Auteur Sujet: Bis repetita  (Lu 38082 fois)

0 Membres et 2 Invités sur ce sujet

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #45 le: 17 juillet 2017 à 22:51:01 »
Nous voilà rentrés de vacances hier. Des vacances qui se sont bien passées dans l'ensemble malgré quelques coups de cafard chez mes deux enfants. Des crises de larmes, de la tristesse à plusieurs reprises pendant cette semaine. Nous sommes  partis à Quiberon en emmenant dans nos valises la lourdeur de la situation. Heureusement, les enfants ont vite trouvé quelques dérivatifs à leur peine. Je n'ai pas emporté mon ordinateur en définitive car je voulais couper avec le forum, la lecture d'histoires d'amour avortées, la douleur et n'emporter que ma propre douleur. J'ai lu mais autre chose...
Je me suis reposée et bien profité de mes deux plus jeunes enfants. Des vacances presque ordinaires...
Nous avons diné avec le frère de mon mari et son épouse.  J'appréhendais un peu mais au final, c'était moins pesant que ce que je redoutais même si j'ai compris par les mots de ma belle-sœur que mon beau-frère n'allait pas très bien...
Il me reste une semaine de vacances pour me reposer. Les enfants vont aller quelques jours à droite, à gauche, chez mes parents, chez ma sœur pendant le reste des vacances. Je vais gérer au jour le jour...
La vie doit continuer au mieux...

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6115
Re : Bis repetita
« Réponse #46 le: 18 juillet 2017 à 11:53:05 »
dans la lourdeur de la douleur d'un deuil
il est toujours positif de constater des bonnes choses, des envies, des progrès, des succès
chaque situation de deuil est particulière
mais lire que ces bonnes choses existent permet de se situer même si c'est en négatif car soi on ne peut pas au vu des particularités de son propre deuil.
Ce va et vient entre les lectures de témoignages et évaluation de soi, crée un mouvement qui a pour vertu minimale  de s'extraire un tant soit peu de son enfermement "naturel" dans sa propre situation ainsi peu à peu en multipliant les lectures de témoignages on arrive à se situer comme "normal" dans son propre deuil.

Denpaolig profite de te ressourcer aux choses "mieux" afin d'avoir de la ressource pour de prochaines vagues de toi ou de tes enfants.
affectueusement
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #47 le: 18 juillet 2017 à 22:56:48 »
Merci Qiguan. Oui, le mieux est effectivement de constater les mieux... Aujourd'hui n'était pas une bonne journée pour moi, j'ai le cafard depuis le réveil... Je me suis donc réfugiée comme à mon habitude, dès que je le peux dans le sommeil. Jusqu'à ce que mon grand arrive et qu'on mange tous ensemble. Mon grand travaille tout l'été. Il ne rentre pas tous les jours et son absence me pèse et ce malgré la présence de mes deux plus jeunes. Cela n'a rien à voir avec le deuil que nous traversons évidemment mais quand j'ai le moral en berne, j'ai tendance à tout mélanger et ne pas pouvoir profiter des bonnes choses telles la présence de mes deux derniers. C'est nul...

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #48 le: 30 juillet 2017 à 01:03:02 »
Le tourbillon de la vie...

Vacances, on essaye de se détendre, de penser à autre chose... Pas facile ! Même au soleil, sur un transat près de la piscine du camping...

Retour de vacances... On a  pas franchement réussi à laisser les émotions à la maison...

Reprise du travail... La vie reprend sa routine. Le chagrin nous accompagne, le cafard s'invite souvent...

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #49 le: 02 août 2017 à 00:00:26 »
Bonsoir,

Journée difficile ! J'ai reçu les papiers  concernant la pension de réversion ainsi que l'allocation temporaire orphelins. Il n'y a pas eu une journée depuis son décès où je n'ai pas eu de courriers concernant sa mort.

 Et puis, il y a quelques semaines, j'ai osé écrire au Président de la République. C'es ridicule, je sais mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que le supérieur de l'amiral sache... pour dire combien je trouve injuste de savoir que le harcèlement moral subi par mon mari ne sera jamais reconnu et encore moins puni. Je ne m'attendais pas à avoir une réponse mais elle est arrivée aujourd'hui. Il va faire parvenir mon courrier au ministère des armées. Je sais là aussi que ça ne changera rien et que ni l'amiral ni les gradés accusés par mon mari ne seront inquiétés mais j'ai fait ce que je pensais devoir faire. En son nom, pour sa mémoire.

