Auteur Sujet: survivre ou vivre ?  (Lu 4305 fois)

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NANON

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survivre ou vivre ?
« le: 12 mai 2012 à 20:17:00 »
Bonjour à tous, sortir du tunnel mon souhait, je suis fatiguée de tout, comment retrouver la beauté de la vie. Mon mari est décédé le 9 juin 2011 d'un cancer après une année de souffrances physiques et morales. Il avait 56 ans c'était mon rocher aujourd'hui je suis seule (j'ai 44 ans) avec mes deux filles 12 et 7 ans. Je pensais avoir passé le plus difficile mais non bientôt un an et j'ai l'estomac de nouveau noué face au gouffre qui est tout près de moi. Ce vide va finir par me happer ce n'est pas possible. Je dois continuer à lutter mes enfants comptent sur moi, mais ce n'est plus une vie c'est un calvaire sans fin.

cello59

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #1 le: 12 mai 2012 à 21:41:21 »
Bonsoir "Nanon",

Ton "histoire" est celle de beaucoup d'entre nous, ici, et la mienne également, même si mes enfants sont adultes et ont eux-mêmes des enfants (mon épouse est décédée il y a 8 mois, après un douloureux combat contre un cancer).
Tu verras, nous nous attachons, autant qu'il nous est possible et avec nos sensibilités propres, de nous entraider afin que chacun(e) d'entre nous "tienne le coup", et d'abord survive avant d'engager une longue et douloureuse phase de reconstruction.

Pour que nous puissions t'apporter le soutien qui t'est aujourd'hui nécessaire, dis nous comment tu as "survécu" au cours de cette 1ère année : bénéficies-tu d'un soutien auprès de tes proches, d'un médecin,…? As-tu eu la possibilité et le temps de prendre soin de toi et des filles encore très jeunes? T'es-tu rapprochée d'une association venant en aide aux personnes endeuillées? …..

Beaucoup d'entre nous ont également trouvé du réconfort et de l'apaisement dans la lecture de différents ouvrages, qui nous permettent de comprendre ce qui "se joue en nous", et constituent de précieux guides (tu trouveras une liste de ces ouvrages, recommandés par les un(e)s et les autres dans le fil "lectures")
Nous sommes nombreux, en particulier, à avoir apprécié l'aide que constitue le livre du Dr C. Fauré "Vivre le deuil au jour le jour".
Si tu ne l'as déjà fait, je te suggère de prendre le temps de visionner la vidéo (70mn) d'une récente conférence donnée par le Dr C. Fauré, mise à disposition sur ce forum il y a quelques jours (voir le fil "Conférence de Christophe Fauré".

Dans l'instant, je te souhaite beaucoup de courage pour "tenir bon", avec tes enfants. Et reviens-nous dès que tu le souhaites.

Très cordialement.   Daniel

NANON

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #2 le: 13 mai 2012 à 09:54:15 »
Bonjour Daniel et merci pour tes mots. Depuis presque un an j'ai tenté beaucoup de choses pour continuer la route surtout qu'après le décès j'ai décrochée. Sans m'en rendre compte je suis tombée dans un début d'anorexie résultat 3 semaines d'hôpital, le médecin m'a dit "pour vivre il faut manger". J'ai compris qu'il n'existait  que deux possibilités  pour moi soit se battre soit tout laisser aller. J'ai pensé à mes filles. J'ai changé le cadre de vie en achetant une maison. Les premiers temps cela m'a donné une dynamique mes filles étaient contentes c'est une maison qui se rapproche beaucoup de celle que nous voulions faire construire avec mon mari cela en est même troublant. J' ai  lié des contacts amitiés avec les autres je suis à Libourne que depuis maintenant 3 ans. Ma famille est sur la région parisienne. La famille de mon mari principalement sur Bordeaux. Ils sont présents et à l'écoute. Voilà en fait j'ai le sentiment que le vide est à l'intérieur au plus profond de moi quoi que je fasse j'ai l'impression de marcher au bord d'un gouffre tout me semble dérisoire presque irréel la vie est une est une sorte de blague c'est comme un éclair dans la nuit il existe un autre monde la mort une réalité pour une durée éternelle. Voilà j'ai un pied avec les vivants parce que je suis en vie  et un pied avec les morts parce que lui n'est plus là. Comment vivre si l'intérieur est mort ? Tout me semble difficile dans ces moments de découragements je me repli je m'isole me coupe des autres ce qui ne fait qu'aggraver le problème. J'ai l'impression de m'enfoncer dans des sables mouvants je cherche une main pour me tirer de là. Fabienne

HIRONDELLE

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #3 le: 13 mai 2012 à 10:29:51 »
Chère Nanon,

j' ai lu tes messages et je m'associe à ta peine. Je peux comprendre tout ce que tu as du traverser en 1 an;  malgré tout je te trouve très courageuse d'avoir quitté ton lieu de vie et d'être forte pour tes filles.

