Plutôt que la résilience, revendiquer le droit au chagrin.
Je ne crois pas non plus à la résilience, et surtout pas dans le deuil d'une personne "majeure " à notre vie. Une vie bouleversée à jamais.
Ce n'est pourtant pas faute de se battre contre ce " plus jamais ", contre ce que nous considérons comme une injustice, marchander, supplier, ne pas vouloir croire que rien ne sera plus comme avant, que le bonheur est terminé.
Puis baisser les bras, et ce n'est pas une défaite, bien au contraire.
Afficher aux yeux des autres notre chagrin, le revendiquer fièrement, même si les portes se ferment, même si nous ne sommes pas d'assez" bonne compagnie "pour nous joindre à eux, même si nous ne sommes plus capables d'apprécier LEUR bonheur.
Vivre dans l'instant, sans injonction à aller mieux, sans rien attendre, et accepter cette idée avec soulagement.
Accueillir avec humilité les moments d'accalmie qui nous sont donnés, les mains tendues, les regards attentifs à notre souffrance.
La seule parole d'un psychologue qui m'ait vraiment aidée, parce qu'il a reconnu, et m'a reconnu le droit au chagrin éternel :
" Le deuil vous condamne à perpétuité, mais, comme dans toute condamnation, il y aura des aménagements de peine ".
A presque 15 mois de son absence je ne vais pas mieux -je n'irai jamais mieux - , je vais différemment.
Le chagrin est toujours là, le manque cruel, le souvenir de sa souffrance et de sa mort viennent toujours régulièrement me couper le souffle.
Mais "quelque chose " vient me réchauffer le coeur de temps en temps, comme un amour secret, doux, intime, une certitude qu' il sera toujours avec moi...
Je vous embrasse, Faïk et Milou, je pense à vous. ( et Noëlle qui a posté entre temps ...)
Nora