Auteur Sujet: Calou  (Lu 7121 fois)

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Calou
« le: 21 février 2017 à 00:07:27 »
Bonsoir, cela fait plusieurs mois que de temps en temps je viens lire sur ce forum, j'ai toujours du mal à lire car le vécu des personnes ici fait écho à mon propre vécu, pas moyen de me concentrer, pas moyen de m'inscrire, de vous parler pour me soulager un peu. Trop d'émotion quand je lis les témoignages. Bon ce soir j'ai pété "mon petit boulon", j'ai bien pleuré bien lâché ma colère toute la soirée. Du coup c'est bon j'ai réussi à m'inscrire ! J'ai lu un peu. Je commence mon petit témoignage... c'est bon, l'écran reste limpide, pas de larmes, j'y arrive enfin.
Et bien voilà notre histoire semblable à tant d'autres. Nous sommes mariés depuis plus de 36 ans,  on s'est connu et aimé depuis avril 1978. Je l'ai connue ado j'avais 15 ans, c'est mon double, mon amoureux, mon ami, mon chéri, mon amant,  mon mari, le père de nos enfants. On a vécu milles choses ensemble, j'ai parfois l'impression qu'il est près de moi depuis toujours...
Dans la vie il y a des hauts et des bas, des bonheurs, des crises. Il y a eu des époques avec des blessures, des doutes, des idées de séparation peut être... Mais depuis quelques années quelle embellie, enfin la paix après des années tourmentées. Je sens que l'on va vieillir ensemble, je rêve d'être une vieille mémé avec mon Calou près de moi.
Les enfants grandissent, font leur vie, les petits enfants arrivent, notre dernier fils commence les études supérieures. La semaine nous allons être seuls tous les deux à la maison, on va retrouver notre vie d'amoureux. Et le WE notre dernier reviendra, on va se régaler de ses anecdotes de la fac. Depuis deux ans la maladie est entrée chez nous, Un putain de crabe mais un peu petit, la chirurgie fait des miracles et l'a déjà guéri d'un cancer l'an dernier. En juillet 2017 encore une intervention pour enlever une vilaine petite tache cancéreuse, ou pas cancéreuse faut pas être pessimiste. Le chirurgien a dit après vous serez guéri, un mois après vous reprenez le sport, et tout le reste.
J'ai de la chance, je n'ai jamais vu mon mari malade, pas besoin de chimio, pas de médocs, la veille des hospitalisations il travaillait encore : un cancer du rein, hop chirurgie, guéri.
mai 2016, découverte d'un deuxième cancer sur le pancréas, hop chirurgie, vous serez guéri. Mais cette fois j'ai eu comme une sale intuition qui m'a rongée et fichu le cafard, non mais qu'est ce que je peux faire ? J'ai l'impression  que la situation m'échappe.
Je suis tellement amoureuse, je veux tellement qu'il reste avec moi. Mon chéri je te promet jamais je ne te laisserai, s'il le faut je te laverai, je te soignerai, je te nourrirai, je resterai toujours avec toi, on vieillira ensemble.
Et puis on veux renouveler nos vœux : je veux me confirmer mon mariage et me remarier avec toi. ça t'as fait longtemps rire, et puis finalement depuis que tu as eu cette merde de crabe dans le ventre tu m'a dis "oui". Tout est prévu on se dira à nouveau oui l'été 2018, on fêtera aussi tes 60 ans, avec tous nos amis, nos enfants, ça sera magnifique. Tout est prévu, c'est notre amie Mireille conseiller municipal qui nous mariera. Rien ne peux nous arriver, on s'aime trop fort on a plein de projets. Bientôt toi la retraite tu as dis que tu vas bien me chouchouter, t'occuper de la maison pendant que je bosses. On se fera plein de WE d'amoureux, pleins de randos avec nos potes et enfin des voyages, on va enfin s'occuper de nous. Oui on fera tout ça mais il est temps maintenant monsieur d'enlever cette toute petite vilaine tache qui vous grignote le canal de wirsung et le pancréas depuis quelques temps. Vous avec toujours été asymptomatique certes mais vous devez vous soigner, faut pas garder ça.  On est fin juillet 2016 il fait beau, le matin je joue et je vais à la plage avec notre adorable petite fille qui passe l'été chez les papis mamies pendant que ses parents bossent à Nice. L'aprèm je l'amène chez les autres papi mamie puis je viens te rejoindre à l’hôpital. Tu récupères bien, la semaine prochaine tu es sortant. les chirurgiens t'ont encore guéri. Tu n'a plus de crabe.
