Auteur Sujet: Cap des 6 mois... besoin d'aide  (Lu 27116 fois)

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FeeViviane

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Cap des 6 mois... besoin d'aide
« le: 01 août 2014 à 00:47:51 »
Bonjour à tous et toutes,

Philippe est décédé le 30 janvier 2014 dans une unité de soins palliatifs, il avait 52 ans et moi 49. Après avoir eu, chacun de notre côté, une vie maritale longue qui, à défaut de nous avoir apporté le bonheur, nous avait permis d'avoir des enfants dont nous étions fiers, la vie nous avait fait le merveilleux cadeau de nous mettre tous deux sur le même chemin.

Nous avons connu, ensemble, ce que nous n'avions pas connu séparément : amour, complicité, tendresse, écoute.... ce sentiment unique d'être les deux moitiés d'un tout, dans un merveilleux espace de compréhension, de liberté d'être soi, de rire, de création d'avenir.
Et puis, soudainement, la maladie s'est déclarée l'été dernier : pas de toux, pas de bronchite, une douleur lancinante dans un poumon et dans le dos. Le verdict est tombé rapidement : cancer du poumon avec métastases dans les omoplates.
Philippe est entré à l'hôpital pour ne plus en ressortir. Cinq mois de douleurs, de souffrance, de dégradations pour lui et autant d'impuissance pour moi. Deux années de bonheur et mille projets balayés par le tsunami cancéreux.
Cinq mois qui ont transformé cet homme plein de vie  que j'aimais en une ombre de lui même, comme un vieillard décharné, hagard, terrorisé par ce mauvais sort de la vie, que j'ai continué à aimé, jusqu'à son dernier souffle. Parce qu'au delà de la maladie, au delà de l'apparence, l'Amour était, pour nous deux, le plus fort. Je n'ai compté ni mon amour, ni mon temps, ni ma peine durant ces cinq mois, j'ai fait face à l’innommable, sans déni, fais face également à son départ, certaine comme je l'ai murmuré à son oreille, avant qu'il ne s'éteigne, qu'une part de moi partirait avec lui et qu'une part de lui resterait, à tout jamais, avec moi.

Certains ont dit que j'étais courageuse mais vous, comme moi, parce que vous avez vécu ces moments, vous savez qu'il n'en est rien. J'étais juste anesthésiée. Je me suis, comme vous sans doute, noyée dans la suractivité. J'ai pleuré l'absence de mon Amour, pleuré ma peine, pleuré ce vide si profond en moi et évité de déranger en en parlant trop souvent.

J'ai pensé que, doucement, la peine s'atténuerait, qu'elle deviendrait supportable, saurait se faire oublier. J'ai continué à porter un de ses gilets pour lire le soir, continué à pulvériser son parfum régulièrement, mis dans mon sac à main quelques menus objets, sans valeur, mais qui font partie de bons moments...
Oui, je l'avoue, j'ai cru que le travail de deuil pouvait se faire ainsi. Et je me trompais.
J'ai commencé à aller de plus en plus mal à partir de la fin mai. Extérieurement, la vie avait bien repris son cours : travail intense, famille, relations amicales, sorties, vacances... mais, intérieurement, j'étais de plus en plus dévastée, me sentant plonger, chaque jour un peu plus, dans une sorte de puits sans fond.

Il y a trois jours, les yeux à nouveau plein d'eau, j'ai navigué sur internet à la recherche d'informations sur le deuil. Je commençais à me demander si j'étais normale, si mon comportement de ces dernières semaines ne relevaient pas de la dépression... Ce que j'ai découvert m'a permis d'aller me coucher, vers 3 h du matin, un peu moins tourmentée. J'avais découvert que le deuil est fait d'étapes (ce dont je me doutais) dont certaines très douloureuses, même à distance éloignée, du décès de l'être aimé (ce que j'ignorais). J'ai visionné la conférence d'octobre 2011 d'un psychiatre (C. Faure) qui décrit très bien ces étapes.
 
Me voilà donc engluée dans cette première phase de crise aiguë et incontrôlable de douleur et de manque . Comme c'est dur ! Comme ce trop plein de larmes, cette fatigue qui s'abat, ce goût de rien, cette plaie à nouveau béante sont difficiles à gérer et à vivre.
Je sais que le travail va être long J'ai le souhait d'intégrer un groupe de parole (mais n'en ai pas encore trouvé dans ma ville) car je crois que des échanges avec des endeuillés me feraient du bien, tout comme j'espère que ce forum, que je viens de découvrir, pourra m'apporter un peu de sérénité.

Mes pensées de solidarité à ceux et celles qui traversent cette grande épreuve de la vie.

Viviane

Hors ligne zabou

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #1 le: 01 août 2014 à 10:36:56 »
Bonjour Viviane,


L’accueil d'un nouveau sur ce forum est toujours teinté de tristesse, nous connaissons tous ces étapes , que nous comprenons plus ou moins, la souffrance , elle enveloppe notre quotidien.

J'ai perdu mon mari, voilà maintenant 21 moins ,lui aussi emporté par le cancer, ce fléau....

