C' est la saint Valentin, ça me laisse de marbre, mon mari et moi ne la fêtions pas. Entre nous tout était tacite, naturel et non programmé. On avançait selon la vitesse du temps, du courant, des éléments, bref, selon la vie comme elle se présentait, pas besoin de signes ostentatoires. J' avais besoin d' un truc je me l' achetais, je n' attendais pas la fête des mères et à la fête des mères du coup je disais que je ne voulais rien, je n' avais besoin de rien. Vivre simplement ça nous suffisait amplement. Nos loisirs ensemble étaient notre récompense, on allait à la pêche sur notre petit bateau, au large, histoire d' être tranquilles un point c' est tout, le seul endroit où l' on ne croise plus que les chaluts et quelques voiliers aventuriers. A l' occasion un papillon sorti d' on ne sait où, idem pour une libellule complètement épuisée se laissant dériver que j' avais repêchée à l' épuisette et installée confortablement sur la sangle du taud pour qu' elle sèche et puisse écarter ses ailes. Elle avait attendu patiemment la fin de notre partie de pêche, plusieurs heures donc, attendu qu' on lève l' ancre, la mer se levant aussi mon mari avait mis plein gaz, enfin disons, le moteur à fond pour casser les vagues, elle s' est accrochée plaquée pour tenir bon à cause de la vitesse et du déplacement d' air, puis quand mon mari a baissé le régime du moteur, elle s' est détendue, elle a commencé à bouger, elle a senti qu' on approchait la terre ferme, elle a grimpé de quelques centimètres pour mieux humer l' air ambiant et à l' entrée du port elle s' est envolée de ses ailes bleues transparentes illuminées dans le soleil, elle a tourné autour du bateau pour nous remercier et nous dire au revoir et s' en est retournée vivre sa vie. Voilà c' était mon histoire d' amour du jour, à chacun sa saint Valentin, je suis comme vous tous, une âme dévalentinée, tiens au fait, Valentine, ce n' est pas une marque de peinture? Eh ben il ne me reste plus qu' à peindre le tableau que je viens de décrire! Biz à touti