Cela fait plus d’un an qu’il est parti. Et moi j’ai l’impression que seulement maintenant je commence à réaliser… mais vraiment.

Je n’arrive pas à trouver MA place dans la vie.

Ce dernier temps j’ai tout changé. Quand les psy disent qu’il faut pas trop changer les choses durant la premiere année… peut être ils ont raison.
Quand je retrace l’année juste après sa mort je vois quoi ?

Premierement les funerailles… sans aucun membre de ma famille (on est eparpillé un peu, j’ai personne en France) Il y avait juste mes deux amies. Sinon c’était les gens du travail, et sa famille à lui.
L’enterrement a eu lieu le 23 décembre 2011.
Le lendemain j’ai « fêté » Noel. Une semaine après j’ai « fêté » le nouvel an.
3 jours après j’ai demenagé. Une semaine après je suis retournée au travail.
J’ai bossé 60h par semaines. Mon travail me faisait du bien. C’est ce que je me disais.

Durant les 3 premiers mois mes jours de repos je passais à regler tout ce qu’il fallait regler après les deces d’un proche et je m’installais.
Et la seule maniere que j’avais pour m’accorder un peu de temps pour moi -  c’était en achetant les bouteilles de vin rouge de bourgogne (notre region prefere) et me bourrer la gueule.

Je faisais tout comme il faut. Reveil. Make up. Boulot. Retour à l’appartement. Solitude. Alcool. Dodo.

Au travail a part ceux qui me connaissaient déjà personne ne se rendait pas compte un instant de ce que je venais de traverser.
Toujours souriante…. Sauf bourrée devant mes amis.

Tres vite j’ai commencé à inviter les gens à la maison. Faire les soirées tres arrosée. Il y en a qui ont trouvé ça de mauvais gout sachant que l’urne de mon cheri était dans le salon. Je m’en moquais de leur avis.

J’etais seule. Loin de ma famille. Avec mes seules et pauvres 2 amies qui essayaient m’aider tant bien que mal.

Ce site là j’ai decouvert tres tot. Il me faisait du bien. J’ai du poster quelque chose 2 ou 3 fois… et après j’ai retiré… je trouvais ça malsain de lamenter sur soi comme ça. Que la seule maniere ou on peut respecter la personne partie c’est de NE PAS AMENER TOUT A SA PROPRE GUEULE… Je detestais quand les gens me regardaient comme une bete curieuse… « oh la la, elle a perdu son cheri… au bout de 7 ans de vie comune… et tout ces projets… mon Dieu la pauvre ».

JE DETESTAIS CA. Sauf que je suis tombée dans ma piege à vouloir être forte.

En mois d’avril j’ai decidé d’aller voir un medecin generaliste après 3 mois de problemes de démangeaisons de peau. Ca a commencé par ma tete… puis les bras… puis tout. Je devenais folle.

Après tout les examens il m’a dit qu’il ne peut rien faire… je n’ai rien. Il m’a demandé si j’ai vécu des situations stressantes et difficiles dans ma vie ce dernier temps… je me suis effondrée. Il m’a forcé d’aller voir un psy et il m’a prescrit des anxioltique… que d’ailleurs j’ai arreté au bout d’une semaine. J’etais tout le temps dans le gaz.
Chez le psy je suis allée qu’une seule fois. J’etais forte. J’ai fait mon cinema. Il m’a dit que tout allait bien avec moi, et que je vis bien ce deuil.

Vous pouvez imaginer que je ne lui ai pas dit toute la verité. J’ai arrangé les choses à ma maniere. Et je ne lui ai pas du tout parlé de mes problemes avec alcool, des démangeaisons, des insomnies, des pertes de poids… bref. Je me rendais pas compte en plus. Mais du tout. Je voulais entendre que je me debrouille bien. Que ça va aller. Que je suis forte…et tout ça… Et il l'a dit!

J’etais tellement exigeante avec moi meme. Je voulais lui rendre hommage comme ça.
C’est peut être du à mon education… j’en sais foutrement rien…

Bref 6 moi après sa disparition j’avais droit à mes premiers vacances. J’ai pris mes chiens et je suis partie dans notre maison à la campagne. Seule.
Bon. C’était pas tellement un bon choix. J’ai pleuré… et pleuré… et bu… beaucoup.

Je suis rentrée soulagée. Il y avait mon travail. Mes amis. Bref la petite routine qui me faisait du bien.
Ca n'a pas duré longtemps...

J’ai quitté mon travail en mois de novembre. J’ai redemenagé.
Je prepare mon concours pour rentrer dans une ecole d’infirmiere.
Et ça aussi a un rapport avec lui et sa maladie.

Et maintenant je me retrouve seule dans mon nouveau chez moi. J’ai tout mon temps pour prendre soin de moi….