Je n'ai pas le même shéma de vie ;mon mari était plus âgé mais lui aussi s'est battu 7 mois avec la maladie, la souffrance morale et physique , il est parti le 3 avril 2012. Il allait prendre sa retraite et il avait beaucoup de projets pour NOTRE fin de vie

Je n'ai pas beaoup de facilité à t'exprimer mon soutien mais c'est sincère
alors courage Nanon
amicalment
Hirondelle

suzy

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #4 le: 13 mai 2012 à 10:49:25 »
Fabienne,
Ce sentiment de vide intérieur,Cette impression de marcher au bord d'un gouffre , cela fait partie de mon quotidien depuis presque 2 ans et demi...Pourtant, je suis bien entourée par mes grands enfants et par de merveilleux amis.
Pourtant, je suis capable de refaire des projets, de les réaliser concrètement ( si tu as lu mes messages sur d'autres fils). Autour de moi, je donne l'impression d'avoir accepté et que j'assume pleinement ma vie. Effectivement, je pense que j'ai accepté ( même si " accepter" ne veut pas dire " apprécier"...)...Mais...avons-nous le choix ? J'ai la force de prendre ma vie en main pour éviter de me laisser couler...Mais ce que mon entourage ignore, c'est que cette lutte pour garder la tête hors de l'eau est une lutte de chaque jour, de chaque instant...Pour le moment, je ne peux savoir ce que ce nouvel avenir que je mets en place va m'apporter. J'espère...oh comme j'espère que je vais retrouver une forme de sérénité intérieure, que le fait d'aider les autres, d'apporter un peu d'amour à des enfants qui en manquent si cruellement va combler chez moi ce sentiment de manque quasi permanent, ce sentiment de manque qui , même lorsque je ris, lorsque je suis en pleine activité, est toujours bien là, enfoui tout au fond de mon coeur...
Fabienne, tu as eu l'énergie de changer ton cadre de vie, d'acheter une maison, c'est la preuve que tu as en toi des forces insoupçonnées! Il faut y croire...il faut garder confiance...
Essaie de ne pas t'isoler; force-toi à sortir, à voir du monde. Même si tu n'en as pas envie, tu verras, ça en vaut la peine. Je me rappelle que bien souvent, je ne sortais que par défaut, sans y trouver aucun plaisir. Mais j'ai rarement refusé une invitation et finalement je finissais toujours par être heureuse de ne pas être seule...Même si...
Et es-tu suivie par un thérapeuthe ? Si non, je te le conseille vivement. Si tu trouves quelqu'un avec qui le contact passe bien et que tu peux parler sans retenue de tous ces sentiments embrouillés que tu peux ressentir, cela te fera un bien immense.
Penses-y...Tu vas y arriver, tes enfants t'aideront à avancer...
Je t'embrasse très fort et te souhaite de poursuivre avec le même courage que celui que tu as eu pour acheter , sans ton amour, une nouvelle maison, la maison qui, comme tu le dis, était celle qu'il aurait souhaitée...
Suzy

Hors ligne Méduse

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  • Messages: 781
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #5 le: 13 mai 2012 à 15:57:48 »
Chère Nanon,
Il y a 14 mois, ma fille ainée de 25 ans s’est suicidée et sept mois plus tard, mon mari est décédé d’un AVC, d’un instant à l’autre. Comme toi, je vis dans deux mondes maintenant, celui des vivants où je ne me trouvais plus pendant de longs mois bien qu’ayant retravaillé au bout de deux semaines à chaque fois, et celui de l’au-delà qui est une forte préoccupation maintenant. D’abord, je me suis complètement perdue. Je suis toujours en train de me rechercher et redéfinir ma vie et même la vie tout court ici et dans l’au-delà.
Les premiers mois après le décès de ma fille, la douleur était terrible physiquement. Le deuil pour ma fille a été remplacé par celui pour mon mari pendant un certain temps, pour revenir maintenant, mais la douleur n’est plus lancinante et a fait place à une profonde tristesse qui ne se voit pas nécessairement. Je peux de nouveau apprécier le soleil et une conversation banale.
Ces deuils m’obligent à faire le point. Cela demande beaucoup d’énergie. J’ai des « pistes » pour la suite. Je pense comme Suzy, que de donner aux autres pourra nous redonner un sens dans cette vie. En somme, c’est l’amour seulement qui est important.
Pour toi, probablement, c’est lié dans un premier temps à l’éducation de tes enfants. Essaie de faire des choses avec eux que vous n’avez jamais faites encore. Cela vous donnera un peu de répit dans votre deuil. Ne soit pas trop impatiente, le temps sera ton allié. Et force-toi à garder le contact avec tes amis. Moi aussi, au bout d’un moment j’y ai pris plaisir de nouveau.
Depuis le décès de mon mari, je suis devenue fataliste, au moins je le pense. Ce qui nous importe vraiment dans notre vie, nous ne pouvons pas l’influencer. Alors ne soit pas trop exigeante et laisse venir. Sans doute, il nous faudra du temps pour vraiment apprécier la vie de nouveau. De toute façon, celle que nous avons perdu ne reviendra plus, elle nous laisse juste des souvenirs.
Ne désespère pas. Tu vas trouver ta voie. Tu as réussi déjà à changer de maison. Tu y arriveras !
Et reviens nous voir ici. Nous te soutiendrons
Affectueusement
Méduse

