qui sera peut-être un beau cadeau : un WE en chambre d'hôtes, seule, anonyme, avec Philippe dans le cœur, en bord de mer. Marcher sur les sentiers, dans l'eau de mer, avoir sans doute un gros pincement au cœur en voyant des couples heureux, en vacances, détendus et complices. Je ne pourrai sans doute pas m'empêcher de pleurer toutes les larmes de mon corps, de me dire que l'été dernier c'était nous et que je n'ai plus que des photos pour en attester. Je sais que sa main va me manquer tout comme ses mots et son sourire. Avancer "sans" est une tellement rude épreuve.

Si tu me lis aujourd'hui, je te souhaite une douce soirée et, si c'est demain, mes vœux de sérénité t'accompagnent.

Je t'embrasse

Viviane




Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 01 août 2014 à 22:33:27
Bonsoir Viviane,

C'est avec tristesse comme Zabou et Coccinelle que je te souhaite la bienvenue sur le forum.

Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Le coeur de mon mari, Philippe lui aussi, s'est arrêté le 5 mars, bientôt 5 mois. Le samu a pu le faire repartir au terme de trop longues minutes, il est resté dans le coma 15 jours pour nous quitter le 20 mars. Il avait 53 ans, j'en ai eu 47 le weekend dernier. Le 6 juillet nous aurions fêté nos 16 ans de mariage mais ce n'est pas la durée qui compte. Il était tout pour moi, mon âme soeur, plus que la moitié de moi-même...

Comme toi on m'a dit courageuse, j'use ma douleur comme je peux. Comme toi extérieurement je donne le change, mais intérieurement... Quels ravages ! J'ai maintenant l'impression d'arriver à un palier. J'ai certainement avancé un peu mais là je sens que je stagne.
J'ai la chance d'être entourée de mes 2 enfants, qui sont adultes et de quelques vrais amis précieux.

Très tôt j'ai lu quelques livres et sur internet pour comprendre si j'étais normale de mettre des photos à plusieurs endroits, à garder ses affaires intactes jusqu'à son bol du matin, à garder ses polaires à différents endroits de la maison et même une au travail, à continuer nos habitudes mais toute seule...

Sur le forum tu vas pouvoir te confier, exprimer tes sentiments et tes sensations en trouvant toujours une main tendue car nous savons tous et toutes ici la douleur que représente la perte de notre amour. C'est un premier lieu d'échange. Chacun vient ici parfois juste pour lire, parfois pour répondre et soutenir en fonction de la force du moment. Je ne sais pas si il y a une recette pour avancer, chacun le fait comme il peut. Parfois on avance, un autre jour on recule d'un pas ou de trois mais au final je crois comme Zabou et Coccinelle le disent que l'on avance. La vie est faite de bas, d'un peu moins bas, parfois d'un peu de haut.
Il y a peut être un moment où on a besoin de l'aide de professionnels, je ne sais pas encore.

Si pour toi c'est un cadeau de t'offrir ce weekend alors fais le.

J'ai compris une chose, pour avancer, on doit être indulgent et bienveillant avec soi même, faire les choses telles qu'on les ressent et comme on le peux.

Je t'envoie un peu de mon courage de ce soir, je te souhaite un bon anniversaire malgré les moments douloureux (le weeekend dernier a été très difficile pour moi bien que j'ai été très entourée).

Je t'embrasse et vous aussi Zabou, Coccinelle et tous ceux qui liront ce fil.

Lulu
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 août 2014 à 22:49:45
Un grand MERCI à toi Coccinelle (un nom qui portera bonheur... peut-être) également.

J'ai découvert ta réponse après avoir écrit à Zabou. J'y ai répondu, longuement, et au moment de "soumettre" ma réponse... j'ai été éjectée du site  :-(

Je ne retrouverais pas mes mots mais je te disais que cela me faisait chaud au cœur de voir cette solidarité autour de ce drame communément vécu. J'en avais vraiment besoin. Je suis de plus en plus persuadée que seules les personnes ayant fait un travail de deuil d'un être aimé peuvent comprendre, sans juger, et délivrer les mots qui accompagnent, apaisent et donnent la force de continuer le chemin.

Hier, j'étais dévastée (et pourtant j'avais parlé de l'absence de Philippe avec sa sœur)  parce que mes mots, aussi vrais qu'ils puissent être, ne donnent que la part que j'estime "acceptable à entendre" pour mon entourage. Je ne veux pas peser, gêner, lasser. Je suis une handicapée de cette douleur si difficile à partager et si cruelle à vivre.
J'aurais besoin de parler de la traversée de la maladie, du décès de Philippe, de l'après. As-tu pu le faire pleinement à des personnes de ton entourage ?

J'aurais envie, tout comme à Zabou, de te poser des questions mais c'est délicat.

19 mois. Je ressens dans tes mots une somme de "courage" mais aussi de lassitude et de renoncement. Rien ne sera plus comme avant, nous ne serons plus comme avant. J'ai du mal à me projeter dans 19 mois. Je sais que ma vie professionnelle va continuer à me prendre beaucoup de temps, que je serai très présente pour mes grands enfants, que je continuerai à accepter les sorties pour aller au cinéma, me balader ... mais à l'intérieure de moi, serais-je moins dévastée ? est-ce que je ferai des projets (autrement que vaguement, mollement, sans grande conviction, en en cherchant le réel intérêt) ? est-ce que j'arrêterai d'être "double" : une façade extérieure politiquement correcte qui dit "ça va", un intérieur en ruine ?
Seul l'avenir me le dira; J'espère en tout cas avoir la force, dans 19 mois, de venir comme toi, comme Zabou, tendre la main à qui aura, comme moi ces jours-ci, besoin d'une bouée.

Merci en tout cas pour ta présence ce soir à mes côtés.

Que ta nuit soit paisible et la plus sereine possible ta journée de demain.

Je t'embrasse

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 août 2014 à 23:39:11
Merci à toi aussi Lulu pour ce message qui m'a, au départ, beaucoup bouleversé  (Philippe aurait eu 53 ans le 17 février. Une similitude donc).

Il y a dans tes mots une grande sagesse dont je me sentais capable jusqu'à il y a peu et puis je me suis laissée envahir, débordée par ce que j'ai appelé mon "cap des 6 mois".

J'irai me coucher, tout à l'heure, plus forte de tes mots de soutien, de ceux de Zabou, de Coccinelle. Je me dirai qu'il est normal que j'enfile un vieux gilet de Philippe, tous les soirs, pour lire quelques lignes jusqu'à ce que le sommeil me terrasse,... entre autres rituels qui me sont, pour l'instant, précieux.

Peu de temps après le décès de Philippe, j'ai consulté une psychologue et mettre des mots sur le tsunami qui s'était abattu sur moi et sur l'accompagnement dans la maladie m'avait fait beaucoup de bien.

Votre soutien est d'un autre ordre, très précieux lui aussi et complémentaire. Il est la parole vraie de ceux qui savent, malheureusement, de quoi il s'agit, réellement, dans le cœur, dans la tête et dans le corps.

Vous lire me fait me sentir moins seule, faire partie d'une communauté un peu "spéciale" (dont nous nous serions volontiers passés de faire partie mais la vie  en a décidé autrement) où je sens de la solidarité et de la compréhension. Tu as raison, nous avançons, de toute façon, même lorsque nous semblons stagner, reculer... c'est curieux mais il y a une force de vie de toute façon qui nous fait cheminer. Ainsi est fait l'être humain.

5 mois de deuil et l'impression de stagner. J'ai ressenti, moi aussi, ma première "rupture" dans le deuil au bout de 5 mois (fin juin) j'ai, je crois, un peu trop attendu pour "tirer la sonnette d'alarme" intérieure... le fait d'avoir lu et cherché des infos très tôt te permettra sans doute de passer ce cap moins difficilement (mais peut-être pas moins douloureusement car il me semble que l'économie de la douleur ne se fait pas).

Je suis de tout cœur avec toi dans cette traversée du désert (bien que cette affaire qu'est le deuil de l'être aimé ressemble plus à de la transat en solitaire parfois ...).

Merci encore pour tes paroles rassurantes et pleine de justesse.

Douce nuit.

Je t'embrasse.

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: JeanLuc le 02 août 2014 à 09:13:18
Bonjour Viviane,

Je me joins à zabou, lulu et coccinelle pour te souhaiter la bienvenue parmi nous ... Notre traversée du désert sera moins périlleuse si nous sommes plusieurs à nous épauler.

Elles ont trouvé les mots justes pour décrire ce que nous ressentons ... le vide absolu, l'absence vertigineuse, le chagrin qui nous imprègne, le manque qui nous taraude jour après jour, une souffrance indescriptible, le sentiment réaliste que rien ne sera plus comme avant et l'obligation de "vivre avec" en espérant retrouver un jour quelques miettes de paix et de sérénité lorsque la relation avec nos cher(e)s disparu(e)s se sera "transformée".

Quant à moi, je me dis tous les jours que la souffrance que j'éprouve est à la hauteur de l'amour que nous nous portions, Chantal et moi depuis plus de 42 ans - Chantal est "partie" le 18 avril dernier - Une sorte de "prix à payer" pour nos 42 années d'amour et de bonheur.

Aurais-je eu moins mal si je l'avais moins aimée ? Je ne me pose même pas cette question, car si c'était à refaire, je crois que je l'aimerais encore davantage, quitte à "crever" de chagrin aujourd'hui !

Le chemin est long, mais qu'il est bon de voir que des mains se tendent autour de nous ...

Courage, Viviane ...

Affectueusement,

Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: zabou le 02 août 2014 à 10:42:52
Bonjour Viviane,

Voilà 50 ans , malgré tout , je te souhaite un anniversaire " heureux" ou du moins serein, dans ce gite que tu as choisis, la solitude si pesante soit elle, permet un retour sur soi, une réflexion, d’évacuer le trop plein, momentanément, cela fait du bien....

J'ai très peux parler sur ce forum, de la maladie de mon mari, cela reste encore aujourd’hui, très difficile à accepter.

Dés les premiers symptômes et bien que l'on ne savait pas précisément, alors, de quoi il souffrait, surement pour cela , je n'ai pas pu faire autrement ,que de rester à ses cotés.

Incapable de travailler, rongée par la crainte, animer par l'espoir, j'ai tenté de le soutenir, pendant ce premier mois et demi, d'hospitalisation, lui ayant perdu tout son sang, faible, fatigué,angoissé aussi, j'avais la certitude sans rien dire, que c'était un cancer !!

Je suis resté à ses cotés tous les jours , arrivant à l’hôpital à 11h , repartant à 20 h , la peur au ventre.

Après moult examens, une opération, il est sorti, pour noël, notre tout dernier noël,sans savoir ce qu'il avait....

J'avais un espoir fou....

Puis le verdict est tombé, comme un couperet, sur notre vie, notre bonheur, j'ai pensé "on doit se battre"....

Mais la bataille était vaine....

Il a commencé des séances de chimio,scanner,pet scann,prises de sang,le ballet des examens,pas trop mauvais, mais pas du tout bon,j 'étais animée par un espoir, que j'ai ensuite qualifié de démesure, et dans le même temps , je sentais au fond de mes tripes que cela ne durerait pas longtemps, mais je ne voulais pas y croire, et jusqu'au bout, je n'y ai jamais cru....