Mon petit bonhomme vient de se réfugier dans mon lit alors je vais arrêter d'écrire, de ressasser, de pleurer pour cette nuit et le serrer très fort contre moi pour qu'il s'apaise...

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #50 le: 14 août 2017 à 00:32:16 »
J'ai un invité chiant... Le cafard... Je ne l'ai pas convié, il s'est invité tout seul. Il vient souvent depuis un peu plus de trois mois. Heureusement, il ne vient principalement que le soir... Des fois aussi dans la journée mais j'arrive assez facilement à le chasser mais dès que je pose la tête sur l'oreiller, il se pointe à nouveau... Je voudrais le chasser définitivement de ma vie mais elle semble coriace la bête !

Hors ligne kompong speu

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1621
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #51 le: 14 août 2017 à 14:23:11 »
t'as raison tu parles d'un invité des fois je lui botte les fesses ,des fois il s'installe chez moi  il fait les tour des amis du forum!!!
 un bourre pif pour lui tiens donc

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #52 le: 21 août 2017 à 22:55:10 »
La douleur s'était un peu calmée ces derniers jours et ce matin, rebelote ! Impossible physiquement de me lever... La veille,  dimanche pourri, une soirée difficile à parler du suicide et des suites judiciaires à donner ou pas ... Ma puce qui en larmes ne veut pas aller chez ses grands-parents... Une nuit peuplée de cauchemars effroyables et aujourd'hui, un lever du lit impossible ! La douleur est là, elle a pris toute la place aujourd'hui. L'impression d'une régression. Des larmes encore et encore...

Vivement demain, ça ne pourra pas être pire !

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #53 le: 22 août 2017 à 01:51:00 »
Ma fille en larmes hier dans la nuit  qui me demande en hoquetant si son papa me manque à moi aussi... Oui ma puce, il me manque terriblement. Je n'ai pas réussi à enlever son contact dans mon répertoire téléphonique. Je n'ai supprimé aucun sms qu'on s'était envoyés. Je vais souvent sur sa page Facebook. Au travail, j'ai relu la semaine dernière las mails émanant de lui que j'avais archivés. Oui ma puce, terriblement... La colère est toujours là, mais le manque aussi, plus vif, plus prégnant, plus douloureux...

Oui, Pascal, tu me manques...

