Adajul,
je découvre ton histoire, aujourd'hui, elle me touche beaucoup,
je découvre tes messages
...nous faisons tous partie d'autant de scénarios de films dramatiques…
...des belles histoires d'amour...parfois tumultueuses, parfois dignes d'un conte de fée…
...tout un tas d'histoires d'amour qui finissent mal…
...nos amours...fauchés par la mort...brutalement ou après le calvaire de la maladie…
...nous pourrions tous écrire le livre de nos vies...écrire tout un tas de scénarios de films qui seraient à coup sûr des succès…
...les gens sont "touchés" par ce genre d'histoire...ils sont parfois même fascinés par la mort…
...pourquoi?...
...et pourquoi alors, se retrouve t'on tellement seuls lorsque nous faisons partie malgré nous de ce type de scénario de vie...?
...pourquoi tant de crainte, tant de méconnaissance...tant d'incompréhension...?
...pourquoi cette mort, qui fait partie de la vie...qui fait partie de nos vies...pourquoi cette mort nous isole tant...?
...pourquoi se sent-on tellement seuls même si certains d'entres nous ont la chance d'avoir un réseau familial et/ou un réseau d'amis qui les soutiennent...?
...la faucheuse...cette mort cruelle...cette mort brutale qui nous arrache notre coeur...qui nous arrache notre bonheur...qui nous plonge dans des craintes, des angoisses...cette mort qui soulève en nous, les survivants, des élans de culpabilité, des idées noires, qui provoque en nous tant de tristesse, tant de détresse...qui s'attaque à notre santé, physique et morale...tant de remises en questions...
...cette mort dégueulasse qui nous plonge dans un monde parallèle, un monde de solitude...un monde maussade, un monde ou tout est à reconstruire...
...la faucheuse...cette entité devenue tellement réelle...cette entité qui nous a enlevé nos certitudes, nos convictions réelles, notre sourire, notre positivisme...
...je déteste notre culture de la mort tellement peu adaptée à la réalité...
...je déteste ce silence, ces non-dits, ce manque de considération...
...je déteste la faucheuse...je hais la mort...même si cette mort est une fatalité...
...je déteste être survivante...je déteste qu'on me dicte ma vie...
...je déteste qu'on m'impose un avenir non choisi...
...je déteste me rendre compte que la vie n'est pas faite de choix comme mon amour et moi nous le disions souvent...
...nous vivons notre vie parce que nous y sommes contraints...parce que la faucheuse en a décidé ainsi...
...non, nous ne sommes pas maîtres de nos vies...non...tout n'est pas une histoire de choix...
...non mon amour...cela n'arrive pas qu'aux autres...cela nous est arrivé, à nous...
...pourquoi ?...
...pourquoi ?...
...je t'aime tant...
...je suis si fatiguée...
celui-ci m'a beaucoup interpelé
...et pourquoi alors, se retrouve t'on tellement seuls lorsque nous faisons partie malgré nous de ce type de scénario de vie...?oh bien sûr, je ne peux avoir la réponse à cette question, mais aujourd'hui, pour moi, à 2 ans de deuil, elle serait : parce que ce chemin, nous devons le parcourir seul, parce que lorsque l'on perd son conjoint, celui sur lequel on pouvait s'appuyer, celui avec qui on avait des projets, personne, personne, même la plus proche la plus bienveillante qui soit, ne pourra le remplacer, ne pourra nous nourrir, nous aimer, nous donner ce dont nous avons le plus besoin : la personne qui nous manque tant, et, je crois, c'est au plus profond de nous, que nous allons devoir puiser cela,
je ne sais pas si je suis très claire, mais c'est ce que je ressens aujourd'hui, c'est au plus profond de moi que je vais trouver l'essence de mon existence, je crois que je suis en train de l'approcher,
mes relations avec mes proches s'améliorent doucement, je suis moins en colère envers ceux qui ont été si maladroits, si absents..
le sourire et le rire de mes enfants (qui avaient 7 et 11 ans quand leur papa est mort), ont été ma plus grande source de bonheur, avant son accident, je n'avais pas autant conscience de la joie que pouvait être d'entendre leur rire, aujourd'hui quand je les entends rire, cela me nourrit au plus profond, bien sûr teinté d'une douce mélancolie, qui fait partie dema vie aujourd'hui
tendrement
mononoké