Je le voyais dépérir, perdre toutes ses forces, silencieux, je ne disais rien non plus, j'ai tenté de reprendre mon travail, mais je ne pouvais pas le laisser, l'abandonner, je voulais en profiter...

C’était le quotidien, malgré la peur, nous avons été heureux,j'ai pu le bichonner, l'aimer encore, c'était le quotidien, avec tout ce que cela comporte, et je ne me rendais ,alors pas compte du poids, de mes craintes, de l'effort que je faisais pour paraitre heureuse, souriante, ne surtout pas laisser transparaitre , cette angoisse qui me taraudait à l’intérieur, parfois c'était trop, je partais pleurer dans le fond du jardin, je ne voulais pas qu'il me voit, j'avais si peur qu'il comprenne et baisse les bras....

Mais cette p.... de maladie à eu raison de lui, de nous, de notre amour, et a commencé à l'engloutir, en soins palliatifs,j 'y croyait encore, aux miracles !! tous les jours à l’hôpital à le voir souffrir, à demander plus de morphine, plus de perfalgan, à croire encore à l'impossible, jusqu’à ce qu'un matin, 3 jours avant le fin, je reste et ne le quitte plus, allongée près de lui, sur un lit d’hôpital à roulettes, que je plaçais conter le sien, l'enveloppant de mes bras, jusqu’à vivre son dernier souffle....

Trois jours horribles, qui resteront gravés à tout jamais dans ma mémoire, qui me font pleurer, alors que j’écris ces lignes, je savais, j'ai compris, je me demande encore comment, moi qui n'avais jamais vu mourir quelqu'un.....

Après, je me suis écroulée, engluée dans la douleur, ces dernières images de lui refusant de me quitter, sa souffrance, sa peur, que jamais il n'a exprimée "il allait toujours bien ,n'avait jamais mal !!!", le poids de ces presque dix mois après l'opération, cet espoir fou, non concrétisè, la douleur de l'avoir perdu, l'inacceptable, dans toute sa splendeur!!!!

Je ne pourrais plus revivre ça ,je ne regrette rien, et si c’était à refaire, je ferais la même chose, mais je sais aujourd'hui, que  j 'y ai laissé mes forces, que cela m'a ôté mes croyances, enlevé une partis de mes rêves, que si je devais le faire pour quelqu'un d'autre qui me soit cher, je le referais, sachant que j'y laisserais ce qu'il me reste d’âme à tout jamais.

Ce fut, dure, très dure, les souvenirs ancrés très difficile à supporter, j'ai toujours su quelque part au fond de moi, que je n’étais pas assez forte pour cela, mais voilà la vie à décidè autrement, et moi je l'aimais trop pour penser à moi....

Des mois durant, je n'ai pensé qu'a lui, qu'a nous, j'ai maintenant du temps pour penser à moi....

Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 02 août 2014 à 11:09:40
Bonjour Jean-Luc,

Merci pour cette main tendue et ton message qui est une belle leçon de vie, surtout si peu de temps après le décès de Chantal.
Leçon de vie car tu es lucide sur le fait de devoir "vivre avec" tout en "vivant sans".

Il y a des jours où j'y arrive et d'autres moins et je suppose que c'est aussi le cas pour toi.

Ce matin je me suis levée plus en paix avec moi même. Je sais que je le dois aux échanges sur ce forum. Je n'avais pas encore eu la possibilité d'échanger avec des veuves/veufs.
Lorsque m'a mère l'est devenue, il y a 10 ans, elle s'est murée dans un "tout va bien, c'est la vie, si ça ne va pas aujourd'hui ça ira demain".  A l'époque, n'ayant pas vécu ce traumatisme, je n'ai pas su l'aider (je le mesure maintenant) toute ignorante du travail de deuil qu'elle avait à accomplir.

Tu sais, je ne crois pas qu'il y ait de "prix à payer" pour le bonheur reçu et donné. C'est juste une stupide fatalité, cela aurait pu se passer plus tôt, plus tard, tu aurais pu partir le premier. On est tenté, parce que ça nous rassurerait peut-être, de chercher une raison "logique" au départ de l'être aimé (j'ai fait cela aussi dans les premiers temps) mais non, un jour on réalise que c'est plus terrible que cela (mais moins culpabilisant) : il n'y a aucune raison objective que cela nous soit arrivé à nous. C'est la vie, c'est tout.

J'espère que tu as des enfants, peut-être petits-enfants avec qui partager des morceaux du bonheur de ces 42 ans passés ensemble (regarder ensemble des photos, se souvenir d'évènements, ...). Je n'ai pas cette possibilité et cela me manque je dois dire.

Bon "courage" à toi aussi Jean-Luc et encore merci pour ton élan de solidarité.

Que quelques beaux rayons traversent ta journée.

Je t'embrasse

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 03 août 2014 à 01:33:18
Merci Zabou, en direct de "mon cocon", bientôt minuit

J'ai lu ton message ce samedi matin, avant de prendre la route, mais je n'ai pas pu te répondre. Trop de larmes dans mes yeux en te lisant, bouleversée.

Je me retrouve dans tes mots, j'ai revécu des moments à l'hôpital. Moments dont je n'ai parlé à personne.

Il y a presque un an, Philippe et moi étions en vacances, pas bien loin d'où je me trouve ce soir. Une semaine rien que pour nous, pour faire le vide, profiter juste de la nature, de la mer et de nous deux. Laisser de côté une année harassante au niveau personnel pour moi et professionnelle pour lui.

Assez rapidement, Philippe a ressenti "une gêne" à un côté, comme s'il s'était froissé un muscle mais sans avoir fait d'effort et puis, la fatigue l'a pris (que nous avons mis sur le compte de la rupture avec le travail), puis une gêne dans le dos.

Incompréhension, automédication qui ne donne rien. Consultation médicale (1 médecin formidable d'efficacité et de rapidité). Des premiers examens sont fait sur le lieu de vacances. Examens le matin, plage l'après-midi, courtes balades, cuisine ensemble... nous sommes contrariés mais essayons de prendre les choses à la légère. Nous avons tant à partager et sommes si heureux. Nous pensons que ces contrariétés de santé sont juste contrariantes mais sans gravité.

Il faut compléter les examens, on parle de "peut-être une pleurésie" ... nous rentrons pour avoir accès aux examens complémentaires. Et puis le 12 août, le verdict tombe : cancer du poumon (il ne sera pas dit tout de suite qu'il est inopérable et qu'il y a déjà des métastases dans les os, mais nous le saurons rapidement).

Et là, c'est terrible, parce que JE SAIS. C'est immédiat. J'ai perdu mon beau-père d'un cancer du poumon, je sais que c'est un des cancers les plus meurtriers. Je ne le dis pas à Philippe mais il pense la même chose que moi et me dit qu'il va se battre mais n'est pas sûr de gagner la partie. Nous sommes à la fois tétanisés, partiellement incrédules et combattifs.

Philippe est hospitalisé très rapidement, son état de dégrade de jour en jour. début septembre il se déplace en fauteuil roulant, ne peut plus faire sa toilette seul, vont devenir familiers : pompe à morphine, chimio, radiothérapie, transfusion, boitier à pilules, moments d'abattement, d'hallucinations mais aussi, moments de douceur, d'amour, de tendresse quand la douleur veut bien le laisser un peu en paix, quelques instants.

Nous parlons de la maladie, du quotidien, des soins, des examens, nous continuons à être plein d'amour et dans l'échange mais nous ne parlons plus d'avenir, de projets. Sans nous le dire, nous savons. Tout est concentré sur "l'ici et maintenant" car demain est incertain, avec un peu de mieux ou beaucoup de pire. Les jours de "moindre douleur" nous nous taquinons un peu, nous nous tenons chaud, collés l'un à l'autre, autant que les tubes, tuyaux et machines le permettent. Les jours sombres, je lui caresse doucement la main, le visage, je lui dis que je l'aime et que je suis là.

 Je me sens surtout impuissante et dévastée intérieurement devant la maladie qui gagne du terrain vitesse grand V, devant les forces qui s'en vont, devant le corps qui se transforme pour ne devenir que os et peau, devant la souffrance et la douleur. Douleur qu'atténue les quantités impressionnantes de médicaments, souffrance que rien n'atténue. Philippe ne se plaint pas, dit juste, parfois : "Comme c'est dur mon Amour !", il se fait de plus en plus silencieux. A la mi-janvier, un incident pulmonaire soudain (rapidement maîtrisé) lui fait très peur, il me confie qu'il sait qu'il ne s'en sortira pas et me dit comme il est désolé de n'avoir que ce chemin à m'offrir. J'aurais aimé ne pas fondre en larmes mais cela n'a pas été possible. Il était tellement faible, tellement plein d'amour et de culpabilité. C'était terrible.

La veille de son décès, lorsque je suis entrée dans sa chambre, j'ai eu la surprise de le voir habillé, non pas de la chemise de l'hôpital (version carreaux rouges ou bleus) mais d'une chemise que je lui avais offerte et qu'il aimait porter. Il en avait même fait un jeu. A chaque fois qu'il allait sans moi à un évènement, il la portait, pour qu'ainsi je sois un peu avec lui.

Il l'avait mise dans son sac pour l'hôpital en me disant qu'il la porterait le jour de sa sortie.

Nous avons échangé un très long regard. Je l'ai remercié et lui ai dit qu'il était très beau dans cette chemise (ce qui avait toujours été le cas, même à ce moment là). J'avais envie de pleurer. Parce que je savais les efforts qu'il lui avait fallu faire (et aux aides soignants aussi) pour qu'il puisse enfiler ce vêtement et aussi parce que je savais qu'il me disait là qu'il voulait me faire ce plaisir de le voir une dernière fois dans cette chemise, avant de partir là où je ne l'accompagnerais pas...

il est décédé le lendemain. Avant mon arrivée.

je me suis arrêtée plusieurs fois avant d'arriver à ce stade de mon récit. Bien des larmes ont coulé, bien des moments sont remontés à la surface. C'est douloureux mais je crois que c'est nécessaire. Merci de me permettre de le faire.

J'espère que d'avoir plongé en toi pour te livrer sur la maladie de ton mari et votre combat n'a pas alourdi ta peine. J'ai l'impression que de parler (même par écrit) me libère à chaque fois un peu, desserre d'un cran l'étau. Je souhaite qu'il en soit de même pour toi.

