On ne "refait" pas sa vie, on la continue...
On ne peut "refaire" ce qui a été et ce qui est resté derrière nous. C'est un capital qui fait de nous ce que nous sommes. Et même la mort est une page qui s'ajoute aux autres pages de nos vies, et qui sera recouverte par les pages à venir...

Tu sais, c'est comme chacun le sent.
Moi, j'ai une amie qui a rencontré son nouveau mari 6 mois après la mort du précédent. Elle s'est remariée 2 ans plus tard et ils ont eu un petit garçon...
La culpabilité, forcément, on y est tous passés. On se sent coupable d'être vivant, de manger, de boire, de dormir, de travailler, de faire des choix, de sentir le soleil sur sa peau, de faire quelques projets, d'envisager de rencontrer quelqu'un et d'aimer... quand l'autre ne connaîtra plus jamais ça. C'est très dur de se pardonner d'être vivant. Ca prend du temps...

Tu ne manques de respect à personne.
Tu as un bébé, tu es jeune, ton avenir est devant toi même si c'est difficile de l'accepter pour le moment.
Tu n'as pas à t'en vouloir.
C'est bien et courageux de te "bougers les fesses" pour passer ton concours. C'est une bonne chose, un objectif qui t'occupe l'esprit et t'empêche de t'enfermer sur ta douleur.

Continue comme ça. Tu vas encore connaître des hauts et des bas, des coups de déprime et des moments plus paisibles. Mais tu dois penser à toi et à ton bébé qui n'a que toi pour grandir pour le moment. C'est une lourde responsabilité et personne n'a le droit de te jeter la pierre, si tu espères prendre ta vie en main, si tu te souhaites une vie pleine de joie... c'est toi qui as raison.

Je t'embrasse.
M

Hello Alyseju,

Il faut que tu te donnes le temps.

C'est normal que tu envisages déjà l'avenir, mais tu verras qu'il y a un monde entre l'envisager et le vivre !

3 mois de veuvage, c'est très peu, et tu passes toutes les phases : projets, désespoir, idées noires, projets. On est dans un yoyo qui monte et descend, on va au fil de nos humeurs, on ne sait jamais si on va rire ou pleurer parce qu'il suffit d'un mot, d'une odeur, d'un souvenir pour qu'on replonge dans les tréfonds du désespoir... c'est comme ça.

Je me souviens que la première année a été terrible. Le premier anniversaire de tout : premier noël, première fête des mères, des pères, anniversaires de mariage, des enfants, de sa mort...  Il faut la passer cette terrible première année. On est comme arrêté en plein vol, on avance comme des zombies. La mémoire n'imprime rien.

Le jour anniversaire de sa mort, moi, je ne reste pas à la maison. Je sors, je vois des amis, je vais au ciné... mais le premier a été le plus difficile à passer parce qu'on est encore dedans et qu'on voudrait juste se coucher et pleurer...

Ensuite, on se dit : "c'est fait".

Je crois qu'à partir de là, j'ai commencé à refaire des petits projets.

Au bout de 3 ans, je suis partie 1 an hors de France avec mes enfants. Là j'ai vraiment commencé à tourner la page, sans la tourner vraiment.
Aujourd'hui ça fait presque 5 ans qu'il est mort, et j'ai encore de grands moments de désespoir, surtout dans la période qui précède la date de sa mort. Mais le 02 septembre, jour ou veille de rentrée des classes, je serai occupée et tant mieux. Les enfants n'y penseront pas non plus, même si chaque rentrée des classes est inscrite comme une date indélébile dans nos vies. Ca donne pas envie d'aller à l'école, comme dirait mon fils !!!

Voilà, je te souhaite beaucoup de courage et de force pour affronter les mois à venir. Mais tu as ton bébé et encore beaucoup d'années heureuses à vivre avec lui.
M.

Très sincèrement, Alyseju, tu n'as rien à trouver "honteux".

Ce n'est pas honteux de penser à ton avenir, parce ce que ça signifie que tu penses aussi à celui de ta fille.
Quand on a rencontré la mort, on n'a plus de raison d'avoir honte et personne n'a à porter de jugement, ni à faire de commentaire sur la façon dont on gère notre vie.

Comme je te l'ai raconté plus haut, une amie a moi a perdu son mari la veille du mien (ils ont fait le voyage vers ailleurs ensemble...) et elle a rencontré son compagnon 6 mois plus tard, sur un site de rencontre, parce qu'elle avait 38 ans et ne voulait pas que ses enfants grandissent sans "père".

Moi j'ai choisi un autre chemin, mais jamais je ne l'ai jugée. Elle a fait ce qui était bon pour elle, nous sommes toujours amies, elle suit sa route et moi la mienne... On se voit souvent, et ce n'est pas plus facile pour elle que pour moi, même aujourd'hui... Moi j'avais 10 ans de plus qu'elle, je n'avais pas cette démarche, je voulais que nous nous reconstruisions tous les 3 ensemble d'abord, sans mettre un homme au milieu, pour ne pas perturber notre fragile équilibre. Je l'ai trouvée courageuse d'enchaîner sur une nouvelle histoire si rapidement... A chacun sa façon de réagir, son feeling, il n'y a pas de règle et je voudrais bien voir les "donneurs de leçons" à notre place !...

Oui, les dates sont très dures à vivre. Je comprends...
Je me souviens qu'une réflexion a traversé ma tête, à la mort de mon mari. J'ai pensé : "jamais il ne verra le joli sourire de notre fille" qui portait alors un appareil dentaire. Il n'a pas vu ses 15 ans, son premier amoureux... ni les 10 ans de notre fils, son passage en 6ème... et tout ce qui fait la vie avec des enfants. Et il est mort juste avant nos 20 ans de mariage... C'est comme ça, on ne choisit pas, hélas...

Bon courage
A bientôt.

Alyseju,

Je pense voir à peu prêt ce que tu vis. Moi-même vers les début de mon deuil, j'étais dans une phase de projection, une sorte d'effervescence, probablement parce que le choc m'a déconnecté de la réalité et que je n'avais pas vraiment intègré la perte de ma femme. J'étais resté sur la lancée de ma vie passée, comme les pales du ventilateurs qu'on vient d'éteindre et qui continuent à tourner encore un peu.

Ensuite, il y a "le réveil", la prise de conscience, et là, c'est le retour de bâton.
Si tu veux mon avis, ne te précipite pas, prends ton temps, rien ne presse vraiment finalement.

Biz

Merci de vos réponses.

oui rien ne presse, et en peu de temps j'ai changé d'optique, je veux rester avec mon bébé, la vie en a injustement décidé comme cela.

Même si je n'ai que 23 ans , j'aurais l'impression de tromper mon mari que j'aime tellement.

Enfin je me pose plus de questions, je laisse mon destin décidé...................

Alors Bruno, je ne sais pas si il y a quelqu'un là-haut!!!    :')