Je souffre encore aujourd'hui, moins fréquente, plus douce, la douleur est néanmoins présente, et arrive parfois sans crier gare !!

La période que tu vis a été terrible pour moi, mais à l'approche du neuvième mois ce fut encore pire, quand j 'y pense maintenant, je mesure, le chemin parcourus....

Nous avons tous je crois cette réaction, " penser que l'on devient fou", que cette terrible douleur, ne nous quitteras jamais plus, et c'est surement vrai, en quelques sorte, mais elle se transforme, tout comme nous devenons une personne différente, au fur et a mesure....

En même temps que nous souffrons terriblement, on se reconnait de moins en moins, il y a l 'avant, et l'après, cela nous déconcerte, et ajoute un poids supplémentaire, à ce combat de survit que nous menons des mois durant, avant d’être capable de vivre simplement de nouveau.

Vivre, comme tu le dis si bien avec l’innommable, vivre comprenant que notre aimé, resteras à nos cotés, d'une manière si peu descriptible avec des mots, et surtout totalement incompréhensible par les autres .....

Ici tu trouveras compréhension et écoute, bien que différents, nous vivons les mêmes émotions, en fonction de notre vécut, et de notre personnalité, nous les transformons, le temps aidant.

Si malheureusement, nous ne maitrisons rien, le temps, lui nous aide à comprendre....

Je t'embrasse.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

Hors ligne Coccinelle12

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #2 le: 01 août 2014 à 21:15:51 »
Bonsoir Viviane,
Désolée de te souhaiter la bienvenue sur ce forum.
Cette épreuve de la vie comme tu le dis, personne ne devrait jamais avoir à la vivre, tellement elle est douloureuse, mais hélas !!!
Le titre de ton post m’ interpelle au plus haut point, ça me ramène à mon vécu, le cap des 6 mois a été terrible, ce fut le cap le plus difficile à passer depuis son départ.
Demain, ça fera 19 mois, 19 mois que l’homme de ma vie s’en est allé sans crier gare, me laissant dans une situation inédite.
Depuis, la vie est une succession de hauts et de bas, je prends sur moi et me force à avancer tant bien que mal.
Désormais, les jours se suivent et se ressemblent , malgré de réels progrès.
Ce qui est sur pour moi, c'est que la vie ne sera plus jamais pareille, elle a perdu toute sa saveur, il a emporté mon coeur.
Je te souhaite beaucoup de courage pour traverser ce cap ainsi que dans ton avancée.
Amicalement
 
"Le plaisir d'avoir un ami est parfois éphémère, mais pas le bonheur d' en avoir eu un "
"La mort laisse un chagrin que nul ne peut consoler, L' amour laisse un souvenir que nul ne peut voler"

FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #3 le: 01 août 2014 à 21:48:17 »
Merci 1000 fois Zabou pour ta réponse.

C'est la première fois que je me livrais autant, hier soir, sur ce vécu si douloureux. Que je parvenais à aller au delà du "C'est dur mais ça va aller".
Parce que cela m'est difficile de faire de la peine à ceux qui m'entourent, parce que les bienveillants qui me sont proches ne peuvent pas comprendre (ce qui n'a rien à voir avec "ne veulent pas comprendre"), parce que notre histoire a gardé une part de mystère jusqu'au bout pour beaucoup.

En lisant ton message, ma deuxième réaction, après la gratitude, a été de me dire  : "21 mois et toujours de la douleur... ". Nous sommes loin des "4 saisons à passer" dont j'ai souvent entendu parler ...
J'ai eu à faire mon deuil suite au décès de mon père, ma meilleure amie, une nièce, mes grands parents et je n'imaginais pas le deuil de l'être aimé si différent. Mais je trouve que cela n'a pas grand chose à voir en fait.

J'aurais envie de te questionner, mais je me dis que c'est peut-être indiscret, sur ce qui t'a permis d'avancer durant ces 21 mois (réseau familial ou/et amical très présent, psy, autre)., sur ton vécu par rapport à la maladie, ... C'est la première fois que j'écris sur un forum et je n'en connais pas les usages.

Merci en tout cas pour tes mots et pour la rapidité de ta réponse. Demain, j'ai 50 ans. Mes amis pensent que je vais fêter l'évènement avec ma famille, ma famille elle pense que je vais fêter l'évènement avec mes amis. J'ai laissé dire, n'ai ni confirmé ni infirmé, stupéfaite que l'on puisse penser que j'ai le cœur, l'envie de faire la fête pour ce jour qui est, cette année, un non évènement.
J'ai eu envie de fuir, de me mettre aux abonnés absents, et j'ai trouvé une solution qui sera peut-être un beau cadeau : un WE en chambre d'hôtes, seule, anonyme, avec Philippe dans le cœur, en bord de mer. Marcher sur les sentiers, dans l'eau de mer, avoir sans doute un gros pincement au cœur en voyant des couples heureux, en vacances, détendus et complices. Je ne pourrai sans doute pas m'empêcher de pleurer toutes les larmes de mon corps, de me dire que l'été dernier c'était nous et que je n'ai plus que des photos pour en attester. Je sais que sa main va me manquer tout comme ses mots et son sourire. Avancer "sans" est une tellement rude épreuve.

