Bonjour Nooz,
Si j’en juges par l’heure de la rédaction de ton message, tu as des nuits … courtes.
J’espère au moins que tu ne travailles pas trop et peux récupérer un peu dans la journée.
Ton histoire est belle et tragique, comme toutes nos histoires où l’Amour est profond, intense, et où la mort nous vole notre bonheur.
Mon Pierre est aussi parti un 22 juillet, mais une année plus tôt, en 2010. Même date anniversaire douloureuse pour nous. C’est aussi un cancer qui l’a emporté, saleté de maladie qui se nourrie d’un corps sain, jusqu’à s’en faire une indigestion et tuer son « garde manger », ce qui entraine aussi sa propre mort. Oui, enfin c’est une réflexion qui m’est venue un jour sur le cancer, assez diabolique pour nous détruire, et vivre en parasite jusqu’à extinction du corps dont il a besoin.
Moi aussi, mon Pierre était lié ailleurs lorsque je l’ai rencontré et cela n’a pas été facile, car moi aussi, je suis une fidèle, et je ne vole pas ce qui ne m’appartient pas.
C’est un magnifique cadeau que vos deux petites filles. Et c’est cela qui doit t’amener à avancer, elles sont si petites.
Oui, c’est toujours trop court, c’est toujours injuste.
Oui, l’absence et le manque sont terribles.
Dis-toi, Nooz, que tu es riche, immensément riche de ce que vous avez vécu, plus riche que n’importe quel nabab qui se pavane à St Tropez, plus riche que les émirs… tu as l’Amour en toi, pour lui, et tu as tes filles, des minis-vous, comme dit Elodie.
Il faut l’entreprendre ce chemin tortueux, plein de danger, monter, descendre, chuter, s’épuiser, repartir, se sentir seule, mais non, une multitude de personnes comme toi y avance sur ce chemin. Nous t’aiderons à te relever, et plus tard, c’est toi qui nous tendras la main.
9 mois depuis son départ.
9 mois après le départ de Pierre, j’écrivais cela :
« Le temps permet à la mémoire de s’émousser, au présent de prendre le pas sur le passé. Mais la vie sans vous, c’est le vide total. Bien sûr que je prends de nouvelles habitudes, oui, je perds les reflexes, je contrôle mieux, je m’éloigne de ce qui peut me faire mal. C’est vrai que je parviens à parler de vous sans m’écrouler. Mais, à y bien réfléchir, tout cela n’est que l’instinct de survie.
Plus de neuf mois après votre départ, je me dis encore que je voudrais vous rejoindre le plus vite possible, mais je sais que cela n’est pas possible. Je n’ai pas peur de mourir, je n’ai même pas peur de souffrir. Je n’ai plus de montée d’adrénaline lorsque j’entends un bruit incongru la nuit, dans la maison, ou dans le jardin. Je n’ai pas peur de la maladie, même la douleur, je la contrôle cérébrale ment. J’ai mal ? La belle affaire, cela passera et si c’est grave, peu importe. Je m’en moque.
Je suis sur un chemin de traverse. J’attends. J’attends que mon tour vienne, pour ne plus porter ce fardeau de la vie sans vous. Ce n’est pas la solitude que je vis mal, c’est votre absence. C’est le manque de vous qui me brise.
Autour de moi, chacun pourra constater que je semble aller mieux. Peut-être. Moins de larmes, plus de gaité, de projets, l’appétit qui va bien.
Ma souffrance est profondément ancrée à l’intérieur. Elle est là. Elle est à moi. En moi. Elle me brûle et me consume. »
Tu vois Nooz, il faut du temps pour apprivoiser l’absence.
Mais nous y parvenons. Aujourd’hui, je continue à lui parler, enfin à lui écrire. Il reste mon homme, mon Amour, ma raison de vivre et plus celle de mourir. Je marche et remplis ma vie comme je peux. Je n’en n’ai pas terminé avec elle, j’ai des choses à faire avant de partir le rejoindre. J’ai beaucoup changée mais peu de mes amis s’en sont aperçu, c’est un profond changement intérieur. Je ne sais pas où cela va me mener, mais j’y vais.
Reviens vers nous aussi souvent que tu en as en envie, parles, pleures, et racontes, lance des SOS, ou tends nous la main. Tu es un maillon de notre chaine.
Je t’embrasse.
Marina