Je t'embrasse




Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 03 août 2014 à 18:57:58
Viviane
et vous tous je vous ai lu
je n'ai pas pu répondre tant j'étais avec ce retour de tentative de "vacances" en douleurs émotionnelles
là je voulais vous dire vous décrivez si bien tant de choses que j'ai vécu pendant la maladie, les derniers moments etc ...
je ne saurai à cette heure sortie d'un gros moment de plongeon faire mieux voire autant !
mais Viviane je veux te dire que ton choix pour tes 50 ans sera sans doute ce qui te fera le moins mal ...
A vous lire et vu ce pénible dimanche je redoute beaucoup les mois qui viennent !
Le passé signifie le manque moi aussi si je pouvais y retourner je ferai pareil voire l'aimerai plus si sagesse je savais adopter dans ce cas !
le futur n'est que vide manque aussi ...
le présent par moment si insupportable !
Je cherche bien sûr tous les stratagèmes mais en vain ...
c'est vrai que les groupes de paroles juste qu'une séance (http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/utile-groupes-de-paroles-gratuits/) m'attire car j'ai besoin de dire
oui sans blesser l'entourage
en étant "comprises"
ma réalité
alors qu'il faut tant masquer cette réalité intérieure ! pour la vie sociale et professionnelle serons nous "schizo" à vie avec cette douleur ?

 merci Viviane de tes mots merci à toutes et tous et désolée de ne pouvoir dire plus là ce soir mais au creux de la générosité de ce forum la douleur semble moins lourde !
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 03 août 2014 à 23:03:49
Bonsoir Qiguan,
Bonsoir à toutes et tous (c'est vrai que j'ai tendance à croire que seule la personne à qui je réponds me lit... non habitude des forums).

Pour ma part, je ne me sens pas encore assez "solide" émotionnellement pour aller lire vos files. Mais je sais que je le ferai car ils m'apporteront beaucoup, nous cheminons tous sur un même sentier.... J'ai pu apporter quelques mots à Titiagreg et je me dis que c'est bien dommage que la distance géographique ne nous permette pas de créer un groupe de soutien "pour de vrai". Pour parler, écouter, prendre juste un café ou un thé sans beaucoup de mots, sans être envahissant, chacun à la mesure de ses envies, de son temps ... I have a dream aurait dit Martin Luther King.

Merci pour tes mots, qui viennent en résonance avec les miens Qiguan. Oui, l'absence, c'est pour toujours. Bien sûr l'homme, la femme, que nous avons aimé ne nous quittera jamais intérieurement, et je trouve cela rassurant quelque part. Où qu'il soit (et c'est une athée de base qui parle) notre Amour sera en nous et, peut-être, nous guidera pour nos choix d'avenir... Est-il devenu une âme, un ange, une étoile, rien, autre ? Peu importe. L'après la mort nous dépasse. Il y a, depuis la mort de Philippe, des "signes", coïncidences, bizarretés... qui me font penser - sans certitudes - qu'après, il est fort possible qu'il y ait un après... si tel est le cas, je me dis que nous avons au moins une chance formidable, dans notre atroce malheur, nous savons qui viendra nous tendre la main quand notre tour viendra. Et, personnellement, cela me fait chaud au cœur (dans les rares moments où mon cœur ne saigne pas et où je ne suis pas effondrée... je vous l'accorde).

Ce matin, sur une plage, maladroite, gauche, seule sur ma serviette de plage pour la première fois, je voyais les couples se promener main dans la main, se mettre de la crème solaire, se jeter de l'eau pour se taquiner ou s'aider à entrer plus vite dans l'eau, lire côté à côte sans se parler... Certains avaient l'air très amoureux, d'autres c'était plus indéchiffrable, d'autres avaient l'air de se faire la tête ... la vie quoi. 

il faisait chaud, avec juste ce qu'il faut d'air pour que ça soit agréable, les vagues faisaient assez de bruit pour que je n'entende pas les conversations. Je n'ai pas pleuré, j'en ai été surprise. Je n'ai pas éprouvé de jalousie non plus pour ces couples. Non, juste une très très profonde tristesse. Tristesse de ne pouvoir partager ce moment avec Philippe, tristesse face aux gestes qui ne reviendront jamais et qui, certainement, malheureusement, petit à petit s'effaceront de ma mémoire. Nous n'étions pas fusionnel dans le sens de ne rien faire l'un sans l'autre mais nous étions ensemble autant que nous le pouvions, tant l'amour et la complicité était forte. Nous étions deux tactiles et ne plus avoir de contacts physiques (de tous ordres) est un aussi grand déchirement que de ne pouvoir lui parler, échanger. En écrivant ceci, je me rends compte que j'ai néanmoins "progressé" sur mon chemin de deuil : je ne le cherche plus à tâtons dans le lit, je peux croiser une moto sans regarder le conducteur et chercher des similitudes, je peux croiser un homme qui a le même type de silhouette sans que cela ne me tétanise...

Des "progrès" et pourtant, je me demande encore comment apprivoiser l'absence, comment faire sans sa tendresse, sans sa délicatesse et ses attentions, sans ses bras, sans ses sourires, sans ses sourcils qui se froncent de perplexité ?  Que faire de la réserve d'amour, de tendresse, d'attention, de douceur, de taquinerie, de questions ... que j'avais encore pour lui ?

Sans doute un peu en parlant, comme nous le faisons, sur ce forum (je ne sais qui l'a créé ni quand mais qu'il ait à jamais notre reconnaissance éternelle !), en parlant à notre entourage lorsque c'est possible, en parlant à un psy (Les 2 séances m'avaient beaucoup aidé à mettre à plat la situation, évacuer un peu la douleur des obsèques et des jours qui les ont précédés, mettre des mots sur certains  évènements "toxiques" de ces moments là), intégrer un groupe de paroles (je suis en recherche en ce moment. Hélas pour moi Qiguan il n'y a pas de groupe  par le biais de Comemo dans ma région. Si tu t'y inscris, peut-être pourras-tu nous faire partager un peu ton expérience, si tu en as la force. Si je trouve un groupe par le biais d'un organisme ou une association, je mettrai dans le file également).

Je termine ce message ce soir, en remerciant du fond du cœur ceux qui m'ont tendu la main et répondu à mon appel à l'aide et à ce qui ont lu ces échanges. Je ne souffre pas moins mais je me sens moins seule et, pour moi, cela fait une sacrée différence.

Je sais que je n'ai fait que soulever le couvercle scellé il y a 6 mois, que je vais encore beaucoup pleurer, beaucoup me décourager, beaucoup vider mon trop plein (qui est aussi le vôtre bien souvent) dans cet espace. Continuons à nous aider, à nous tenir un peu chaud dans ce chaos.

Je te souhaite Qiguan (et à ceux qui me liront) une nuit la plus paisible possible.

Je vous embrasse
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 04 août 2014 à 10:39:34
Merci Viviane
je suis nouvelle endeuillée : 3 mois et 9 jours ...  :-\
pour ce matin regarde ceci que j'ai fait pour nous toutes et tous :
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/%27conference-telephonique%27/msg47097/#msg47097
et à bientôt pour t'entendre
je t'embrasse
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 04 août 2014 à 15:15:05
Qiguan tu es formidable   :)

J'ai quitté ce matin mon "cocon" provisoire et suis de passage (journée + nuit) chez la sœur de Philippe avec laquelle une belle amitié s'est créée. Je pars ensuite chez ma mère (avec laquelle aucun échange sur ce que je vis ne sera possible, mais c'est ainsi) chez qui il n'y a pas internet et pas toujours du réseau pour le téléphone portable .... :-(

Pas sûr donc de pouvoir revenir sur le forum avant le WE prochain et pas sûr de pouvoir téléphoner non plus au numéro magique communiqué (c'est génial que ce système existe !!!) mais j'y viendrai dès que possible. D'accord avec toi pour indiquer les possibilités de RDV sur ce forum quand ça sera possible.

Je continuerai à beaucoup penser à vous tous dans les jours à venir et, dans mes coups de "mou", à me remémorer vos mots de soutien. Prenez soin de vous autant que faire se peut.

Je t'embrasse Qiguan ainsi que ceux qui sont dans la douleur et qui me liront. A bientôt
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lageta le 04 août 2014 à 19:18:39
Bonjour à tous,

Me revoilà sur ce forum, après un passage à vide qui m'en a tenu éloigné,

De vous lire me réconforte, et je me rend compte que nous vivons pratiquement les mêmes expériences douloureuses,
comme toi Zabou, je suis resté à son chevet, à l'hôpital l'été dernier, arrivant à 11h et repartant à 20h la peur au ventre, sachant par les médecins que la bataille était perdue d'avance, mais ne parlant pas pour ne pas lui communiquer mes craintes et essayant de garder espoir jusqu'au bout.
Que ces moments peuvent être douloureux, des moments qui restent à jamais gravés dans la mémoire, et qui reviennent nous tourmenter régulièrement.

Bienvenue à toi FeeViviane, comme nous tu as connu l'amour le vrai, celui qui fait que nous ne faisons plus qu'un avec lui ou elle, mais qui nous laisse anéanti maintenant.

11 mois et 13 jours que j'ai perdu l'amour de ma vie, ma tendresse, mon ange, pas assez de mots pour exprimer ce que nous étions l'un pour l'autre, je vois s'approcher avec angoisse la date anniversaire.

Je n'ai pas encore réussi à retourner dans les endroits que nous affectionnions et ou nous avons passé tant de moments de complicité, ces moments ou nous n'avions pas besoin de nous parler pour communiquer pour nous aimer tout simplement, c'est trop dur et je reste pour l'instant dans une sorte de périmètre de sécurité.

Que ce forum est important pour moi, il m'aide à avancé malgré tout,

Zabou, Coccinelle, Lulu, Quigan et tous les autres, vous avez toujours un mot de réconfort les uns pour les autres !

Je vous souhaite à mon tour, le plus d'apaisement et de douceur possible,
je pense à vous et vous embrasse

Lageta



Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 05 août 2014 à 13:14:35
Bonjour à vous toutes et tous

Contente de te revoir Lageta, j'espère que tu retrouves quelque courage.

5 mois aujourd'hui que ma vie a basculé. Je ne peux pas partager la maladie avec vous, la vie me l'a repris d'un coup sans prévenir. Juste un "bonne journée à ce soir" le matin avec un bisou pour la journée, et la non souciance jusqu'à 16h28. Ensuite son appel....
J'ai cru qu'il était sauvé quand le samu a fait repartir son coeur, mais je ne savais pas alors que l'arrêt cardiaque a été trop massif.... 15 jours d'espoir quand même, malgré les organes qui  ne fonctionnaient plus les uns après les autres. Jusqu'au 20 mars à 14h en rentrant dans sa chambre. Sa tension était à 6 - 3 j'ai compris alors qu'il ne pouvait plus y avoir d'espoir...

Le mois de juillet a été difficile, des anniversaires (mariage puis le mien), des vacances qui arrivent les premières sans mon amour. Pourtant il faut continuer avec cette douleur qui ne me quite pas, douleur morale, douleur physique, douleur de stress dans la poitrine... Des jours sans saveur...
La culpabilité, pas celle de ce que j'ai fait le 5 mars après son coup de fil, celle des mois d'avant de ne pas avoir vu qu'il était si fatigué pour autre chose que la mauvaise saison.
L'épuisement de mal dormir.
Pourtant j'essaye d'aller, je me motive tous les jours, je viens vous lire mais je n'ai pas la force de poster chaque jour.

Pour Viviane, en plus du prénom en commun, il semblerait que nos amours étaient tous deux motards. Je me suis beaucoup retournée sur des casques blancs... pourtant le sien est bien rangé à la maison !

Punaise qu'est ce qu'il me manque...