… sauf que je ne sais plus comment….

Et vous ? Votre Premiere année ? Dites moi que c’est normal ce que je vis…

bonjour ;

chacun vit les choses différemment .. à son rythme , avec des circonstances différentes.
au bout de 2 ans il m'arrive encore de me dire que ce n'est pas possible , d'avoir envie de lui raconter tel ou tel événement ..
avant de me dire : eh non, il n'est plus là ..
en te lisant , j'ai juste envie de te dire 'stop!' accepte de te  faire aider !
il n'y a pas de honte à aller mal après avoir perdu son amour.
je te souhaite de trouver un professionnel qui saura t'écouter: psy , médecin spécialisé en addictologie, sophrologue , ou autre ..
accepte de déposer ta souffrance, pour pouvoir te reconstruire;
bonne route sur ce difficile chemin
amitiés
marie-claire

En plus je ne sais plus tellement qui je suis. Depuis des années on était ensemble.
Je continue à me comporter comme s’il était là. Mais MOI sans lui ce n’est plus MOI d’avant.

Les choses ont changé. Le regard que j’ai pour la vie aussi.
Quand on touche la vérité elle nous bouleverse et nous change.

Voici le post que je voulais mettre ici au mois d’aout. Que j’ai ecrit precisement le jour de son anniversaire….
Mais je n’ai jamais eu le courage de le mettre sur ce forum.
Aujourd’hui je le fais.

20 août. Son anniversaire.
Je m’effondre. Je n’arrive plus à me relever.
Je m’en veux d’être faible… Et d’étaler ma faiblesse.
Je me rends compte que je suis tellement dure avec moi.
Mais je ne sais pas faire autrement.

Combien j’envie certains de vous avec vos témoignages…
Je suis tellement pudique avec mes sentiments et ma douleur.
Meme face à vous...

Chaque personne ne réagit pas de la même manière face au deuil.
On est d’accord ? Alors prenez mon témoignage sans me juger s’il vous plait.

On m’a donné des tonnes des conseils…
Je préfère toujours tout de même recevoir ces leçons et conseils par vos témoignages … livres… films…
Je n’ai pas besoin du discours direct. J’ai vu un psy. Il m’a dit :
« Vous allez bien. Faites vous confiance »

Je m’accorde cette confiance. Qui à l’heure actuelle prendra plus soin de moi que moi ?
Il faut que je prenne soin de moi.

J’y vais à mon rythme. Mais pour ça… je ne parle presque plus de mon chéri ni moi aux autres…

Au bout de 8 mois… c’est plus dur que 2 semaines après.
Au bout de 8 mois… je me tais.
Je n’ai pas envie d’arranger des choses pour mon interlocuteur.
Alors je ne les dis pas.
J’ai tort ?
Puisque mon chagrin et mon deuil ne peut pas être compris en 3 phrases… je me donne pas au spectacle.
Et à tous les coups quand je l’ai fait… je m’en veux énormément.
C’est comme si je livrais à un inconnu mes plus profondes peines et angoisses… Je me sens désarmée à la fin… avec rien en échange…
Alors j’arrête. Ce forum va devenir mon seul endroit de répit.
Je vous salue toutes et tous en vous remerciant pour tous ce que vous écrivez tous les jours ☺

Hier j’ai regardé ce film « Margaret Thatcher ». J’ai écrit pour vous juste une scène, qui m’a touchée.

Ca nous est arrivé tas des fois…


Film « Margaret Thatcher »

« Médecin : Avoir du chagrin, c’est tout naturel.

Mrs Thatcher : Mon mari est décédé il y a des années…. cancer….

Médecin : Mais c’est sans doute perturbant. Vous devez vous sentir…

Mrs Thatcher : Comment ?... Comment dois-je me sentir ? Les gens ne pensent plus, ils ressentent.

C’est un des grands problèmes de notre époque. (…)

Nous sommes gouvernés par les gens qui font plus grand cas des sentiments que des pensées et des idées.

Les pensées et les idées, voilà ce qui m’intéresse.

Demandez-moi ce que je pense. (…)

Surveille tes pensées car elles deviennent mots.

Surveille tes mots, ils deviennent actes.

Surveille tes actes, ils deviennent habitudes.

Surveilles tes habitudes, elles deviennent ton caractère.

Surveille ton caractère, il devient ton destin.

Ce que nous pensons, nous le devenons.