Allez la vie est belle si si si. Bientôt plus jamais on ira si souvent dans cet hôpital où tous les cancéreux de la région viennent espérer et se résigner. J'en ai marre cela fait presque deux ans qu'on y vient si souvent. Je ne supporte plus d'entendre le petit ding ding de ses ascenseurs lorsque nous attendons le médecin. Collés comme des jumeaux, je te colle aux basques, je bouffe la moitié de mes congés pour t'accompagner à ces putains de rendez vous endocrinologue, chirurgien, anesthésiste, gastro entero, examens, prise de sang, prélèvements..., .
Dimanche 31 juillet je suis venue comme d'hab passer l'aprèm près de toi, je t'ai aidé à te laver, mon dieu tu as cette grande balafre sur le ventre, mais tu marches dans les couloirs, sur les terrasses, tu est fatigué mais tu veux rentrer chez toi. Il l'ont dit : la semaine prochaine c'est bon, les drains ne donnent presque plus, tu vas rentrer. Et moi aussi j'en ai assez, je veux juste la paix, je veux juste que tu rentres, que tu sois en vacances, que tu arrêtes de bosser, que tu prépares ta retraite, que tu arrêtes de te lever à 5 h du mat pour le boulot.
Je t'ai dis au revoir à demain, et cette fois putain de putain heureusement que je l'ai fais : je t'ai enlacé dans mes bras doucement, depuis dix jours je le faisait pas ta grande balafre au ventre était si sensible. J'ai mis mon nez dans ton cou j'ai respiré ton odeur et je t'ai embrassé dans le cou. Je revoie là ton grain de peau, ta peau toute douce. Vivement que tu rentres à la maison j'ai envie de te caresser te calîner te faire l'amour. Et puis je suis rentrée à la maison, je suis allée chercher la petite chez les autres papi mamie, demain c'est l'anniv de la petite on te fera des photos, puis je viendrais te voir, je demanderai quel jour tu dois sortir...
Le soir encore, comme tous les soirs depuis 10 jours encore un petit coup de fil, ça va ? à demain mon chéri dors bien, toi aussi, le premier qui se réveille textote à l'autre. Je me suis endormie avant 23 h, c'est bon on voit le bout, bientôt il rentre à la maison. A 23h30 le téléphone m'a sortie d'un premier sommeil. C'est qui ce type qui me parle au téléphone ? je rêve ou quoi je suis dans un mauvais film "madame complications hémorragie on maîtrise on vous rappelle dès qu'il sort du bloc, non ne vous déplacez pas attendez que je vous rappelle" Je me suis dis "tu paniques pas, contrôle toi ya les enfants", j'entendais mon cœur boum boum boum dans ma tête, j'ai pensé je veux voir ma fille (elle a 31 ans on est très proches) je veux lui dire, elle va m'aider. je crois je vais exploser de trouille. Son frère est parti la chercher chez elle. Purée son tél était en silencieux mais j’appelai sans cesse, son frère de 20 ans a pris la voiture, est parti la chercher à 10kms chez elle en pleine nuit, en pensant peut être que son père était en train de mourir ? C'est normal de devoir faire ça à 20 ans ?
On a passé nuit blanche tous les trois dans notre chambre. Cette nuit là par la fenêtre ouverte plein d'étoiles filantes ont sillonné le ciel. il paraît qu'il faut faire des vœux,  je me suis accrochée aux étoiles. Je pensais "surtout que la petite ne se réveille pas, elle aura 4 ans demain, tout ça c'est pas pour une petite princesse de 4 ans !"
Quelques appels du docteur machin jusqu'au petit matin, "hémorragie digestive, on opère, on transfuse, complications mais on maîtrise, attendre". Je crois je me suis endormie vers 5h30.  A 6 h le chirurgien chef de service à appelé, mais pourquoi lui ?  je le croyais en vacances. Il a dis que là il fallait venir, que la situation devenait compliquée. J'ai appelé les autres papi mamie, vite emportez la petite endormie. Nous sommes partis à l'hôpital avec mes deux enfants, mon beau fils, mes deux meilleurs amis, de Nice mon fils aîné et sa femme nous ont rejoins là bas. Dans la voiture je pensais on arrive nombreux, tous ensemble on va trouver une solution, ça va s'arranger. Je m'accrochais à ça, c'est pas envisageable qu'il ne s'en sorte pas, il dois sortir et rentrer à la maison la semaine prochaine c'est sur c'est obligé il est trop fort trop plein de vie, c'est sur c'est sur.
Dans la salle famille de la réa ils ont apporté plein de chaises on était serrés comme des sardines mais ça me rassurait on est fort on est une famille. Le chirurgien a expliqué tout ce qui s'est passé dans la nuit, hémorragie digestive suite fistule pancréatique, complication rare à J 10 et à 58 ans mais gravissime, opération transfusion 1 er arrêt cardiaque. réanimation re hémorragie embolie pulmonaire, 2ième arrêt à 5h30......................................................................................