Je vous embrasse mes compagnons

Lulu
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lageta le 05 août 2014 à 20:57:51
Bonsoir Lulu,

Tu ne peux pas parler de maladie mais tu as vécu comme moi des instants insupportables ou malgré tout tu essayais de garder espoir.
Moi aussi j'ai un sentiment de culpabilité de ne pas avoir vu qu'il était mal mais je sais aussi qu'il ne voulais pas que je m'inquiète et faisait tout pour que rien ne paraisse, il avait fait un infarctus en 2001, il avait été emmené en urgence à l'hôpital et était resté en soin intensif pendant plus d'une semaine, depuis ce temps là j'avais tendance à m'inquiéter de tout, mais là ça a été si foudroyant que je n'ai rien vu venir.
Cette période des vacances est si difficile pour nous, j'espère que tu sauras trouver un peu d'apaisement, je n'ai pas de recette miracle, si ce n'est de penser qu'il voudrais que nous nous battions contre toute cette douleur toute cette souffrance en souvenir du bonheur que nous avons eu.
Mes paroles peuvent te paraitre dérisoire à côté de ce que tu vis, ce que nous vivons, mais je voudrais t'apporter un
peu de réconfort je te joint ce texte que j'ai trouver si beau mais que tu connais peut-être déjà.
Un peu de douceur pour cette nuit

je t'embrasse

Lageta

Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 05 août 2014 à 21:09:27
Merci Lageta
d'avoir mis ici ce soir la prière indienne ...
j'étais vers le fond du trou en regardant des photos du bonheur passé autour de notre petite fille à pleurer après une difficile journée ... et tes mots me permettent de tenter de faire autrement avec ces souvenirs heureux !
amitiés à toutes et tous
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 05 août 2014 à 22:31:44
Rien n'est dérisoire, on vit tous la même chose, chacun de vos mots est un réconfort et j'aurais pu moi aussi l'écrire à l'une ou l'un d'entre vous pour réconforter à mon tour. Il y a tant de chaleur dans nos échanges.

Merci pour cette prière indienne qui est un des premiers textes que j'avais recopié en venant sur ce forum tellement je l'avais trouvé beau.

En retour voici le voilier de William Blake, qu'un ami m'avait envoyé. J'avais demandé à mon frère de le lire lors des obsèques car je le trouvais plein d'espoir d'une autre vie...

Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon coté dit : "Il est parti ! "
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit : "Il est parti ! "
Il y en d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux,
s'exclament avec joie : "Le voilà ! "
C'est ça la mort.

Un peu de douceur a vous toutes et tous.

Lulu
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: zabou le 06 août 2014 à 13:34:52
Bonjour à tous et toutes,

Garder, espoir, la douleur est là certes, difficiles , lourde, pesante, mais comme vous dites Lageta, Lulu, Quigan, rien n’est dérisoire.

Lulu, j'ai posté ce texte, sur un autre fil, je ne savais pas qu'il est de William Blake, et moi qui ne suis pas très croyante, j'y ai trouvé, un espoir fou...

Comme je l'ai écrit à Annick, tenter de sublimer, notre bonheur passé, cette chance qui n'est pas donnée à tous, que nous avons eu, la douleur aujourd'hui est forcement plus forte , malheureusement à la hauteur de l'amour donné, de l'amour reçu.

Laisser sortir cette souffrance, pour l'user doucement, la rendre plus douce, tenter d'oublier, l'avant , ce que nous n'avons pas vu,  pas fait , et qui n'aurait surement rien changé , accepter que le quotidien, nous rend souvent moins objectifs, que nous ne sommes que des humains, et surtout que l'on a fait tout ce qui était possible compte tenu des circonstances, de notre mieux, en ne pensant qu' a eux et à notre amour.

Finalement accepter, de ne pas avoir la capacité de pouvoir tout contrôler,  l'impuissance , se trouver spectateur, ajoute à la douleur ....

Tenter d'extraire du positif, à l'horreur de la situation, dans notre bonheur passé....

Je vous embrasse toutes bien fort

zabou
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 10 août 2014 à 11:37:05
Bonjour à tous,

J'ai envie d'écrire (alors je le fais) : heureuse de vous retrouver !

Compagnons d'infortune, avec de vrais prénoms ou d'autres plus improbables, vous m'avez accompagnés durant cette semaine de vacances. Vos mots me sont parfois revenus, dans les moments de solitude intérieure (grand repas de famille, soir au coucher, promenade seule sur la plage....).

Cette sorte de chaine virtuelle me donne confiance dans la vie et dans l'Homme (capable parfois de tant d’atrocités mais aussi de soutien vrai et désintéressé).

Comme vous, j'ai découvert les premières vacances en solo. Comme vous, j'ai réalisé que ce "solo" là est bien différent de celui de la personne célibataire ou de celle fraichement divorcée.

Quitter chez moi, c'était affronter la peur et une nouvelle culpabilité : la peur et la culpabilité de partir sans mon  Amour, comme si dans mon  esprit je lui devenais infidèle. Que faire ?

Aller dans un endroit qu'il ne connaissait pas et je culpabilise de voir de la beauté que nous ne pouvons partager, goûter des spécialités qu'il aurait aimées, parler de sujets qui l'auraient passionnés avec des personnes rencontrées ... vivre des moments un peu absurdes, qui obligent néanmoins à "grandir" dans le deuil : dormir pour la première fois de ma vie dans un lit king size... seule (et constater à quel point mon Amour aurait aimé cette chambre d'hôtes toute en élégance, comme il l'était). Diner pour la première fois, seule, à l'extérieur. Passer et repasser devant des restaurants et finir par choisir celui qui a une terrasse avec quelques petites tables rondes dans un coin (et pas seulement de grandes carrées, faites pour 2 ou 4). Réussir à répondre, avec le sourire même je crois, au serveur qui demande "Vous serez combien ?" ,  commander le plat du jour pour ne pas avoir de choix à faire (et ne pas penser aux échanges que nous aurions eu... à 2), manger en me demandant ce que je fais là et puis me souvenir de ce dicton que j'ai toujours trouvé un peu prétentieux "Ce qui ne tue pas rend plus fort". Donc voilà, un nouveau pas de fait... Tout comme me baigner, seule, et finalement m'y sentir bien (je me permets de recommander vivement l'expérience de se laisser porter par l'eau, en piscine ou à la mer, c'est incroyablement apaisant. Je me suis demandée si c'est parce que c'était tellement difficile d'avancer dans la vie, maintenant, sans avoir quelqu'un pour me porter, au sens figuré, que j'avais tant apprécié de me laisser porter, au sens propre). Pleurer toute les larmes de mon corps au moment de me coucher et constater que, quelque soit l'endroit, la douleur est aussi vive.

Aller dans un endroit qui nous était cher à tous les deux et culpabiliser de n'avoir pas ses mots, sa main, ses bras, pour marcher et découvrir à nouveau ensemble, croire entendre ses commentaires et son rire, re découvrir, les larmes dans les yeux, les lieux où, il n'y a pas si longtemps encore, nous avions dit, nous avions fait .... paniquer par moments, lorsque je m'aperçois que le doute s’immisce en moi : "Est-ce que c'était exactement là ? .... il avait fait une réflexion mais est-ce que c'était vraiment celle-là ?"

Peur aussi, d'aller vers les autres, ces inconnus, parce qu'à un moment donné il y a la question du statut : seule oui, mais pourquoi ?   La réponse donnée, en peu de mots, pour ne pas plomber le moment, amène au choix : gêne, compassion, stupéfaction muette ... qui brise l'élan de la conversation. Être "veuve, veuf" c'est un peu comme porter la mort sur soi et, dans notre société aseptisée, où la mort est tellement tabou (mis à part dans les films d'action), la côtoyer même très indirectement, par mots, peut donner des craintes.

Je n'avais pas encore lu le poème de W. Blake (merci Lulu) quand, face à la mer, les larmes dans les yeux (nous étions  profondément attirés, Philippe et moi, par l'eau : mer, rivières ...), en regardant les marins partir à la pêche, je me suis dit que j'étais bien ingrate : certes la mort m'a enlevé Philippe, bien trop rapidement et d'une manière atroce, mais nous avons eu la chance de vivre des moments d'une telle communion, de bonheur, d'insouciance où l'idée de la mort ne nous avait même pas effleurés, tant l'amour donne cette impression d'immortalité.

Dans le cœur et la tête des femmes de marins l'idée de la mort, l'angoisse, rodent à chaque sortie en mer par mauvais temps. Essayer de transformer le "Il nous a été donné si peu de temps à vivre ensemble notre amour" par "Quelle chance inouïe j'ai eu de vivre auprès de cet homme, le temps que la vie a bien voulu nous accorder". Pas toujours facile... mais apaisant quand c'est possible. Et me dire aussi, comme Zabou,  Lageta, Lulu, Qiguan  : "Qu'est-ce qu'il aurait aimé que je fasse, là, maintenant ?"
Mais je fais, comme vous, le "yoyo" : un jour j'avance avec ces convictions et le lendemain je trébuche, je doute, je n'ai envie de rien et je me laisserais volontiers sombrer. Je repense à la promesse que m'a faite faire Philippe, quelques jours avant son décès, avec tellement de sérieux dans les yeux et dans la voix  : "Je veux que tu me fasses une promesse. Je veux que tu me promettes que tu prendras soin de toi". Il n'a pas ajouté "car bientôt je ne serai plus là, éternellement, pour le faire". Cela allait de soi, pour lui, pour moi. Et j'ai promis.

Je crois que c'est le souhait le plus cher qu'avait mon Amour, mais aussi le vôtre même s'il n'a pu le formaliser (état dans la maladie qui n'a pas permis de le dire, peur de vous faire encore plus de mal, départ soudain dans un accident, un suicide, ...). Le décès de la personne aimée fait partie de son histoire mais, dans notre histoire, nous avons encore du chemin à parcourir et notre amour n'a pu que nous souhaiter d'y trouver, un jour, un apaisement et petit à petit d'autres bonheurs. Si quelque chose "survit" (esprit, âme, autre selon la conviction religieuse ou non de chacun) à notre Amour, il est à nos côtés ou en nous pour nous guider sur la suite du chemin. Mais, bon, il y a des jours de découragement où le doute nous laisse croire que seule la solitude est notre compagne....

Cette semaine hors de chez moi,  avec beaucoup de présence,  m'a fait me dire que, lorsque cela est possible, il est positif de partir quelques jours. La solitude sera tellement notre lot, encore et encore, lorsque la rentrée sera venue, que le quotidien nous accaparera.

J'ai pu "faire revivre" Philippe, avec sa sœur, comme nous ne l'avions pas encore fait depuis son départ il y a 6 mois. Elle m'a parlé de l'enfance, de l’adolescence... Il y a eu du sérieux, du rire, de la bonne humeur, de l'émotion. Nous n'avions pas osé, mutuellement, nous livrer autant, de peur l'une comme l'autre de gêner, de "raviver les plaies" (alors que nous le savons tous, elles sont béantes chaque jour ...), de causer plus de chagrin. Cela m'a fait un bien fou et à elle aussi. Nous serons moins dans la retenue à l'avenir je pense. Bien sûr, il y a des choses que je ne peux partager avec elle qui n'a - par bonheur - pas vécu la perte de l'être aimé. Mutisme total avec le reste de la famille et l'entourage. Mais, depuis ma venue sur ce forum, je sais que c'est normal. L'entourage ne sait pas, ne peut pas, ne veut pas. Aucun ressentiment à avoir, cela ne servirait à rien et ne changerait rien. Je me dis que cette présence et ces échanges, superficiels, ont aussi une grande utilité.