Et moi je pense que je vais très bien. »

Bonsoir, un an après.... (c'était le 7 février dernier)

Voici la copie de mon message écrit sur le fil ouvert pour les 1 an...: ca bouillonne en moi,  ce déchaînement d'émotions, cette violence me terrorise
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Bonjour

Oui, après sa mort ...j'ai accepté... j'étais plutôt là en spectatrice, insensible à tout ce qui touchait Alexandre.
Pendant 10 mois avant ma venue sur le forum, je me suis noyée dans un tourbillon d'activités pour mon garçon et ne pas me retrouver à la maison (qui me rappelait qu'il était absent)... J'ai nettoyé, rangé la maison..., nous sommes partis en vacances...
Je pensais avoir accepté ... Mais non, en réalité je ne voulais pas voir, pas croire qu'il n'était plus là. C'est cela qui m'a fait tenir pendant ces 10 mois... Je me battais pour nous 3, pour continuer comme si nous étions toujours 3... coûte que coûte.

C'est la colère du pti ti envers moi qui m'a réveillée et je suis venue vous voir... c'était le 10 décembre.
le 11 décembre, j'ai vu Alexandre sur le chemin pour aller travailler...devant moi... dans les airs, il me regardait avec un regard rieur et plein d'amour... J'ai pensé qu'il m'encourageait à continuer d'écrire sur le forum... aujourd'hui je traduis cela autrement, je pense qu'il était content que je comprenne enfin et puisse écrire qu'il était mort... Je sais que c'est complètement fou...

Depuis, la colère... la révolte à mon tour ne m'ont pas quittées.
Et aujourd'hui, je pleure, et je crie à Alexandre qu'il n'avait pas le droit de me laisser ! je crie dans toute la maison POurqoi es-tu parti ? Où es-tu ?car c'est insupportable la vie sans lui... 1an demain.. J'ai l'impression que c'était hier... revenue à la case départ avec plus de soufffrance et de violence face à l'inconcevable.

J'ai compris qu'il ne reviendra plus, que plus rien ne sera comme avant... que je ne serai plus comme avant non plus. Mais je ne l'admets pas... toujours pas...

Et j'ai envie de tout casser, de tout détruire...je me déteste... J'ai mon petit garçon,  le petit d'Alexandre
qui me fait tenir et parfois je lui en veux d'être là et de m'empêcher de rejoindre Alexandre...
Voilà pourquoi, je pense que je ne suis pas une bonne maman...

Je me sens perdue, complètement perdue.

A bientôt
Je vous embrasse amicalement et vous serre très fort... 3X

-----------------  et voici une chanson qui traduit ma révolte de ces jours là  :


Corrigan Fest
je Marche....

http://youtu.be/8grFwF9Zlmk

Je marche dans la rue, je marche dans le froid
Y a-t-il une place pour les gens comme toi et moi ?
On voudrait bien de moi partout où je ne veux pas aller
En prison, à l'usine ou encore à l'armée

Je marche dans la nuit, je marche dans le vent
Les lumières de la ville brillent tel un firmament
Le temps n'existe plus, plus qu'un compte à rebours
Qui prendra tous les miens et puis me prendra à mon tour
Je ne peux pas prétendre avoir été parfait
Mais je ne regrette rien de tout ce que j'ai fait
Et quel est donc celui qui là devant mes yeux
Osera prétendre qu'à ma place il aurait pu faire mieux

Je marche dans la tempête, l'orage qui bat en moi
Le tonnerre, les éclairs guident chacun de mes pas
Je marche droit devant et je regarde au loin
Je presse la cadence et je serre les poings
J'ignore ce qui m'attend, ce qu'il en sera de moi
Un avenir incertain qui glisse entre mes doigts
Et pourtant je ne crains ni maintenant, ni plus tard
Et tout au fond de moi je conserve l'espoir

Sans être vraiment un ange je ne suis pas si mauvais
Je n'irai pas à Valcartier et encore moins à Parthenais
J'irai là où ma route voudra bien me mener
Je marcherai encore sans jamais m'arrêter
Chacun trace sa route, chacun fait son chemin
Je n'ai besoin de personne pour me montrer le mien
Je suis un homme libre, je refuse les chaînes
Je suis mon propre maître, mon propre capitaine

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Aujourd'hui, je suis au plus bas, désespérée car au fil des jours  je perds toute  confiance en moi... et comme je n’ai plus personne à la maison avec qui partager.... que les  décisions maintenant dépendent de moi seule... j’ai terriblement peur de me tromper .... surtout vis à vis dd mon petit garçon ...

L'avenir, actuellement je n'en vois pas. Je me sens en décalage dans tous les domaines...

Pourtant je sais que ce n'est qu'un mauvais passage ... on compte sur moi... Non me dit-on... tu n'es pas en décalage.
C'est un ami... je ne peux que le croire... L'amitié la seule chose de beau  qui me reste
Je m'accroche à cet espoir, je veux encore y croire...
 
Je vous embrasse
 Martine-tititou