J'ai mis le costume de la maman épouse qui va tenir le choc et s'occuper de tout. Le reste de l'été est passé dans un tourbillon comme un mauvais film, je faisais tout ce que j'avais à faire, la maison est restée pleine de monde, enfants et proches, jusque fin août. Je tenais mon rôle, je me sentais envahie par tous ces gens, moi j'aurai aimé fermer une porte, être seule, partir avec toi. Je regardais les enfants, je me disais "tu vas pas leur faire ça putain, ils ont 20 ans 31 et 34 ans, tu vas pas leur faire ça ils ont assez pris cher là !"
Fin août un matin qu'une fois de plus ma fille m'avais amenée à la plage (mon dieu jamais j'ai autant été me reposer et nager à la plage que cet été ), je suis allée nager seule jusqu'aux bouées tout au bout après celles de la baignade surveillée. Souvent lui et moi on nage jusque là, on "s'assoit" sur les cordes entre les bouées, on flotte tranquille, on papote, le regard tourné vers le large, ou vers la grève, on est seuls au monde, on est bien, on blague, on refait le monde. Là je me suis assise sur les cordes comme d'habitude. J'ai pensé,  "si je veux je retourne sur la plage et je ferais la vie. Si je veux je pars plus loin que les bouées et je m'en vais." Je me suis sentie incroyablement libre d'avoir le choix, cette fois si je veux je pourrai maîtriser, je ferai ce que je voudrais. Je comprends ça peut faire rire mais là sur l'instant je me suis sentie capable de faire un choix, de maîtriser la situation.
6 mois et 20 jours ont passé.
J'ai repris le travail il y a 3 semaines, pendant cette convalescence j'ai été, nous avons avec les enfants été accompagnés, médecin, psy, naturopathe, ostéopathe, guérisseur. J'ai tout fait pour me réparer.
Au travail auprès des résidents (je suis éduc auprès d'adultes handicapés moteur) je fais comme s'il ne s'était rien passé, les collègues sont attentifs et empathiques, rien à dire. Au travail je mets le costume du "ça va". Je m'étourdis d'activités auprès des résidents, à l'atelier chorale je chante très fort comme jamais j'ai chanté, je veux me noyer dans l'action.
Dans la vie je mets mon autre costume du "ça va aller". J'ai repris les entraînements de course à pied 15 jours après son départ, j'ai fais les compèt cet automne, mon premier podium, ça m'a même pas fait plaisir,  je cachais mes yeux derrière mes lunettes noires je voulais qu'on ne me reconnaisse plus pour pas entendre "ça va ?". C'est la colère et le désespoir qui me donnent des ailes, il est là sur mon épaule quand je cours, il me pousse, me tire, me dis "vas y t’arrête pas te laisse pas aller, avance plus vite plus fort".
Mais je suis perdue, j'ai le cœur en miettes, je commence à être en colère contre lui,  pourquoi tu es parti ? Tu me manques terriblement, pourquoi tu me laisses toute seule ?
J'ai envie de prendre mon sac à dos et me tirer et marcher loin, disparaître, en même temps j'aime trop ma maison et mon environnement, je veux tout.
Quand je flippe trop je me dis "lui il me dirait quoi ?" Je le connais trop bien je sais ce qu'il me dirait et ça m'encourage : "Un pas après l'autre, un jour après l'autre."
« Modifié: 26 février 2017 à 21:39:36 par PAVELLE »
Je t'avais dans la peau. Désormais tu seras toujours sur ma peau...