https://www.youtube.com/watch?v=PEl11ueGza4

Hors ligne Coccie

  • Néophyte
  • *
  • Messages: 16
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Le saut de l'ange...
« Réponse #54 le: 22 août 2017 à 12:05:05 »
Mon deuil est tout récent mais pas moins traumatisant que tout ce que je peux lire ici... le 5 juillet mon compagnon est allé se jeter de la falaise d'Etretat. Il était malade depuis 2 mois (léger emphysème...) et a développé une terreur de la maladie et de la diminution physique que nous avons, moi la première, son généraliste, ses proches largement sous-évaluée.
Il s'était fait prescrire une kyrielle d'examens, tout était normal. Il y avait une angoisse ancienne de la diminution physique (son père est resté invalide 7 ans, placé en maison spécialisée après un AVC, privé de parole... il a été incapable d'aller le voir, et défendait son droit à l'aider à "partir"... il m'en avait aussi parlé pour lui-même, disant qu'il ne supporterait pas le handicap, les médicaments... j'avais, nous, avions minimisé ces propos), angoisse doublée d'un fond dépressif ancien.
Nous devions partir en vacances 10 jours plus tard, dans un lieu que nous aimions beaucoup, où nous retrouvions des amis, des copains, beaucoup de musiciens (nous sommes musiciens tous les 2 et avions travaillé un énorme répertoire... dont je me sens amputée depuis son départ : impossible de jouer, impossible d'écouter, toute musique me renvoie à lui).
La violence du choc a été terrible car j'ai reçu un message d'adieu au moment où il était déjà dans le train, sans précision sur sa situation géographique. J'ai alerté la police, qui l'a géolocalisé à Etretat après une attente interminable. Là, la police m'a dit : "ça sort de notre circonscription, il faut que vous appeliez la gendarmerie locale". "Pouvez vous me mettre en relation ? " - "Vous trouverez le numéro sur internet..." No comment.
La gendarmerie locale a envoyé une patrouille, c'était interminable. J'ai rappelé, on m'a dit que les falaises, c'était grand, qu'on le cherchait. Et puis un dernier appel. Je n'arrivais même pas à comprendre ses propos, le vent soufflait, je le faisais répéter. Il semblait alcoolisé, presque hilare... je disais tout ce qui me passait par la tête, pétrifiée par mon impuissance. Puis la patrouille est arrivée, il les a salués et a coupé la communication. Je suis allée me coucher un peu rassurée, mais très peu dormi. Au matin, toujours pas de nouvelles. Arrivée au travail, j'ai rappelé la gendarmerie, pleine d'espoir, et c'est là qu'on m'a asséné "La personne est passée à l'acte". Un parpaing sur la tête m'aurait fait moins d'effet. Je le croyais récupéré, sauvé, à l'hôpital... j'ai appris qu'à l'arrivée de la patrouille, à 20 mètres de lui, il a lâché le téléphone, la bouteille, et a sauté dans le vide. Au travail, m'attendait aussi un long mail explicatif, la maladie, le besoin quotidien de son pulvérisateur qui s'amplifiait... ses remerciements pour nos années et beaux moments partagés, sa demande de pardon, sa promesse d'être "toujours là"...
Des complications pour ses funérailles : pas de place dans le caveau familial auprès de son père, une place réservée pour la maman... il a fallu l'incinérer pour pouvoir le placer au même endroit. Je suis allée au Havre chercher l'urne avec ses frères, je l'ai ramenée sur mes genoux dans la voiture...
J'ai été bien entourée, famille, amis... oscillant d'un état de stupéfaction, de sidération... à des pleurs, la récupération d'une partie de ses affaires (nous ne vivions pas ensemble), le vidage de sa maison, la mise en place de tous ces objets auxquels je m'accroche, dans mon environnement. Sa guitare que je ne peux toucher. Ses écrits d'adolescence, ses paroles de chansons que j'ai lues les premiers jours mais que je ne peux plus rouvrir. Des centaines de photos sur mon fichier dur, résumant 9 années de souvenirs, que je ne peux regarder. Ses lunettes, son eau de toilette, des vêtements qu'il a souvent portés, des bibelots qui composaient son univers. De certains, je ne sais rien. Mais je les ai vus si souvent chez lui qu'ils ne pouvaient aller à quelqu'un d'autre.
J'ai vu un psy qui m'a mise sous anti dépresseurs. J'ai pu prendre des "vacances" en finissant, après 3 semaines par me "détendre" et "profiter" un peu d'un environnement sans rapport avec nous. Mais le retour parisien est atroce. J'ai repris le travail hier, complètement déphasée. L'avenir me semble un gouffre sans fond, à me demander si j'en ai vraiment un. J'ai encore un fils de 15 à charge, actuellement en vacances, qui rentrera bientôt, je sais que je devrai prendre sur moi pour l'accompagner et m'occuper de lui. Cela me semble impossible. Plus rien n'a de sens. Ma vie n'a plus aucun sens et je ne souhaite pas la poursuivre dans ces conditions car je doute de résister à cette douleur, même si j'ai été capable de "mettre des choses en place" pour faire mon deuil, comme, entre autres, m'inscrire sur ce forum !
Quand je lis tous ces témoignages, je finis de comprendre que ce sera long, très long... une amie touchée de près par plusieurs suicides, m'a dit qu'on n'est plus jamais la même "après". On apprend juste à vivre avec. Mission impossible au jour d'aujourd'hui. Pour quoi, pour qui ? Il a tout emporté, et avec lui, la musique, mon avenir, tout en me laissant l'énorme culpabilité de "n'avoir pas senti suffisamment", l'horreur et la violence du geste pour quelqu'un qui craignait la douleur et la souffrance (les images tournent en boucle, le soir au lit, le matin au réveil, et me terrifient...), de ne pas l'avoir appelé le matin de cette journée, où il s'est décidé brutalement (même si le geste était réfléchi et préparé depuis une semaine comme il me l'a écrit), après une Xième pulvérisation de son aérosol. Je le vois faire son sac, fermer à clé sa maison avec la certitude de n'y plus revenir, aller prendre tout seul son train à la Gare St Lazare, avec 1000 pensées, m'écrire par petit bouts, pour me poster le long message que j'ai trouvé au travail le lendemain, je suis sûre qu'il pleurait en l'écrivant car il était hypra sensible et très émotif, et ça me brise le cœur. Arriver sur place, prendre son car, marcher le long des falaises pour trouver "l'endroit idéal", et attendre le "bon moment" en regardant le coucher de soleil...
Et si je n'avais pas appelé la police ? Et si elle n'était pas arrivée au moment où je lui parlais ? J'aurais peut être pu le dissuader, le retenir... tout le monde me dit que non, mais je n'en suis pas sûre... malgré le fond dépressif, il aimait la vie, il l'a écrit. Et mon image, ma personne, ont toujours été pour lui une motivation à se reprendre, à retrouver de la gaieté.. je suis convaincue que si la police n'était pas arrivée à ce moment précis, il serait peut être encore là. Comme je suis convaincue que son généraliste, auquel il a demandé la veille un moyen d'en "finir rapidement", n'a pas évalué la détresse et l'a laissé repartir dans la nature sans garde-fou...
1000 et une questions qui resteront à jamais sans réponse...
Comment vivre avec ça ?
Je n'en ai pas la force, ni l'envie, ni le goût. Tout ce que j'aimais être, faire, a disparu. Plus rien n'a de sens. La douleur est insupportable. Celle de sa famille, sa mère de 88 ans aussi. Quelle injustice. Je suis sûre aussi que s'il avait évalué l'ampleur des "dégâts collatéraux", il se serait senti tellement coupable qu'il aurait reculé. Il avait horreur de faire de la peine, c'était quelqu'un de profondément gentil.
Merci de m'avoir lue. A défaut de m'avoir soulagée (je pleure), ça m'a fait du bien d'écrire.
« Modifié: 22 août 2017 à 12:09:26 par Coccie »

