Auteur Sujet: A Françoise  (Lu 4100 fois)

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Hors ligne Marina Saboya

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A Françoise
« le: 01 novembre 2011 à 21:19:39 »
Un mois, deux mois, six mois, un an... le temps passe, le manque et l'absence restent. On ne s'habitue pas à l'absence, on s'habitue à vivre avec le chagrin. Il n'y aura jamais rien pour remplacer celui qui est parti, il y aura peut-être autre chose.

J'écris à mon mari, au jour le jour. J'écris pour lui raconter ma vie sans lui. J'écris pour lui dire à quel point c'est dur. J'écris pour avancer, faire un pas, puis un autre, vers...??? Vers rien. Vers demain. Pas de victoire à continuer de respirer. Mais surtout, ne pas m'arrêter maintenant. La mort me l'a volé, elle ne me détruira pas. Si je dois choisir de partir, je le ferais lorsque j'aurais retrouvé un peu de sérénité.

J'ai discuté avec un psy et arrêté quand il m'a demandé de lui parler de mon enfance! J'ai discuté avec un pasteur, et l'ai quitté quand il m'a parlé "des forces du mal".
Maintenant, je discute avec Pierre, mon mari.
Parfois, je lui fais une réflexion à haute voix. Nous avions tant de choses qui nous liaient, il y avait tant d'Amour, de la joie, de la passion, des projets. Je continue sans lui, pas à pas. Son grand départ m'a fait chercher et trouver au fond de moi des ressources insoupçonnées. Il était exceptionnel et je me laissais vivre avec lui. Je dois être à la hauteur de ce qu'il m'a appris, je n'ai pas le droit de le décevoir, il a été si courageux dans la maladie. C'est une belle Âme et elle doit encore exister à travers moi, à travers ce que je fais chaque jour, à travers mes écrits.
Parfois, je lui écris simplement que je l'aime, comme s'il était en voyage. Parfois, je lui demande comment faire ceci ou cela, comme s'il allait me répondre. J'insère dans mon texte des photos, de la maison où nous avons été si heureux, de la famille qui s'agrandie, un pêle-mêle de lui enfant et ado, des poèmes, des paroles de chansons... Parfois, je sens très nettement qu'il me guide, sans pour autant le sentir au dessus de mon épaule; j'aimerais bien, mais non. En Ange Gardien, j'ai du mal à l'imaginer! Non, c'est un outil que je cherche, et ... un outil que je trouve dans un endroit incongru, c'est un appel au secours et une réponse par le biais d'un rayon de soleil, une plume d'oiseau... que sais-je, tous ses messages sont tellement bienvenus!

Je parle beaucoup de lui autour de moi, et souvent je parle de lui encore au présent. J'aime qu'il fasse partie de nos conversations, qu'il existe encore par des riens, une bougie que j'allume dès le matin, certains de ses vêtements que je porte... Je n'en fais pas un héros, ni une idole, c'est l'homme que j'aime et je le garde avec moi, autour de moi, en moi.

Chaque jour j'apprends. Je pleure toujours, je cris parfois, je maudis la terre entière, je me recroqueville dans un coin de notre lit, maintenant bien trop grand. Et puis je m'endors épuisée. Et au matin, je repars, un pied après l'autre et encore un.
Je ne veux pas penser à l'avenir. Sans lui, cela me semble insurmontable. Le présent est déjà si dur à vivre.

Oui, c'est un combat quotidien. 15 mois et 10 jours que je lutte. Déjà. Seulement.
Et demain est un autre jour.

Nous n'avons pas pu avoir d'enfant. J'aurais tant voulu avoir un petit "Pierre" miniature, pour lui raconter son père. Mais je continue, aussi parce qu'il y a plein de personnes comme moi et de savoir que je ne suis pas seule me donne du courage.

Il parait que peu à peu les périodes "positives" l'emportent sur les moments de désespoir. Si on le dit...