Hors ligne qiguan

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Re : Calou
« Réponse #1 le: 21 février 2017 à 03:40:16 »
Pour des parties de ton récit tant de choses proches de la mienne, la nôtre.
Tu vas pouvoir continuer à lire et à écrire
Pensées affectueuses
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Federico

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  • "De ma blessure a jailli un fleuve de liberté" "F"
Re : Calou
« Réponse #2 le: 21 février 2017 à 03:48:33 »
Bonsoir Pavel,

C'est tellement difficile de témoigner son chagrin sa douleur sa souffrance...
Je t'encourage à continuer d'écrire... ton histoire, son histoire... votre histoire !...
Belle histoire d'amour...  émouvante, bouleversante... douloureuse, déchirante... injuste et cruelle dans sa mort !
Pavel...
tout comme toi, j'ai une "amie" qui vient régulièrement lire sur ce forum depuis fort longtemps...
... ELLE n'a plus Romain, son fils d'amour...
tout comme toi, elle écrit très bien...
... Je pense souvent à ELLE... j'écris parfois pour ELLE...
mais je la comprends... c'est déjà tellement difficile de lire les autres qu'il est encore plus difficile d'écrire... c'est délicat d'écrire, de maîtriser ses sentiments et d'exprimer ses  émotions...
Ce soir, tu as fait un grand pas... tu peux être fière de toi...
Ce forum est formidablement humain, altruiste, généreux...
Prends ton temps, soit patiente... n'hésite pas à aller doucement vers les autres... alors, tu rencontreras des personnes attentives, compréhensives... des personnes ayant une émotion, une sensibilité sur-développée... à fleur de peau !
Un mot, un silence, un regard, un geste, un soutien, une larme, un sourire... nous "comprenons", nous "savons", nous "existons" !

" - puis je viendrai te voir, je demanderai quel jour tu dois sortir...
La..... "
Ton histoire, son histoire... votre histoire d'amour... lien d'amour... éternellement vôtre !

Bien Solidairement
Federico
« Modifié: 21 février 2017 à 03:52:36 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne PAVELLE

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Re : Calou
« Réponse #3 le: 21 février 2017 à 09:13:27 »
Merci pour vos réponses très réconfortantes. En les lisant je me suis dis que j'avançais encore un peu mais que certains pas je trébuchais et ça fais mal.
Pour mon texte je viens de le reprendre, corriger surtout et terminer mon texte car hier soir mauvaise manip j'ai envoyé un brouillon pas terminé. c'était du n'importe quoi excusez moi.
Merci
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Hors ligne souci

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Re : Calou
« Réponse #4 le: 21 février 2017 à 10:17:43 »

   Bonjour Pavel,

   On sent bien en te lisant combien vous aimiez la vie, vous deux  ton Calou, et toute la souffrance causée par la déchirure que nous connaissons tous ici hélas, de différentes manières dans nos différentes vies ...