Si tu me lis aujourd'hui, je te souhaite une douce soirée et, si c'est demain, mes vœux de sérénité t'accompagnent.

Je t'embrasse

Viviane





lulu

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #4 le: 01 août 2014 à 22:33:27 »
Bonsoir Viviane,

C'est avec tristesse comme Zabou et Coccinelle que je te souhaite la bienvenue sur le forum.

Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Le coeur de mon mari, Philippe lui aussi, s'est arrêté le 5 mars, bientôt 5 mois. Le samu a pu le faire repartir au terme de trop longues minutes, il est resté dans le coma 15 jours pour nous quitter le 20 mars. Il avait 53 ans, j'en ai eu 47 le weekend dernier. Le 6 juillet nous aurions fêté nos 16 ans de mariage mais ce n'est pas la durée qui compte. Il était tout pour moi, mon âme soeur, plus que la moitié de moi-même...

Comme toi on m'a dit courageuse, j'use ma douleur comme je peux. Comme toi extérieurement je donne le change, mais intérieurement... Quels ravages ! J'ai maintenant l'impression d'arriver à un palier. J'ai certainement avancé un peu mais là je sens que je stagne.
J'ai la chance d'être entourée de mes 2 enfants, qui sont adultes et de quelques vrais amis précieux.

Très tôt j'ai lu quelques livres et sur internet pour comprendre si j'étais normale de mettre des photos à plusieurs endroits, à garder ses affaires intactes jusqu'à son bol du matin, à garder ses polaires à différents endroits de la maison et même une au travail, à continuer nos habitudes mais toute seule...

Sur le forum tu vas pouvoir te confier, exprimer tes sentiments et tes sensations en trouvant toujours une main tendue car nous savons tous et toutes ici la douleur que représente la perte de notre amour. C'est un premier lieu d'échange. Chacun vient ici parfois juste pour lire, parfois pour répondre et soutenir en fonction de la force du moment. Je ne sais pas si il y a une recette pour avancer, chacun le fait comme il peut. Parfois on avance, un autre jour on recule d'un pas ou de trois mais au final je crois comme Zabou et Coccinelle le disent que l'on avance. La vie est faite de bas, d'un peu moins bas, parfois d'un peu de haut.
Il y a peut être un moment où on a besoin de l'aide de professionnels, je ne sais pas encore.

Si pour toi c'est un cadeau de t'offrir ce weekend alors fais le.

J'ai compris une chose, pour avancer, on doit être indulgent et bienveillant avec soi même, faire les choses telles qu'on les ressent et comme on le peux.

Je t'envoie un peu de mon courage de ce soir, je te souhaite un bon anniversaire malgré les moments douloureux (le weeekend dernier a été très difficile pour moi bien que j'ai été très entourée).

Je t'embrasse et vous aussi Zabou, Coccinelle et tous ceux qui liront ce fil.

Lulu

FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #5 le: 01 août 2014 à 22:49:45 »
Un grand MERCI à toi Coccinelle (un nom qui portera bonheur... peut-être) également.

J'ai découvert ta réponse après avoir écrit à Zabou. J'y ai répondu, longuement, et au moment de "soumettre" ma réponse... j'ai été éjectée du site  :-(

Je ne retrouverais pas mes mots mais je te disais que cela me faisait chaud au cœur de voir cette solidarité autour de ce drame communément vécu. J'en avais vraiment besoin. Je suis de plus en plus persuadée que seules les personnes ayant fait un travail de deuil d'un être aimé peuvent comprendre, sans juger, et délivrer les mots qui accompagnent, apaisent et donnent la force de continuer le chemin.

Hier, j'étais dévastée (et pourtant j'avais parlé de l'absence de Philippe avec sa sœur)  parce que mes mots, aussi vrais qu'ils puissent être, ne donnent que la part que j'estime "acceptable à entendre" pour mon entourage. Je ne veux pas peser, gêner, lasser. Je suis une handicapée de cette douleur si difficile à partager et si cruelle à vivre.
J'aurais besoin de parler de la traversée de la maladie, du décès de Philippe, de l'après. As-tu pu le faire pleinement à des personnes de ton entourage ?

J'aurais envie, tout comme à Zabou, de te poser des questions mais c'est délicat.

19 mois. Je ressens dans tes mots une somme de "courage" mais aussi de lassitude et de renoncement. Rien ne sera plus comme avant, nous ne serons plus comme avant. J'ai du mal à me projeter dans 19 mois. Je sais que ma vie professionnelle va continuer à me prendre beaucoup de temps, que je serai très présente pour mes grands enfants, que je continuerai à accepter les sorties pour aller au cinéma, me balader ... mais à l'intérieure de moi, serais-je moins dévastée ? est-ce que je ferai des projets (autrement que vaguement, mollement, sans grande conviction, en en cherchant le réel intérêt) ? est-ce que j'arrêterai d'être "double" : une façade extérieure politiquement correcte qui dit "ça va", un intérieur en ruine ?
Seul l'avenir me le dira; J'espère en tout cas avoir la force, dans 19 mois, de venir comme toi, comme Zabou, tendre la main à qui aura, comme moi ces jours-ci, besoin d'une bouée.