Je vais utiliser demain, vers midi, la ligne téléphonique dont a parlé Qiguan. Je ne sais pas comment cela fonctionne et me dis que cela peut sonner dans le vide comme être une drôle de cacophonie... mais "qui ne tente rien, n'a rien". Au plaisir d'échanger avec vous peut-être donc de vive voix demain.

J'aimerais beaucoup pouvoir rencontrer des membres qui seraient de ma région (département 44 Loire Atlantique). J'y pense d'autant plus que j'ai vu, à travers certains de vos messages, la même "souffrance" face aux WE : rien dans l'emploi du temps parfois ou alors (c'est tout à fait mon genre) beaucoup de choses pour éviter le vide, le tête à tête douloureux avec soi et le manque de l'absent... J'aimerais trouver d'autres personnes qui, parce que dans la même situation, auraient envie parfois de parler à cœur ouvert autour d'une boisson chaude (quand l'été aura tiré sa révérence), d'aller faire une marche, voir une expo ou autre. J'ai vu qu'il y avait, dans le forum, un thème "Localisation" mais je n'y ai trouvé personne de ma région (hélas)

Voilà, je viens de passer un grand moment avec vous, avec qui je me sens moins seule dans cette épreuve si particulière de la vie. Vos mots m'apportent beaucoup et j'espère pouvoir apporter à certains d'entre vous une petite étincelle de tant en tant.

Nous sommes dimanche et mes chaleureuses pensées vont plus particulièrement à celles et ceux qui seront seuls cette journée. Je sais la force de la pensée (sur moi en tout cas et peut-être aussi sur vous).

A 17 h, je me ferai un thé et m'installerai un peu dans mon canapé pour lire. Si vous vous faites un thé ou un café vers ce moment là, ne vous sentez pas tout à fait seul(e)    :)

Je vous embrasse

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: Coccinelle12 le 10 août 2014 à 12:32:22
Bonjour Viviane,
Ton récit fait tellement écho en moi, un prélude à ce qui m’attend dans un mois.
Prendre l’avion seule, hôtel seule, lit king size seule, petit déjeuner et restaurant seule, transat seule, cocktails seule, promenade sur la plage seule, excursions seule, etc…..
Je me suis donnée un peu plus de temps après son décès pour l’ envisager , car avant, c’ était tout simplement mission impossible.
Donc ce sera une grande première pour moi, 20 mois après son décès.
Mais je sais qu'il voudrait me voir revivre, refaire ce qu'on aimait tant faire à 2, et je sais que c'est lui qui me donne ce courage, lui faire voir à travers mes yeux, cette vie qui l'a quitté.
Bon dimanche à tous
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 10 août 2014 à 13:00:32
Bonjour à tous et toutes

Merci Viviane de ton long message qui me reflète complètement, comme tous les fils de ce forum d'ailleurs. Je te remercie surtout d'avoir livré ce que TON Philippe t'a demandé dans ses derniers moments, c'est un peu comme si c'était le message que le MIEN n'a pas eu le temps de me dire. Ses derniers mot, son appel au secours résonnent dans ma tête à jamais. Mais je sais qu'il m'aurait dit la même chose. Il disait toujours qu'il n'arriverait jamais à ma retraite mais là il est parti près de 20 ans trop tôt et il n'a pas eu le temps de me dire quoi que ce soit !

Je pars demain rejoindre mes 4 amis à Perpignan, moi aussi mes premières vacances sans mon amour mais pas complètement dans la solitude. Je sais que nous aurons beaucoup d'émotions mais aussi de souvenirs, de rires et probablement de projets. Avant nous faisons des projets de balades à moto, maintenant il y a une voiture au milieu des motos...

Je sais qu'un jour je partirais quelques jours, seule, je ne sais pas encore où ni quand mais un jour viendra.

J'espère un jour sortir plus forte de cette épreuve de la vie...

Coccinelle, je te souhaite de te trouver pendant ce mois de vacances.

Je vous embrasse mes compagnons, je vous lirais cette semaine et je vous retrouverais à mon retour.

Lulu
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 10 août 2014 à 18:25:53
Bonjour à tous et toutes

Merci Viviane
ton message dit si bien les choses ... vécues
suggestion tu peux mettre un lien vers http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/les-vacances/15/ ou le recopier car il y aurait parfaitement sa place et de futur(e)s lecteurs lectrices auraient sans doute une satisfaction et une aide à le lire ...

je mets le RDV téléphonique sur http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/%27conference-telephonique%27/ est ce que 12 h 30 te conviendrai (moi oui) ?
Pour l'utiliser c'est très simple, appeler le 0811 650 811  attendre le message de l'opératrice et tapez le code 805316
Le premier participant est accueilli par une musique d'attente jusqu'à l'arrivée du second participant.
Un signal sonore nous indique l'arrivée de tout nouveau participant.

Coccinelle tu vas en partant honorer ce qu'il aurait aimé te voir faire et oui il sera avec toi ... malgré douleur et sentiment de manque ! Puisses tu y trouver des choses positives à engranger pour le quotidien ensuite !

Lulu je te souhaite beaucoup de plaisir dans tes échanges avec les amis
je n'ai pas encore eu d'invitation de nos amis mais je suppose que cela fait aussi beaucoup de bien !

affection et bises à toutes et tous
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 10 août 2014 à 19:17:18
Qiguan : OK pour demain 12h30   :)  (si tu veux me communiquer ton prénom en MP avant, tu peux). Ça me fait très plaisir que l'on puisse mettre une voix sur des mots. Nous aurons la surprise de voir qui sera là.

Coccinelle : 2 petits jours en solo pas loin, en terre connue, pour moi et un grand saut pour toi. Cela doit nous donner de l'espoir. Peut-être que l'an prochain, moi aussi, je pourrais plus loin, plus longtemps... Tu vivras sans doute, comme moi, des moments incongrus, décalés, inadaptés. Si cela t'aide, que tu en as envie, tu peux les noter le soir (cela peut t'aider à les évacuer avant le coucher) et... nous les raconter à ton retour si tu veux.
Je crois qu'on peut toutes et tous partager la douleur, l'absence, le manque, la violence de la vie et des sentiments ... mais aussi les bizarretés de notre situation et peut-être même quelques sourires et rires.

Lulu : juste pour finir notre journée sur une note belle et poétique, imaginons qu'il existe un "ailleurs" après ... imaginons que dans cette ailleurs il y ait des groupes de paroles par affinités... imaginons qu'il y ait un groupe pour les Philippe qui faisaient de la moto.... on en connait au moins 2 qui ont des choses à se raconter  ;)  Peu importe que cela soit vrai ou pas, il peut être agréable d'y penser un instant.

Douce soirée à vous et à très bientôt

Bises

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: JBNB le 10 août 2014 à 20:34:13
Chers amis... amis dans la douleur !

En lisant vos textes, l'émotion est montée en moi. Bien sûr que je me retrouve aussi dans toutes les situations que vous avez évoquées.
Je revis (quotidiennement) le moment où on nous a annoncé le type de maladie, J'ai cru que le ciel me tombait sur la tête.
je revis le difficile (mais riche en sentiments)  parcours d'une année avec mon épouse : toutes les étapes qui, à chaque fois, me confirmaient la cruauté de l'affection (ah oui, je n'ai pas dit : une tumeur cérébrale. Croyez-moi, ce n'est pas simple). Voir la déchéance progressive de son être bien-aimé est terrible. Je l'ai mal vécu, mais j'ai fini par me résigner, tout en espérant le miracle.
En vous lisant, les larmes me sont revenues.
Je sais que, malheureusement, nous sommes nombreux à vivre (ou avoir vécu) ces moments de détresse.
Pour moi, cela fait maintenant 18 mois que mon épouse a quitté ce monde. J'y pense toujours.... Toutefois, après une rencontre/séminaire organisée par ma Caisse de Maladie, j'ai l'impression d'avoir fait un grand pas en avant.
C'est pourquoi je ne peux que vous encourager à maintenir un lien avec des personnes ayant vécu pareil évènement.

Bonne fin de dimanche, à vous...
Toute mon amitié

Jacques
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: Coccinelle12 le 10 août 2014 à 21:36:29
Bonne idée Viviane,
Surtout que je tiens un journal depuis la mort de mon amoureux.
Je lui écris des messages régulièrement via une adresse email ouverte à son nom.
Bien sûr, je n'ai pas de réponse, mais ça me console beaucoup et m' aide à avancer, persuadée qu'il les lit.
Le lien n'est pas interrompu.
Pour les vacances, vu que je  n'emporterai pas d'ordinateur, j'écrirai mes ressentis sur papier, merci pour cette suggestion.
Merci à toi Qiguan également. je vais essayer de perpétuer le souvenir.
Pour finir sur une note belle et poétique comme tu le dis Viviane, Ils seront au moins 3, car mon amour était également un passionné de moto.
Lulu, je profite de cette note positive qui nous lie pour te souhaiter de passer de bonnes vacances.
Bonne soirée à tous
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 10 août 2014 à 22:47:24
Jacques : nous aurons l'occasion d'échanger quelques mots demain lors de la conférence téléphonique. Je n'ai pas tes convictions religieuses mais j'envie la qualité de l'accompagnement qui a été le tien pour ton épouse. Même si j'ai été très proche, jusqu'au bout, de mon compagnon et que nous avons beaucoup parlé, je n'ai pas été aussi "loin" que je l'aurais souhaité : peur de dire certains mots ?  de poser certaines questions ? pas prête à entendre certaines réponses ?  Je ne sais pas, c'est un mystère pour moi tant notre communication était fluide, sincère et sans tabou. Je culpabilise encore parfois, au bout de 6 mois, de n'avoir peut-être pas dit tout ce qu'il aurait fallu ... je ne sais pas en fait.

Coccinelle : j'aime beaucoup cette idée. J'avais découvert la moto avec Philippe, il y a 2 ans (je n'étais jamais monté sur une moto de ma vie, avant). Il ne faisait partie d'aucun club et la moto n'était pas son loisir mais son mode de locomotion, par choix, depuis son adolescence. Et s'il y a quelque chose que j'ai rapidement vu et retenu c'est la grand solidarité qu'il existe entre motards. Ici et ... peut-être ailleurs   ;)

Il est temps maintenant d'aller mettre les yeux à dormir et de neutraliser un peu la boite à penser par quelques lignes de roman.

Bises

Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: zabou le 11 août 2014 à 10:36:39

Chacun de vos récits me rappellent quelque choses de lui ,de moi, des sentiments vécus, de la culpabilité souvent ressentie, des derniers jours, qui restent .....

Je sais aujourd'hui, qu'il aurait été pire pour moi, qu'il me parle, il m'a suffit de voir, de comprendre, je le connaissais si bien !