   Le costume du "ça va aller", je l'ai endossé aussi, dès le premier jour, avec une volonté qui a damé le pion à la plus puissante des amertumes aussi souvent qu'indispensable ...
   Il y a toujours des retouches à faire à ce costume, heureusement j'ai des années d'activité de couturière-modéliste derrière moi, n'empêche, il demande régulièrement des ajustements !
   On perd les boutons, on perd ou on prend du poids, il est un peu chaud ou frais pour la saison faut changer la doublure ...
   Il en faut une patience pour le réadapter et se décider à le porter pour une nouvelle période ...
   C'est toujours du provisoire, n'est-ce pas, Pavel, mais faut bien porter qqch, on est comme "l'homme invisible", sinon ...
   Tu as une belle famille, tu souffres, normal ... On sait ici que c'est pas facile du tout.
   Bien amicalement et solidairement, Martine.

Hors ligne PAVELLE

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Re : Calou
« Réponse #5 le: 21 février 2017 à 21:39:44 »
merci Souci, j'aime bien ton image de l'homme invisible, c'est tout à fait ça, on devient un nouveau personnage, parfois on a l'impression que l'on n'a plus d'identité, que l'on n'existe plus en tant qu'être à part entière...
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Hors ligne Mononoké

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  • Un petit pas, puis un autre ...
Re : Calou
« Réponse #6 le: 26 février 2017 à 01:24:38 »
bonsoir Pavel,
je viens de lire ton histoire. Mes larmes coulaient en te lisant.
tu es finalement venue écrire, j'espère que ça t'a fait du bien. En tout cas merci d'avoir partagé cela avec nous. Beaucoup de passages me parlent, comme par exemple la colère vis à vis de cet être qui nous était si cher. "Pourquoi m'as-tu abandonnée ?... " j'ai laissé sortir cette colère sans culpabilité, et elle est partie, si elle revient je ferais à nouveau la même chose. Je me suis dit qu'il aurait accepté cette colère, qu'il l'aurait respectée.
je te souhaite une nuit douce
"Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule option". B. Marley

"Un arbre qui s'abat fait beaucoup de bruit ; une forêt qui germe, on ne l'entend pas." Gandhi

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : Calou
« Réponse #7 le: 26 février 2017 à 11:51:07 »
Elle est belle, Martine, ton image du manteau....
Notre magnifique duo  n'avait besoin pour se protéger, que d'un seul grand manteau.
Un grand manteau pour deux amoureux.
Deux manches pour quatre bras.
Pour se blottir encore plus près, bien serrés l'un contre l'autre....
Quatre mains pour tricoter notre merveilleuse histoire et affronter le quotidien.

Aujourd'hui, le manteau est trop grand.
Cette impression de ne plus exister sans notre amour, de ne plus rien savoir faire sans lui, est si lourde à nos épaules,
Qu'elle nous fait courber le dos.
Il nous faut réapprendre à cheminer seule.
Relever le front pas après pas.

Il nous faut trouver un nouveau manteau.
A notre taille.

Et puisque   Février nous offre un  dimanche ensoleillé,
Aujourd'hui, le manteau sera moins épais.
Voilà ce que je vous souhaite : une journée sans pierre sur le cœur.
Aussi légère qu'un matin  de printemps.