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6115
Re : Bis repetita
« Réponse #55 le: 22 août 2017 à 22:09:02 »
Ici le seul remède, et c'en est un
C'est lire les autres
Rubrique conjoint
Rubrique suicide
Fouiller la table des matières
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/

Par exemple lis Stefy   
http://forumdeuil.comemo.org/apres-le-suicide-dun-proche/pourquoi-c'est-si-douloureux/msg49011/#msg49011

Vois son évolution, et ce qu'on lui dit ....

Accepte de l'aide pro,EMDR etc
Prends soin de toi pour assurer le minima pour ton fils

Et ici écris autant que tu as besoin
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #56 le: 25 août 2017 à 23:09:39 »
Bonsoir,

Je crois que je perds la tête ! Je ne me souviens plus du code secret de ma carte bleue... J'effraie les enfants avec des colères épiques... Je ne trouve pas mes mots... Les larmes coulent, incontrôlables... Bon sang, mais qu'est-ce qui m'arrive ?
Cette semaine, impossible d'aller travailler... Médecin, arrêt de travail, traitement antidépresseurs  (pas encore commencé -pas envie...). Ca a fait 4 mois hier et mon état est pire de jour en jour...

Pascal, tu fais vraiment chier, là... Je me suis surprise à te parler en voiture à plusieurs reprises ! Une folle !!!

Pour éviter à mes enfants d'assister au chaos, je leur ai demandé d'inviter chacun un copain/copine à venir passer le week-end à la maison... Joyeuse ambiance ce soir à table, ça fait du bien... Ca m'oblige à me secouer.

Lundi, je prépare un courrier que j'enverrai à la sécurité sociale de mon mari car je pense nécessaire de faire acter son suicide en accident du travail. A ce propos, je vais ouvrir un nouveau fil pour obtenir des témoignages de ceux qui ont mis une telle action en place... Ensuite, je prendrais la décision ou non, d'aller devant la justice. Jusqu'à présent, je me disais que de toute façon, rien ne le ramènerait mais depuis quelques jours, je cogite inlassablement, je me torture pour savoir ce qu'il convient de faire... J'avoue, je suis totalement perdue...

Muriel.