La moto, je n'en ai encore jamais parlé, un crève cœur, il l'avait acheté, comme un adolescent, heureux de pouvoir concrétiser un rêve, je l'ai vendue, je pleurais, mais elle était là , à pourrir, je n'arrivais pas à la déplacer, et j'avais besoin de place pour ranger, alors 18 mois après , je me suis décidée.....

Mon fils l'a voulait, ma belle fille n'était pas d'accord, je n'ai pas voulu semer la discorde entre eux, et j'avais très peur aussi que mon fils puisse avoir un accident avec, je ne voulais pas me sentir responsable , je ne pouvais pas....

Alors elle est partie, et j'ai beaucoup pleuré.....

Lulu, Coccinelle, profitez de ces moments, bien sur la douleur est là, et ce que j’appelle, les regrets aussi, cette petite ponte de nostalgie lorsque l'on découvre un paysage, que l'on aurait tant aimé partager, mais cela reste bénéfique , un pas vers demain...

Je vous embrasse tous.

zabou
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 11 août 2014 à 23:08:14
Bonsoir Zabou,

j'ai lu ton message avec émotion. Comme il est difficile, même en étant pas matérialiste, de se défaire des objets que notre Amour aimait... l'impression de l'abandonner un peu (même s'il n'en est rien bien sûr).

Pour la moto, ta décision semble la plus sage. Tu peux, peut-être, comme moi, te dire qu'elle a fait un heureux ou une heureuse et qu'à l'heure actuelle un autre passionné en prend soin, s'en sert pour aller au travail ou en vacances, passera peut-être chercher son enfant à l'école ou son amoureuse au travail avec ...
Cela me fait chaud au cœur lorsque j'y pense... même si j'ai bien du mal à retenir mes larmes à la vue de nos casques.

Et pour finir plus légèrement la soirée, je me dis que sur "la planète motarde de l'au delà", ça commence à se peupler... je me demande aussi si les compagnes de motards sont plus bavardes que les autres (au moins 4 sur ce fil...    :)  ).

C'est curieux, je termine cette journée le cœur assez léger. Je suis sur mon canapé, emmitouflée dans un vieux gilet de Philippe particulièrement moche et tellement chaud que cela me fait sauna en cette soirée d'été... (mais comme je suis bien dans ce gilet plein de douceur et protecteur depuis qu'il est parti ! ). Pourtant, j'ai eu un après-midi éprouvant. J'ai passé presque 4 h au CHU, là même où je retrouvais mon amoureux durant les 5 mois de sa maladie, là même où il s'est éteint en soins palliatifs le 30 janvier dernier.

J'ai rendu visite, après avoir un peu "trainé les pieds" à une cousine qui se trouve en réanimation cardiaque. J'appréhendais de retrouver cet endroit : même parking, même jardin, même hall, passage devant la cafétéria qui m'a tellement vu pleurer...
Ce fut un moment fort mais pas aussi désespérant que je ne l'aurais pensé. J'ai eu l'impression que vous, mes compagnons d'infortunes, vous me souteniez à distance en quelque sorte. Peut-être était ce aussi l'effet positif de la conversation téléphonique du midi qui concrétisait le fait que, derrière les mots du forum, il y a d'autres humains qui comme moi souffrent, avancent, chutent, repartent, se soutiennent dans l'épreuve.  Recevez tous ma gratitude.

Que nos mots continuent à apaiser nos maux et que cette nuit nous apporte du réel repos.

Bises

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 12 août 2014 à 14:12:07
Bonjour
tu as écrit
"Ce fut un moment fort mais pas aussi désespérant que je ne l'aurais pensé. J'ai eu l'impression que vous, mes compagnons d'infortunes, vous me souteniez à distance en quelque sorte. Peut-être était ce aussi l'effet positif de la conversation téléphonique du midi qui concrétisait le fait que, derrière les mots du forum, il y a d'autres humains qui comme moi souffrent, avancent, chutent, repartent, se soutiennent dans l'épreuve. "

C'est une bonne chose que tu ais pu directement tiré profit d'une aide par le contact avec des personnes dans ton cas (forum, conversation) et vécu ce retour sur ces lieux imprégnés de choses difficiles (dans ma ville) avec moins de difficultés.
Pour ce qui me concerne à la faveur de la proposition de la psychologue des soins palliatifs d'assurer un suivi pour moi, j'ai eu à affronter cette situation très vite juste quelques jours : 9. Et ce fut bien éprouvant !
Au fil des consultations je n'ai plus les mêmes ressentis.
De même sur le trajet vers Toulouse où il avait été hospitalisé longuement, le premier fut très éprouvant puis au fil des déplacements cela s'atténue.
Cela s'est accentué à nouveau quand en partant en vacances j'ai eu à passé à proximité du CHU mais sachant que ce service où il était avait été transféré ailleurs cela a un peu diminué.

Tous ces lieux resteront en mémoire tant on connait trajet etc, Joyce Carol Oates en parle très bien dans son livre "J'ai réussi à rester en vie" !

S'envelopper dans le vêtement de notre Amour est quelque chose que je pratique depuis le début : robe de chambre, porter en WE ses habits vu nos tailles assez proches et faire transformer au féminin certains de ses pantalons par la couturière ... autant d'occasion de garder cet élan de fusion ...
le chercher, le retrouver ... oui c'est une manière de vivre le deuil !

Je souhaite la meilleure fin de journée possible et je t'embrasse
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 23 août 2014 à 11:27:46
Bonjour à tous,

Je complète ce fil, commencé dans un moment de désespoir fin juillet, car j'ai trouvé un groupe de parole dans ma ville et je suis inscrite à la première séance qui se déroulera en octobre.
Ceci par le biais de l'association ADVC (qui est une branche régionale de la FAVEC Fédération des Associations de Conjoints Survivants). Je n'avais pas eu de réponse à mes demandes avant aujourd'hui car les personnes étaient en vacances, tout simplement.

Le groupe de parole sera constitué de 6 à 8 endeuillé(e)s et il sera animé par une psychologue qui a elle même traversé le deuil de son compagnon (c'est elle qui m'a recontacté par téléphone). Il est prévu un cycle de 6 séances (1 par mois) avec possibilité de renouveler 1 fois pour 6 mois si nécessaire. L'adhésion à l'association est de 30 euros environ + une trentaine d'euros également pour l'ensemble des séances (participation aux frais de location de la salle ...).

Voilà, je tenais à partager ces informations avec vous qui me lirez et qui cherchez peut-être comment libérer votre parole en plus de ce forum. Parler est primordial, à ceux qui peuvent nous comprendre "de l'intérieur", c'est le cas sur ce forum et dans les groupes de parole spécifiques, cela soulage dans l'instant et permet d'user, peu à peu, la douleur.

Bien chaleureusement

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 23 août 2014 à 13:58:00
super pour toi !
je viens de mettre le lien dans http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/utile-groupes-de-paroles-gratuits/msg47432/#msg47432 cela pourra servir peut être.

Que ta journée soit portée par cette bonne nouvelle d'aide
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 31 août 2014 à 13:06:12
Le cap des 6 mois est passé puisque hier cela faisait 7mois...
A ma presque grande surprise, une journée pas plus catastrophique qu'une autre . Ces derniers jours sont difficiles de toute façon car ils correspondent au moment "anniversaire" de l'hospitalisation, des examens, du résultat ... du début de la fin en somme.
Soirée divertissante même, à écouter du jazz en plein air un moment et à finir autour d'une tisane.

Et puis ce matin, retour de bâton, alors que je ne m'y attendais pas   ???
Un réveil tôt, trop tôt, comme d'habitude,  des larmes plein les yeux déjà ... l'impossibilité de quitter la chaleur du lit avant 10 h. Envie de rien. L'impression d'être sur le Titanic qui coule et moi qui joue, stoïque, d'un instrument de musique sur le pont, consciente que le bateau coule mais qu'il faut tenir son rôle.

Matinée de tout et de rien, surtout de rien. Promenade dans un lieu plein de jardins ouvriers où nous allions régulièrement avec Philippe, voir défiler les saisons, bavarder avec les jardiniers amateurs ... faire ma 1/2 h de pèlerinage l'eau dans les yeux, en regardant la vie comme sans en être. Gros raz le bol.

Me reprendre maintenant, après avoir jeter ce coup de blues au vent du forum, pour tenter de m'en libérer un peu.
Après-midi et soirée chargés : visite au CHU, invitation par une endeuillée à venir faire connaissance, échange téléphonique. 
Objectif : aller mieux demain pour faire face comme il se doit au travail

Doux dimanche à toutes et tous

Bises
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 31 août 2014 à 20:06:59
J'espère que ton après midi a été moins difficile, que ta douleur s'est apaisée. Tu as eu raison de venir jeter ici ton trop plein d'émotions, le forum est aussi un moyen d'user notre douleur lorsqu'elle nous prend par surprise. User toujours user pour garder la tête hors de l'eau.

On se rend bien compte que les dates se jouent de nos émotions. On croit avoir passé un cap et hop, nos larmes reviennent par surprise. Je pense que tu dois revivre des jours pénibles à tes souvenirs, lorsque tu as su que ta vie allait basculer... Pour moi le triste "anniversaire" des 6 mois où le coeur de mon Phil s'est arrêté et où tout à basculé ce sera vendredi. J'imagine que comme moi au lendemain du jour où il est parti définitivement tu ne t'imaginais pas 6 mois, 7 mois plus tard. Et pourtant nous sommes toujours là, avec nos faiblesses mais aussi nos forces pour continuer à survivre et profiter des instants où la douleur se fait différente.

Je suis de tout coeur avec toi et pense à nos Philippe là haut qui doivent se raconter des histoires de moto...

Amitiés

Lulu

Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 01 septembre 2014 à 11:11:11
Bonjour Viviane
j'espère que la reprise du cadre travail ,vie avec ta fille le soir agira sur ton état qui a relâché hier dans un moment de vide
le vide notre ennemi !  :-\
chaque moment d'achoppement ainsi nous montre ce long parcours qui doit se faire ainsi en zig zag avec retour en arrière !
Bien sûr on voudrait se les éviter mais non il faut les accepter, accepter cette douleur qui fait le travail du deuil !
Affectueuses bises
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 septembre 2014 à 22:31:29
Lulu,

Merci pour tes mots si justes et pour avoir réussi à me faire sourire.
Avant de fermer les volets, hier soir, j'ai fait un tour sur le forum et vu ta gentille main tendue qui m'a fait chaud au coeur.
Quand j'ai ouvert la fenêtre, j'ai vu le ciel étoilé et j'ai repensé à ce que tu avais écrit sur "nos" Philippe. Cela m'a fait sourire. Merci.

Oui, tu as raison, il y a 7 mois je ne m'imaginais pas là où j'en suis. je ne m'imaginais pas tout court. Le chemin est long et rude mais nous avançons... mais p.... ! que c'est dur parfois.

Ce matin, le réveil a sonné à 6 h et le quotidien m'a happé... il fait bien. Il m'oblige à ne pas me laisser envahir par le blues trop longtemps. Bien sûr il faut porter le "masque" de la femme dynamique qui assure sur tous les fronts (et le pire c'est que c'est possible... dédoublement de personne...). Le rythme va être dense toute la semaine, ça va donc aller.