Merci en tout cas pour ta présence ce soir à mes côtés.

Que ta nuit soit paisible et la plus sereine possible ta journée de demain.

Je t'embrasse

Viviane

FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #6 le: 01 août 2014 à 23:39:11 »
Merci à toi aussi Lulu pour ce message qui m'a, au départ, beaucoup bouleversé  (Philippe aurait eu 53 ans le 17 février. Une similitude donc).

Il y a dans tes mots une grande sagesse dont je me sentais capable jusqu'à il y a peu et puis je me suis laissée envahir, débordée par ce que j'ai appelé mon "cap des 6 mois".

J'irai me coucher, tout à l'heure, plus forte de tes mots de soutien, de ceux de Zabou, de Coccinelle. Je me dirai qu'il est normal que j'enfile un vieux gilet de Philippe, tous les soirs, pour lire quelques lignes jusqu'à ce que le sommeil me terrasse,... entre autres rituels qui me sont, pour l'instant, précieux.

Peu de temps après le décès de Philippe, j'ai consulté une psychologue et mettre des mots sur le tsunami qui s'était abattu sur moi et sur l'accompagnement dans la maladie m'avait fait beaucoup de bien.

Votre soutien est d'un autre ordre, très précieux lui aussi et complémentaire. Il est la parole vraie de ceux qui savent, malheureusement, de quoi il s'agit, réellement, dans le cœur, dans la tête et dans le corps.

Vous lire me fait me sentir moins seule, faire partie d'une communauté un peu "spéciale" (dont nous nous serions volontiers passés de faire partie mais la vie  en a décidé autrement) où je sens de la solidarité et de la compréhension. Tu as raison, nous avançons, de toute façon, même lorsque nous semblons stagner, reculer... c'est curieux mais il y a une force de vie de toute façon qui nous fait cheminer. Ainsi est fait l'être humain.

5 mois de deuil et l'impression de stagner. J'ai ressenti, moi aussi, ma première "rupture" dans le deuil au bout de 5 mois (fin juin) j'ai, je crois, un peu trop attendu pour "tirer la sonnette d'alarme" intérieure... le fait d'avoir lu et cherché des infos très tôt te permettra sans doute de passer ce cap moins difficilement (mais peut-être pas moins douloureusement car il me semble que l'économie de la douleur ne se fait pas).

Je suis de tout cœur avec toi dans cette traversée du désert (bien que cette affaire qu'est le deuil de l'être aimé ressemble plus à de la transat en solitaire parfois ...).

Merci encore pour tes paroles rassurantes et pleine de justesse.

Douce nuit.

Je t'embrasse.

Viviane

Hors ligne JeanLuc

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #7 le: 02 août 2014 à 09:13:18 »
Bonjour Viviane,

Je me joins à zabou, lulu et coccinelle pour te souhaiter la bienvenue parmi nous ... Notre traversée du désert sera moins périlleuse si nous sommes plusieurs à nous épauler.

Elles ont trouvé les mots justes pour décrire ce que nous ressentons ... le vide absolu, l'absence vertigineuse, le chagrin qui nous imprègne, le manque qui nous taraude jour après jour, une souffrance indescriptible, le sentiment réaliste que rien ne sera plus comme avant et l'obligation de "vivre avec" en espérant retrouver un jour quelques miettes de paix et de sérénité lorsque la relation avec nos cher(e)s disparu(e)s se sera "transformée".

Quant à moi, je me dis tous les jours que la souffrance que j'éprouve est à la hauteur de l'amour que nous nous portions, Chantal et moi depuis plus de 42 ans - Chantal est "partie" le 18 avril dernier - Une sorte de "prix à payer" pour nos 42 années d'amour et de bonheur.

Aurais-je eu moins mal si je l'avais moins aimée ? Je ne me pose même pas cette question, car si c'était à refaire, je crois que je l'aimerais encore davantage, quitte à "crever" de chagrin aujourd'hui !

Le chemin est long, mais qu'il est bon de voir que des mains se tendent autour de nous ...

Courage, Viviane ...

Affectueusement,

La vie est le commencement de toutes choses ... La mort, c'est simplement le début d'une autre vie ...

Hors ligne zabou

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #8 le: 02 août 2014 à 10:42:52 »
Bonjour Viviane,

Voilà 50 ans , malgré tout , je te souhaite un anniversaire " heureux" ou du moins serein, dans ce gite que tu as choisis, la solitude si pesante soit elle, permet un retour sur soi, une réflexion, d’évacuer le trop plein, momentanément, cela fait du bien....

J'ai très peux parler sur ce forum, de la maladie de mon mari, cela reste encore aujourd’hui, très difficile à accepter.

Dés les premiers symptômes et bien que l'on ne savait pas précisément, alors, de quoi il souffrait, surement pour cela , je n'ai pas pu faire autrement ,que de rester à ses cotés.

