Chère Isa,
ton dernier message fait résonnance en moi.
J'ai 57 ans, mon mari m'a quittée le 14 mars dernier, à 59 ans, après avoir lutté pendant 3 ans contre 3 cancers, protate et ganglions, cancer des os et ensuite du foie.
Bien entendu, pas de relations sexuelles depuis le début de la maladie et la prostatectomie !
Mais cela ne m'a pas gênée outre mesure. Lui était beaucoup plus contrarié de ne plus pouvoir me satisfaire et ensuite d'être si fatigué qu'il ne pouvait même plus me caresser.
Moi, je ne pensai qu'à lui, son bien être son mal être, être à ses côtés, être sa femme, son infirmière, son médecin personnel, son aide soignante, sa compagne de malheur.....
Il est parti, j'étais à ses côtés. Lui tenais ses mains dans les miennes. Je me suis assoupie au son de sa respiration qui m'a bercée. Il en a profité pour s'éloigner sur la pointe des pieds.... C'est le silence de la chambre d'hôpital qui m'a réveillée une heure plus tard !
Depuis, je fais comme je peux pour tenter de vivre, de survivre au désastre que son départ a provoqué en moi.
J'ai décidé de suivre son chemin de courage.
J'ai aussi besoin d'une main tendue.
Les ami(es), je les compte aussi sur le doigts d'une main. C'est ainsi. Certains peuvent, d'autres pas. Ne savent pas quoi dire.
Une amie très proche, me dit souvent, je comprends ta peine, je ne sais pas quoi dire, je me sens impuissante.
Je lui réponds qu'elle fait énormément puisque je peux lui parler, lui parler de mon coeur qu'elle a bien connu aussi, c'était notre meilleure amie.
Je lui dis que je ne lui demande que d'être présente, de m'écouter et si elle ne peut rien dire, ce n'est pas grave, elle est là. C'est tout ce qui compte.
Depuis, elle m'envoie un texto ou un coucou au tél selon son emploi du temps. C'est bon.
Attendre une épaule compatissante, il n'y a qu'avec mon beau-père que j'ai pu pleuré de concert avec lui. Cela n'a pas duré longtemps.
Mes beau-frères (4), ce n'est guère plus facile.
Alors, je pleure, je souris, je parle à la photo de mon coeur.
J'essaie d'être forte pour son fils, mon beau-fils, qui malgré ses 36 ans, reste perturbé même s'il ne le montre pas.
Je le sais, je le sens à sa façon d'être plus proche de moi que de sa maman.
Il est vrai que lui et moi avons vécu la maladie de son père et son départ, très proches l'un de l'autre.
Alors, voilà.
C'est pour cela que je te souhaite Energie et Vaillance.
Je t'embrasse et te souhaite une journée plus douce que celle d'hier et bien moins que celle de demain !
Catherine
"coeur"
"tenir, toujours tenir !"