De tout coeur avec toi Lulu ces jours à venir. Essaie de te protéger (hm hm plus facile à dire qu'à faire, je sais...). Et puis, peut-être regarde le ciel  ;-)

Je t'embrasse



Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 01 septembre 2014 à 22:41:33
Et oui, comme tu le pressentais Qiguan, le retour de ma fille, ce soir, m'a fait mettre illico mon blues au deuxième plan ... Demain c'est la rentrée en terminale, elle avait donc envie de parler ... d'avenir, de prochaines vacances .... la vie quoi.
Ce matin, déjà, le travail m'avait remis en ordre de marche.
Je ne suis pas dupe, je sais que c'est jusqu'à la prochaine fois. J'aimerais qu'elle me laisse un peu de répit maintenant, le plus longtemps possible... même si j'accepte (enfin, "intellectuellement" parce qu'émotionnellement j'accepte encore un peu mal d'aller parfois si mal, si soudainement et de me sentir impuissante... ).

Merci à toi pour ton soutien sans faille et nos échanges que j'apprécie toujours beaucoup.

Chaleureuses pensées.

Je t'embrasse


Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 02 septembre 2014 à 14:00:15
chère Viviane
j'ai relevé :
"le deuil est un chemin solitaire, certes, mais on n'est pas obligé de le parcourir tout seul" Dr Fauré ...
voilà tout est dit.
Je suis bien heureuse des effets de la vitalité de ta fille sur ton état, bien sûr par rapport à d'autres jeunes touchés directement par le deuil puisqu'elle a perdu dirons nous un ami pas un père, c'est différent pour elle et pour toi mais ce que sa présence t'apporte est énorme !
Hier soir en commençant à chercher à faire le compte rendu de la conférence de samedi de Jean Yves Leloup sur la paix intérieure paix extérieure je suis allée sur son site et en cliquant sur enseignements j'ai découvert une mine d'enregistrements et textes que je pourrais écouter, lire et notamment le livre des morts commenté en 5 parties chacune longuement ... cela devrait m'occuper quelques moments de vide et être anti blues !
Ne pas s'identifier au deuil qui est un état que l'on traverse, se remettre dans l'être que l'on est et vivre avec le deuil est un sacré parcours parfois on plongerait facilement par être happé totalement dans le négatif, avec l'envie de baisser les bras heureusement notre côté de "battantes" nous sert à relever la tête et à regarder tous ces positifs dont dimanche nous faisions ensemble l'inventaire ... ensuite nous pouvons nous appuyer sur ces béquilles pour avancer d'un petit pas ou nous relever.
Je repense à tes passages au CHU pour l'accompagnement de ta cousine et cette confrontation à ces lieux ... j'avais utilisé déjà après le décès de mon père et de mon grand oncle à quelques jours d'intervalle d'ailleurs puis je l'ai employé là en retournant aux consultations avec la psy des soins palliatifs qui fait mon suivi, la stratégie en retournant sur ces lieux d'évoquer les naissances dans ce lieu dont la mienne, celle de ma fille, de ma petite fille et de plain d'autres dans la partie maternité et ça m'avait aidé en plus de prier dans l'ascenseur pour envoyer du soutien à tous les malades et accompagnants en peine dans ce lieu, aider les autres, se tourner vers l'aide aux autres m'a toujours aidé.
Là cela déjà me faisait sortir de l'enfermement dans l'égoïsme de ma peine dont je crois Jean Luc parlait récemment, ensuite cela activait des centres de souvenirs heureux et participait donc à me décaler du négatif vers le positif.

La reprise de l'animation de mes activités de groupe avec mes "élèves" pour la gestion du stress avec sophro, respiration, PBA, EFT etc Qi gong m'a fait du bien, dans le groupe de ce matin 2 veuves ...
j'apprécie toujours nos échanges
je t'embrasse
Qiguan
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: lulu le 02 septembre 2014 à 20:13:20
Bonjour à vous tous
 
Je suis contente FéeViviane d'avoir accroché un sourire à ta journée qui avait commencé de manière difficile.
La reprise du travail me permet à moi aussi de mettre mon masque et d'avoir l'esprit occupé, un peu de répit dans la douleur.
Comme pour toi, lorsque mes enfants sont là, ils me ramènent à la vie du quotidien : leur travail, une sortie au cinéma, envie de changer d'appart de ma fille, la garde de son lapin pendant ses vacances... Ils ont tous deux 22 ans, ma fille a déjà son appartement à 10 km de la maison et mon fils est encore là.

Je me sens fragilisée ces jours ci car ma fille a pris contact avec leur père qui habite Toulouse. Ils ne l'avaient pas vu depuis très longtemps mais elle l'a vu pendant les vacances et demain leur père vient passer quelques jours sur Paris et ils vont le voir tous les deux. Ca me faire vraiment flipper.
 

Je sens quand même que j'ai passé un cap depuis quelques jours et je pense que les vacances avec mes amis à 5 au lieu de 6 n'y sont pas complètement étrangères. Pendant cette semaine j'avais ressenti de plein fouet l'absence de mon mari où j'avais le sentiment qu'il allait arriver avec les autres à chaque instant et le retour dans la maison vide en journée (mon fils étant au travail) avait aussi été compliqué.
Maintenant depuis quelques jours, je sens que la douleur s'est modifiée, elle est toujours aussi forte mais je sais à présent qu'elle fait partie de moi. D'ailleurs je somatise pas mal, plus qu'avant, avec une impression de noeud dans le dos à coté de l'omoplate et sur le côté de la poitrine !
 
Qiguan, je n'avais pas noté cette phrase du Dr Fauré, et je te remercie de l'avoir postée. On chemine effectivement tous comme on peut à notre rythme, mais le fait de pouvoir partager sur le forum en particulier nous permet de ne pas faire ce chemin seul... Tu as bien raison le deuil est un état que l'on travers mais quelle traversée, pire que le désert, mais avec toutes nos béquilles à nous tous on va bien y arriver.

Amities à vous tous
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: Naya le 03 septembre 2014 à 13:53:23
Bonjour,
Quoi vous dire mon Mari est Decede il ya un an et je n'acccepte pas tjs sa mort c un cauchemar ma vie ne sera Jamais la meme et le tienne Aussi quel horreur la tristesse est tjs la je le cherche partout Mais il n'est plus la c grave toujours des pleures c fou quoi on a le sentiment que le cauchemar a vie et j'y Pense tas de la chance t'as un boulot moi meme un boulot j'en ai pas j'etais tellement depend ante de mon Mari il est parti brutalement un accident mortel je n'ai plus envie de vivre je prefere le rejoindre Mais ce n'est pas qui decide c la vie beaucoup de douleureuse Mais rien a faire on pleure on Pense Mais rien ne change comme me dit ma mere la vie continue et moi je suis a ma place arrete ce jour de 10  aout je n'ai plus le coup a la vie rien ne fait plus plaisir c un cauchemar c tou
Bon courage la mort on la prend pour la vie



Bonjour à tous et toutes,

Philippe est décédé le 30 janvier 2014 dans une unité de soins palliatifs, il avait 52 ans et moi 49. Après avoir eu, chacun de notre côté, une vie maritale longue qui, à défaut de nous avoir apporté le bonheur, nous avait permis d'avoir des enfants dont nous étions fiers, la vie nous avait fait le merveilleux cadeau de nous mettre tous deux sur le même chemin.

Nous avons connu, ensemble, ce que nous n'avions pas connu séparément : amour, complicité, tendresse, écoute.... ce sentiment unique d'être les deux moitiés d'un tout, dans un merveilleux espace de compréhension, de liberté d'être soi, de rire, de création d'avenir.
Et puis, soudainement, la maladie s'est déclarée l'été dernier : pas de toux, pas de bronchite, une douleur lancinante dans un poumon et dans le dos. Le verdict est tombé rapidement : cancer du poumon avec métastases dans les omoplates.
Philippe est entré à l'hôpital pour ne plus en ressortir. Cinq mois de douleurs, de souffrance, de dégradations pour lui et autant d'impuissance pour moi. Deux années de bonheur et mille projets balayés par le tsunami cancéreux.
Cinq mois qui ont transformé cet homme plein de vie  que j'aimais en une ombre de lui même, comme un vieillard décharné, hagard, terrorisé par ce mauvais sort de la vie, que j'ai continué à aimé, jusqu'à son dernier souffle. Parce qu'au delà de la maladie, au delà de l'apparence, l'Amour était, pour nous deux, le plus fort. Je n'ai compté ni mon amour, ni mon temps, ni ma peine durant ces cinq mois, j'ai fait face à l’innommable, sans déni, fais face également à son départ, certaine comme je l'ai murmuré à son oreille, avant qu'il ne s'éteigne, qu'une part de moi partirait avec lui et qu'une part de lui resterait, à tout jamais, avec moi.

Certains ont dit que j'étais courageuse mais vous, comme moi, parce que vous avez vécu ces moments, vous savez qu'il n'en est rien. J'étais juste anesthésiée. Je me suis, comme vous sans doute, noyée dans la suractivité. J'ai pleuré l'absence de mon Amour, pleuré ma peine, pleuré ce vide si profond en moi et évité de déranger en en parlant trop souvent.

J'ai pensé que, doucement, la peine s'atténuerait, qu'elle deviendrait supportable, saurait se faire oublier. J'ai continué à porter un de ses gilets pour lire le soir, continué à pulvériser son parfum régulièrement, mis dans mon sac à main quelques menus objets, sans valeur, mais qui font partie de bons moments...
Oui, je l'avoue, j'ai cru que le travail de deuil pouvait se faire ainsi. Et je me trompais.
J'ai commencé à aller de plus en plus mal à partir de la fin mai. Extérieurement, la vie avait bien repris son cours : travail intense, famille, relations amicales, sorties, vacances... mais, intérieurement, j'étais de plus en plus dévastée, me sentant plonger, chaque jour un peu plus, dans une sorte de puits sans fond.

Il y a trois jours, les yeux à nouveau plein d'eau, j'ai navigué sur internet à la recherche d'informations sur le deuil. Je commençais à me demander si j'étais normale, si mon comportement de ces dernières semaines ne relevaient pas de la dépression... Ce que j'ai découvert m'a permis d'aller me coucher, vers 3 h du matin, un peu moins tourmentée. J'avais découvert que le deuil est fait d'étapes (ce dont je me doutais) dont certaines très douloureuses, même à distance éloignée, du décès de l'être aimé (ce que j'ignorais). J'ai visionné la conférence d'octobre 2011 d'un psychiatre (C. Faure) qui décrit très bien ces étapes.
 
Me voilà donc engluée dans cette première phase de crise aiguë et incontrôlable de douleur et de manque . Comme c'est dur ! Comme ce trop plein de larmes, cette fatigue qui s'abat, ce goût de rien, cette plaie à nouveau béante sont difficiles à gérer et à vivre.
Je sais que le travail va être long J'ai le souhait d'intégrer un groupe de parole (mais n'en ai pas encore trouvé dans ma ville) car je crois que des échanges avec des endeuillés me feraient du bien, tout comme j'espère que ce forum, que je viens de découvrir, pourra m'apporter un peu de sérénité.

