Bonjour à toutes et tous,
c'est mon premier message sur ce forum, je suis tellement heureuse d'avoir trouvé ce site, il me fait beaucoup de bien!
Je me lance: il y a presque 10 ans, mon mari est mort dans un accident de la route. Nous étions jeunes, lui 35 ans, moi, 33. Nos fils étaient petits, le choc fut monstrueux.
Il a fallu à l'époque faire face à tant de choses, je ne vais rien vous apprendre. Je me suis fait accompagner psychologiquement pour traverser ces moments qui ont, de plus, ravivé la douleur de pertes précédentes (mes parents sont morts quand j'étais très jeune)
Aujourd'hui les enfants ont grandi, ce sont deux ados super sympa, ils vont du mieux possible.Je vis depuis six ans une histoire d'amour avec un homme divorcé, présent, patient, amoureux, compréhensif...
Pourquoi je viens aujourd'hui?
Pour vous apporter un témoignage, et aussi trouver un peu de réconfort. Depuis plusieurs jours je parcours les modules du site, ils me permettent de comprendre ce qui se passe en moi, en ce moment. Quelle mine d'informations fondamentales!
Il y a quelques mois, très sensible au stress du quotidien, pleine d'angoisses, j'ai repris un chemin de développement personnel, en pensant que cette épreuve m'avait laissé des stigmates, qu'il ne restait plus que quelques "petites choses" à régler. Et je n'ai réalisé que dernièrement combien j'ai pu tourner autour du pot pendant si longtemps: je ne me suis jamais autorisée à voir combien ce décès m'a fait mal, dans absolument tout mon être. Je ne me suis pas laissé de temps pour moi, pour mon deuil à moi.
Je sentais cette fatigue sourde, traînante, un peu comme si j'essayais d'accélérer alors que le frein à main restait serré.
Je me suis lancée à corps perdu dans une bataille après la mort d'Eric, j'ai tout voulu prendre en charge, que les enfants ne manquent de rien, sur le plan affectif et matériel. Je me suis battue contre les assurances, j'ai gagné, j'ai trouvé du boulot, puis un autre, et encore une autre pour gagner mieux ma vie, notre vie, j'ai brassé tout ce que j'ai pu, et, oui, j'en suis fière.
Simplement, voilà: mes fils grandissent, bientôt ils seront étudiants. Chacun ressemble à sa façon à son père. C'est tantôt doux, tantôt douloureux à voir. Je réalise combien je me suis oubliée dans l'histoire et n'ai pas pu, ou pas voulu m'arrêter pour moi. Cette évidence m'a fait ralentir, à tel point que me voilà arrêtée depuis quelques jours, à passer du temps avec moi, pour moi. Et je commence à voir des bribes de joie profonde émerger.
Les modules que j'ai visionnés me font comprendre tant de choses, ce site est un cadeau d'une valeur inestimable à faire absolument à toute personne qui perd un être cher. Et un cadeau à faire aux proches, à l’entourage de la personne en deuil. J'ai enfin compris mes peurs de l'oubli, les amis qui s'éloignent, ceux qui se rapprochent, les doutes sur ma relation avec mon compagnon, le changement inéluctable et ma résistance à ce changement. J'ai enfin compris les "arrête de te plaindre, depuis le temps", "tu crois pas qu'il y a plus malheureux que toi?", et leurs dégâts pour moi.
Oui, quoique je veuille, quoique j'exige, quoique je fasse, je ne serai plus jamais comme avant. Entre le dire comme on le dit lors du décès et le vivre enfin, l'accepter (le comprendre dans tout son être), il y a eu, pour moi, une décennie.
En ce moment, je ressors les photos, j'écris, je me parle, enfin je pleure réellement, pour moi. Oui, dix ans après. C'est comme si j'avais voulu randonner avec une jambe cassée mal rafistolée, sans m'arrêter pour la soigner vraiment, et en me faisant (presque) engueuler parce que je traînais un peu en route. Me voilà maintenant au chevet de cette blessure, disponible pour elle, rassurée. Il n'y a pas de pathologie derrière tous mes symptômes, il y a une douleur étouffée, étranglée, cachée. J'ai parlé à mon compagnon, pour lui expliquer ce qui se passe, il est dans une grande compréhension, grâce au ciel! Je m'apprête à parler à mon employeur, je verrai bien ce qu'il en dit.
Il faut un courage extraordinaire pour vivre ce que nous vivons tous. Et une belle générosité pour créer un site comme celui-ci.
Prenez réellement grand soin de vous, de votre peine personnelle, vous le méritez tellement!
Merci de m'avoir lue!
Nathalie