Incapable de travailler, rongée par la crainte, animer par l'espoir, j'ai tenté de le soutenir, pendant ce premier mois et demi, d'hospitalisation, lui ayant perdu tout son sang, faible, fatigué,angoissé aussi, j'avais la certitude sans rien dire, que c'était un cancer !!

Je suis resté à ses cotés tous les jours , arrivant à l’hôpital à 11h , repartant à 20 h , la peur au ventre.

Après moult examens, une opération, il est sorti, pour noël, notre tout dernier noël,sans savoir ce qu'il avait....

J'avais un espoir fou....

Puis le verdict est tombé, comme un couperet, sur notre vie, notre bonheur, j'ai pensé "on doit se battre"....

Mais la bataille était vaine....

Il a commencé des séances de chimio,scanner,pet scann,prises de sang,le ballet des examens,pas trop mauvais, mais pas du tout bon,j 'étais animée par un espoir, que j'ai ensuite qualifié de démesure, et dans le même temps , je sentais au fond de mes tripes que cela ne durerait pas longtemps, mais je ne voulais pas y croire, et jusqu'au bout, je n'y ai jamais cru....

Je le voyais dépérir, perdre toutes ses forces, silencieux, je ne disais rien non plus, j'ai tenté de reprendre mon travail, mais je ne pouvais pas le laisser, l'abandonner, je voulais en profiter...

C’était le quotidien, malgré la peur, nous avons été heureux,j'ai pu le bichonner, l'aimer encore, c'était le quotidien, avec tout ce que cela comporte, et je ne me rendais ,alors pas compte du poids, de mes craintes, de l'effort que je faisais pour paraitre heureuse, souriante, ne surtout pas laisser transparaitre , cette angoisse qui me taraudait à l’intérieur, parfois c'était trop, je partais pleurer dans le fond du jardin, je ne voulais pas qu'il me voit, j'avais si peur qu'il comprenne et baisse les bras....

Mais cette p.... de maladie à eu raison de lui, de nous, de notre amour, et a commencé à l'engloutir, en soins palliatifs,j 'y croyait encore, aux miracles !! tous les jours à l’hôpital à le voir souffrir, à demander plus de morphine, plus de perfalgan, à croire encore à l'impossible, jusqu’à ce qu'un matin, 3 jours avant le fin, je reste et ne le quitte plus, allongée près de lui, sur un lit d’hôpital à roulettes, que je plaçais conter le sien, l'enveloppant de mes bras, jusqu’à vivre son dernier souffle....

Trois jours horribles, qui resteront gravés à tout jamais dans ma mémoire, qui me font pleurer, alors que j’écris ces lignes, je savais, j'ai compris, je me demande encore comment, moi qui n'avais jamais vu mourir quelqu'un.....

Après, je me suis écroulée, engluée dans la douleur, ces dernières images de lui refusant de me quitter, sa souffrance, sa peur, que jamais il n'a exprimée "il allait toujours bien ,n'avait jamais mal !!!", le poids de ces presque dix mois après l'opération, cet espoir fou, non concrétisè, la douleur de l'avoir perdu, l'inacceptable, dans toute sa splendeur!!!!

Je ne pourrais plus revivre ça ,je ne regrette rien, et si c’était à refaire, je ferais la même chose, mais je sais aujourd'hui, que  j 'y ai laissé mes forces, que cela m'a ôté mes croyances, enlevé une partis de mes rêves, que si je devais le faire pour quelqu'un d'autre qui me soit cher, je le referais, sachant que j'y laisserais ce qu'il me reste d’âme à tout jamais.

Ce fut, dure, très dure, les souvenirs ancrés très difficile à supporter, j'ai toujours su quelque part au fond de moi, que je n’étais pas assez forte pour cela, mais voilà la vie à décidè autrement, et moi je l'aimais trop pour penser à moi....

Des mois durant, je n'ai pensé qu'a lui, qu'a nous, j'ai maintenant du temps pour penser à moi....

Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #9 le: 02 août 2014 à 11:09:40 »
Bonjour Jean-Luc,

Merci pour cette main tendue et ton message qui est une belle leçon de vie, surtout si peu de temps après le décès de Chantal.
Leçon de vie car tu es lucide sur le fait de devoir "vivre avec" tout en "vivant sans".

Il y a des jours où j'y arrive et d'autres moins et je suppose que c'est aussi le cas pour toi.

Ce matin je me suis levée plus en paix avec moi même. Je sais que je le dois aux échanges sur ce forum. Je n'avais pas encore eu la possibilité d'échanger avec des veuves/veufs.
Lorsque m'a mère l'est devenue, il y a 10 ans, elle s'est murée dans un "tout va bien, c'est la vie, si ça ne va pas aujourd'hui ça ira demain".  A l'époque, n'ayant pas vécu ce traumatisme, je n'ai pas su l'aider (je le mesure maintenant) toute ignorante du travail de deuil qu'elle avait à accomplir.