*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Hors ligne PAVELLE

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Re : Calou
« Réponse #8 le: 26 février 2017 à 20:13:12 »
Merci pour vos réponses, elles me font du bien, vous mettez des mots sur mes maux, comme on dit. Vos idées reflètent exactement ce que je ressens. Je me sens moins seule, moins différente.
 J'ai passé une semaine assez amère. Dimanche dernier c'était mon anniversaire, je travaillais et j'ai "fété" ça au boulot avec mes gentilles collègues. Le soir de retour à la maison, après le repas une petite boutade de ma fille m'a mis dans un état de détresse indescriptible (mon dieu si IL avait été là il lui aurait dit que sa blague était de mauvais goût ! IL n'est pas là, c'est ton anniversaire IL n'est pas là !)
Et encore des larmes pendant un bon moment seule dans ma chambre, j'en ai assez ! assez d'être tributaire de mon état d'âme du jour, assez de l'attendre mais il ne rentre pas à la maison. Mes enfants sont venus me rejoindre dans ma chambre, m'ont consolée, je les ai assurés qu'ils n'y étaient pour rien. Mon dieu je ne voudrais pas que mon chagrin me rende aigrie et me fasse perdre mon sens de l'humour et de la dérision !
Ma semaine s'est passée sous le signe de la tristesse et de l'amertume, je culpabilise de commencer à ressentir de la colère, pourtant je sais qu'elle m'aidera à me détacher. Mais je ne  veux pas me détacher... Et son absence est de plus en plus difficile à supporter.
Aller au travail, m'occuper des autres au lieu de tourner autour de mon nombril m'a fait vraiment du bien, c'est une bonne chose ça au moins. 
Revenir sur le forum cette semaine ne m'a pas forcément apaisée, lire les témoignages a été difficile,
Hier matin ma fille a pris l'avion pour les Etats Unis. Elle y rejoint un ami proche qui y vit, elle y passe un mois de vacances. C'est génial pour elle, mais elle va terriblement me manquer.
Demain lundi matin mon fils pars pour son studio et  la fac à Montpellier. Donc je me retrouve toute seule à la maison toute la semaine prochaine, il va falloir me réhabituer car mon fils était en vacances universitaires depuis 3 semaines à la  maison.

Aujourd'hui je suis partie toute la journée randonner avec mes amis, comme tous les 15 jours. Cela heureusement m'a fait énormément de bien, je sais que j'ai marché sur des chemins qu'IL connaît, je marchais dans ses pas... De toute façon il était comme souvent "sur mon épaule". Et mes amis sont très proches de nous, on a beaucoup parlé de lui c'était bien.
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Hors ligne qiguan

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Re : Calou
« Réponse #9 le: 26 février 2017 à 20:46:17 »
tu es épuisé du long accompagnement
tu t'es construite (comme moi) adulte à travers votre couple ... là il y a un peu plus de 6 mois pour toi tout a volé en éclat
falloir après tant de moments de partages découvrir ce qu'est l'autonomie en plus du deuil, mêlé au deuil va être le chemin et là déjà une semaine vide d'enfants ...
apprivoiser, découvrir la solitude
avancer sans lui ...
oui
c'est bien que ton travail t'apporte une "bouffée d'air"
affectueusement
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Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : Calou
« Réponse #10 le: 26 février 2017 à 20:47:30 »
Bonsoir Pavelle,
Je crois que la colère ne nous détache pas de notre amour, mais nous éloigne du plus profond de la douleur.
Elle fait partie, selon les auteurs, des étapes du deuil.
Les larmes aussi....
Mais je te souhaite, Pavelle, une nuit sans pluie salée sur l'oreiller.
Une nuit sereine et douce.

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Hors ligne PAVELLE

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Re : Calou
« Réponse #11 le: 26 février 2017 à 21:49:39 »
Merci, Ephémère tu écris vraiment d'une très belle manière, tes mots sont comme une caresse sur la joue  :)
quigan tu es très observatrice (teur), c'est rassurant de se sentir comprise.
La semaine ne sera pas trop solitaire, comme les précédentes j'essaie de l'organiser sans temps libres, vides, morts. Cela évite de penser, mais c'est épuisant.