Françoise, prends un cahier et un stylo, un ordi, n'importe quoi et raconte ta douleur, tes bonheurs, ton désespoir, l'Amour, le jour de votre rencontre, la naissance de ta puce,... Comme moi, pleurs et ris en construisant cet immense puzzle qui sera un jour les racines de ta fille. Ecris tout sans retenue aucune, tu corrigeras plus tard, quand ton coeur sera plus calme. Construis sur le néant de ce départ.

Faisons cela, ensemble.

PiMa
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

escouba

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Re : A Françoise
« Réponse #1 le: 02 novembre 2011 à 07:40:31 »
Merci Pima pour ce message qui reflète si bien ce que l'on ressent et ce que nous faisons au quotidien pour avancer vers demain.

Laurence

Marieroger

  • Invité
Re : A Françoise
« Réponse #2 le: 02 novembre 2011 à 08:05:57 »
Je viens prendre un peu de force auprès de vous tous alors merci Pima tu me redonnes un peu d'énergie avant de reprendre le travail; Françoise je pense à toi;  en ce moment je ne trouve plus les mots pour traduire ma souffrance, j'aimerais pouvoir t'aider alors sache que tu n'es pas toute seule, viens sur le forum..... je suis au creux de la vague, j'attends le haut et je sais que ce moment va arriver et me donner un peu de sérénité, j'attends et je viens vous lire tous les jours.
Prends soin de toi et de ta petite fille...
Marieroger

Marico

  • Invité
Re : A Françoise
« Réponse #3 le: 02 novembre 2011 à 12:27:09 »
Pima, ce que tu fais est une excellente chose. Ecrire pour parler de sa douleur est vraiment un grand réconfort. Moi et les enfants avons un cahier rouge, sur lequel nous inscrivions notre douleur après la mort de mon mari. Mon fils faisait des dessins, ma fille des coeurs... 5 ans plus tard, nous n'éprouvons plus (ou moins) le besoin d'écrire et de lui parler. Mais par contre, je peux lire dans ces pages le chemin parcouru depuis lors...
Ce cahier est toujours à notre disposition. C'est aussi un précieux témoignage de ce que nous avons traversé. Et franchement, nous avons tout lieu d'être fiers de nous, quand nous voyons d'où nous revenons !...
Continue à remplir ces pages.

Je parle aussi beaucoup à mon mari, encore maintenant. Quel autre confident plus fidèle que lui pourrais-je prendre, sinon ?
 
J'allume des bougies, je n'oublie pas son anniversaire même si les enfants s'en fichent. Je leur dis "Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de votre papa", ou "c'est notre anniversaire de mariage"... etc. C'est ma façon de le garder vivant et le prétexte à parler de lui aux enfants. C'est peu, juste un petit rappel, pour ne pas rester plongée dans le deuil indéfiniment. Ma fidélité à moi pour qu'il sache que même si je vais de l'avant, je ne l'oublie pas et qu'il fait à jamais partie de notre vie.

Je ne sais pas si tout ça est normal, je m'en contrefiche. Moi ça me va.
Je t'embrasse.
M.

thierryv88

  • Invité
Re : A Françoise
« Réponse #4 le: 02 août 2013 à 01:18:00 »
bonsoir a tous
cela fait bien longtemps que je ne suis pas venu ici, j espere que vous trouvez le reconfort comme je l ai trouve au debut de mon terrible deuil ,cela va faire 21mois que Fatima est partie ,beaucoup de choses ont changees pour moi ,j ai vendu le restaurant et je me suis mis au repos pour pouvoir prendre le temps de faire le point avec moi meme,je me pose toujours autant de questions et je me les repose chaque jour .La blessure est toujours la ,je pleure encore beaucoup mais j arrive a vivre c est dur mais on le peut...on le doit pour la memoire de la personne disparue,nous sommes condamnee a vivre sans elle,alors faisons lui honneur.Je vous souhaite a vous tous beaucoup de courage