Tu sais, je ne crois pas qu'il y ait de "prix à payer" pour le bonheur reçu et donné. C'est juste une stupide fatalité, cela aurait pu se passer plus tôt, plus tard, tu aurais pu partir le premier. On est tenté, parce que ça nous rassurerait peut-être, de chercher une raison "logique" au départ de l'être aimé (j'ai fait cela aussi dans les premiers temps) mais non, un jour on réalise que c'est plus terrible que cela (mais moins culpabilisant) : il n'y a aucune raison objective que cela nous soit arrivé à nous. C'est la vie, c'est tout.

J'espère que tu as des enfants, peut-être petits-enfants avec qui partager des morceaux du bonheur de ces 42 ans passés ensemble (regarder ensemble des photos, se souvenir d'évènements, ...). Je n'ai pas cette possibilité et cela me manque je dois dire.

Bon "courage" à toi aussi Jean-Luc et encore merci pour ton élan de solidarité.

Que quelques beaux rayons traversent ta journée.

Je t'embrasse

Viviane

FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #10 le: 03 août 2014 à 01:33:18 »
Merci Zabou, en direct de "mon cocon", bientôt minuit

J'ai lu ton message ce samedi matin, avant de prendre la route, mais je n'ai pas pu te répondre. Trop de larmes dans mes yeux en te lisant, bouleversée.

Je me retrouve dans tes mots, j'ai revécu des moments à l'hôpital. Moments dont je n'ai parlé à personne.

Il y a presque un an, Philippe et moi étions en vacances, pas bien loin d'où je me trouve ce soir. Une semaine rien que pour nous, pour faire le vide, profiter juste de la nature, de la mer et de nous deux. Laisser de côté une année harassante au niveau personnel pour moi et professionnelle pour lui.

Assez rapidement, Philippe a ressenti "une gêne" à un côté, comme s'il s'était froissé un muscle mais sans avoir fait d'effort et puis, la fatigue l'a pris (que nous avons mis sur le compte de la rupture avec le travail), puis une gêne dans le dos.

Incompréhension, automédication qui ne donne rien. Consultation médicale (1 médecin formidable d'efficacité et de rapidité). Des premiers examens sont fait sur le lieu de vacances. Examens le matin, plage l'après-midi, courtes balades, cuisine ensemble... nous sommes contrariés mais essayons de prendre les choses à la légère. Nous avons tant à partager et sommes si heureux. Nous pensons que ces contrariétés de santé sont juste contrariantes mais sans gravité.

Il faut compléter les examens, on parle de "peut-être une pleurésie" ... nous rentrons pour avoir accès aux examens complémentaires. Et puis le 12 août, le verdict tombe : cancer du poumon (il ne sera pas dit tout de suite qu'il est inopérable et qu'il y a déjà des métastases dans les os, mais nous le saurons rapidement).

Et là, c'est terrible, parce que JE SAIS. C'est immédiat. J'ai perdu mon beau-père d'un cancer du poumon, je sais que c'est un des cancers les plus meurtriers. Je ne le dis pas à Philippe mais il pense la même chose que moi et me dit qu'il va se battre mais n'est pas sûr de gagner la partie. Nous sommes à la fois tétanisés, partiellement incrédules et combattifs.

Philippe est hospitalisé très rapidement, son état de dégrade de jour en jour. début septembre il se déplace en fauteuil roulant, ne peut plus faire sa toilette seul, vont devenir familiers : pompe à morphine, chimio, radiothérapie, transfusion, boitier à pilules, moments d'abattement, d'hallucinations mais aussi, moments de douceur, d'amour, de tendresse quand la douleur veut bien le laisser un peu en paix, quelques instants.

Nous parlons de la maladie, du quotidien, des soins, des examens, nous continuons à être plein d'amour et dans l'échange mais nous ne parlons plus d'avenir, de projets. Sans nous le dire, nous savons. Tout est concentré sur "l'ici et maintenant" car demain est incertain, avec un peu de mieux ou beaucoup de pire. Les jours de "moindre douleur" nous nous taquinons un peu, nous nous tenons chaud, collés l'un à l'autre, autant que les tubes, tuyaux et machines le permettent. Les jours sombres, je lui caresse doucement la main, le visage, je lui dis que je l'aime et que je suis là.

 Je me sens surtout impuissante et dévastée intérieurement devant la maladie qui gagne du terrain vitesse grand V, devant les forces qui s'en vont, devant le corps qui se transforme pour ne devenir que os et peau, devant la souffrance et la douleur. Douleur qu'atténue les quantités impressionnantes de médicaments, souffrance que rien n'atténue. Philippe ne se plaint pas, dit juste, parfois : "Comme c'est dur mon Amour !", il se fait de plus en plus silencieux. A la mi-janvier, un incident pulmonaire soudain (rapidement maîtrisé) lui fait très peur, il me confie qu'il sait qu'il ne s'en sortira pas et me dit comme il est désolé de n'avoir que ce chemin à m'offrir. J'aurais aimé ne pas fondre en larmes mais cela n'a pas été possible. Il était tellement faible, tellement plein d'amour et de culpabilité. C'était terrible.

