Cet aprèm ma petite fille Pauline 5 ans, a voulu que je l' amène au cimetière m' aider à planter le pot de chrysanthème, elle demande souvent à rendre visite à son papy, mais elle se pose tant de questions qu' elle commence enfin à comprendre progressivement ce qu' est la mort.
J' ai demandé au psychiatre ce qu' il pensait du fait que l' on emmène ou pas un enfant au cimetière. Il est fortement d' accord si l' enfant a plus de 5 ans et si l' enfant est demandeur. L' enfant dans un cimetière, lieu silencieux, de recueillement comprend mieux la dimension de la mort, son irréversibilité, la fin définitive de tout, il doit savoir que la mort fait partie intégrante de la vie. Mais comment il a fait papy pour rentrer dedans? (dans le caveau donc). Je lui explique qu' il était allongé dans un cercueil et qu' il dormait et qu' il ne se réveillera donc jamais. Donc il ne bouge plus, ne mange plus, ça elle l' a compris. Je lui ai expliqué comment c' est à l' intérieur, en bas à droite y a mon papa, en haut à droite y a ma maman qu' elle a connue et en bas à gauche y a papy depuis 8 mois dont elle se souvient très bien. Elle m' a aidé à planter le pot, l' a arrosé deux fois, a détaché une fleur, l' a gardée pour elle, elle sent bon mamie, je vais la mettre dans mes cheveux, je vais la caler avec mon serre-tête. Tu sais papy s' il te voit il doit être content que tu penses à lui. Ah mais non mamie, il ne peut pas le voir, il a les yeux fermés.
En sortant nous avons assisté à une triste scène, d' une banalité cruelle quotidienne, un accident de la route, une voiture qui a fait une sortie de route, une autre en face désintégrée qui fumait, les pompiers, une ambulance, les gendarmes, tout ce branle bas de combat à 300 mètres du cimetière, visiblement y' en a un qui a raté le virage qui l' aurait mené tout droit dans sa tombe, il passera par la case hôpital avant, il a mal négocié le virage et son coup. La voiture est un tombeau roulant c' est bien connu à la Toussaint comme un autre jour. J' ai filé de l' autre côté, j' ai fait un détour, ma petite fille n' a pas besoin de voir ça. Du coup nous avons trouvé un parc de jeu sur notre chemin, Pauline a pu s' amuser et se dégourdir les gambettes avec d' autres copines, son innocence est revenue, elle a ri, elle a sauté, fait du toboggan, elle a eu soif, faim, la vie quoi, comme si de rien n' était.
Coucou papoute, tu me manques à moi aussi mais je n' ai plus l' âge de jouer alors je pleure. Demain je reviendrai fignoler la disposition des plaques et des autres fleurs, je viendrai seule, je veux pouvoir me recueillir auprès de toi.