Mes pensées de solidarité à ceux et celles qui traversent cette grande épreuve de la vie.

Viviane
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 03 septembre 2014 à 15:59:43
Naya
j'ai vu que tu avais posté déjà des messages sur ce forum c'est bien d'y revenir même si c'est tout empreint de tristesse et difficultés ... pour toi encore
reçois mes meilleures pensées
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 03 septembre 2014 à 23:44:06
Naya,

Oui, je mesure comme c'est une chance de travailler, d'être obligée sur la journée de faire comme si cela allait. C'est à la fois un poids mais aussi un moment qui oblige à ne pas ressasser et à faire face (et donc à avancer). Je pense souvent à ceux qui traversent ce deuil en étant retraité ou sans travail.

De tout cœur avec toi en pensées.

Bises
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: Yentel le 05 septembre 2014 à 23:00:25
Bonsoir à tous...

Je serai, moi aussi, bientôt à ce terrible cap des 6 mois... Mon Amour est parti le 21 mars... Mon histoire ressemble très fort à la tienne Viviane... Je m'appelle Sophie (Yentel, c'est le nom de ma jument)... J'ai vécu avec Eric 2 ans et 9 mois d'Amour dont 11 mois de terrible combat contre un cancer du poumon avec métastases osseuses et hépatiques.
Là je suis dévastée, obligée d'assurer le quotidien, pour mes enfants, parce qu'il faut "être forte, tourner la page,... bla bla bla..."  Alors qu'une seule envie me taraude vraiment : être à nouveau auprès de lui... Le rejoindre... Oh c'est si dur...  :'(
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 07 septembre 2014 à 13:01:49
Yentel,

Je viens de te répondre sur un autre fil (+ MP) car je n'avais pas commencé par ce fil...

Toutes mes pensées les plus positives pour toi.

Bises
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: FeeViviane le 21 septembre 2014 à 19:47:30
Hier soir, il m'est arrivé quelque chose et je ne sais pas sur quel fil le raconter donc je le fais sur le mien ...

Suite au décès de Philippe, il y a presque 8 mois, une "amie" ne m'a plus donné de nouvelles (ni pris des miennes). Silence total durant ces 8 mois (nous sommes dans la même ville).

En début de semaine, un SMS "Je n'ai pas pris contact depuis le décès de Philippe... j'ai honte. Veux-tu que l'on aille boire un verre ensemble samedi soir ?"
En toute honnêteté, ma première réaction a été de me dire "Une heure à la terrasse d'un bar à papoter de futilités... non merci !".
Et puis, je me suis dit qu'après tout, cela me ferait une parenthèse. L'occasion d'être un peu au soleil et d'être dans un moment pas du tout investissant (je pensais que nous ne parlerions pas du tout du deuil).

La première 1/2 a été en effet très "légère" : nouvelles des enfants, des vacances, du travail ... et puis, tout à coup, peut-être étonnée (rassurée) du fait que je me comportais "normalement" et que je n'étais pas toute de noir vêtue elle m'a dit à quel point elle se sentait "bête, honteuse, désolée" de ne m'avoir pas contacté, même au tout début et surtout elle m'a dit POURQUOI elle ne l'avait pas fait : elle n'a encore jamais côtoyé la mort, aucun décès dans sa famille ni son entourage proche aussi loin qu'elle se souvienne (une sacrée chance à 50 ans). Elle m'a dit qu'elle s'était retrouvé comme paralysée par cette annonce, incapable de savoir quoi faire, quoi dire, quoi ne pas dire .... et que plus les jours passaient et plus cela lui devenait difficile de me contacter.
Je n'ai pas commenté, n'ai pas montré de ressentiment (que je n'ai pas). Quand elle a eu terminé, elle m'a demandé si je voulais bien lui parler de la maladie, du décès ...
Et, à mon grand étonnement, nous avons passé presque 4 h à parler de la Vie, la mort et le mystère de "l'après", l'Amour de manière très franche et très profonde.

Je vous raconte ceci car nous avons souvent évoqué le fait que rapidement l'entourage se fait "fuyant", qu'il nous semble que l'on a pas ou plus envie de nous écouter, nous entendre.

Les situations sont parfois surprenantes.

Douce soirée à tous

Bises
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 21 septembre 2014 à 20:19:51
Viviane c'est super
je viens de mettre un lien vers ce post dans http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/tentative-de-comprendre-pourquoi-le-sautres-nous-gardent-a-distance/msg48504/#msg48504
Effectivement tu auras joué aussi auprès de cette "amie" un rôle de passeuse car elle aura été initiée à bien des choses qui vont lui servir ...
car si elle arrive à 50 ans sans deuil cela ne va pas durer sans doute pour elle ...
j'imagine même que tu peux lui faire connaître ces 6 mn du Dr Fauré http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/chapitre-sur-le-deuil-du-conjoint-du-dr-faure-dans-vivre-son-deuil-au-jour-le-jo/msg48119/#msg48119
merci de ton témoignage
douce soirée
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide. Et à 9 mois, ça donne quoi ?
Posté par: FeeViviane le 27 octobre 2014 à 21:37:11
La "zone des 6 mois" avait été pour moi une horreur à l'état brut. Je croyais ne jamais m'en remettre et puis... si.

Depuis, quelques semaines, je "surfais" sur des eaux plus paisibles. La tristesse bien présente mais plus de souffrance. La boule au ventre encore parfois avec de l'eau qui me montait aux yeux mais sans sortir. J'avais même cru la source tarie.
J'avais intégré l'absence à défaut de vraiment l'apprivoiser. Le manque était toujours là mais je me disais que le temps ferait son œuvre (et il le fera, bien sûr). J'avais retrouvé une vie presque normale : capable de revivre en société, d'y trouver par moments de la satisfaction, capable depuis très peu de passer une soirée seule sans que ça ne soit la fin du monde...

Et puis aujourd'hui, en fin  d'après-midi, alors que rien ne le laissait présager (pas de date clé, pas d'évènement particulier...) un grand désespoir. Soudain, brutal, violent. J'ai cherché le pourquoi : une parole ? une musique ? un lieu ? une odeur ? ... je n'ai pas trouvé. Je ne sais pas. J'aurais aimé trouver, cerner la raison, la disséquer, la mettre à distance. Mais non, aujourd'hui il faut faire avec.

Ma fille était à la maison alors pas question de me laisser aller. Un manque saisissant de Philippe, de ses bras dans lesquels me blottir quelques instants. Comme si, tout à coup, la petite bonne femme pas trop épaisse que je suis n'avait plus la force. Et en boucle, dans ma tête, les 2 premières phrases d'une chanson que j'attribuais à Aznavour (mais en allant chercher la suite sur le net, j'ai vu que c'était Bécaud) :

"Et maintenant, que vais-je faire ?
De tout ce temps que sera ma vie ? "

J'ai fait ce que je sais faire le mieux en pareil cas : je me suis activée. Et j'ai bu une bière.  Peut-être que si j'avais eu un anxiolytique j'en aurai croqué un morceau. Mais je n'ai pas. Juste une bière abandonnée dans le frigo depuis l'été, vestige d'un diner avec mon fils ou un ami de passage. J'ai réalisé que c'était la première fois de ma vie que je buvais une bière seule (le deuil nous en fait faire de ces choses...). Pas assez pour m'étourdir ni pour faire fuir le vague à l'âme. Et quand bien même elle aurait eu une sœur jumelle dans le frigo que je ne me serais pas jetée dessus.

Tant qu'à faire un peu n'importe quoi, la tristesse infinie collée à mes basques sans raison, j'ai filé sous la douche où j'ai pu laisser couler les larmes.

Le diner de ce soir avait été préparé hier, dans un élan de cuisine frénétique. Tant mieux. Je n'ai pas été une convive agréable, j'ai expédié le moment. Je me suis dis qu'il fallait que ça sorte un peu, pour alléger la peine et ne pas partir à la recherche du sommeil dans cet état. Qu'à défaut de le dire, il me fallait l'écrire.

Je sais que je vais passer ce cap, que je dois continuer à croire que Philippe en moi m'aide à cheminer, que j'ai les ressources pour le faire (j'ai repensé aux paroles de Qiguan et de Sadia).

Voilà, peut-être que d'avoir jeté ici ce moment de creux de vague, sur mon fil du forum, va permettre qu'il  réduise puis disparaisse.

Demain est un nouveau jour ...
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: qiguan le 27 octobre 2014 à 22:15:45
Chère Féeviviane
tu nous décris si bien comment s'est venu : sans prévenir
comment tu as fait, toute stratégie, l'endeuillé(e) le sait est bonne car part de ce que l'on sait inconsciemment peut être, de soi !
et tu y notes que tu as pensé à ton nouveau cercle d'ami(e)s.
J'ose te dire que certainement à l'aube de devoir déployer énormément d'énergie pour assurer ton déménagement qui est plombé par les reliquats de ton ex , avec ta perception de la réserve d'énergie que tu as, tu as senti en toi le défi, l'immensité de la charge qui vient, est là devant !
Tu sais le faire, c'est sans doute l'heure de devenir méthodique et stratège pour ce compte à rebours qui va te demander des renoncements sans doute, t'obliger à demander des aides que tu n'as pas prévues mais qui viendront si tu oses demander cesser de tout assumer, accepter tes faiblesses !
Tu as des ressources à organiser ...
Tu pars vers une vie nouvelle que tu vas installer là où tu aurais dû aller mais pas seule ... avec Philippe cela aussi plombe les choses !
De loin nous ne pouvons que peu mais sache qu'en croyant en tes capacités d'organisation je voudrai contribuer à l'aide !
Oui tu seras aidée, demande à l'univers .... peut être te fallait il faiblir ainsi pour oser demander toi habituée bon petit soldat je connais ça tu le sais pour être de cette même catégorie ... oser avancer avec ta faiblesse !
Sois douce avec toi je suis sûre que tu vas avoir les aides nécessaires !
dans quelques mois semaines tu regarderas ce soir comme un moment particulier un tournant où tu as cru en vacillant risqué de tomber mais pris juste une nouvelle direction
je t'embrasse avec plein d'affection amicale
que ta nuit soit réparatrice et douce
Titre: Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
Posté par: phil33 le 28 octobre 2014 à 22:59:39
Ma chère Fee
Ayant délaissé quelque peu le forum , je m'en veux de te pas t'avoir apporté quelques soutient par quelques mots , meme dérisoires , alors que je sais que c'est par le forum que nous allons un peu tous et toutes moins mal .
Le faire avec sans , difficile à intégrer dans nos vie d'aujourd'hui , pourtant tous les jours il faut remettre cet état de fait dans notre quotidien  , se battre contre l'angoisse qui arrive sans prévenir , les coups de mou , le blues  des soirées sans notre moitié ,  ingurgiter tous ces ingrédients  d'un coup', ce n'est pas possible  , meme pour le chocolat ce n'est pas possible , en petite dose , jour après jour sûrement on pourra les digérer , sans avoir la nausée  , étrange parrallèle  que je te propose
il faut vraiment que tu retrouves la baguette qui allait avec la panoplie de Fée , sait on jamais  !!!
La bise