La veille de son décès, lorsque je suis entrée dans sa chambre, j'ai eu la surprise de le voir habillé, non pas de la chemise de l'hôpital (version carreaux rouges ou bleus) mais d'une chemise que je lui avais offerte et qu'il aimait porter. Il en avait même fait un jeu. A chaque fois qu'il allait sans moi à un évènement, il la portait, pour qu'ainsi je sois un peu avec lui.

Il l'avait mise dans son sac pour l'hôpital en me disant qu'il la porterait le jour de sa sortie.

Nous avons échangé un très long regard. Je l'ai remercié et lui ai dit qu'il était très beau dans cette chemise (ce qui avait toujours été le cas, même à ce moment là). J'avais envie de pleurer. Parce que je savais les efforts qu'il lui avait fallu faire (et aux aides soignants aussi) pour qu'il puisse enfiler ce vêtement et aussi parce que je savais qu'il me disait là qu'il voulait me faire ce plaisir de le voir une dernière fois dans cette chemise, avant de partir là où je ne l'accompagnerais pas...

il est décédé le lendemain. Avant mon arrivée.

je me suis arrêtée plusieurs fois avant d'arriver à ce stade de mon récit. Bien des larmes ont coulé, bien des moments sont remontés à la surface. C'est douloureux mais je crois que c'est nécessaire. Merci de me permettre de le faire.

J'espère que d'avoir plongé en toi pour te livrer sur la maladie de ton mari et votre combat n'a pas alourdi ta peine. J'ai l'impression que de parler (même par écrit) me libère à chaque fois un peu, desserre d'un cran l'étau. Je souhaite qu'il en soit de même pour toi.

Je t'embrasse





Hors ligne qiguan

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #11 le: 03 août 2014 à 18:57:58 »
Viviane
et vous tous je vous ai lu
je n'ai pas pu répondre tant j'étais avec ce retour de tentative de "vacances" en douleurs émotionnelles
là je voulais vous dire vous décrivez si bien tant de choses que j'ai vécu pendant la maladie, les derniers moments etc ...
je ne saurai à cette heure sortie d'un gros moment de plongeon faire mieux voire autant !
mais Viviane je veux te dire que ton choix pour tes 50 ans sera sans doute ce qui te fera le moins mal ...
A vous lire et vu ce pénible dimanche je redoute beaucoup les mois qui viennent !
Le passé signifie le manque moi aussi si je pouvais y retourner je ferai pareil voire l'aimerai plus si sagesse je savais adopter dans ce cas !
le futur n'est que vide manque aussi ...
le présent par moment si insupportable !
Je cherche bien sûr tous les stratagèmes mais en vain ...
c'est vrai que les groupes de paroles juste qu'une séance (http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/utile-groupes-de-paroles-gratuits/) m'attire car j'ai besoin de dire
oui sans blesser l'entourage
en étant "comprises"
ma réalité
alors qu'il faut tant masquer cette réalité intérieure ! pour la vie sociale et professionnelle serons nous "schizo" à vie avec cette douleur ?

 merci Viviane de tes mots merci à toutes et tous et désolée de ne pouvoir dire plus là ce soir mais au creux de la générosité de ce forum la douleur semble moins lourde !
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
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FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #12 le: 03 août 2014 à 23:03:49 »
Bonsoir Qiguan,
Bonsoir à toutes et tous (c'est vrai que j'ai tendance à croire que seule la personne à qui je réponds me lit... non habitude des forums).

Pour ma part, je ne me sens pas encore assez "solide" émotionnellement pour aller lire vos files. Mais je sais que je le ferai car ils m'apporteront beaucoup, nous cheminons tous sur un même sentier.... J'ai pu apporter quelques mots à Titiagreg et je me dis que c'est bien dommage que la distance géographique ne nous permette pas de créer un groupe de soutien "pour de vrai". Pour parler, écouter, prendre juste un café ou un thé sans beaucoup de mots, sans être envahissant, chacun à la mesure de ses envies, de son temps ... I have a dream aurait dit Martin Luther King.

Merci pour tes mots, qui viennent en résonance avec les miens Qiguan. Oui, l'absence, c'est pour toujours. Bien sûr l'homme, la femme, que nous avons aimé ne nous quittera jamais intérieurement, et je trouve cela rassurant quelque part. Où qu'il soit (et c'est une athée de base qui parle) notre Amour sera en nous et, peut-être, nous guidera pour nos choix d'avenir... Est-il devenu une âme, un ange, une étoile, rien, autre ? Peu importe. L'après la mort nous dépasse. Il y a, depuis la mort de Philippe, des "signes", coïncidences, bizarretés... qui me font penser - sans certitudes - qu'après, il est fort possible qu'il y ait un après... si tel est le cas, je me dis que nous avons au moins une chance formidable, dans notre atroce malheur, nous savons qui viendra nous tendre la main quand notre tour viendra. Et, personnellement, cela me fait chaud au cœur (dans les rares moments où mon cœur ne saigne pas et où je ne suis pas effondrée... je vous l'accorde).