Caroline3

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #6 le: 13 mai 2012 à 17:13:29 »
Bonjour Méduse,

Quel beau cheminement que le tien. Bien sûr, douloureux, mais adoucis par le temps et surtout, par ta recherche d'une autre dimension de ce que peut être la raison de notre présence sur terre.

Merci de l'avoir partagé.

Caroline

cello59

  • Invité
Re : survivre ou vivre ?
« Réponse #7 le: 13 mai 2012 à 17:37:33 »
Fabienne,

Ainsi que tu le dis, et le soulignent "Hirondelle", Suzy et "Méduse" , tu t'es "beaucoup battue", tu as su trouver l'énergie nécessaire pour emménager dans une nouvelle maison. Et certainement t'es-tu d'abord préoccupée du bien-être de tes filles, et dois-tu assumer également des activités professionnelles.

Cela ne t'a donc guère laissé de temps pour prendre soin de toi, pour laisser les sentiments enfouis émerger et s'exprimer par les pleurs. Tu ne sembles pas avoir trouvé le temps, pourtant nécessaire, pour faire un "travail intérieur" indispensable pour apprivoiser la douleur, et la contenir progressivement : nous le savons tous, ici, pour en faire l'expérience.
Dans la vidéo qui vient de nous être proposée sur ce forum (voir mon précédent message) C. Fauré explique en particulier que le processus de deuil consiste en une longue cicatrisation intérieure, qui nécessite que l'on y consacre du temps, que l'on mobilise nos forces afin qu'il s'opère (il faut "user la douleur"). Ainsi, la blessure se refermera très progressivement, mais la trace de la cicatrice subsistera, preuve que l'on n'oublie pas.
Il me semble que tu pourras déjà trouver dans cette vidéo des réponses à certaines questions qui te taraudent, mieux comprendre ainsi la nature des bouleversements que tu vis encore.
Dans la page d'accueil de ce site (www.traverserledeuil.com) , et non du forum, tu trouveras également d'autres vidéos, dont certaines pourront te rassurer au regard de ton vécu actuel.

Nous serons nombreux, ici, pour te "tendre la main" ainsi que tu le souhaites afin de tenir bon. Mais très certainement as-tu également besoin de trouver ces mains dans ton environnement proche, familial et autre.
Tes filles, encore jeunes, sont certainement aujourd'hui ta principale "raison de vivre". Grâce à elles, tu dois pouvoir te constituer progressivement un réseau de soutien de proximité : les anniversaires où les enfants s'invitent mutuellement, les diverses fêtes d'école constituent autant d'occasions de créer des liens de solidarité, dont certains iront jusqu'à l'amitié. Certes, j'ai bien conscience qu'il te sera douloureux d'accompagner seule tes enfants lors des fêtes d'école.

Lorsque tu en sentiras le besoin, tant pour toi que pour tes filles, envisage également de prendre contact avec une association venant en aide aux personnes endeuillées : une liste est proposée dans le fil "répertoire associations" de la rubrique "Discussions générales".
Je viens de vérifier, il en existe à Libourne et Bordeaux. Si elles ne pouvaient apporter le soutien que tu recherches, certainement pourront-elles te mettre en relation avec d'autres associations ou personnes.

Comme t'y invite "Méduse", "reviens nous voir ici. Nous te soutiendrons".

Très cordialement.     Daniel.
« Modifié: 13 mai 2012 à 17:40:08 par cello59 »