Hors ligne Coccie

  • Néophyte
  • *
  • Messages: 16
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #57 le: 29 août 2017 à 12:30:37 »
Bonjour Muriel,
Tu m'as si gentiment répondu sur mon fil "Le saut de l'ange", que j'essaie de trouver quelques mots pour te réconforter à mon tour.
Je pense très sincèrement qu'il faut que tu commences ton traitement. Sachant qu'il faut 2 à 3 semaines pour qu'un léger effet se fasse sentir, plus tu retardes, moins tu peux espérer te sentir un peu moins lourde au réveil, tourmentée, incohérente tout au long de la journée. Force m'est de constater que malgré le caractère tout récent de mon deuil, (5 juillet), j'arrive à accomplir le minimum de taches quotidiennes et que je suis moins plombée au sens le plus lourd du terme, suivant les heures. Je ne voulais pas reprendre le travail, je me suis forcée. Même s'il a perdu tout intérêt, le fait d'avoir l'esprit occupé quelque temps dans la journée m'apparaît salutaire...mes collègues me laissent en paix, certains sont spontanément venus me parler de vécus similaires (suicide d'un proche). C'est beaucoup plus répandu que je ne l'aurais cru et a changé mon regard sur ces personnes, de parfaits inconnus.
Bonne idée d'avoir invité des copains de tes enfants : pour eux c'est important de voir qu'on peut continuer à vivre auprès des autres et avec eux, ça met un peu d'animation et de gaieté dans la maison, et c'est salutaire pour toi aussi, même à ton insu.
Concernant la procédure à laquelle tu réfléchis, je ne pourrais t'être d'aucun conseil. La seule chose qui me viendrait en tête serait peut être d'attendre un moment où tu te sentiras un peu plus en forme et combattive, car de lourdes démarches sont devant, probablement, et qu'il va falloir affronter aussi cela.
Pour les pertes de mémoire, les colères... ne t'y attarde pas, je pense que c'est tout à fait normal et légitime. J'ai envoyé sur les roses mes parents (de 80 ans, honte à moi !), leur disant que je voulais la paix, qu'on me laisse tranquille... alors qu'ils essayaient juste de m'aider, avec des mots un peu maladroits. Il ne faut pas s'attarder à cela. Chacun gère sa douleur comme il peut, ou ne la gère pas d'ailleurs, ça fait partie de l'épreuve.
Courage, courage encore, et surtout, commence ton traitement. On est parfois réticent à cette chimie, mais c'est souvent le seul moyen pour ne pas laisser s'installer une dépression grave, et retrouver "un peu de jus"... et en retrouver une once t'aidera grandement pour la suite.
Je t'embrasse. Caroline

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6115
Re : Bis repetita
« Réponse #58 le: 29 août 2017 à 12:46:40 »
Citer
(suicide d'un proche). C'est beaucoup plus répandu que je ne l'aurais cru et a changé mon regard sur ces personnes, de parfaits inconnus.

certainement bien des inconnus autour de nous ont connu des déchirements mais arrivent à le "masquer" ...
???
sommes nous donc quelques "bêtes rares" qui venons sur le forum, au vu du nombre de veuvage chaque jour ici viennent bien peu ... ? touchés ou non par le suicide
mais déchirés par la perte de sa moitié ...
????
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Denpaolig

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 182
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Bis repetita
« Réponse #59 le: 17 septembre 2017 à 19:38:34 »
La colère me bouffe ! Cette colère qui m'accompagne depuis quelques mois maintenant. Elle s'invite et je ne sais comment l'en déloger ! Dégages, fiches-moi la paix. Oui la paix, c'est ça que je veux ! Car le moindre grain de sable prend des proportions hallucinantes chez moi et chez mes enfants... Mon petit bonhomme qui insulte violemment un élève de sa classe la semaine qui suit la rentrée et qui me dit ne pas comprendre pourquoi ces horreurs sont sorties de sa bouche. Il ne se reconnaît pas dans cette violence. Un soulagement toutefois, il a accepté de rencontrer un psychologue la semaine prochaine.
La colère me bouffe quand je récupère ma puce trois fois en larmes cette semaine à la sortie de l'école...
La colère me bouffe quand ma chef qui avait rendez-vous me concernant avec le directeur adjoint me dit ne pas avoir eu le temps de parler de mon cas !
La colère, cette grosse merde qui se tapit dans un coin et qui ressort dans des mots d'insultes, des larmes, de l'incompréhension me bouffe...