Ce matin, sur une plage, maladroite, gauche, seule sur ma serviette de plage pour la première fois, je voyais les couples se promener main dans la main, se mettre de la crème solaire, se jeter de l'eau pour se taquiner ou s'aider à entrer plus vite dans l'eau, lire côté à côte sans se parler... Certains avaient l'air très amoureux, d'autres c'était plus indéchiffrable, d'autres avaient l'air de se faire la tête ... la vie quoi. 

il faisait chaud, avec juste ce qu'il faut d'air pour que ça soit agréable, les vagues faisaient assez de bruit pour que je n'entende pas les conversations. Je n'ai pas pleuré, j'en ai été surprise. Je n'ai pas éprouvé de jalousie non plus pour ces couples. Non, juste une très très profonde tristesse. Tristesse de ne pouvoir partager ce moment avec Philippe, tristesse face aux gestes qui ne reviendront jamais et qui, certainement, malheureusement, petit à petit s'effaceront de ma mémoire. Nous n'étions pas fusionnel dans le sens de ne rien faire l'un sans l'autre mais nous étions ensemble autant que nous le pouvions, tant l'amour et la complicité était forte. Nous étions deux tactiles et ne plus avoir de contacts physiques (de tous ordres) est un aussi grand déchirement que de ne pouvoir lui parler, échanger. En écrivant ceci, je me rends compte que j'ai néanmoins "progressé" sur mon chemin de deuil : je ne le cherche plus à tâtons dans le lit, je peux croiser une moto sans regarder le conducteur et chercher des similitudes, je peux croiser un homme qui a le même type de silhouette sans que cela ne me tétanise...

Des "progrès" et pourtant, je me demande encore comment apprivoiser l'absence, comment faire sans sa tendresse, sans sa délicatesse et ses attentions, sans ses bras, sans ses sourires, sans ses sourcils qui se froncent de perplexité ?  Que faire de la réserve d'amour, de tendresse, d'attention, de douceur, de taquinerie, de questions ... que j'avais encore pour lui ?

Sans doute un peu en parlant, comme nous le faisons, sur ce forum (je ne sais qui l'a créé ni quand mais qu'il ait à jamais notre reconnaissance éternelle !), en parlant à notre entourage lorsque c'est possible, en parlant à un psy (Les 2 séances m'avaient beaucoup aidé à mettre à plat la situation, évacuer un peu la douleur des obsèques et des jours qui les ont précédés, mettre des mots sur certains  évènements "toxiques" de ces moments là), intégrer un groupe de paroles (je suis en recherche en ce moment. Hélas pour moi Qiguan il n'y a pas de groupe  par le biais de Comemo dans ma région. Si tu t'y inscris, peut-être pourras-tu nous faire partager un peu ton expérience, si tu en as la force. Si je trouve un groupe par le biais d'un organisme ou une association, je mettrai dans le file également).

Je termine ce message ce soir, en remerciant du fond du cœur ceux qui m'ont tendu la main et répondu à mon appel à l'aide et à ce qui ont lu ces échanges. Je ne souffre pas moins mais je me sens moins seule et, pour moi, cela fait une sacrée différence.

Je sais que je n'ai fait que soulever le couvercle scellé il y a 6 mois, que je vais encore beaucoup pleurer, beaucoup me décourager, beaucoup vider mon trop plein (qui est aussi le vôtre bien souvent) dans cet espace. Continuons à nous aider, à nous tenir un peu chaud dans ce chaos.

Je te souhaite Qiguan (et à ceux qui me liront) une nuit la plus paisible possible.

Je vous embrasse

Hors ligne qiguan

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #13 le: 04 août 2014 à 10:39:34 »
Merci Viviane
je suis nouvelle endeuillée : 3 mois et 9 jours ...  :-\
pour ce matin regarde ceci que j'ai fait pour nous toutes et tous :
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/%27conference-telephonique%27/msg47097/#msg47097
et à bientôt pour t'entendre
je t'embrasse
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
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FeeViviane

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Re : Cap des 6 mois... besoin d'aide
« Réponse #14 le: 04 août 2014 à 15:15:05 »
Qiguan tu es formidable   :)

J'ai quitté ce matin mon "cocon" provisoire et suis de passage (journée + nuit) chez la sœur de Philippe avec laquelle une belle amitié s'est créée. Je pars ensuite chez ma mère (avec laquelle aucun échange sur ce que je vis ne sera possible, mais c'est ainsi) chez qui il n'y a pas internet et pas toujours du réseau pour le téléphone portable .... :-(

Pas sûr donc de pouvoir revenir sur le forum avant le WE prochain et pas sûr de pouvoir téléphoner non plus au numéro magique communiqué (c'est génial que ce système existe !!!) mais j'y viendrai dès que possible. D'accord avec toi pour indiquer les possibilités de RDV sur ce forum quand ça sera possible.

Je continuerai à beaucoup penser à vous tous dans les jours à venir et, dans mes coups de "mou", à me remémorer vos mots de soutien. Prenez soin de vous autant que faire se peut.

Je t'embrasse Qiguan ainsi que ceux qui sont dans la douleur et qui me liront. A bientôt