Bonne nuit à tous et toutes, qu'elle vous soit paisible et sereine.
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Re : Calou
« Réponse #12 le: 19 août 2017 à 19:53:22 »
Il est parti depuis un an et 18 jours...
Depuis le mois d'avril il y a eu notre anniv de rencontre,  sa fête, son anniversaire, la fête de pères, notre anniv de mariage, j'ai revécu milles souvenirs, cette période a été très difficile, beaucoup de larmes, des réveils la nuit avec la même angoisse aux tripes qu'au moment de sa disparition.  C'est effrayant de penser qu'un an est passé, on n'avait jamais été séparés si longtemps.
Je suis en arrêt maladie depuis fin juin. Trop de mal à garder la tête haute au boulot, derrières mon dos des pias-pias entre collègues, et enfin des réflexions sur mon investissement, "tu manques vraiment de motivation et de dynamisme depuis quelques temps", lancées en pleine réunion de service, ont eu raison de mes dernières forces. Je savais que j'étais en décalage avec les autres, avec le monde du travail, mais là ! me faire remarquer que je manque de motivation, pour moi c'est nier que j'ai des raisons d'être moins motivée.
Ca m'a écœurée, j'ai l'impression que certaines personnes au travail oublient très vite que l'on vient de perdre son époux. Pour moi cette réflexion niait mon deuil, niait même l'existence de mon mari. Je ne sais pas si j'exagère mais c'est comme ça que je le ressens. Aujourd'hui quand je pense à mon lieu de travail j'ai l'impression qu'il s'agit d'une autre planète, que je suis une extra terrestre là bas aussi. Mais là bas on me l'a reproché.
J'ai repris une thérapie avec une psychologue spécialisée dans le cancer et le deuil, je vois aussi une psychologue du travail, et enfin le médecin du travail qui pour l'instant me pense inapte psychologiquement.
J'en ai assez d'être à côté de tout, parfois maintenant je ressens de la colère contre lui, de m'avoir laissée, il paraît que c'est normal, qu'il faut accepter cette colère pour avancer... Bref depuis le mois d'avril je revis les heures sombres, parfois même plus sombres que celles des premiers mois après son départ.
Déjà un an et pourtant toujours pareil, je ne vis pas, je survis, à côté de la vie, l'impression d'être juste une spectatrice de tout ce qui se passe dans le monde, je ne m'étourdie plus de multiples activités, je suis trop fatiguée je n'ai plus de forces. J'en ai assez mais assez. Je crois que si quelqu'un me disait de "me bouger" je pourrai le mordre, je suis plus que submergée par le vide de son absence, je suis le vide, je me délite.
Dans 15 jours mon arrêt de travail se termine. Suivront mes 3 semaines de congés d'été. Je dois partir 12 jours marcher sur le Camino. Ce séjour est prévu depuis quelques mois. Je saisi ce voyage comme une bouée de sauvetage, je me dis qu'après ça ira mieux. Mais en fait peut être ça sera pire ? Je ne sais même plus si je vais avoir la force physique de le faire.
Je n'arrive plus à me projeter dans l'avenir, mais je n'ai pas peur, je ne ressens plus rien.
L'été les amis sont plus disponibles. Il y a quelques jours je m'étonnais de la distance prise par certains. Un vieil ami m'a dit que certains, parfois, après le décès d'un ami, avaient un peu peur de la veuve, ou du veuf, qui devenait un potentiel "voleur de mari ou d'épouse". J'ai trouvé ça sordide. J'ai vraiment ressenti de la colère contre cette idée. Encore une fois je suis sur une autre planète, et je m'éloigne de plus en plus.
La semaine prochaine je dois me rendre à une convocation chez le médecin conseil de la sécurité sociale, pour justifier de mon arrêt maladie. Je sens que ce rendez vous va être très pénible. Encore se justifier.
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Hors ligne qiguan

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Re : Calou
« Réponse #13 le: 19 août 2017 à 21:30:24 »
Résister dans la tourmente des 9 mois, un an" est si épuisant ...
Sache apprécier ce que t'apporte l'arrêt de travail, je sais cela peut te paraître bizarre, mais certain(e)s ne peuvent pas être en arrêt (selon leur statut pro) et la lutte se mène.
Vide oui vide, tu as le lien vers un fil sur le rôle de la colère, ce qu'en dit Dr Faure dans le post table des matières.
Je te souhaite le meilleur sur le camino.
Ici tu es comprise 5/5
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

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Re : Calou
« Réponse #14 le: 19 août 2017 à 21:37:38 »
"Ici tu es comprise 5/5"
oui merci, je le vois bien. Quand je lis les témoignages, je vois qu'ils expriment souvent des émotions et ressentis semblables aux miens. Mêmes si les histoires des autres personnes endeuillées me font beaucoup de peine, je me sens moins seule et moins l'extra terrestre.
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